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Muhammad le Prophète
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Livre électronique469 pages8 heures

Muhammad le Prophète

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À propos de ce livre électronique

Biographie minutieusement compulsée du Saint Prophète Muhammad. Elle détaille la grande réforme accomplie par le Saint Prophète en Arabie préislamique par son caractère sûr et le message du Saint Coran, malgré toutes les chances contre lui. Le livre réfute les objections levées contre ses mariages et les guerres défensives qu'il eût à mener.
LangueFrançais
ÉditeureBookIt.com
Date de sortie26 avr. 2016
ISBN9781934271483
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    Aperçu du livre

    Muhammad le Prophète - Maulana Muhammad Ali

    CHAPITRE I

    L’AGE SOMBRE

    « Certainement la première maison désignée pour les Hommes est celle qui se trouve à La Mecque, elle est bénie et est une guidance pour les nations » – 3:96

    La Péninsule Arabique

    La terre connue sous le nom de Jazirat al-‘Arab, ou Péninsule Arabique, occupe une position centrale dans l’hémisphère comprenant les continents de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe. Elle forme le cœur, pour ainsi dire, du Vieux Monde. C’est la contrée qui donna naissance à Muhammad (puissent la paix et les bénédictions de Dieu être sur lui), le dernier des grands réformateurs religieux à fonder une religion. L’Océan Indien lèche sa côte sud, la Méditerranée et la Mer Rouge, son flanc ouest. A l’est se trouvent le Golfe Persique, le Tigre et l’Euphrate, les deux derniers fleuves traversant sa partie septentrionale également. Selon d’anciens historiens et géographes, elle comprend dans ses limites la bande de terre connue comme ‘Iraq (Mésopotamie) ainsi que la Syrie Arabe. La carte du monde moderne, néanmoins, ne montre pas celles-ci comme formant une part intégrale de l’Arabie. Les laissant de côté, la contrée couvre tout de même une aire de deux millions de kilomètres carrés. Près d’un tiers de celle-ci est couvert de déserts de sable, le plus vaste étant celui connu sous le nom d’al-Dahna’, se trouvant au centre de la partie méridionale. Il n’y a pratiquement aucune rivière digne d’être mentionnée dans le pays. De petits ruisseaux, cependant, peuvent être rencontrés çà et là. Certains d’entre eux se perdent dans les sables du désert, alors que d’autres se frayent un chemin jusqu’à la mer. Du sud au nord court une chaîne de montagnes nommée Jabal al-Sarat, dont le plus haut pic est haut de deux mille quatre cents mètres. Les dattes en sont le principal produit. Dans les jours anciens, l’Arabie était célèbre pour son or, son argent, les pierres précieuses et les épices. Des animaux que l’on peut trouver ici, le chameau est le plus utile et le plus estimable, alors que le cheval Arabe n’a nul pareil dans le monde pour sa beauté, son endurance et son courage.

    L’‘Iraq et la Syrie

    En fait, l’‘Iraq et la Syrie Arabe forment une part intégrale de l’Arabie, bien que la distribution politique moderne les montrent comme distincts du continent. Des deux, l’‘Iraq s’étire de manière adjacente à l’Iran. Les cités de Bassora et Koufa, qui restèrent pendant longtemps des centres d’études Islamiques, furent fondées ici durant le califat de ‘Umar le Grand. La Syrie Arabe se trouve au nord, s’étendant tout droit jusqu’à Alep. Les géographes Arabes ont dès lors présenté l’Euphrate comme la frontière septentrionale de l’Arabie. Dans cette partie se trouve le Mont Sinaï, où Moïse reçut la révélation Divine. Les Amalécites eurent jadis un puissant royaume ici.

    Le Hijaz

    L’Arabie proprement dit est subdivisée en un certain nombre de parties. De celles-ci, le Hijaz est la province où la terre sacrée du Haram est située. Le Haram (territoire sacré ou interdit) est appelé ainsi car depuis des temps immémoriaux l’endroit a été tenu en haute vénération, et tout type de guerre y est prohibé dans son enceinte. C’est à l’intérieur du quartier du Haram que la maison sacrée de la Kaaba se trouve. La Torah, le livre sacré des Juifs, parle du Hijaz sous le nom de Paran. Ses principales villes sont La Mecque, Médine et Ta’if. Cette province s’étend le long de la Mer Rouge sur une bande rectangulaire. Jeddah et Yenbo sont ses deux ports maritimes majeurs, où accostent respectivement les pèlerins pour La Mecque ou Médine. A l’est, le Hijaz est limitrophe avec la province du Najd, et au sud, avec l’Asir, une partie du Yémen.

    Le Yémen

    La seconde province principale est le Yémen, qui se trouve au sud de la Péninsule. Le Hadramaut et l’Ahqaf forment des parties de cette province. C’est l’étendue la plus fertile de la contrée, et elle a été, par conséquent, la plus civilisée. Même aujourd’hui l’on peut y rencontrer des reliques de certains des édifices les plus magnifiques. De gigantesques digues furent autrefois construites ici pour contrôler les flots des eaux des montagnes et les utiliser dans des buts d’irrigation. La plus fameuse d’entre elles était Ma’arib, dont la destruction est mentionnée dans le Saint Coran³. Qui plus est, le Yémen fut le centre du commerce des minerais, pierres précieuses et épices par lesquelles l’Arabie fut naguère si célèbre. Le puissant empire des ‘Ad, dont parle le Coran, était établi ici⁴. Cette région particulière est connue sous le nom d’Ahqaf. Le Hadramaut est cette partie du Yémen qui se trouve à l’extrême sud, le long des rives de l’Océan Indien. San‘a est la capitale de la province, et Aden son port principal. Au nord de San‘a se trouve Najran, où le Christianisme s’était développé avant l’avènement de l’Islam. La fameuse délégation chrétienne, qui veillait le retour du Saint Prophète et qui fut autorisée à rester dans la Mosquée du Prophète, venait de cet endroit. Au nord de Najran se trouve l’‘Asir.

    Le Najd

    La troisième grande partie de l’Arabie est le Najd, qui s’étend du Jabal al-Sarat sur sa partie orientale à travers l’intérieur du pays. C’est un riche plateau fertile, à près de neuf-cents à mille deux-cents mètres au-dessus du niveau de la mer. Là vivait le clan des Ghatafan, pour le châtiment duquel le Saint Prophète eût une fois à mener une expédition. Le désert l’enserre sur trois côtés, alors qu’au sud se trouve le Yamama. Les Banu Hanifa, de la tribu desquels venait Musailima l’imposteur, vivaient ici.

    ‘Uman

    Au sud-est de l’Arabie et le long de la côte du Golfe d’‘Uman s’étire une bande de terre connue comme ‘Uman. Sa capitale est Mascate, où un Sultan nominalement indépendant a maintenant été investi. Au nord d’‘Uman se trouve le port connu sous le nom de Bahreïn, aussi appelé al-Ahsa, fameux pour ses perles. Tout près se trouve Hira, autrefois un royaume.

    Hijr

    Hijr, le pays des Thamud, parmi lequel Salih fut élevé au statut de prophète, est un autre endroit digne de notice. Il se trouve au nord de Médine. Sur sa marche vers Tabuk, le Saint Prophète eût à passer par cet endroit. A l’ouest de Hijr se trouve Madyan, le pays du prophète Shu‘aib. Au nord de Médine il y a Khaibar, autrefois place-forte des Juifs.

    La Mecque et la Kaaba

    Les trois cités majeures du Hijaz, comme mentionnées précédemment, sont La Mecque, Médine et Ta’if. Ta’if doit sa célébrité au fait que, telle que située aux pieds des montagnes, elle soit fraîche et riche en verdure, avec d’innombrables cours d’eau et abondance de fruits. Elle se trouve à l’est de La Mecque et est la résidence générale d’été de la noblesse du Hijaz. Mais les plus célèbres villes du Hijaz sont La Mecque et Médine. La Mecque est également connue comme Umm al-Qura (Mère des Cités). Des quatre côtés est-elle entourée de montagnes. Sa population actuelle s’élève à cinquante mille habitants. Depuis les temps les plus antiques elle a été la capitale spirituelle et religieuse de l’Arabie, car ici se trouve la Maison de Dieu, connue sous le nom de Kaaba, qui a été le séjour de pèlerins venus de chaque coin de l’Arabie depuis les jours préhistoriques. Sir William Muir commente ainsi l’antiquité de la Maison dans sa Vie de Muhammad : « Une très haute antiquité doit être assignée aux principales caractéristiques de la religion de La Mecque (…). Diodore de Sicile, écrivant près d’un demi-siècle avant nôtre ère, dit de cette partie de l’Arabie baignée par la Mer Rouge qu’il ‘y a dans cette contrée un temple grandement révéré par tous les Arabes’. Ces mots doivent référer à la sainte maison de La Mecque, puisque nous n’en connaissons aucune autre qui ait jamais commandé l’universel hommage de l’Arabie (…). La tradition représente la Kaaba de temps immémoriaux comme la scène d’un pèlerinage de tous les coins de l’Arabie : du Yémen, du Hadramaut, et des rivages du Golfe Persique, du désert de Syrie, et des environs distants de Hira et de la Mésopotamie, des hommes affluaient annuellement à La Mecque. Un hommage si étendu doit avoir eu sa genèse en un âge extrêmement lointain ».

    Pour établir l’antiquité de la Kaaba, Muir s’est appuyé sur des faits historiques et des traditions orales. Le Coran en arrive au même point. Il parle de la Kaaba comme de « la première maison désignée pour les hommes⁵ », en d’autres mots, la première maison sur la surface de la terre assignée à l’adoration de Dieu. Les rayons de la révélation Divine émanaient premièrement de cet endroit. Et c’est une remarquable coïncidence que ce même endroit jouisse de la distinction d’avoir donné naissance au dernier des prophètes. La Mecque doit son importance à cette maison. Aussi tôt que 2500 ans av.J.-C., elle était une halte pour les caravanes faisant la navette entre le Yémen et la Syrie. Le Coran confirme aussi que la maison sacrée existait avant Abraham⁶. Lorsqu’il y laissa son fils Ismaël, le grand patriarche pria : « Nôtre Seigneur ! J’ai établi une partie de ma descendance dans une vallée qui ne donne pas de fruits près de Ta Maison Sacrée⁷… ». Ces mots montrent que la Kaaba était là, même à cette date lointaine.

    Médine

    Madina était à l’origine appelée Yathrib. Plus tard, quand elle fut adoptée par le Saint Prophète comme sa résidence, elle devint connue comme Madinat al-Nabi (La Ville du Prophète), qui fut graduellement contractée en al-Madina. Celle-ci aussi, est une ancienne cité. Des preuves historiques suggèrent sa fondation aussi tôt qu’en 1600 av.J.-C. Elle était originellement habitée par les Amalécites, après lesquels vinrent les Juifs, les Aus et les Khazraj. Quand le Saint Prophète vint s’y installer, ces trois peuples formaient la population de la ville. Ce furent les deux derniers, cependant, qui vinrent à être connus sous le nom de Ansar (Auxiliaires). A la quatorzième année de sa mission, le Saint Prophète émigra de La Mecque à Médine où il passa les derniers jours de sa vie. Là-bas expira-t-il, et là-bas se trouve sa tombe jusqu’à ce jour. Médine se trouve à 430 kilomètres au nord de La Mecque, et, au contraire de la dernière, n’est pas aride. En sus de riches cultures, elle possède une abondance d’arbres fruitiers. En hiver son climat est comparativement plus doux qu’à La Mecque.

    Les races arabes

    Les ‘Ad, les Thamud, les Tasm et les Jadis sont les plus anciennes races d’Arabie, aussi loin qu’il puisse être tracé, les deux premières ayant été mentionnées dans le Coran. Ces races aborigènes sont connues comme les Baida (anciens Arabes). La destruction de la tribu de Noé fut suivie de l’essor des ‘Ad, dont les établissements s’étendirent au loin par-delà les frontières de l’Arabie. Des preuves historiques prouvent leur domination sur l’Arabie, l’Egypte, et nombre d’autres endroits. A la décadence de cette race, les Thamud se hissèrent au pouvoir.

    Ensuite vint l’essor des Banu Qahtan, dont le berceau était le Yémen. En leurs jours de gloire, eux aussi atteignirent une grande puissance et de l’ascendance. Les Aus et les Khazraj étaient les descendants de cette tribu. Toutes ces races sont connues comme les ‘Ariba (les purs Arabes).

    Ismaël et sa descendance

    Enfin vint Ismaël, dont le lignage répond au nom de Musta‘riba (les Arabes naturalisés). En obéissance à une injonction Divine, il fut abandonné par son père, Abraham, avec sa mère Hajira, à cet endroit, où se trouve la Kaaba⁸. Il y a peu de vérité dans la croyance selon laquelle il fut banni par Abraham sur l’instance de sa seconde épouse, Sarah. L’idée est emphatiquement rejetée dans un dit du Saint Prophète qui raconte qu’en réponse à une question de Hajira si Abraham les laissait là en obéissance à un ordre Divin, le Patriarche répliqua par l’affirmative. L’acompte donné au Coran mène également à la même conclusion. Plus tard, père et fils reconstruisirent sous injonction Divine, la Maison Sacrée de la Kaaba qui, semble-t-il, était dans des conditions de délabrement⁹. Ceci fait, ils s’adressèrent ensemble au Seigneur dans une prière que le Coran rapporte en ces mots : « Nôtre Seigneur, fais se lever en eux un Messager de parmi eux… »¹⁰. Cette prière trouva son accomplissement en la personne du Saint Prophète Muhammad. Pour cette raison il est rapporté que le Prophète ait dit : « Je suis la prière de mon père Abraham ». La descendance d’Ismaël se multiplia et se ramifia en de nombreuses tribus. L’une de ces tribus est connue comme Quraish, qui descend de Nadr. Cette tribu fut subdivisée plus tard en nombre de clans, le Saint Prophète étant un scion de l’une d’entre elles, connue comme celle des Banu Hashim.

    L’Epoque de l’Ignorance

    La période précédant l’avènement du Saint Prophète a été désignée comme l’Âge Sombre. Le Coran lui donne le nom « al-Jahiliyya » (Ignorance, ou le temps de l’Ignorance)¹¹. L’image dépeinte dans le verset « la corruption est apparue dans le pays et dans la mer… »¹² dresse le portrait de l’Etat failli des idolâtres Arabes, des Juifs et des Chrétiens, et des disciples d’autres religions pareillement. Il s’avère que la corruption était rampante à travers le monde. Cela n’implique point, pourtant, que le monde n’ait jamais témoigné d’un meilleur état des choses ; cependant, toute civilisation ou tout éveil moral qui ait jailli quelque part grâce aux divers prophètes envoyés au cours du temps parmi les différentes peuplades, avait à cette époque définitivement disparu en conséquence de l’écart des longues époques. Chaque nation du monde de l’époque était tombée dans un état de décrépitude. Ces mots trouvèrent leur énonciation par la bouche de celui qui était, sans nul doute, illettré. Il n’avait eu aucune opportunité de parcourir le monde pour étudier la condition des différentes contrées ; non plus qu’il n’eût le bénéfice des systèmes publicitaires de nos jours qui auraient pu lui faire connaître l’état du monde à l’époque. Cependant, une référence aux pages de l’histoire corrobore la vérité de l’assertion d’une manière frappante. Excluant le fait que l’Europe avait un puissant Empire vers son sud-est – l’Empire Chrétien de Rome – elle était engluée dans le barbarisme. L’Asie, de tous les continents du monde, avait été jadis le creuset de la civilisation. Mais une étude des divers pays de ce berceau des philosophies et religions montre qu’ici, comme ailleurs, l’immoralité flagrante était à l’ordre du jour. L’Inde, autrefois le centre de l’ancienne culture Orientale, présentait la même affreuse image. Des choses absurdes, sans fondement et haineuses étaient même attribuées à ceux que le peuple regardait comme ses dieux. Le mal avait pris une si grande emprise sur eux que même le vertueux était peint de sombres couleurs. La Perse et la Chine, aussi, subissaient la même plaie. Il ne fait aucun doute que cela était dû au fait que des siècles s’étaient déroulés depuis l’avènement des anciens précepteurs ; et quelle qu’ait été la réforme apportée précédemment, elle était graduellement devenue faible et finalement, éteinte. Le Coran dit que « le temps a été prolongé pour eux, de sorte que leur cœur s’est endurci »¹³.

    Un écrivain moderne, J.H. Denison, qui a étudié les différents systèmes de religion et les civilisations qui éclosent d’elles en est exactement venu à la même conclusion dans son Emotion as the Basis of Civilisation : « Aux cinquième et sixième siècles, le monde civilisé se trouvait au bord du chaos. Les vieilles cultures émotionnelles qui avaient rendu la civilisation possible (…) s’étaient brisées et rien n’avait été trouvé adéquat pour prendre leur place (…). Il semblait alors que la grande civilisation qu’il avait pris quatre mille années à construire était au bord de la désintégration, et que l’humanité risquait de retourner à cette condition du barbarisme, où chaque tribu et secte se dressait l’une contre l’autre, et où la loi et l’ordre étaient inconnus (…). Les nouvelles sanctions créées par le Christianisme faisaient travailler la division et la destruction au lieu de l’unité et de l’ordre (…). La civilisation tel un arbre gigantesque dont le feuillage avait dépassé le monde (…) chancelait (…) pourrie jusqu’au trognon (…). Ce fut parmi ces populations que naquit l’homme¹⁴ qui allait unir l’entièreté du monde connu de l’est et du sud ».

    Le Christianisme en état de décrépitude

    Jésus fut le prophète le plus proche du Saint Prophète Muhammad du point de vue du temps. L’on aurait naturellement attendu parmi les Chrétiens quelque reliquat de vertu et de moralité. Mais quel était l’état de la Chrétienté à l’époque ? Citons des auteurs chrétiens eux-mêmes à ce sujet. Esquissant une image de ces jours, un prêtre dit que le royaume céleste était totalement bouleversé, et un état d’enfer véritable avait été établi sur terre, en conséquence de la corruption intérieure. Sir William Muir écrit du même effet : « De plus, le Christianisme du septième siècle était lui-même décrépi et corrompu. Il était handicapé par des schismes en querelle, et avait substitué les puérilités de la superstition à la pure et grandiose foi des premiers temps ».

    Voilà l’image de la Chrétienté concernant son état général. La croyance en l’Unicité de Dieu avait déjà disparu depuis longtemps. La doctrine de la Trinité avait donné naissance à nombre de complications. Divers schismes et sectes rivalisaient l’un avec l’autre dans l’exercice de leurs ingénuités dans le démêlage de l’énigme de l’homme devenant Dieu, ou comment trois faisaient un, et vice versa. Cela mena à la production d’une masse d’œuvres polémistes, menant l’homme loin du véritable propos de la religion. Gibbon, commentant l’évènement de la fameuse librairie d’Alexandrie incendiée par des Chrétiens intolérants, fait une observation significative dans cette connexion :  « Mais si la pesante masse de controverse Arienne et Monophysite était en effet consommée dans les bains publics, un philosophe peut admettre, avec un sourire, qu’elle fut au final dévouée au bénéfice de l’humanité ». Les maux généraux – boisson, pari et adultère – battaient leur plein même dans ces jours. Dozy cite le Calife ‘Ali parlant du Taghlib, une tribu Chrétienne, dans les mots significatifs suivants : « Tout ce qu’ils ont emprunté de cette Eglise est la pratique de la lampée de vin ». En bref, le Christianisme – dernière des religions révélées du monde – était pratiquement défunt. Il avait perdu toute force dirigeante vers la réformation morale.

    La poésie arabe

    Quant à l’Arabie elle-même, il est vrai que la poésie arabe y était à son zénith, et la poésie préislamique manifeste un haut degré d’habilité et de talent. Il est également vrai que l’art de l’écriture n’était point inconnu des Arabes ; mais ils en usaient rarement pour des propos utiles. Même leur poésie n’était pas préservée par l’écrit. Les compositions poétiques de l’Âge Sombre sont toutes arrivées jusqu’à nous par tradition orale, à l’exception solitaire des pièces connues comme les Mu‘allaqat, qui étaient posées par écrit et accrochées aux murs de la Kaaba. Au regard du développement arabe de l’art de la poésie, il est suffisant de dire que la pure poésie, en tant que telle, ne fournit point de sûr critère quant à l’état de civilisation d’un peuple. L’intérêt pour la poésie est observé dans presque tout stade de société, aussi rudimentaire et primitif soit-il. Et la raison n’est pas à chercher bien loin. Une peuplade primitive n’a que très peu d’intérêts, qui ne se multiplient qu’avec la croissance de la civilisation, et dès lors, leur dévotion exclusive à l’unique forme disponible de beaux-arts – la poésie. Mais la poésie arabe est dénuée de l’ampleur de la vision et de la noblesse de pensée qui vient uniquement avec la culture. La beauté du langage est tout ce qu’il y a à vanter.

    Le caractère arabe

    Il y avait, cela ne fait aucun doute, certains nobles traits dans le caractère arabe. L’hospitalité, l’amour de la liberté, l’audace, la virilité, la fidélité tribale et la générosité étaient quelques-unes des qualités en lesquelles les Arabes n’avaient point d’égal. Mais quelques vertus, par elles-mêmes, spécifiquement lorsque déséquilibrées par le poids de la barbarie et de la brutalité, peuvent difficilement être prises en compte pour constituer une civilisation. Aux côtés du traitement le plus hospitalier accordé à un invité, il y avait la pratique commune de dépouiller un voyageur. Le sentiment de patriotisme tribal, bien que hautement louable en lui-même, avait également était abusé et porté à l’excès. Des disputes insignifiantes entre individus menaient à de terribles conflagrations et effusions de sang, s’étalant de génération en génération.

    L’idolâtrie arabe

    Il ne fait nul doute que les Arabes professaient une foi en l’unité de Dieu, mais leur croyance était superficielle. Leur vie pratique démentait leur profession. Ils s’adonnaient à l’idolâtrie, pensant que le Tout-Puissant avait confié la charge de diverses fonctions de l’univers à différents dieux, déesses et idoles. Ils se tournaient alors vers eux, invoquant leurs bénédictions dans toutes leurs entreprises. De fait leur croyance en l’Unité de Dieu était un dogme vide, ne trouvant nulle place dans le système de leur vie pratique. En sus des idoles, ils considéraient l’atmosphère, le soleil, la lune et les étoiles comme les contrôleurs de leurs destinées, et les vénéraient comme tels. Ils étaient tombés aussi bas qu’à adorer des pièces de pierre, les arbres et des tas de sable. Ils se prosternaient devant tout beau morceau de pierre qu’il leur arrivait de croiser. Echouaient-il à trouver un morceau de pierre qu’ils priaient une dune après avoir trait leur chamelle dessus. Ils considéraient les anges comme les filles de Dieu ! Même les hommes célèbres étaient adorés, des images étant taillées en leurs noms. Il n’était pas nécessaire d’avoir des pierres proprement sculptées ou façonnées ; même les rêches et non-taillées servaient le propos.

    En partance pour un voyage, ils prenaient quatre pierres avec eux, trois pour faire un foyer, et la quatrième pour servir d’objet d’adoration. Parfois, ils n’en prenaient pas une séparément pour leur adoration. Le repas fait, n’importe laquelle des trois autres était retirée et adorée. En plus des trois-cents soixante idoles érigées dans la Kaaba, chaque tribu possédait sa propre idole. En fait, une était gardée dans chaque foyer. L’adoration des idoles était devenue, en bref, une seconde nature chez eux, et elle influençait leur vie quotidienne dans tous ses détails. L’idée centrale de leur foi était que Dieu avait échangé le contrôle et l’administration de l’univers avec d’autres qu’Il avait investi de tous pouvoirs, comme la guérison du malade, le don d’enfants et la dissipation des famines et épidémies. La faveur Divine ne pouvait être obtenue qu’à travers l’intercession de ces idoles. Ils se prosternaient devant elles, circumambulaient autour d’elles, leur offrait des sacrifices, et mettaient de côtés pour elles un peu du produit de leurs champs et leurs animaux en offrande.

    D’une idolâtrie si dégradante, le Saint Prophète Muhammad éleva l’entière Arabie en le court laps de temps de vingt années. Non seulement l’idolâtrie fut-elle extirpée, racines et branches, du sol de l’Arabie, mais un tel enthousiasme pour l’Unité de Dieu fut allumé dans les cœurs des mêmes Arabes qu’il les porta loin et au-delà dans les longueurs et les largeurs du monde alors connu, pour faire respecter le nom du Dieu Un. Le sevrage d’une contrée tout entière s’étendant sur une aire vaste de deux millions de kilomètres carrés de la malédiction du culte des idoles, auquel elle était désespérément vouée par hérédité et traditions longuement établies, en pas plus de temps qu’un cinquième de siècle, si loin qu’à gagner le titre d’iconoclaste – n’est-ce point là le plus puissant miracle dont le monde ait jamais témoigné ?

    La religion, une moquerie

    En sus du culte des idoles, qui était à l’ordre du jour, le culte des étoiles avait pris fermement racine dans le sol de l’Arabie. La destinée humaine était associée avec le mouvement des diverses étoiles et les phénomènes de la nature affectant les fortunes de l’homme en bien ou en mal étaient attribués à leur influence. Alors que d’un côté, la pire forme d’idolâtrie avait prise sur l’esprit arabe en général, il y avait aussi quelques personnes qui n’avaient nulle foi en l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme humaine, et le jour de la rétribution. Pour eux, toute religion était une moquerie. Ils tenaient en ridicule les mêmes idoles dont ils professaient l’adoration. Il est dit du fameux poète Imra’ al-Qais, qu’au jour du meurtre de son père il consulta un oracle en accord avec la pratique traditionnelle parmi les Arabes, pour décider s’il devait venger le meurtre ou non. Le processus consistait à marquer deux flèches, l’une avec le mot na‘am (oui), l’autre avec la (non), pour indiquer respectivement si l’entreprise devait être effectuée ou non. Une blanche était également déposée, qui, si jamais choisie, conseillait de tirer les flèches une nouvelle fois. Imra’ al-Qais tira les flèches trois fois et chaque fois, la flèche négative sortait. Dans un

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