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Mnemotectes-2040: Liberté
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Mnemotectes-2040: Liberté
Livre électronique218 pages2 heures

Mnemotectes-2040: Liberté

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À propos de ce livre électronique

Byblion, 2040. Alors que Lexian rejoint sa chambre, sans être repéré, de terribles doutes l’assaillent : vient-il de commettre l’inimaginable pour retrouver sa grand-mère Helen et les autres Réminisciens ?
Sa vie d’adolescent a définitivement basculé, le jour où, dans une lettre énigmatique, Helen lui demande de remettre un livre à un bibliothécaire nommé Maxim. Mais, à peine rencontré, ce témoin de l’Ancien Monde disparait à son tour dans de mystérieuses circonstances, laissant Lexian, seul face à la police politique.
L’inspecteur Cerber à ses trousses, Lexian, sera aidé dans son enquête par ses amis, Atlas, Iris, Jack et Lisa, eux aussi à la recherche de leurs grands-parents. Conciliant les cours du lycée et le projet de fin d’année, ils suivront les pistes des messages codés, disséminés par les Réminisciens, qui leur révèleront peu à peu les facettes insoupçonnées de leur Nouveau Monde.
Mais ces derniers jours, Lexian et ses amis assistent à de terribles évènements qui épaississent encore un peu plus le mystère…
LangueFrançais
Date de sortie18 août 2017
ISBN9791029007606
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    Aperçu du livre

    Mnemotectes-2040 - Alixe Delft-Kolling

    cover.jpg

    Mnemotectes-2040

    Alixe Delft-Kolling

    Mnemotectes-2040

    Liberté

    Les Éditions Chapitre.com

    123, boulevard de Grenelle 75015 Paris

    © Les Éditions Chapitre.com, 2017

    ISBN : 979-10-290-0760-6

    1

    Un acte insensé

    A bout de souffle, Lexian rejoint sa chambre juste à temps. À peine a-t-il bondi sur son lit que sa montre vibre fortement à son poignet. Son cadran lumineux affiche 3 h 30.

    Par la fenêtre, la neige accumulée sur le dôme protecteur de la cité, étincelle sous les rayons de lune. Soudain, la coupole blanche et scintillante rougeoie et semble s’embraser. La montre tressaille une nouvelle fois. Lexian se glisse sous sa couverture doublée de zirtonium en prenant soin de ne laisser dépasser aucun cheveu. Il égrène seconde après seconde, d’une voix étouffée, presque imperceptible :

    – Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix…

    Un faisceau de lumière écarlate jaillit de la fenêtre et balaie frénétiquement la pièce, du sol au plafond, jusque dans les moindres recoins, pendant que Lexian poursuit inlassablement son décompte.

    – Cinquante-huit, cinquante-neuf, soixante… murmure-t-il

    Le trait lumineux glisse sur chaque objet pour en esquisser rapidement sa silhouette.

    – … Cent soixante-dix-huit, cent soixante-dix-neuf, cent quatre-vingt !

    Les griffonnements incandescents s’évanouis-sent. Lexian risque le bout de son nez, puis sa tête hors de sa couverture protectrice. La tempête optique a cessé, le scan est passé.

    Il consulte à nouveau sa montre : 3 h 33 ! Quarante-sept minutes se sont déjà écoulées, depuis qu’il a posté par mail le message le plus important de toute sa vie. Son corps se glace sous le raz de marée de questions qui se bousculent et s’entrechoquent dans son esprit :

    – Contacter les citoyens de l’Ancien Monde, n’est-ce pas insensé, absurde ? Accepteront-ils de nous aider à reconstruire les mémoires et à reconstituer l’Histoire de la Métamorphose ? Et si les autorités de Byblion le découvrent, que risquent nos familles ? Retrouverons-nous Helen, Maxim, Auguste, Ulysse et les autres Réminisciens avant Cerber ? Réussirons-nous à enrayer la dissolution des souvenirs ? Serons-nous prêts pour infiltrer Bergstein dans un mois ?

    Un contact lisse et glacé sous ses orteils l’extirpe brusquement de ses interrogations. Son pied vient de heurter au fond de son lit, sa précieuse lampe torche, vestige rescapé de l’Ancien Monde. Il glisse rapidement sa main entre son sommier et son matelas et en retire un petit carnet jaune. Son cœur se serre fortement, comme à chaque fois que le parfum d’Helen s’exhale de la couverture de cuir de ce calepin.

    Depuis deux ans, défiant toutes les lois du Consortium, Lexian remplit cet aide-mémoire avec la même aisance qu’un manuscritologue chevronné. Il tourne lentement les pages pour atteindre celle des « ÉVÉNEMENTS CAPITAUX ». Son archaïque faisceau de lumière révèle l’écriture joyeuse et maladroite avec laquelle il avait inscrit « 6 mars 2038 : arrivée à Byblion ». Sous cette première ligne, s’étire désormais sur les deux tiers de la hauteur de la page, une liste tristement allongée par les terribles événements de ces dernières semaines. À l’aide de la mine de graphite de son crayon rachitique, il ajoute l’incroyable acte, que lui, Lexian Libris, a commis aujourd’hui :

    23 juin 2040, demande d’aide aux adolescents de l’Ancien Monde.

    Il s’apprête à refermer le carnet, lorsque son regard croise la date d’une journée tragique qu’il aurait tant souhaité ne jamais vivre :

    16 avril 2040, disparition d’Helen.

    2

    Le 16 avril 2040

    Depuis deux ans, une caresse divine sur son front réveillait Lexian en douceur chaque matin. Le réveil tactile posé sur sa table de chevet émettait un souffle d’air tiède, pendant que la tendre voix féminine de la domotique murmurait dans la chambre :

    – Bonjour Lexian ! 6 h 54 ! Aujourd’hui, lundi 16 avril 2040, la température est de moins sept degrés Celsius sous le dôme et de moins vingt-sept degrés Celsius à l’extérieur.

    Pour chasser le sommeil, Lexian se frotta vigoureusement le visage. Il disposait exactement de trente minutes pour se laver et avaler son petit déjeuner. D’un pas lourd et mal assuré, il se dirigea vers la salle de bain. Dans le couloir, il fut surpris par une lumière éblouissante et par la chaleur des rayons du soleil sur sa peau. Il s’approcha de la fenêtre et contempla avec bonheur le spectacle magnifique et si rare du soleil dans un ciel bleu parsemé d’énormes nuages cotonneux. Ce 16 avril, appartenait au cercle très fermé des vingt-deux journées ensoleillées que comptait une année du Nouveau Monde.

    – Lexian ! 6 h 58 ! l’interpella à nouveau la domotique.

    L’excellente humeur de Lexian se volatilisa dès qu’il se heurta à la porte de la salle de bain fermée à double tour.

    – NINE ! Dépêche-toi ! cria-t-il en tambourinant.

    À l’intérieur, une voix féminine haut-perchée hurla :

    – Oui, c’est bon, j’en ai pour dix minutes !

    – Les filles, toutes les mêmes… dix minutes suffisent pour prendre une douche pourtant !!! bougonna Lexian en descendant les escaliers.

    Dans la cuisine, les rayons du soleil n’agissaient visiblement pas non plus sur l’humeur de son père qui massait son épaule droite en faisant une grimace. Nancy le remarqua :

    – Tes rhumes te font encore souffrir aujourd’hui, John, dit-elle.

    – Mes rhumes ? Non, Nancy ! Mais mes rhumatismes oui ! répondit John en souriant. Ils se sont déclenchés lors de mon séminaire dans les montagnes à… à…, ajouta-t-il en se frottant le front. À Bergstein ! C’est cela, Bergstein ! lança-t-il. Depuis, ces rhumatismes ne me quittent plus. Ils sont devenus de fidèles compagnons. Un peu trop fidèles, à mon goût. Ce séminaire était en réalité, une formation sur l’augmentation de la p…

    – Productivité ?! s’écria Nancy agacée. Cette fameuse augmentation de la productivité, ils ne parlent que de cela ! Augmentation de la productivité, par-ci ! Augmentation de la productivité par-là… Toujours plus vite ! Nous ne sommes pas des machines !

    La présence bienveillante de la domotique emplit soudainement la pièce :

    – Nancy, je détecte du stress dans votre voix ! Votre psychologue vous a conseillé d’augmenter les doses d’anxiolytique d’un cachet par jour, dès que vous en éprouvez le besoin.

    Contrariée, Nancy se retourna pour se servir une tasse de café et découvrit Lexian, l’air bougon, bâillant, ébouriffé, portant son pyjama de travers.

    – Bonjour mon chéri ! Bien dormi ? demanda-t-elle, en affichant aussitôt un grand sourire.

    L’esprit encore engourdi par le sommeil, Lexian répondit par un faible et presque inaudible « Bonjour ». Il n’avait aucune envie d’engager une conversation de bon matin. Une seule chose l’intéressait : consulter ses messages sur Byblionbook. Il arpentait la cuisine à la recherche de ses Firmglasses et les aperçut, posées sur la petite étagère, à côté du pot de guimauves à la vanille enrobées de chocolat qu’il avait dégustées après le dîner de la veille.

    – John ?! interpella chaleureusement la douce voix de la maison. Hier soir, avez-vous collé sur votre épaule le patch de transfert des anti-inflammatoires ?

    – Oui bien sûr, répondit John.

    – Dans ce cas, je vous conseille d’avaler deux gélules de Diantal, lui recommanda-t-elle. Je prends rendez-vous chez le rhumatologue pour une demande d’augmentation de dose anti-inflammatoire. Les frais médicaux seront…

    – Pris en charge par la Firme, compléta Nancy d’un ton moqueur. Remarque pour tes rhumes, ajouta-t-elle en regardant John.

    – Rhu ma tismes ! corrigea-t-il.

    – Oui, tes RHU MA TISSSMES ! reprit Nancy en faisant visiblement un effort de prononciation. Ils sont sûrement liés à l’humidité permanente dans laquelle nous vivons. Le froid et la neige amplifient tes douleurs.

    – Nancy, te souviens-tu quand s’était déroulée cette formation à Bergstein ? Il y a un an ? Six mois ou quatre mois, peut-être ? demanda John en fronçant les sourcils.

    Extrêmement surpris, Lexian s’affala sur sa chaise face à la table du petit déjeuner :

    – Tu as déjà posé cette question hier matin ! Cela fait deux ans très exactement ! répondit-il en ajustant ses Firmglasses sur le nez puis son oreillette. Il déclencha leur connexion.

    – Bergstein, deux années ? C’est incroyable comme le temps passe vite… dit John, l’air incrédule en promenant sa main sur son menton. Il bascula sa tête en arrière et scruta le vide du plafond.

    – Consulter les nouveaux messages sur mon Byblionbook ! ordonna Lexian à ses Firmglasses, en se dirigeant vers le Firmrefrigerator.

    – Lexian, un verre de jus d’orange t’apportera de la vitamine C, prescrivit aussitôt la domotique.

    En ouvrant la porte du Firmrefrigerator, Lexian imita mot pour mot l’assistante familiale virtuelle, leurs deux voix se superposèrent :

    – Un bol de céréales survitaminées et un yaourt hyperprotéiné Firmgood apporteront des fibres à ton système digestif et des protéines à tes muscles.

    Tout à coup, Lexian s’immobilisa devant les rayonnages éclairés par une lumière froide.

    – QUOIIIII ???? Il n’y a plus de yaourts « arôme à la fraise » ???? protesta-t-il.

    – Nine a pris le dernier ce matin ! répondit Nancy.

    – Évidemment ! Mes préférés… marmonna-t-il en se penchant à nouveau vers les rayons.

    – Nous disposons actuellement de trois parfums au choix : citron, ananas et abricot. Lequel te ferait plaisir ? reprit l’imperturbable domotique.

    – Il ne reste plus de Chococream non plus ??!! s’exclama-t-il, l’air dépité.

    – Je suis désolée Lexian, mais Nine a mangé la dernière hier soir ! répondit sa mère.

    – Comme d’habitude !! maugréa-t-il.

    Fortement contrarié, il se tourna alors vers la seule chose qui ne le décevait jamais, le Chocmouss. Cette merveilleuse machine préparait de sublimes chocolats chauds à la noisette, mousseux et onctueux. Il positionna une dosette et appuya sur le bouton de démarrage. Bizarrement, un petit logo de clé à molette rouge apparut et clignota.

    – Mais, ce n’est pas vrai ?! Rien ne va plus, ce matin, dans cette maison !! fulmina-t-il.

    – Chocmouss, panne détectée !

    – Quel début de journée formidable ! pesta Lexian. Je ferais mieux de retourner me coucher !

    – A 10 h 08, un drone prendra livraison de la machine Chocmouss pour la transférer au service « contrôle réparation » de la Firme, planifia la domotique. Nancy ? Désirez-vous ajouter yaourt arôme fraise et Chococream sur la liste de courses ? demanda-t-elle de son imperturbable voix douce.

    – Confirmé ! répondit Nancy.

    Trois « bips » aigus retentirent dans la cuisine. La télévision s’alluma. L’hologramme 3D du buste de Marc Davis, le présentateur du journal télévisé de la chaine Byblion-News, émergea de l’écran central accompagné d’un léger et agréable parfum marin.

    La mention message clignotait sur les verres des Firmglasses de Lexian.

    – Atlas vous a envoyé un message vocal, prononça une voix de synthèse dans son oreillette.

    – Consulter ! ordonna Lexian en tartinant machinalement du Choconuts sur son pain vitaminé.

    Le visage d’Atlas apparut sur les deux écrans de ses Firmglasses :

    – Salut, Lexian ! dit Atlas. Pour récompenser mon père de ses efforts et du respect de ses objectifs, la Firme lui offre trois places au Grand Prix de Braincar, qui se déroule à Neptun en juillet. Aurais-tu envie de te joindre à nous ?

    Lexian écouta le message une seconde fois pour s’assurer qu’il avait bien compris l’extraordinaire nouvelle. Fou de joie, il saisit sa réponse à vive allure. Ses doigts filaient, sur le clavier virtuel rétro projeté sur la table par ses Firmglasses :

    Bonjour Atlas, bien sûr que j’accepte ta super proposition. C’est génial ! Merci beaucoup !

    La quatrième dimension de la TV restituait, dans la cuisine familiale, la fragrance fraîche de Thalassy, le dernier parfum lancé par la Firme et porté par Davis.

    – Bonjour ! Il est très exactement sept heures et voici les titres du journal.

    – Une bonne nouvelle : Le soleil ! Le soleil est revenu parmi nous. Aujourd’hui, notre atmosphère se réchauffera de quelques degrés. Tanya nous informera dans son bulletin météo des horaires et des durées d’ensoleillement de cette magnifique journée.

    – Place aux informations externes à Byblion. Le prix des métaux a encore augmenté de vingt pour cent ce mois-ci, face à la raréfaction des mines et aux difficultés croissantes d’extraction.

    – Dans la cité de Neptun : les sénateurs examinent le projet de loi qui tente de définir les droits et les devoirs des entreprises des NBIC{1}. Depuis 18 h hier soir, les débats se sont déroulés dans une atmosphère houleuse et se sont poursuivis toute la nuit. Tôt ce matin, le Sénat a été investi par des opposants qui…

    – Scromtch ! Scromtch ! Scromtch !

    Le raffut des céréales survitaminées écrasées et broyées par les mâchoires de Lexian couvrait les informations.

    – Augmente le son ! ordonna Nancy à la domotique.

    – Nous retrouvons notre correspondant sur place.

    La voix du présentateur retentit si soudainement dans la pièce qu’elle extirpa John de ses pensées. Un journaliste était apparu devant le bâtiment du Sénat, reconnaissable à ses hautes colonnades antiques :

    – Bonjour Davis ! Oui, comme vous le disiez, cette nuit, les débats sénatoriaux furent particulièrement houleux. Les discussions, au sujet des devoirs éthiques des entreprises des NBIC, furent agitées. Le sénateur Inox a accusé certains élus, chargés de voter les lois, d’être corrompus et d’avoir été achetés par plusieurs sociétés œuvrant dans le domaine des NBIC. Le président du Sénat a immédiatement prononcé l’exclusion de la séance du sénateur Inox ainsi qu’une poursuite judiciaire à son encontre, pour diffamation.

    Totalement indifférent aux mines soucieuses de ses parents devant ces informations, Lexian était euphorique. Bientôt, il verra en chair et en os, le plus grand conducteur de Braincar de tous les temps : Alan Whizz. L’affichage de l’écran TV indiquait : 7 h 10. Il but rapidement son jus d’orange et remonta au premier étage en courant.

    À peine arriva-t-il en haut des escaliers que la porte de la salle de bain s’ouvrit. Avec nonchalance, Nine sortit de la pièce tant convoitée. Sa chevelure brune impeccablement lisse, brillait d’éclats caramel sous les reflets du soleil et diffusait un parfum entêtant d’« Huile Merveilleuse FIRMBEAUTY ». Ses yeux noisette, rieurs et pétillants se posèrent dédaigneusement sur son frère hirsute qui s’engouffra en ronchonnant dans la salle de bain.

    Dix minutes s’étaient écoulées, lorsque Lexian dévala les escaliers, les cheveux en bataille, le pantalon tire-bouchonné, des pans de sa chemise bleu ciel dépassant de son pull constellé de taches de dentifrice.

    La voix douce et rassurante de la domotique l’interpella dans le hall :

    – Lexian, n’oublie pas tes Firmglasses sur la commode dans l’entrée, à côté de ton écharpe et de tes gants ! Aujourd’hui à 13 h 45 la température sous le dôme atteindra moins cinq degré Celsius.

    Nancy le frôla de sa main, en tentant vainement de dompter quelques mèches :

    – Bonne journée mon chéri !

    Dès qu’il atteignit le seuil de la porte, la domotique lui souhaita à son tour :

    – Bonne journée Lexian !

    Il se précipita vers la Firmcar bleu-métallisé, à l’intérieur de laquelle son père et sa sœur étaient déjà installés.

    – Bonjour Lexian, en route pour le lycée ! l’accueillit généreusement une voix synthétique.

    La

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