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Président cambrioleur : une enquête de référence

Ce prisonnier est un cambrioleur. Fautil y voir là la vengeance de l’Histoire ? Emmanuel Macron se trouve aujourd’hui pris dans les rets de trois crises–sanitaire, économique, terroriste –, mais ce président est un « cambrioleur », selon le titre de l’ouvrage paru le 25 novembre aux éditions Fayard dont L’Express publie des extraits . Ce n’est pas seulement son élection qui a pris les allures de « casse du siècle », c’est tout son mandat qui met l’hôte de l’Elysée en situation de piller les idées des autres, sans que l’on sache s’il se les approprie vraiment ou s’il ne s’en sert que pour neutraliser les adversaires. Il ne faut dès lors pas s’étonner que l’insécurité gagne jusqu’à ses électeurs de 2017, qui peinent parfois à reconnaître leur champion de l’époque.

Qui connaît M. Macron ? Ce livre servira de référence sur un homme et un quinquennat aussi insaisissables l’un que l’autre parce qu’il privilégie l’enquête, oserait-on dire « à l’ancienne », au prêt-àpenser. La journaliste Corinne Lhaïk, hier à L’Express, aujourd’hui à L’Opinion, a commencé à le suivre en 2011. Elle l’a observé comme ministre, scruté comme président et revu pour ce récit. Elle a également rencontré une centaine de personnes : l’épouse du chef de l’Etat, des ministres, responsables politiques, collaborateurs, économistes, intellectuels.

Président cambrioleur se lit comme un roman, bien qu’il n’en soit pas un – tout y est vrai. Son héros se veut romanesque : monstre froid à qui des larmes échappent pourtant au cours d’une visite dans un hôpital de Mulhouse terrassé par le coronavirus ; homme aux mille maîtresses qui « drague utile » pour neutraliser concurrents et adversaires ; caméléon – « pour lui, se renier n’est pas se renier puisqu’il est mobile avant tout », écrit l’auteure. Chez ce président, les improvisations n’en sont pas : tout est calcul, même la petite phrase sur Alexandre Benalla « qui n’est pas mon amant », même l’expression « le pognon de dingue ». Chez lui, l’audace tient lieu de colonne vertébrale, qu’elle soit provocation ou liberté sans bornes. Ce n’est pas un hasard s’il adore Audiard : « Heureux les fêlés, parce qu’ils laissent passer la lumière. »

Il voulait se faire aimer. Il voulait réconcilier la France. Il a échoué aux deux. Il allait moderniser le pays ; son quinquennat restera celui des gilets jaunes et du Covid, de l’islamisme politique aussi. Et pourtant sa réélection est possible. Comme l’assassin, le cambrioleur revient toujours sur les lieux du crime.

EXTRAITS

Les intertitres sont de la rédaction

Son « ralliement » à Hollande

[.] Le futur secrétaire général adjoint se

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