Le Génocide Arménien
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À propos de ce livre électronique
L’auteur se penche également sur le problème de la reconnaissance du génocide par la communauté internationale et par la Turquie contemporaine.
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Avis sur Le Génocide Arménien
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Aperçu du livre
Le Génocide Arménien - Nikolai Hovhanisian
ARMÉNIEN
PRÉAMBULE
Le XXe siècle est entré dans l’histoire comme siècle de génocides. Jamais dans l’histoire de l’humanité tant de peuples n’avaient subi, en l’espace d’un centenaire, l’extermination physique ou sa menace.
Ce phénomène a débuté par le génocide arménien dans l’Empire ottoman, en 1915.
Le terme de «génocide» a été introduit pour la première fois dans le vocabulaire scientifique et politique en 1944. L’auteur en est le juriste d’origine juive Raphaël Lemkin.
En créant ce terme, Lemkin avait eu en vue les deux tragédies du XXe siècle : le génocide arménien dans l’Empire ottoman lors de la Grande guerre et l’holocauste juif en Allemagne lors de la Seconde guerre mondiale. Lemkin avait remarqué avec beaucoup de subtilité qu’il ne s’agissait pas de simples exterminations ou de massacres, mais d’un phénomène nouveau exigeant une nou- velle approche de principe et une nouvelle définition scientifique.
Partant de ce constat et étudiant minutieusement les programmes et les objectifs politiques mis- anthropes des leaders ottomans et nazis, les méthodes et les mécanismes appliqués, il put conclure que ce que firent les bourreaux turcs et leurs élèves nazis respectivement à l’égard des Arméniens et des Juifs n’était autre chose qu’une politique d’extermination totale d’une ethnie dont la dénom- ination scientifique équivalente ne pourrait être que le «génocide».
Le «génocide» en tant que terme et définition d’un crime, fut adopté par différentes organisa- tions internationales et, en premier lieu, par les Nations Unies, l’institution la plus influente sur le plan mondial.
Le 9 décembre 1948 l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dont la portée historique est immense. Aux termes de la Convention, le génocide constitue une politique dont le but est la destruction de groupes de population au motif de leur appartenance nationale, ethnique, raciale ou religieuse, aussi bien par le biais de leur meurtre que par l’atteinte à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe. La notion renferme par ailleurs la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, les mesures visant à entraver les nais- sances au sein du groupe, le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe, etc.
Ce texte de l’ONU a fixé le génocide pour la première fois sur le plan international comme crime contre l’humanité qui doit être réprimé.
En 1968 l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté un autre texte important, la Convention sur l’Imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, qui s’ap- pliquait également au crime de génocide.
Ainsi, la répression à l’encontre des auteurs, organisateurs et exécutants du génocide est devenu un objet important du droit international et l’une des principales préoccupations de la politique internationale contemporaine.
L’application du génocide à l’égard de différents peuples, ainsi que la nécessité d’expliciter ce phénomène ont donné naissance à une nouvelle branche scientifique, la génocidologie.
L’étude et l’analyse minutieuse des génocides arménien et juif, et d’autres qui les ont suivi, a permis aux spécialistes en la matière d’avancer les termes «État génocidaire» et «société géno- cidaire». Selon ce terme, le génocide ne peut être perpétré dans n’importe quel État et ce ne sont pas toutes les sociétés qui pourraient l’accomplir. Il n’est possible que dans des sociétés ayant une structure spécifique, se fondant sur les principes misanthropes, tels que la supériorité de l’ethnie dominante, la volonté de se débarrasser des éléments «étrangers» par leur assimilation forcée ou leur extermination et de créer une société homogène et «pure» du point de vue ethnique.
Lorsque nous utilisons le terme d’«État génocidaire» par rapport au génocide arménien et l’holocauste juif, il devient évident que cela convient tout à fait aux caractéristiques de l’Empire ottoman et de l’Allemagne nazie. En effet, par tous les paramètres, à savoir, l’idéologie de la supéri- orité de la nation dominante turque ou allemande, la politique officielle des deux États de se débar- rasser par la force dans l’Empire ottoman et en Allemagne nazie des ethnies étrangères, leur riche expérience et la «culture» élevée en matière de violences, de persécutions et de massacres de masse, le fait qu’une telle politique était acceptée par la société, ces deux États peuvent pleinement être car- actérisés par ces termes d’«État génocidaire» et de «société génocidaire».
A partir des années 60, la littérature historiographique a commencé à utiliser par rapport au génocide arménien, à côté du terme génocide, la définition d’arménocide.
L’auteur de ce terme est l’historien libanais Moussa Prince. Il n’est pas difficile de voir qu’il a été créé par analogie du terme de Lemkin. Selon L’auteur arabe : «L’arménocide est le génocide le plus génocidaire».
La présente étude n’a pas l’ambition de faire la lumière sur tous les aspects de l’arménocide. Notre tâche est beaucoup plus modeste : présenter au lecteur non arménien, de façon succincte et dans ses grandes lignes, les causes du premier génocide du XXe siècle, de l’arménocide, les motifs, les projets et les objectifs politiques et ethno-nationaux de ce crime commis par les Jeunes Turcs, les formes et les méthodes mises en place pour son exécution, leurs conséquences, ainsi que la posi- tion des grandes puissances et le problème de leur responsabilité.
I
L’ARMÉNIE AU COURS DES SIÈCLES BREF APERÇU HISTORIQUE ET GÉOGRAPHIQUE
Le Plateau arménien est le berceau des Arméniens qui, du point de vue géographique, occupe une place de choix dans le système des montagnes avoisinantes. A l’est, il est voisin du Plateau iranien et à l’ouest, du Plateau anatolien. Au nord, le Plateau arménien est limitrophe de la chaîne de montagnes du Pont et au sud, du Taurus arménien.
Le Plateau arménien est un véritable château d’eau. Ici se trouvent les trois lacs les plus impor- tants de la région : le lac d’Ourmiah et le lac de Van dont le premier se trouve actuellement dans le territoire de l’Iran et le second, en Turquie, et le lac de Sévan qui se trouve en République d’Arménie.
C’est du Plateau arménien que prennent leurs sources tous les cours d’eau ayant une valeur vitale pour les régions proche-orientale et transcaucasienne, y compris le Tigre et l’Euphrate qui, se réunissant plus loin en Iraq du sud et en constituant le fleuve Chatt-el-Arabe,