AD FINEM
Par Abel Caïn
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À propos de ce livre électronique
Pourquoi à t-il ce comportement si étrange? Pourquoi ce besoin de contact avec les autres? cette proximité excessive?
ce désir de toucher les gens?
Pourquoi ?
Et si son dessein était l'un des plus sombres que l'humanité n'ait jamais connue?
Inexprimable, Innommable!
Qui est ce vieil homme qu'il reconnaît dans le parc?
"Combien me reste-t-il de temps? Une heure, deux tout au plus. Et Vous? Si seulement vous saviez! Finalement c'est mieux ainsi....."
Abel Caïn
Extrait du livre "Coulisses du livre" ..le deuxième paradoxe fut l'envie de prendre un pseudonyme, j'ai déjà écrit un recueil de nouvelles fantastiques sous mon véritable nom et prénom, mais la, vue l'ampleur de la tache, écrire la fin de l'humanité, il me fallait m'extraire de mon identité, mon vécu, Abel et Caïn, deux frères, l'un victime l'autre bourreau, le paradoxe de l'humain dans toute sa splendeur, ombres et lumières, chacun de deux m'a donner une liberté sans limite, un voyage dans ce fameux entre-deux, un dédoublement salvateur et sombre qui a permis la naissance du livre.....
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Aperçu du livre
AD FINEM - Abel Caïn
« À ma Lune, qui éclaire mes nuits…
À mes petites étoiles, qui me donnent la force d’avancer…
Aux astres lointains, qui continuent de veiller sur moi…
À ma mère, la Terre, qui m’a donné vie…
À mon île lointaine…
À toi, qui liras ce livre »
A... C...
Sommaire
LIVRE I : « RAGNAROK »
Chapitre 7
Chapitre 6
Chapitre 5
Chapitre 4
Chapitre 3
Chapitre 2
Chapitre 1
Chapitre 0
LIVRE II : « DERNIERS MURMURES DERNIERS SOUPIRS »
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
LIVRE III : « UN MONDE SANS NOUS UN MONDE MEILLEUR »
LIVRE I
« RAGNAROK »
« Le reflet de la lune
Qui habite l’eau
Au creux d’une main.
Réel ? Irréel ?
J’ai été cela au monde ».
Kino Tsurayuki
7
L’homme finissait ses écrits sur son carnet de route. La nuit était sur le point d’arriver… sur le secrétaire, une lampe inondait de sa lumière douce et dorée, la suite dans laquelle il se trouvait.
Lui rédigeait nerveusement de sa main gauche. Il cessa de noircir sa page puis regarda sa chambre, comme s’il la découvrait pour la première fois. Elle était de style italien, grande et spacieuse aux couleurs douces, lignes épurées, un bois précieux et des matériaux nobles, aux touches contemporaines. La pièce était décorée avec beaucoup de goût.
Face à l’immense lit, une gigantesque reproduction était accrochée sur le mur. Un détail de la création d’Adam de Michel Ange.
Ces deux mains qui, se tendent l’une vers l’autre sans se toucher le Créateur et sa création
Je me souviens du jour où pour la première fois, j’ai admiré cette sublime fresque du plafond de la chapelle Sixtine… Impressionné par le travail titanesque du génie
La cité papale, l’hiver était rigoureux. Il neigeait à flocons serrés sur Rome.
En entrant dans la chapelle, les bruits de mes pas et leur écho me firent réaliser que j’étais seul.
Seul !
Les propriétaires des lieux, ainsi que les croyants n’auraient pas hésité à parler de bénédiction, de miracle !
C’en était un ! Privilège unique, vu l’afflux incessant de touristes qui venait du monde entier pour admirer de tels chefs-d’œuvre !
J’exerçais à cette époque le métier de photographe.
Mon appareil photo était d’ailleurs dans mon sac à dos, mais, à cet instant-là, et en ces lieux, il m’était impossible de vouloir l’utiliser !
Il est d’images que l’on ne peut retenir, capter, capturer ou figer
Il faut seulement les vivre dans un pur recueillement, s’en imprégner, les ressentir. Fasciné, je regardais les yeux levés au plafond de la chapelle, les œuvres grandioses de cet homme extraordinaire. Dans un silence absolu
Cela dura peut-être une dizaine de minutes, puis l’instant magique fut rompu.
L’arrivée pourtant discrète d’un prélat en soutane noire et rouge, suivie d’une horde houleuse et bruyante de touristes, sonna le glas de ses secondes intimes…
Ils criaient plus qu’ils ne parlaient. Leurs appareils photo profanant et mitraillant les moindres recoins de la chapelle.
Arrogante intrusion. Insolente agression. Le charme fut rompu.
Pourtant je me souviens encore de ces minutes passées en compagnie de Michel Ange, rien que nous deux, en quête de réponse dans un abîme de silence.
La vie me donna quelques fois des cadeaux privilégiés. Des minutes de grâce comme j’aime à les appeler.
Je ne puis les oublier
Une fois sur la tombe d’un saint de l’Islam à Samarkand. Puis une autre fois en Provence.
Le hasard de mes pas, après une longue marche de plusieurs jours, me fit atteindre un lieu identique, je me souviens là encore de ce calme infini. De cette paix originelle.
Métaphysique pure de l’instant !
Avant que n’arrive encore une fois le flot de mes
congénères bruyant pour rompre cette magie…
L’homme se leva de sa chaise et se mit en face au tableau.
Il caressa tout d’abord avec délicatesse la main de Dieu puis celle d’Adam, puis posa sa paume pour remplir le vide entre eux.
Quelle Ironie tout de même quand on y pense !
La boucle est sur le point d’être bouclée. Adam refuse-t-il la main tendue, ou est-ce Dieu qui refuse d’absoudre sa monstrueuse création ?
L’homme recula d’un pas, puis se dirigea vers la salle de bain immense ou troner douche avec jet massant et à coté une baignoire, il remplit l’eau de la baignoire
Il revint dans la pièce principale, prit la télécommande et s’installa au pied de son lit king size. Sur le grand écran, informations, jeux télévisés, téléréalité. Publicité. Magasins pris d’assaut par des masses hystériques, Consumérisme compulsif. Aliénation humaine.
Cette même folie et effervescence dans des piscines, les tramways les trains, il ressentit un sentiment de vertige à la vue de ce flux épileptique d’images, puis, il eut un sourire, un petit sourire narquois. Et continua d’appuyer sur la télécommande pour atterrir sur la chaîne d’informations :
Vous comprendrez en le regardant !
« Voilà six moi que nous sommes sans nouvelle du scientifique américain parti en Afrique pour découvrir une forêt qualifiée de dernier Eden sur terre, l’endroit encore tenu secret malgré les.... »
L’homme continua de changer pour arriver enfin aux chaînes musicales. Il en prit une au hasard, augmenta le son, puis se leva et se dirigea vers la salle de bain.
Il se regarda dans l’immense miroir, sa tempe n’avait pas encore cicatrisé de l’avant-veille…
Il enleva doucement son tee shirt avec un rictus de douleur. Ces enfoirés pensa-t-il, ils ne l’avaient pas raté !
Il était torse nu, et son reflet lui renvoya une belle rougeur sur ses cotes droites.
Le médecin lui avait dit qu’elle ne pouvait rien pour lui, ses deux côtes cassées se remettraient d’elles - même dans une vingtaine de jours.
Il déboutonna son pantalon et le laissa tomber, en fit de même avec son caleçon, en regardant cet autre lui dans le miroir.
Il était maintenant nu. Il écarta légèrement les jambes et ses bras en croix. Cette position lui rappela le fameux tableau de Vinci. L’homme parfait.
Il admira ainsi ses cinq tatouages, dont il ne comprenait toujours pas le sens, l’eau chaude continuait de couler.
Il se dirigea alors vers le dressing pour choisir la tenue qu’il mettrait ce soir.
Il n’avait pas beaucoup de choix, mais cette nuit était si spéciale !
Il voulait être beau et à l’aise à la fois ! Il prit un Jean noir, une chemise blanche et une veste en cuir, ainsi que des bottines neuves encore dans leur boite.
L’homme déposa tout cela sur son lit puis, attrapa le coffre posé sur la table de nuit, composa les quatre chiffres de son code secret et en sortit une valisette en cuir.
Il retira trois grosses liasses d’argent en fourra deux dans sa veste, et la troisième sous son oreiller.
Il continua d’extraire des objets de la mallette : une seringue et trois petites fioles. Les deux premières étaient vides les troisièmes contenait un liquide jaune.
L’homme regarda sans émotion les ampoules, l’aiguille et l’élastique. Méthodiquement, il se fit un garrot avec dextérité.
Prit la seringue pour la remplir du liquide, trouva la veine la plus saillante de son avant bras droit qui portait encore les stigmates des injections qu’il s’était faîte auparavant
Puis enfonça l’aiguille en appuyant doucement sur le percuteur, afin que le liquide ne fasse plus qu’un avec lui.
Une fois la fiole vidée de son contenu, il prit une grande inspiration et dans un rictus hideux, accueillit la douleur.
Un phare lumineux dans l’épais brouillard dans lequel il avançait désormais.
Un calvaire lancinant lui taraudait le crâne.
Saisi de vertiges, il baissa le front et s’affala sur le lit !
Il y resta un long moment les yeux mi-ouverts, à éprouver l’effet du liquide en lui.
Une psychose irrationnelle ou il voit son cœur qui joue des notes crescendo dans un rythme irrégulier, et maintenant une molécule folle qui fonce à toute vitesse dans les dédales de ses veines
La dernière !
La tête lui tournait un peu.
Il savait que cet état était normal, rien à voir avec ce qu’il l’attendait.
Des visions qui atteindraient leur paroxysme dans les prochaines heures. Le liquide était entièrement en lui maintenant.
Il se releva péniblement, la sensation de vertige était toujours présente, chaque petit pas qu’il faisait au ralenti était accompagné d’une intense douleur que l’on appelle Terreur. Oubli de soi
Chaque impacte du pied sur le sol doux lui donnait l’impression d’être un titan qui faisait trembler la terre, car en même temps que se diffusait en lui le tendre poison, un sentiment de toute-puissance d’une force inouïe s’emparait de lui !
Vite de l’eau !
Il avança en titubant vers la salle de bain, toute la pièce tournait autour de lui dans des couleurs fantasmagoriques, il voyait des faisceaux lumineux se transformer en des milliards de particules de poussières qui voletaient à proximité de lui.
La nuit désormais s’était installées et dans l’obscurité de la chambre, des lueurs bleutées, puis des myriades d’étincelles, elles allaient et venaient par tourbillonnement magnétique
Un cercle lumineux tournoyait devant la salle de bain et sur le mur, se déroulait en rubans, des volutes de claire obscure phosphorescente. De ces flocons dorés et aimantés, une forme se constituait.
Il fonça sous la douche et laissa ruisseler sur son corps, une eau glaciale.
Même les yeux clos, les couleurs sublimes continuaient de s’imprimer en lui, de même que cette sensation d’être dans un manège absurde qu’il ne contrôlait plus.
Il finit par vomir.
La masse compacte et chaude qu’il venait d’expulser se répandit à ses pieds. Il resta un long moment sous cette douche, alternant entre l’eau froide puis brûlante. Cette pluie folle sur son corps meurtri atténua ses terribles visions. Doucement il reprenait possession de ce corps qui était le sien et qui pourtant lui échappait. Il mit son pouce sur la veine de son poignet et attendit que son pouls redescende à la normale.
C’était fini !
Il soupira de soulagement, et regarda devant lui les mosaïques blanches et bleues qui ornaient le mur, comme s’il voulait en découvrir le sens caché.
- Rien, il n’y a rien à comprendre dans tout ça
Il sortit et prit son peignoir. La baignoire était sur le point de déborder. Il ferma le robinet.
Aussitôt une forme humaine émergea des profondeurs de la cuve de marbre.
L’homme sursauta ! L’enveloppe était une chose épouvantable, un visage sans yeux avec des cheveux couleur de Jais. De superbes seins sans tétons. Une carnation d’un gris mortel
Une parodie de sculpture ! Elle s’immerge dans l’eau et glisse lentement vers lui.
Dépourvu de regard elle le fixait pourtant intensément de toute son aura.
- Tu es revenue ? Tu vois, j’ai pensé à toi, je t’ai fait un bain, tu aimes ?
L’apparition restait silencieuse
- Je te laisse te prélasser ma beauté, moi je vais m’habiller. Une magnifique nuit nous attend !
Quand il revint vers la salle de bain, la créature avait disparu. Il se coiffa à la hâte, puis sortit de sa trousse de toilette un petit sparadrap qu’il colla sur l’arcade sourcilière de son œil droit. Il n’en avait pas besoin pensa — il, mais cela lui donnerait un look, un genre.
Il prit enfin sa chevalière ornée d’une grosse pierre de couleur verte qu’il porta à son auriculaire
Il regarda ses mains d’où s’échappaient des petites particules phosphorescentes. De minuscules flocons qui montaient vers le ciel. Ses yeux brillaient d’une lueur étrange. L’homme sortit enfin de sa suite, direction l’ascenseur.
Le couloir était vide. À cette heure, les habitués des lieux, de prestigieux nantis, allaient probablement dîner dans le restaurant étoilé du palace.
Je m’y suis restauré dès mon arrivée et je pense que tout le monde a remarqué mon repas gargantuesque.
Une putain de faim, une putain d’ardoise et un sacré pourboire pour le chef et ses commis que je suis allé voir en catimini, ça ne se fait pas dans ce milieu codifié, tu parles, tu peux tout faire !
Un couple patient devant l’ascenseur.
Je l’ai reconnue aussitôt.
Après les bonsoirs échangés comme l’exige la bienséance sociale, nous attendîmes l’arrivée de l’élévateur.
Il y avait quand même une dizaine d’étages !
Tous deux étaient richement vêtus.
Lui, la soixantaine bien frappée était plutôt bel homme. Svelte, élancé, les tempes grisonnantes. Il avait certainement subi une rhinoplastie, maintenant que je le voyais de plus près.
Hautain, un regard métallique, d’une froideur extrême. Celle des requins. Un ego hypertrophié qui en dit long sur lui.
Montre indécemment chère à son poignet ! Un costume tout aussi rare, du sur mesure, sa jolie jeune femme de trente ans sa cadette semblait elle aussi avoir pris goût au luxe scandaleux que lui offrait son époux ! Somptueuse robe de soirée d’un bleu sombre. Bagues, boucles d’oreille et parure de diamants inestimable, un lustre ambulant, et pourtant cela n’était rien devant son merveilleux sourire et ses jolis yeux. Un corps magnifique.
L’homme parlait à sa femme de banalités pendant que moi je fixais le défilé lent des chiffres.
Elle et moi échangeâmes des regards complices, pendant ce court voyage à la verticale. Cherchant nos silhouettes à travers les miroirs, et ce tout au long de la descente.
La porte s’ouvrit enfin !
Nous arrivâmes devant l’immense hall d’entrée du palace. Une chapelle aux dimensions démesurées, faîte de colonnes monumentales et de dômes voûtés. Le sol était fait d’un marbre brillant, étincelant, où se dessinaient de riches motifs.
L’homme et la femme se dirigèrent vers le restaurant. Amusé, je les regardais s’éloigner en ralentissant mes pas.
Au bout d’une dizaine de mètres, la femme se retourna pour me chercher du regard
Je lui renvoyais un sourire hermétique. Le dernier !
Devant moi la réception où se jouait quotidiennement et à chaque instant, l’éternel ballet des arrivées et départs.les grooms, les standardistes, les night auditeurs.
J’attendais donc mon tour patiemment
- Bonsoir ! j’ai un petit problème avec ma carte, j’ai l’impression qu’elle est démagnétisée !
- Nous allons voir cela tout de suite, Monsieur.
Je la lui tendis aussi tôt.
- Voyons voir ?
L’homme scrutait son écran.
- Tout semble fonctionner normalement. Mais nous allons vous la changer sur-le-champ,