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La Proposition
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Livre électronique318 pages4 heures

La Proposition

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À propos de ce livre électronique

Je réalisais bien que ce qu’elle s’apprêtait à me révéler la mettait dans l’embarras, alors, question de lui donner du courage, je lui dis, en souriant :

— Vas-y ! Je ne mange personne, tu sais !

— Je… Enfin, ma meilleure amie vit actuellement un moment difficile, j’aimerais t’offrir une certaine somme d’argent afin que tu passes du temps avec elle… Bien entendu, tu seras payé en conséquence de ce que vous allez décider de faire ensemble.

À peine eut-elle terminé sa phrase que je ne pus m’empêcher de rire.

Nolan a tout pour lui, il est beau, charmant et bien musclé, et pour le travail qu’il fait, ce n’est pas une option. Qu’apprendra le beau mâle de cette proposition pour le moins particulière ?
LangueFrançais
Date de sortie17 juin 2021
ISBN9782897754839
La Proposition
Auteur

Marie-Soleil Hébert

La tête en constante ébullition, Marie-Soleil Hébert signe ici un roman chavirant qui nous transporte dans un univers à la fois dur et réaliste, où les orages et les éclaircies de l’adolescence tiennent le premier rôle.

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    Aperçu du livre

    La Proposition - Marie-Soleil Hébert

    Chapitre 1

    Il est rare que je sois aussi stressé en me rendant au travail, mais ce soir-là, les gars et moi étions sur le qui-vive. Nous avions la ferme intention d’élucider un mystère qui perdurait depuis trois semaines. Curieusement, deux filles se pointaient régulièrement au club avec un cahier de notes. Il est vrai que notre boulot nous en faisait voir de toutes les couleurs, cependant, lors d’une de ces soirées étranges, les demoiselles avaient malencontreusement oublié une page sur leur table. L’un des danseurs l’avait récupérée et nous avions pu prendre connaissance de ce qui y était inscrit. La feuille en question était remplie d’annotations méticuleusement consignées pour chacun de leurs passages au cabaret. Chaque membre de la troupe y était évalué ; ce que nous dégagions, notre popularité auprès des femmes, et même un pourcentage de chance d’être choisi.

    Et c’est moi que les gars avaient désigné pour résoudre cette énigme ! Je venais d’écoper d’une importante mission, soit celle de découvrir l’utilité de ce fameux recueil de notes. Pour ce faire, je devais être sollicité pour danser à leur table afin de pouvoir leur poser quelques questions, alors que pour chacune de leurs visites jamais elles n’avaient fait appel à un mec. Elles se contentaient de se rincer l’œil en prenant un verre, et ce petit manège s’était déroulé trois vendredis consécutifs.

    La feuille avait soigneusement été remisée dans mon casier jusqu’au moment propice. J’envisageais de la déposer devant les jeunes femmes, lors de leur prochain passage, sans attendre une invitation de leur part, tout en étant conscient que ça ne me garantissait aucune réponse.

    ***

    J’ai vingt-huit ans, du jeudi au samedi soir, je suis danseur dans un cabaret érotique du centre-ville fréquenté quasi exclusivement par des femmes. Je suis loin d’être vaniteux, néanmoins, trois jours par semaine, je fais rêver les dames pour lesquelles je danse. Ce boulot, je le fais par plaisir, ce n’est jamais un supplice de m’y rendre. Comme ce n’est pas un travail à temps plein, il m’en reste suffisamment pour mes études universitaires en commerce international que je prévois de terminer l’été prochain.

    Il m’arrive aussi à l’occasion de faire office de mannequin ou d’être un invité spécial à certains événements dans le seul but d’attirer la gent féminine. Bien malgré moi, je capte l’attention d’un nombre incalculable de dames de tous styles et de tous âges, il est donc primordial que je soigne mon apparence. Quotidiennement, je consacre deux heures à la musculation, sans oublier mon régime alimentaire qui s’avère très strict dans le but d’entretenir mon corps de danseur qui se doit d’être puissant et bien sculpté. Malheureusement, avec ce genre d’emploi, les relations amoureuses sont difficiles à moins de dénicher une fille ni jalouse ni possessive. Par conséquent, je n’avais aucune petite copine au moment de ces événements troublants, mais beaucoup d’amies avec lesquelles j’avais du plaisir dans tous les sens du terme. J’habite une jolie petite maison que j’ai construite moi-même à flanc de montagne à une distance respectable de la grande ville. Dans la vie, mes principales priorités sont mon corps, les voyages, et mon havre de paix que je m’amuse à peaufiner au fil du temps. Rien ne presse, je fais tout de mes mains et à mon rythme.

    ***

    Ce jour-là, j’avais décidé d’intégrer un nouvel accessoire à mon look ; des lunettes qui me donnaient un petit air d’intello dans un corps d’adonis. Ma barbe de deux jours n’avait pas été rasée et j’étais impatient de voir la réaction des clientes. Enfin prêt, je pris la route en direction du club situé à plus d’une heure de chez moi. J’arrivai avec un peu d’avance ce fameux soir, ce qui fut bien, car il était agréable d’avoir un moment pour discuter avec les autres danseurs à l’arrière-scène avant que le spectacle commence. Nous étions tous très différents dans nos styles, mais nous formions néanmoins une belle famille. Carl était le responsable de l’animation. Chaque début de soirée, il était le premier à prendre le pouls de la salle à la suite de quoi il nous faisait un bref topo de ce qui nous attendait pour les heures à venir.

    — Les boys ! Comme vous avez dû le remarquer à votre arrivée, il y a une longue file d’attente à l’extérieur, ce qui signifie que la salle sera bondée en permanence. De plus, trois groupes célèbrent de nouvelles ou de futures mariées, alors préparez-vous à une grosse soirée !

    Généralement, ce genre de clientèle nous apportait des gains intéressants, car elles venaient ici pour fêter et non comme des habituées que nous appelions « les régulières ». Ces dernières fréquentaient le club chaque semaine avec un budget restreint en poche espérant passer un bon moment avec leurs copines. Ces soirées plus festives où la salle était bondée et survoltée, nous en mettions plein la vue en exploitant davantage nos attributs et nos charmes.

    Après la première prestation de la troupe sur scène, les clientes étaient déjà en feu, elles hurlaient à pleins poumons, l’excitation montait d’un cran au moindre mouvement de bassin. Le choix de musique et les éclairages synchronisés s’ajoutaient à l’ambiance électrisante. Au fond de la salle, une certaine frénésie régnait au sein d’un groupe de jeunes femmes vêtues entièrement de rose. Tout en s’amusant, elles jetaient sans cesse des regards furtifs en direction de la porte d’entrée du cabaret, ce qui ne passa point inaperçu aux yeux des gars. Nous ne parvenions pas à identifier parmi elles celle qui était la future mariée et cette particularité suscita nombre d’interrogations de la part des danseurs. Aussitôt notre numéro terminé, mes coéquipiers me mandatèrent pour tenter de découvrir ce qui causait tant de fébrilité. Je m’étais donc dirigé sans tarder vers leur table dans l’espoir de glaner quelques informations ou à tout le moins récolter quelques invitations pour danser.

    La place était comble, mais je réussis néanmoins à me frayer un chemin entre les clientes surexcitées par les prestations des danseurs. Ce faisant, je pris soin de ne pas nuire aux serveurs qui portaient les plateaux chargés de consommations à bout de bras. À proximité du vestiaire, j’aperçus une jeune femme qui entrait, les yeux bandés, vêtue d’une mignonne robe du même rose que les autres demoiselles. Elle était escortée par deux accompagnatrices et pas n’importe lesquelles, celles que nous souhaitions justement revoir ; les filles de la feuille oubliée ! Toutes les trois se dirigeaient vers le fond de la salle où les attendait visiblement le reste de leur joyeuse bande. Sur l’écharpe joliment nouée au cou de la demoiselle du milieu, nous pouvions y lire « future mariée » nous révélant qu’elle aurait la bague au doigt d’ici quelque temps. Soudain, la jeune femme qui était à sa gauche me fit signe de les rejoindre, je les suivis donc de près. La nouvelle venue, encadrée de ses deux amies, avançait à pas hésitants essayant de deviner où elle se trouvait. Dès que le bandeau lui fut retiré, la jolie demoiselle, visiblement sous le choc, porta d’abord sa main à sa bouche en amorçant un mouvement en direction de la sortie. Sa tentative pour s’esquiver ne mena nulle part, car je me tenais tout juste derrière elle, lui bloquant le passage au grand plaisir de ses copines.

    — Je m’excuse… Je voudrais sortir d’ici, me dit-elle timidement.

    Au moment où mon regard croisa le sien, une étrange sensation se manifesta. Jamais je n’avais rencontré d’aussi beaux yeux, d’un vert émeraude presque translucide, bordés de longs cils. Ses cheveux noirs lui arrivaient tout juste sous les épaules.

    — Mademoiselle, puis-je avoir le privilège de vous accompagner à votre table ?

    Je me souviendrai toujours de la confusion qui l’habitait à ce moment-là. Sans que j’aie besoin d’insister davantage, elle se laissa guider vers la chaise qui lui était attitrée, puis j’endossai le rôle pour lequel j’étais payé ici au club. J’effleurai sa joue de mon index, et, en suivant la courbe délicate, je lui dis combien je la trouvais séduisante. Elle n’était pas exactement mon genre de femme, c’est du moins ce que je prétendais ou que j’essayais de me faire croire, surtout sachant qu’elle était sur le point de se marier. Elle me sortit de mes pensées quand elle m’informa sans préambule qu’elle avait un petit ami, puis elle ajouta qu’elle acceptait que je danse pour elle à la condition que je conserve mon pantalon. Je ne pus faire autrement que de me mettre à rire.

    — Relaxe, jolie princesse ! Je te promets de garder mon jeans si c’est vraiment ce que tu désires ! Par contre, si tu changes d’idée, fais-le-moi savoir ! Ton petit nom, c’est quoi ?

    — Sacha, me souffla-t-elle en baissant les yeux.

    Dès que le DJ lança la pièce de musique suivante, je me mis à l’œuvre en respectant sa demande. Je n’utilisai que le haut de mon corps pour la charmer en n’ayant recours qu’à mon sex appeal et mon déhanchement.

    Lorsque nous sommes invités à danser à une table, nous avons l’habitude de fixer un point au fond de la salle, et ce, le plus discrètement possible. Je suis un homme et il peut parfois m’être difficile de contrôler mon membre afin qu’il reste au repos. Pour elle, j’en ignorais la cause, mais le fameux point s’était volatilisé. Je ne pouvais m’empêcher de la regarder, tout comme elle le faisait d’ailleurs. Ce soir-là, je fus heureux qu’elle me demande de ne pas me dénuder parce que j’aurais eu un sacré problème ! Aussitôt la chanson terminée, je pris rapidement le chemin de l’arrière-scène en priant celles qui me réclamaient de patienter quelques instants. Mon attitude inhabituelle et soudaine fit en sorte que Sam vint me rejoindre sans tarder.

    — Big ! Sérieux ! La fille… Wow ! Je ne t’ai jamais vu perdre tes moyens de la sorte.

    — À qui le dis-tu ? Cette jeune beauté est peut-être un élément du fameux mystère de la feuille oubliée ! lui dis-je en réajustant mon jeans dans l’espoir de dissimuler mon état d’excitation.

    En retournant au boulot, j’évitai de me rendre trop près d’elle. Pour une première en cinq ans, c’est moi qui étais gêné.

    — Big ! C’est la première fois que tu es en perte de contrôle ! me lança Spike se moquant de moi lui aussi alors qu’il passait à mes côtés.

    — OK, ça va ! Laissez-moi travailler, les boys !

    Au bout d’un certain laps de temps, je dus me rendre dans cette section de la salle pour danser à la demande de quelques clientes. Je me replongeai donc dans mon personnage m’efforçant d’ignorer son regard insistant posé sur moi alors que je me déhanchais devant sa voisine immédiate. Lorsque Spike passait derrière moi, il m’encourageait, d’autant plus que la demoiselle en question fit appel à mes services de nouveau trois fois au cours de la soirée sans jamais solliciter un de mes collègues. La gêne de la future mariée s’était manifestement dissipée, car elle me fixait avec tellement de convoitise que les gars se sont même demandé comment j’avais pu réussir à rester de marbre face à cette beauté.

    Tout comme moi, les danseurs du club préfèrent les filles sans artifices. Nous réalisons que les femmes camouflent trop souvent leurs visages par une surabondance de maquillage. Selon mes propres critères, une élégante demoiselle sans prétention qui prend soin de sa personne et qui se maquille légèrement, c’est le summum. Cette jeune femme correspondait exactement ce à quoi je rêvais ; timide, juste comme il le faut, et rayonnante à souhait.

    À la fin de la soirée, lorsqu’elle s’en alla, elle me fit un geste discret de la main, signe que j’eus d’ailleurs beaucoup de mal à ignorer. Dès que les filles habillées de rose eurent quitté la place, les gars de la troupe ne s’étaient pas gênés pour échanger leurs impressions à l’égard de la future mariée et de ses deux meilleures amies jusqu’à ce que les dernières clientes soient parties. Ils ne manquèrent pas l’occasion de se moquer de moi en me soulignant que j’avais lamentablement échoué dans ma mission.

    Cette fameuse nuit, en rentrant chez moi, je me revoyais lui demander son prénom. Il est fort probable que j’aurais même pu lui glisser discrètement quelques mots à l’oreille afin qu’elle me contacte par Messenger, Facebook ou Snapchat…, si elle n’avait pas porté ce signe d’engagement. Elle aurait été la seule à qui je l’aurais proposé. Malheureusement, elle n’était pas libre. Je me suis toujours fait un point d’honneur de ne jamais jouer dans les plates-bandes du voisin, mais son odeur particulièrement aphrodisiaque m’envoûtait, je n’avais qu’elle en tête. Je me faisais violence en me répétant que je ne pouvais pas la séduire… et je téléphonai à une amie.

    Karine vint me retrouver et nous avions passé une partie de ce qui restait de la nuit ensemble dans mon lit. Karine était au fait qu’elle ne devait pas avoir d’attentes et cela ne semblait pas lui causer de problème, elle acceptait de me rejoindre sans jamais me questionner. Chaque matin, lorsqu’elle se réveillait, elle partait discrètement en refermant la porte derrière elle, et nous nous revoyions quelques heures plus tard au gym. Karine et moi étions amis depuis fort longtemps. J’étais au courant qu’elle habitait avec une jeune femme, et je les soupçonnais même d’être en couple, mais je ne tenais pas à connaître la vraie nature de leur relation. Chacun vivait sa vie comme il l’entendait.

    Chapitre 2

    Allongé sur mon lit, je regardais Instagram sur mon cellulaire et j’en profitai pour ajouter une photo de moi en espérant récolter quelques mentions « J’aime » de la part de clientes du club. Comme titre, j’avais inscrit « J’ai fait de beaux rêves… et vous ? ». La première personne à partager un petit cœur rouge fut une certaine Sacha. Sans tarder, je cliquai sur son nom pour constater avec bonheur que c’était celle-là même qui me hantait depuis la veille. Je me redressai, appuyant mon dos contre ma tête de lit, et je réalisai rapidement qu’elle s’était abonnée à mon compte comme plusieurs filles pour qui je dansais.

    C’est un message texte de Sam, m’annonçant qu’il partait à l’instant, qui vint interrompre ma découverte. Je me levai et me dirigeai à la cuisine afin de me préparer un smoothie à boire en me rendant au club où une réunion d’équipe devait avoir lieu après la répétition d’une nouvelle chorégraphie de groupe.

    Le jour où Sam est arrivé comme recrue au cabaret érotique, il y a de cela deux ans, nous étions devenus amis et nous sortions ensemble depuis, tels deux frères.

    ***

    En attendant les autres collègues, Sam ne cessa de me bombarder de questions, mais la seule chose que je lui confiai c’était d’avoir passé la nuit avec Karine.

    Il prit le temps de s’accouder au bar avant d’entamer la conversation à propos de la future mariée :

    — La fille, hier ! Sa copine m’a demandé d’être son ami sur Facebook, et j’ai accepté. J’ai dansé pour elle trois fois. Elle sentait la pêche. Tu sais, celle avec le chandail rose. En fait, c’est Anne son nom.

    Je me mis à rire avant de lui répondre :

    — Elles portaient toutes des chandails roses, Sam ! Fais un effort, Anne devait bien avoir autre chose pour la distinguer.

    — Celle qui t’a demandé de danser pour son amie ! Elle avait les cheveux blonds courts et les yeux bleus, me précisa Sam.

    — Tu me niaises… ! Une des deux filles qui…

    Il ne me laissa pas poursuivre :

    — … de la feuille, oui ! C’est pour cette raison que j’ai accepté, mec ! Je saurai au moins ce qui m’a valu un maigre dix pour cent de taux de compatibilité…

    Comme c’était toujours la même qui me faisait signe, je lui fis comprendre en levant le pouce que je savais de quelle fille il parlait. J’en profitai pour lui souligner qu’il avait été plus efficace que moi sur ce coup.

    — Tu m’étonnes, je m’attendais à ce que tu me fasses la morale, Big ! Son amie avait des yeux trop, wow !

    — Ouais ! Et elle va se marier aussi ! Mais dis-moi donc ! Pour quelle raison te ferais-je la morale ? lui dis-je pour clore la conversation en voyant les gars arriver.

    Comme je percevais un malaise de sa part à discuter de ce sujet devant les autres danseurs, nous avions interrompu nos échanges pour nous consacrer à la nouvelle chorégraphie que nous devions mettre au point. La majorité des mouvements m’étaient familiers, je les exécutai facilement, mais l’ajout d’accessoires rendait l’enchaînement des pas plus complexe, ce qui demandait davantage de concentration.

    Dès que le chorégraphe fut satisfait, il nous donna congé. En nous dirigeant vers le vestiaire, Sam me chuchota, à l’abri des oreilles indiscrètes des gars :

    — Tu me répètes toujours que les filles qui viennent au club, il est préférable de ne pas toucher à ça !

    — C’est vrai ! Mais ce n’étaient pas des habituées. Ce que l’on veut surtout savoir, c’est à quoi vont servir leurs foutues statistiques. D’autant plus que si cela n’avait été de ce party de filles elles n’auraient fort probablement jamais mis les pieds ici. Elles ont peut-être fait des paris sur le choix qu’aurait fait la future mariée.

    Pour toute réponse, il se contenta de hausser les épaules. C’est dès cet instant que je sentis qu’il n’était pas totalement en accord avec moi.

    Après notre meeting, Sam m’invita à aller manger une bouchée, mais je déclinai son offre prétextant vouloir me reposer avant de revenir au club en soirée.

    ***

    Arrivé à la maison, j’exécutai quelques légers travaux sur le terrain, mais la chaleur était suffocante, je rentrai donc me rafraîchir à l’air climatisé et j’en profitai pour naviguer sur Facebook. Incapable de résister à la tentation, je tapai le nom de Sacha dans la barre de recherche dans le but d’en apprendre davantage sur elle. Je jetai d’abord un coup d’œil aux photos qui se trouvaient sur sa page. Cette jeune femme était vraiment jolie. Comme en témoignaient les différents clichés, elle semblait posséder tout ce qui faisait envie à une fille de son âge, c’est-à-dire une maison, une voiture, un chien, et, pour couronner le tout, bientôt un mari. Sur chaque photo, ce dernier la regardait comme si elle était un trésor, et certaines démontraient qu’ils ont beaucoup voyagé, ce qui me fit supposer que la prochaine étape allait être les enfants. Elle paraissait avoir une vie parfaite. Je ne l’enviais pas, au contraire, car ma réalité quelque peu particulière me plaisait.

    Je laissai mon téléphone sur mon lit en me disant qu’il était préférable que je l’oublie. Les soirées qui allaient suivre, pareilles aux autres qui avaient précédé sa rencontre, j’allais prendre plaisir à danser et à séduire des dizaines de femmes comme je l’avais toujours fait.

    En observant le paysage par la fenêtre de ma chambre, je souriais en songeant que c’était vraiment une première pour moi ; jamais je ne m’étais arrêté sur un compte Facebook avec autant d’attention.

    ***

    Au boulot, les jours qui suivirent, je ne pouvais m’empêcher de regarder furtivement en direction de la porte d’entrée dans un espoir inavoué qu’elle apparaisse. Bien entendu, cela ne se produisit jamais. Chaque fois que j’en avais l’occasion, j’ouvrais l’application Facebook sur mon téléphone à la recherche d’une publication de sa part. Ce n’est qu’à vingt-deux heures un de ces soirs que je vis un message de Sacha écrit sur un fond rose avec des brillants : « J’ai perdu ». Lors de mon solo sur scène, j’avais de la difficulté à me concentrer tant je réfléchissais sur ce qu’elle pouvait bien avoir égaré. Après mon numéro, au moment de retourner dans la salle, je me permis un dernier petit coup d’œil sur sa page. Je ne me reconnaissais plus, j’étais devenu soudainement très curieux, complètement obnubilé par cette mystérieuse créature de rêve. Les messages qui s’accumulaient sous son post étaient constitués de cœurs, d’émoticônes tristes ou qui pleurent, de souhaits de courage, mais rien n’indiquait ce qu’elle ne retrouvait plus. Un bébé, un proche, son chien, son travail, voilà ce à quoi je pensais en dansant machinalement pour une jolie demoiselle qui ne me faisait pas autant d’effet. Je dus me secouer pour me sortir cette histoire de la tête. Sans savoir pourquoi, j’en étais incapable. Je m’étais même imaginé qu’elle pouvait m’avoir jeté un sort dans le but de saboter mes soirées.

    Comme il n’y avait pas beaucoup de clientes, les gars et moi avions publié une photo sur le site du club invitant les femmes à venir nous rejoindre. J’étais sur le point de fermer mon écran de téléphone lorsque Sacha partagea un petit cœur rouge sous notre publication. J’avais espéré, en me demandant comment j’allais réagir si je la voyais arriver, mais elle ne s’était point présentée. Je n’étais plus moi-même. Je ressentais de la frustration simplement parce qu’elle n’apparaissait pas !

    Un jeudi, morne soir d’été où la salle ne comportait qu’une dizaine de clientes qui ne nous sollicitaient que rarement pour danser à leurs tables, nous avions surtout jasé entre mecs. Sam nous avait même surpris en demandant s’il pouvait partir plus tôt, ce qui n’était vraiment pas dans ses habitudes.

    Je le suivis jusqu’au vestiaire, car il était évident qu’il n’était pas dans son état normal. Il ne m’avait pourtant parlé de rien, mais je décidai de le questionner afin d’en apprendre davantage :

    — Tu t’en vas ! Pourquoi tu ne restes pas ? Est-ce que tu te sens bien ?

    — Ouais, mais je me tourne les pouces. À l’heure qu’il est, on ne fera pas une cenne de plus à soir !

    Il était très rare que Sam parte ainsi comme un voleur sans me raconter ce qu’il comptait faire du reste de sa soirée. Son attitude me parut étrange, d’autant plus qu’il n’était pas cachottier de nature. Je pourrais même oser le questionner sur la couleur des bobettes de sa conquête, qu’il me la révélerait !

    Lorsque Karine arriva au club, je ne repensai plus à Sam. Elle était en compagnie de sa coloc, et cette dernière sollicita les services de Spike à plusieurs reprises, je pus en profiter pour jaser avec mon amie. À un certain moment, elle m’interrogea sur ce qui n’allait pas.

    — Rien… Pourquoi me demandes-tu ça ?

    — Tu es étrange. Même quand je t’ai rejoint chez toi il y a quelques jours au beau milieu de la nuit, je ne te sentais pas avec moi.

    — Ah, non ! Rien. Excuse-moi, Karine.

    — Tu sais que tu peux compter sur moi si t’as besoin de parler !

    — Voyons, Karine… Ne me dis pas que tu es inquiète pour moi !

    Je lui faisais une petite accolade quand une cliente me fit signe.

    — Le devoir m’appelle, dis-je la laissant avec sa copine.

    ***

    Karine et Lidia, sa coloc, Spike et moi avions quitté le club vers trois heures en direction d’un restaurant ouvert vingt-quatre heures pour y prendre un léger goûter. Par la suite, nous nous étions séparés pour nous rendre chacun chez soi à l’exception des deux filles qui habitaient ensemble. Avant de me coucher, j’étais retourné sur la page Facebook de Sacha, et j’y avais vu une nouvelle parution ; une photo d’une petite église. Il ne me fallut que quelques secondes pour reconnaître la chapelle située tout près de la résidence de ma mère, une coquette construction champêtre au milieu d’un terrain parsemé d’arbres matures et de fleurs colorées. Ce site était vraiment enchanteur. Juste au-dessus de la photo, elle avait écrit, toujours en rose : « Mon rêve, demain 13 h ». Je levai les yeux pour prendre connaissance de l’heure qu’il était, puis j’envoyai un texto à ma mère avant de programmer mon réveil pour cinq heures plus tard. J’avais décidé que j’allais satisfaire ma curiosité. J’étais cependant loin de me douter que ce serait le début d’une histoire impossible.

    Chapitre 3

    Ma mère fut heureuse que je vienne déjeuner avec elle en cette belle journée de juillet. D’autant plus que je le lui promettais depuis quelques semaines déjà, mais j’avais toujours eu une bonne raison pour ne pas y aller. Elle avait accepté ma demande de petit-déjeuner avec joie. Les meilleures crêpes au monde, c’est ma mère qui les prépare ! Si en plus elle me fait des œufs et du bacon, je suis

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