QUAND NOUS SOMMES ARRIVÉS À SON DOMICILE PARISIEN, Amin Maalouf était pris par des contingences plus terre à terre – une élection au poste de secrétaire perpétuel de l’Académie française à assurer face à la candidature de dernière minute de Jean-Christophe Rufin. Mais, après avoir coupé son portable, l’écrivain d’origine libanaise s’est vite replongé dans le temps long et civilisationnel d’un nouvel essai géopolitique, Le Labyrinthe des égarés. Formidable conteur, l’auteur y retrace l’histoire de trois puissances – le Japon depuis l’ère Meiji, la Russie soviétique et la Chine communiste – qui ont défié les Etats-Unis, et plus généralement l’Occident. Pour L’Express, le successeur d’Hélène Carrère d’Encausse a analysé les fondements d’une « nouvelle guerre froide » qui semblait alors bien plus l’inquiéter que le vote de ses confrères immortels.
Pourquoi retracer l’itinéraire de quatre nations, le Japon, la Russie, la Chine et les Etats-Unis?
Nous vivons aujourd’hui une nouvelle guerre froide, qui n’est déjà plus froide partout. En Ukraine comme en Afrique, nous assistons à des retombées guerrières d’un bras de fer planétaire opposant l’Occident à la Chine et à la Russie. J’ai voulu replacer ce phénomène dans un contexte historique plus large, en racontant l’histoire de trois pays – le Japon, la Russie, et la Chine – qui ont représenté des défis importants à la suprématie