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Révélations particulières
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Livre électronique173 pages2 heures

Révélations particulières

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À propos de ce livre électronique

Le cadre de villégiature du Bassin d'Arcachon peut être aussi le théâtre d'événements dramatiques. La disparition d'un chef d'entreprise de la région bordelaise va être suivie d'un maelstrom familial aux multiples rebondissements. La célèbre maxime Après moi le déluge trouve son illustration pour tous les membres de son clan. Entre chantages financiers, scandales conjugaux et rivalités familiales, qui en sortira indemne ?
LangueFrançais
Date de sortie7 nov. 2014
ISBN9791029004599
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    Aperçu du livre

    Révélations particulières - Jean-François Faroux

    979-10-290-0459-9

    I

    Novembre 2000

    Henry Deltreuil, seul à son bureau, jeta un coup d’œil par la vitre sur la chaîne de fabrication de panneaux de bois. Avoir pratiquement toute son usine de Plessac sous les yeux lui procurait toujours un double sentiment de puissance et de quiétude.

    Le bruit infernal de la machinerie venait de cesser, il n’aimait pas ces instants de silence synonyme pour lui d’inactivité.

    Tout en se préparant, il pensa à la journée de demain qui serait rude. La réception de ses gros clients s’accompagnerait de dures négociations sur les prix, de mise en concurrence, de demande de rabais. Il en avait l’habitude depuis la trentaine d’années qu’il dirigeait la SOPLACO{*}.

    Belle affaire en vérité que cette entreprise avoisinant un chiffre d’affaires de près de dix millions d’euros employant une centaine de salariés. Patron tout puissant, il ne s’appuyait que sur deux personnes, son chef comptable, véritable écuyer qui le servait depuis de nombreuses années, et sa fidèle secrétaire qui faisait office aussi bien de directrice des relations humaines que de responsable administrative.

    Il s’installa au volant de sa puissante berline estampillée Germany et enclencha la boîte automatique pour regagner son domicile situé à une quarantaine de kilomètres de son entreprise.

    Dans un hurlement de pneus digne du départ d’une Formule 1, son véhicule bondit en avant, ravagea la bordure du parking et, moteur à fond, percuta une porte de service de l’usine.

    Le bruit du choc et l’emballement du moteur firent sortir Albert de sa petite maison de gardien, et se précipiter vers la voiture de son patron.

    Le véhicule fumait beaucoup, le moteur poussé au maximum pouvait faire craindre le pire. Albert ouvrit cependant la portière et reçut Henry Deltreuil dans les bras… Au cri que poussa Albert, son épouse accourut à son tour.

    Albert sortit son patron, non sans mal, et avec l’aide de sa femme le déposa près du véhicule.

    – Appelle le SAMU, hurla Albert à sa femme.

    Albert, tétanisé, regardait l’accidenté sans trop comprendre pourquoi ce dernier ni ne bougeait ni ne se plaignait.

    – J’ai appelé, ils arrivent, dit sa femme en revenant.

    Les deux époux se penchèrent à nouveau sur le corps étendu et, à la lueur du plafonnier, tentèrent de mieux voir la victime.

    – Mais, dit Albert, il ne bouge plus du tout. On dirait même qu’il ne respire plus.

    – Mon Dieu ! Mais il est mort alors, s’écria sa femme.

    Albert était abasourdi, son patron n’avait aucune blessure. Malgré le choc, l’habitacle ne présentait aucun dommage apparent.

    Un gyrophare bleu apparut dans la nuit et peu après l’ambulance s’immobilisa auprès de la voiture accidentée. Trois personnes sortirent précipitamment et se penchèrent sur le corps d’Henry Deltreuil. Après quelques instants, l’une d’elle se releva et déclara :

    – C’est fini, il n’y a plus rien à faire. Arrêt cardiaque.

    Comme un fou, Albert courut vers sa maison, se trompa trois fois de numéro avant de parvenir à joindre le domicile des Deltreuil.

    – Madame Deltreuil, ici Albert. Venez tout de suite, il est arrivé malheur à monsieur.

    – Quel malheur ? répondit madame Deltreuil.

    – Il est mort.

    Et sous l’émotion, Albert raccrocha.

    ****

    À Bordeaux, ses deux filles et leurs époux étaient réunis dans le grand salon du domicile d’Henry Deltreuil dont la dépouille reposait dans une pièce attenante.

    Le médecin de famille avait confirmé que monsieur Deltreuil avait bien succombé à une crise cardiaque fatale et que ses gestes désordonnés étaient à l’origine du choc du véhicule contre le mur de l’usine.

    Emma, l’aînée, répétait en boucle :

    – Il faudrait vraiment savoir si c’est la crise cardiaque ou l’accident qui est à l’origine du décès de papa. Ce n’est pas sans conséquence pour la suite.

    Faustine, la cadette, lui répondit sèchement :

    – Il est bien temps de se soucier des conséquences. Notre père n’est pas encore enterré que tu penses déjà à la succession. L’argent efface la douleur. Ton attitude est incroyable !

    Pierre et Jean-Louis, les beaux-frères respectifs, échangèrent un regard lourd de rivalité contenue entre eux. Cependant, l’entrée de Florence Deltreuil, veuve du défunt, stoppa nette l’altercation qui se préparait entre ses enfants.

    ****

    Jean-Luc Nicoulot, agent général d’une grande compagnie d’assurances, lisait comme chaque matin son journal local. Très impliqué dans le tissu socio-économique de sa ville, il voulait être au courant de toutes les informations. Dépliant son journal entre ses dossiers, son regard tomba sur un petit entrefilet :

    Nous apprenons hier soir le décès d’Henry Deltreuil, P.D.G. de la Société SOPLACO Selon nos informations, il semblerait que monsieur Deltreuil ait succombé à une crise cardiaque au volant de son véhicule.

    Jean-Luc Nicoulot, incrédule, relut l’article une seconde fois, tant la nouvelle lui apparaissait incroyable.

    Il décrocha son téléphone pour joindre son camarade de promotion de la faculté de droit, le notaire Maître Jacques Caumond.

    – Allo Jacques, tu connais la nouvelle de ce matin ?

    – Laquelle ?

    – Henry Deltreuil est mort.

    – Pas possible ! Et comment ?

    – Crise cardiaque selon le journal.

    – Tu sais que c’est de très loin le plus gros client de l’étude.

    – Et d’encore plus loin le plus gros client de l’agence.

    – Nous serons donc appelés à être souvent en contact pour cette affaire.

    – Bien sûr. À bientôt alors.                                   

    Jean-Luc Nicoulot n’était pas un intime de son client. D’ailleurs, personne n’était proche du très autoritaire Henry Deltreuil dans ses relations professionnelles. Ce dernier prenait tout le monde de haut et intimidait suffisamment pour que quiconque se sente rabaissé. De ce fait, Jean-Luc Nicoulot se voulait irréprochable dans sa relation d’assureur avec son assuré. Il se dit que si son client lui avait toujours confié la gestion de ses contrats, il n’avait peut-être pas failli à sa mission. Le décès allait entraîner de gros mouvements de fonds sur le contrat d’assurances vie souscrit par le défunt et, que par sa position d’assureur, il était bien placé pour proposer ses services. Cependant le nom des bénéficiaires du contrat lui arracha un soupir. Comment la famille allait-elle réagir au versement de cet énorme capital à une certaine Agathe Doutreval et à un certain Édouard Deltreuil, qu’il ne connaissait d’ailleurs ni l'un ni l'autre ? Ce contrat avait été particulièrement bien suivi par le défunt. Un capital de base d’un million d’euros versé 15 ans auparavant, suivi d’un versement ponctuel en juillet de chaque année de 250.000 euros, soit avec les intérêts une somme avoisinant les 5 millions d’euros ! Un tel pactole ne pouvait qu’entraîner des réactions. La famille allait-elle lui reprocher quelque chose ? Avec une telle somme, on pouvait s’attendre à tout !

    Il n’avait, à vrai dire, pas d’autres rapports avec les autres membres de la famille, y compris avec madame Deltreuil. Il pensa aussi que ce contrat lui avait toujours fait gagner un voyage annuel offert par sa compagnie d’assurances et que cela serait désormais sans doute terminé pour l’avenir.

    ****

    Simultanément, l’étude de Maître Caumond entra en ébullition avec l’épais dossier qui était posé sur le bureau du notaire. Mentalement, ce dernier énuméra les biens du défunt. Le luxueux hôtel particulier du centre ville de Bordeaux, la non moins magnifique villa située face à la mer au Pyla, trois appartements parisiens dans les quartiers où le prix du mètre carré s’envolait tous les ans, un moulin restauré à grands frais en Dordogne, deux appartements en Espagne dans les stations les plus huppées, un stock d’appartements locatifs, tous loués.

    « Voilà pour les biens au soleil» se dit-il et le reste, le banquier lui avait laissé entendre sous couvert du secret professionnel, bien entendu, l’existence de comptes créditeurs impressionnants, un paquet de titres et de gros placements. « De toute façon, nous aurons le détail de tout cela » pensa-t-il en prenant une enveloppe soigneusement cachetée sur laquelle figurait en gras « Ceci est mon testament qui sera lu par Maître Caumond à mon décès ».

    « Nul doute que ce dossier sera passionnant, à titre technique cela s’entend » se dit le notaire.

    ****

    Au siège de la SOPLACO, l’incrédulité et la crainte régnaient chez le personnel. La disparition de leur patron omniprésent pouvait laisser supposer la fin de leur entreprise. Un homme cependant ne partageait pas ce pessimisme ambiant. Philippe Lebris, directeur financier, était en réalité la doublure aussi de son patron dans tous les domaines de la société. Avec Maryse Baillon, ils formaient une dyarchie intervenant dans tous les secteurs de l’entreprise.

    Henry Deltreuil disparu ? Ils avaient tous les leviers pour continuer l’activité quotidienne. La SOPLACO était une usine de fabrication de panneaux de bois implantée au milieu de la forêt landaise. Elle semblait discrète, signalée seulement par son panache de fumée. L’énorme stock de bois tropicaux indiquait toutefois une activité soutenue.

    Lebris se retira dans le bureau directorial en priant Maryse Baillon de le rejoindre.

    – Crois-tu que la famille est au courant pour l’Asie et l’Afrique ?

    – Je ne pense pas mais je ne suis pas sûre que sa femme soit totalement ignorante. Quant aux filles et aux gendres, ils n’ont jamais mis les pieds ici.

    Lebris hocha la tête et poursuivit :

    – Il faut absolument prendre contact avec Agathe et Édouard. Je fais le nécessaire immédiatement.

    ****

    L’orage venait de crever sur la forêt tropicale malaise de Kuala Lumpur. De grosses gouttes d’eau chaude s’écrasaient sur le sol en formant un brouillard entre les bâtiments de l’usine. En sueur malgré la climatisation de son bureau, Édouard consultait ses mails sur sa messagerie personnelle qui le reliait à la SOPLACO Un mail l’intrigua : "Évènement très grave ici. Nous joindre dès que possible. Lebris."

    Il saisit son téléphone et quelques instants plus tard, il reconnut la voix de Lebris.

    – Édouard, soyez courageux, votre père est décédé hier soir d’une crise cardiaque.

    Une certaine pâleur remplaça son teint hâlé. Sous le coup de l’émotion, Edouard ne se rendit pas compte qu’il avait coupé la communication. Mort ? Son père ? Lui qui personnifiait le pouvoir, la force ! Il ne parvenait pas à réaliser ce qu’il venait d’entendre. Et le reste de la famille, comme cela allait-il tourner ?

    Il sortit dehors ignorant le déluge, cherchant partout son chef de production et lorsqu’il le trouva, il s’écroula sur son épaule en articulant péniblement :

    – Mon père est mort.

    Le chef de production se figea. La disparition du patron semblait pour lui aussi inconcevable. Soutenant Édouard comme il le put, il le ramena à son bureau où ce dernier se ressaisit un peu.

    – Édouard, avant tout il faut prévenir Agathe si elle n’est pas au courant et prendre contact avec Lebris.

    Paul, le chef d’exploitation, était un ami intime d’Edouard. Il avait  aussi  un rôle beaucoup plus important que sa fonction ne le laissait croire. Aussi, sa communication avec Lebris s’annonçait directe et efficace.

    ****

    Agathe, étendue au bord de la piscine, sommeillait sous le doux soleil marocain. Près d’elle se prélassait Romain, son compagnon du moment disait-elle. Agathe avait tout pour elle, la jeunesse, un physique à couper le souffle et beaucoup d’argent.

    Le portable qui sonna lui fit faire une jolie moue. Le nom de sa mère, Florence apparut sur l’écran.

    – Agathe, c’est ta mère. Où es-tu ?

    – À Agadir maman. Pourquoi ?

    – Tu es seule ? J’ai à te parler.

    – Une minute, je m’isole.

    S’éloignant de la piscine, elle reprit :

    – OK, je t’écoute.

    – Une très mauvaise nouvelle. Henry est mort !

    – Comment ? Je n’y crois pas.

    – Crise cardiaque hier soir.

    – Ma pauvre maman, je viens tout de suite pour être avec toi.

    – Merci de ta sollicitude, mais laisse-moi te rappeler la situation familiale…

    – Je fais ce que tu veux, tu me contactes. Je t’embrasse très fort maman, termina Agathe en raccrochant.

    Agathe, d’un pas chaloupé faisant onduler son corps parfait, regagna son transat. Le décès d’Henry Deltreuil ne lui causait aucun sentiment particulier. Cependant, cette disparition ne

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