Dieu, le point médian et moi: Essai
Par Anne Robatel
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À propos de ce livre électronique
Alors qu’elle corrige des copies sur le thème d’Orgueil et Préjugés de Jane Austen, Anne Robatel voit apparaître le point médian. C’est la première fois qu’elle en rencontre un dans une copie d’élève, mais les raisons invoquées pour justifier le recours à ce signe suscitent depuis plusieurs semaines des débats passionnés dans les classes où elle enseigne la littérature anglaise et la traduction. Perplexe, elle commence à coucher sur le papier les mille contradictions que ce petit signe typographique fait vibrer en elle. S’appuyant sur des anecdotes personnelles, convoquant aussi bien des références à Virginia Woolf qu’à Shakespeare, interrogeant son propre féminisme et son expérience de l’enseignement des langues française et anglaise, elle tente avec malice, justesse et intelligence, de trouver un point médian entre féminisme et amour de la langue française. La narratrice de Dieu, le point médian et moi invite surtout le lecteur, dans ce revigorant essai, à une réflexion apaisée sur un sujet devenu polémique.
Entre anecdotes, références et interrogations, cet essai nous aide à nous interroger sur un sujet ô combien polémique, l'écriture inclusive.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Anne Robatel est née en 1978 à Paris et vit aujourd’hui à Lyon. Agrégée d’anglais, elle enseigne en classes préparatoires où elle tente de lier sa pédagogie à ses expériences dans le théâtre et la danse contemporaine. Elle est aussi traductrice dans le domaine des sciences humaines. Tous ses écrits sont animés par la conviction que la créativité est contagieuse. Dieu, le point médian et moi est son premier essai.
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Avis sur Dieu, le point médian et moi
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Aperçu du livre
Dieu, le point médian et moi - Anne Robatel
Avant-propos
Un jour de l’année 2017, alors que je corrigeais des copies de versions portant sur un extrait d’Orgueil et Préjugés de Jane Austen, je trébuchai sur la phrase suivante : « Ils.elles descendirent la colline, traversèrent le pont et vinrent s’arrêter devant la porte de la maison. » Pour raconter en français la visite d’Elizabeth dans le manoir de Pemberley en compagnie de son oncle et de sa tante, l’apprentie-traductrice avait choisi de remplacer systématiquement le pronom de la troisième personne du pluriel « they », neutre en anglais, par « ils.elles », adoptant ainsi un usage typographique de plus en plus répandu, le point médian ou point milieu. C’était la première fois que j’en rencontrais un dans une copie, mais les raisons invoquées pour justifier le recours à ce signe suscitaient depuis plusieurs semaines des débats passionnés dans les classes où j’enseignais la littérature anglaise et la traduction.
Suivant l’exemple d’Elizabeth qui, ayant franchi le pont en question, découvre de nouvelles fenêtres sur le monde et entame la ré-vision de ses idées reçues, je décidai alors de considérer attentivement ces petits points s’amoncelant à l’horizon, d’examiner avec lucidité les impressions que ce nouveau paysage linguistique suscitait en moi, et de me préparer à l’éventualité d’avoir à changer de perspective au terme de mon excursion¹.
C’est cette excursion que retrace le présent essai. Interpellée par l’exigence démocratique contenue dans le terme « écriture inclusive », j’ai cherché à rendre accessible une réflexion complexe sur la puissance et les limites du langage. Le « je » troublé et incertain qui poursuit cette quête se tient dans un équilibre précaire entre différentes générations, différentes façons d’écrire, différents idiomes et différentes conceptions de l’émancipation. Loin de dispenser une leçon de linguistique à qui que ce soit, les pages qui suivent présentent plutôt un de ces petits numéros d’acrobatie auxquels se livrent toutes celles et ceux qui prennent le risque d’écrire dans une langue vraiment vivante.
Ce texte est aussi dédié à mes élèves, dont les drôles de questions ne cessent de me rappeler que si la langue peut s’enseigner, elle est semblable à une maison ouverte aux quatre vents – une maison sans maître ni maîtresse².
1 C’est au début du chapitre 43 d’Orgueil et Préjugés qu’a lieu l’excursion d’Elizabeth évoquée ici, suivie par son incursion furtive dans une maison dont le maître est absent, au cours de laquelle elle fait l’expérience d’un changement de « perspective » (prospect dans le texte anglais).
2 J’adresse aussi un immense merci à Franck qui, en prenant sa part de la charge mentale occasionnée par la gestion de la vie quotidienne, m’aide à trouver le temps d’écrire.
Qu’y a-t-il dans un nom ? Ce qu’on appelle une rose
Sous un tout autre nom sentirait aussi bon…
Shakespeare, Roméo et Juliette
S’il y a bien un problème avec la communication, c’est l’illusion qu’elle a eu lieu.
(attribué à) George Bernard Shaw
– Napoléon mon cul, réplique Zazie.
Il m’intéresse pas du tout, cet enflé,
avec son chapeau à la con.
Raymond Queneau, Zazie dans le métro
I
À la gare, alors que je scrute le panneau d’affichage pour connaître le numéro du quai où arrivera le train, on tire sur ma manche et une petite voix demande : « Maman, qu’est-ce qu’elle dit, la dame ?
— Quelle dame, mon lapin ?
— La dame qu’on entend, là…
— Ah… tu veux dire, la voix enregistrée ? Elle informe les voyageurs que la