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ADN 3.0: Un thriller haletant
ADN 3.0: Un thriller haletant
ADN 3.0: Un thriller haletant
Livre électronique305 pages4 heures

ADN 3.0: Un thriller haletant

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À propos de ce livre électronique

Tout juste diplômée des Beaux-Arts, Inès décroche un job de webdesigner dans une agence de communication parisienne...

Dans un climat délétère, sans le savoir ni le comprendre, elle hérite d’un dossier habillant le projet sordide d’une diaspora cupide et sans scrupule. Un projet couvert par « la raison d’État ».
Elle échappe miraculeusement à un attentat qui pulvérise l’agence et tout son staff. C’est le point de départ d’une investigation à rebondissements, doublée d’une traque meurtrière qui embarque le lecteur jusqu’au Myanmar (ex-Birmanie). Un pays où l’auteur a vécu quatre années...

Embarquez-vous dans un thriller haletant de Paris jusqu'au Myanmar !

EXTRAIT

— Bonjour ! Je m’appelle Mathieu. J’aurais pu devenir voyou ou tueur en série… eh bien non ! Mendiant patenté et sédentaire du Métropolitain, dirons-nous ! Quelques pièces contre un sourire... Moi pour manger et avoir le sentiment d’exister... Vous pour exhumer votre humanité enfouie. Vous savez, sourire… cette singulière fleur de bonté offerte par ceux qui conjurent le mépris... Je la cueille pour vous !
La voix était grave, le ton prophétique, le sourire bienveillant, le geste ample et révérencieux. Une tirade théâtrale. Plutôt grand et chétif, Mathieu était affublé d’un indescriptible patchwork. Deux émeraudes polies magnétisaient le charme androgyne d’un visage sculptural et au teint diaphane. Des ongles légèrement bitumeux gâchaient ses phalanges de pianiste. Son pas était félin, presque chorégraphique.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Ingénieur de formation, mercenaire industriel par opportunité, et globe-trotter par obligation professionnelle, Hubert Letiers a consacré 20 années à la restructuration d’entreprises dans des pays aux économies informelles, à la législation non aboutie, et culturellement aux antipodes de nos concepts occidentaux. Un parcours ponctué de rencontres improbables et riches de situations parfois extrêmes. Ayant toujours eu un goût rémanent pour la lecture et l’écriture, il a aujourd’hui pris ses distances vis-à-vis d’une industrie financière devenue entropique, et fait le choix d’écrire des thrillers inspirés de ce patrimoine d’expériences multiculturelles.
LangueFrançais
ÉditeurEx Aequo
Date de sortie30 janv. 2017
ISBN9782359625998
ADN 3.0: Un thriller haletant

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    Aperçu du livre

    ADN 3.0 - Hubert Letiers

    cover.jpg

    Hubert Letiers

    ADN 3.0

    thriller

    ISBN : 978-2-35962-599-8

    Collection Rouge

    ISSN : 2108-6273

    Dépôt légal avril 2014

    ©couverture Ex Aequo

    ©2014 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.

    Toute modification interdite.

    Éditions Ex Aequo

    6 rue des Sybilles

    88370 Plombières les bains

    www.editions-exaequo.fr

    Dans la même collection

    L’enfance des tueurs – François Braud – 2010

    Du sang sur les docks – Bernard Coat L. — 2010

    Crimes à temps perdu – Christine Antheaume — 2010

    Résurrection – Cyrille Richard — 2010

    Le mouroir aux alouettes – Virginie Lauby – 2011

    Le jeu des assassins – David Max Benoliel – 2011

    La verticale du fou – Fabio M. Mitchelli — 2011

    Le carré des anges – Alexis Blas – 2011

    Tueurs au sommet – Fabio M. Mitchelli — 2011

    Le pire endroit du monde – Aymeric Laloux – 2011

    Le théorème de Roarchack – Johann Etienne – 2011

    Enquête sur un crapaud de lune – M. Debruxelles et D. Soubieux 2011

    Le roman noir d’Anaïs – Bernard Coat L. – 2011

    À la verticale des enfers – Fabio M. Mitchelli – 2011

    Crime au long Cours – Katy O’Connor – 2011

    Remous en eaux troubles –Muriel Mérat/Alain Dedieu—2011

    Le rituel des minotaures – Arnaud Papin – 2011

    PK9 - Psycho tueur au Père-Lachaise – Alain Audin- 2012

    …et la lune saignait – Jean-Claude Grivel – 2012

    La sève du mal – Jean-Marc Dubois - 2012

    La mort en héritage – David Max Benoliel – 2012

    Accents Graves – Mary Play-Parlange – 2012

    7 morts sans ordonnance – Thierry Dufrenne – 2012

    Stabat Mater – Frédéric Coudron –2012

    Outrages – René Cyr –2012

    Montevideo Hotel – Muriel Mourgue –2012

    La mort à pleines dents - Mary Play-Parlange – 2012

    Engrenages – René Cyr - 2012

    Hyckz – Muriel combarnous - 2012

    La verticale du mal – Fabio M. Mitchelli – 2012

    Prophétie – Johann Etienne – 2012

    Crocs – Patrice Woolley – 2012

    RIP – Frédéric Coudron – 2012

    Ténèbres – Damien Coudier – 2012

    Mauvais sang – David Max Benoliel - 2013

    Le cercle du Chaos – Fabio M Mitchelli – 2013

    Le Cœur Noir – axelle Fersen – 2013

    Transferts – Fabio M Mitchelli – 2013

    La malédiction du soleil – Mary Play-Parlange – 2013

    La théorie des ombres – Aden V Alastair – 2013

    Green Gardenia – Muriel Mourgue – 2013

    Effets secondaires – Thierry Dufrenne - 2013

    Le plan – Johann Etienne - 2013

    Eliza – David Max Benoliel - 2013

    Les opales du crime – Mary Play Parlange – 2013

    Association de malfaiteuses – Muriel Mourgue - 2013

    Triades sur Seine – Yves Daniel Crouzet – 2013

    À feu et à sang – Bruno Lassalle – 2013

    Black Diamond – Muriel Mourgue & Dominique Dessort - 2013

    Le reflet de la Salamandre – Philippe Boizart – 2013

    Témoin distant – Isabelle Brottier - 2013

    Le masque de Janus – Frédéric Coudron - 2013

    La chapelle des damnés – Samuel Gance – 2013

    Le contrat Magellan – Jean-François Thiery – 2013

    Duo infernal – David Max Benoliel – 2013

    Qui a suicidé Pamela Janis Patersen – Muriel Mourgue – 2013

    Le costume – Marie Allain – 2013

    Clair-obscur en Chartreuse – Mary Play-Parlange – 2013

    Hantise – Virginie Lauby – 2013

    Sur la Vénus d’Ill – David Max Benoliel – 2013

    Cavale – Frédéric Coudron – 2014

    Un Certain Arthur Bony – J-M Pen – 2014

    Sangs froids – J-M Pen – 2014

    Wolf – Jean-François Thiery – 2014

    Les coulisses de la mort – Anne Basc - 2014

    ADN 3.0 – Hubert Letiers - 2014

    PRÉFACE

    Durant deux décennies au service de l’industrie financière internationale, dans maintes circonstances j’ai dû conjuguer une culture destructrice de civilisation, celle du « profit immédiat et à tout prix », avec des traditions indigènes séculaires qui lui sont par nature antinomiques.

    Et puis un jour, ras-le-bol aidant, plutôt que contribuer inexorablement à semer des charniers sociaux, j’ai choisi de conjuguer ce capital d’expériences humaines avec mon goût rémanent pour l’écriture. Comment ? En construisant des fictions policières, toutes inspirées d’événements vécus ici et ailleurs, et habitées par des personnages parfois exotiques, souvent cyniques ou toxiques, pour ne pas dire de parfaits déjantés comme on en côtoie dans l’arène internationale du fric et du Pouvoir.

    Le genre thriller offrant de nombreuses libertés romanesques, il n’est pas rare que sa forme puisse çà et là égratigner quelques adeptes du non-dit institutionnel…

    Hubert LETIERS – décembre 2013

    « La finance est à la société humaine ce que le réverbère est à l’ivrogne. Elle lui apporte un soutien aussi temporaire qu’aléatoire, mais jamais la lumière »

    (sauf à ce que quelqu’un l’ait déjà dit ou écrit sous cette forme, peut-être ai-je imaginé cette paraphrase… Quoi qu’il en soit, c’est une conviction)

    1

    Mercredi 11 Octobre –– Paris 10ème — Big Bang

    Parti aux aurores sans la réveiller, Vincent avait doublé le texto de son SMS d’un post-it collé sur le miroir de la douche, « Proprio a appelé / Passe le voir 9:00 h avant ton boulot / Concerne assurance apparte / Police + État des lieux sur cafetière / Oublie pas, c’est un chieur / Gros câlin ».

    Doublement effarée par l’inconsistance administrative de son mec, Inès s’était horripilée elle-même à l’idée d’arriver en retard dès son second jour de travail. « Tout ça parce que monsieur a la flemme d’aller se coltiner cinq minutes un maniaco-dépressif ! »

    Elle en avait complètement oublié sa réunion du personnel planifiée en début de matinée.

    Il était presque dix heures lorsqu’elle atteignit enfin MDC. Le mercure plafonnait à quatre degrés, mais une luminosité irradiante avait déjà terrassé la grisaille de la veille. Son propriétaire ne s’était montré ni intransigeant, ni cafardeux, mais aimable et délicatement compassé. Réconciliée avec son exaspération matinale, elle se sentait d’humeur positive, prête à poursuivre la journée dans une perspective bienveillante.

    Alors qu’elle pénétrait en trombe dans le hall d’accueil, une bulle de nicotine éclata dans son cerveau, « merde ! J’ai oublié mes clopes ». Elle fit volte-face et commença à traverser la rue en direction du bureau de tabac dont le vitrage réfléchissait l’enseigne MDC.

    L’onde de choc d’un effroyable bang lui déchira les tympans. Pétrifiée par une intense douleur temporale, elle sentit le puissant souffle de l’explosion l’envelopper toute entière. Une tornade brûlante la catapultait avec violence vers l’avant. Elle s’étala lourdement, trois mètres plus loin, en contrebas dans une tranchée de travaux du trottoir opposé.

    Plaques de verre et fragments de mortier lui frôlaient le dos, explosant les vitres des voitures en stationnement, défonçant les carrosseries, pulvérisant la vitrine du Tabac dans un invraisemblable fracas. Crevant un volumineux nuage de flammèches, une fontaine de particules tranchantes arrosait le quartier, lacérant dans ses jets quelques malheureux passants. Le sol commençait à vibrer. Étendue, à plat ventre dans cette excavation, elle se retourna promptement sur le dos et distingua alors l’immeuble de MDC qui s’effondrait sur lui-même. Un grondement assourdissant. Elle dut rapidement fermer les yeux et plaquer son foulard sur le visage. Une épaisse poussière grise auréolée de fumées noires et mouchetées d’incandescences commençait à crépir le quartier. Ses oreilles sifflaient. Elle percevait des cris de panique et les hurlements de gens blessés par divers projectiles. Tétanisée, les yeux clos, elle ne rêvait pas. Le cauchemar était réel, en 3D, et elle en plein milieu.

    Elle resta ainsi un long moment qu’elle ne put estimer. Son corps se recouvrait d’un linceul composé des multiples particules émises par la brusque fission de l’immeuble. La fuite des passants avait ramené le silence. On distinguait déjà le bruit des sirènes. Pompiers, ambulances et véhicules de police approchaient des lieux.

    Elle s’accroupit lentement, fit glisser son écharpe et d’un revers de manche essuya ses paupières avant de rouvrir les yeux. Un spectacle de fin du monde comme on en construit dans certains musts cinématographiques. Une pyramide de décombres fumante et entachée de foyers enflammés s’élevait entre les parois lisses des deux immeubles adjacents. À la hauteur de cette pyramide, on pouvait en déduire que le sol du rez-de-chaussée de l’agence s’était profondément affaissé et rempli des débris tombés des étages supérieurs.

    Aucun signe témoignant d’une quelconque vie. Par on ne sait quelle loi de la gravité, un des distributeurs de boissons avait terminé sa chute au sommet de ce qui restait de l’agence, presque intact.

    Le sang glacé, elle semblait fossilisée. La peau grisâtre comme ces mimes enrobés d’une pellicule de plâtre qui surprennent les piétons sur les trottoirs à grand trafic. Toujours ce sifflement qui lui trillait les oreilles.

    Un cortège de véhicules blindés s’immobilisa à quelques mètres, immédiatement suivi d’un premier camion de sapeurs-pompiers. Tout s’enchaînait, très vite, comme dans une séquence accélérée. Un essaim de combinaisons noires se dispersaient sur la zone, balisant ses accès dans un labyrinthe de banderoles phosphorescentes. Certains d’entre eux, armés comme un porte-avions, se postèrent aux limites de ce marquage sécuritaire.

    Inès entendit un pompier crier que l’électricité avait été mise hors tension et l’alimentation du gaz coupée. L’un d’entre eux s’approcha d’elle.

    2

    24 heures avant — Paris — 10 octobre — 09:00 — No man’s land prémonitoire

    — Bonjour ! Je m’appelle Mathieu. J’aurais pu devenir voyou ou tueur en série… eh bien non ! Mendiant patenté et sédentaire du Métropolitain, dirons-nous ! Quelques pièces contre un sourire... Moi pour manger et avoir le sentiment d’exister... Vous pour exhumer votre humanité enfouie. Vous savez, sourire… cette singulière fleur de bonté offerte par ceux qui conjurent le mépris... Je la cueille pour vous !

    La voix était grave, le ton prophétique, le sourire bienveillant, le geste ample et révérencieux. Une tirade théâtrale. Plutôt grand et chétif, Mathieu était affublé d’un indescriptible patchwork. Deux émeraudes polies magnétisaient le charme androgyne d’un visage sculptural et au teint diaphane. Des ongles légèrement bitumeux gâchaient ses phalanges de pianiste. Son pas était félin, presque chorégraphique.

    Surgi de nulle part, il s’emparait du quai « Gambetta ». Une rapide mouvance engendra la formation d’un vaste cercle vide dont il restait le centre. Ce no man’s land qui isole l’indésirable profanateur de notre égoïsme bien-pensant.

    Dans un réflexe de fuite, les regards se détournèrent, cherchant désespérément un quelconque point d’appui sans le moindre intérêt pour s’y fixer avec une feinte concentration. Céleste instant de malaise ramenant les fidèles de la RATP sur le chemin de la Foi, chacun y implorant Saint-Métro dans l’espoir qu’une rame libératrice surgisse et le délivre de cette hérétique agression.

    Assise dans l’inconfort vinylique d’un de ces abominables sièges moulés qui bordent les quais entre des publicités criardes et bardées de slogans idiots, Inès observait la scène. Amusée, mais sans émotion. La sainte rame s’immobilisa enfin, donnant le signal de départ d’un pèlerinage aux allures de fuite. Une ruée. Elle attendit le dernier moment, et sur un quai déserté courut vers Mathieu. Elle le gratifia d’une pièce et du reliquat d’un carnet de métro. « Liberté balisée, Egalité ruinée, Fraternité délabrée » se surprit-elle à délirer. Il croisa furtivement son regard puis, sans un mot, l’irradia d’un franc sourire. Au son du klaxon, elle bondit dans la voiture.

    Soudée à un amas de zombies suspendus sous les arceaux de mains-courantes, elle avait la tête en effervescence. Elle se passait en boucle la phrase jackpot qui avait soldé son dernier entretien de recrutement une semaine auparavant : « bienvenue à bord ». Mais à bord de quoi exactement ?

    C’était donc ça un entretien d’embauche ? Impossible de s’en convaincre. Tout juste diplômée des Beaux-Arts, Inès avait vingt-quatre ans, deux frères, une sœur, un chat de gouttière, et un mec peu pressé de rentrer dans la vie professionnelle, Vincent. Elle était issue d’une famille unie, aisée, mais sans richesse ni patrimoine particulier. Un père avocat international et une mère chirurgienne avaient assuré aux enfants une éducation bourgeoise dans un environnement permissif, mais dont une morale avait su fixer les limites avec souplesse.

    Quinze minutes plus tard, elle s’arrachait de la station Château d’Eau, à deux pas de MDC, la société de communication qui l’avait engagée. Essoufflée, sous tension et le ventre vide.

    — Bonjour. Je suis Inès Lormant. Je commence aujourd’hui chez MDC… j’ai rendez-vous avec Linda Vink.

    Quelques secondes s’écoulèrent. Le temps pour Inès de photographier le prénom gravé sur le badge de l’hôtesse — Claire. Dérangée en pleine hypnose devant You Tube, celle-ci gifla violemment la touche pause avant de poser un regard hostile sur la nouvelle recrue.

    — Lynda… pas encore arrivée… café ?

    — Oui, ça serait sympa… ce matin c’était un peu la course et…

    D’un geste peu gracieux, Claire pointa le distributeur de boissons. En même temps qu’elle prenait une communication, elle commença à toiser Inès avec une insistance obscène. La quarantaine surbotoxée, fardée avec une truelle et parfumée avec un arrosoir, la physionomie de Claire certifiait sa complète soumission aux diktats de la cosmétique et du bodybuilding.

    « Le temps mène la vie dure aux pouffes qui veulent le tuer » marmonna Inès en posant ses lèvres sur un gobelet ébouillanté, quelque part vexée de s’être fait grossièrement remballer. La pouffe raccrocha.

    — J’vous conduis chez Michel, c’lui que vous allez remplacer… Lynda, elle arrivera plus tard.

    Inès marqua un temps d’arrêt, puis se ravisa sans rien dire. Son engagement chez MDC lui avait été présenté comme une création de poste.

    L’agence était organisée sur trois niveaux. Deux aménagés en plateaux paysagés où le matériel informatique y disputait la suprématie en nombre aux plantes vertes. Le troisième, distribuant une dizaine de bureaux cernés par d’épaisses parois phoniques.

    Claire ouvrit sans frapper une porte du dernier étage mentionnant — Michel Clément —.

    — Michel… tu t’occupes d’Inès en attendant l’arrivée de « la Pompadour ».

    Elle s’éclipsa, laissant la porte ouverte et Inès plantée dans le couloir.

    Trente ans portés par un physique agréable sans être une gravure de mode, une corpulence sportive vêtue d’un costume tout-terrain évitant de justesse la ringardise, Michel reçut la nouvelle recrue avec spontanéité.

    — Salut… bon… tu connais déjà mon nom. Voilà, ton bureau… je suppose que « Barbie » t’a d’jà dit que j’partais… te formalises pas, pour les entrées en matière par procuration, MDC est au top.

    — C’est ce que je vois.

    — Lynda ! La Pompadour pour les piliers de cette boîte! Elle m’a transmis ton cursus. Majore des Beaux-Arts ! Pas mal ! Ici à l’embauche, on est très branché premier de la classe. Ça fait partie de l’arsenal marketing de la maison.

    Inès resta hermétique à l’allusion, attendant que Michel poursuive.

    — J’te montre un peu ce que je fais, après on fera un tour de boutique, ça te va ?

    — OK.

    — Lynda, elle sera pas là avant midi. On est lundi… week-end surbooké… soirées mondaines… nuits torrides… ça nous donne du Carita à neuf heures pour deux plombes de ravalement… pressing à onze heures… et la « béheme » au lustrage en suivant… ouais, c’est ça, midi… juste pour le débriefing à l’Hyppopotamus, tu verras.

    « Bonjour l’ambiance », soupira intérieurement la jeune femme avant de rebondir.

    — Juste un détail Michel… Lynda Vink, je ne la connais pas. Elle n’a pas participé à mon recrutement. Aux entretiens, j’ai rencontré Nicolas Torrent et Vladimir Kolsinsky… et ces entretiens n’ont pas eu lieu ici.

    — Ouais, comme « d’habe », rue de Courcelles… le premier, c’est le responsable « com ». Le second, c’est le big boss. Ses notes de frais sont plus souvent là que lui, mais sélectionner les gens, il aime bien... Il t’a dit quoi au juste sur le job ?

    — Maquettiste web-site. C’est ton boulot aussi ?

    — Exact. Enfin c’était… et pas de la maquette de pédé !

    Cette dernière phrase bloqua Inès qui le fixa avec une expression soudainement inamicale. Il se reprit aussitôt.

    — M’regarde pas comme ça, je parlais des exigences clients…

    — Les quoi ?

    — Ouais, ici les succédanés, plagiats, remake, relookage, etc… c’est du prohibé. Chez MDC, pour séduire le gratin de la chaîne alimentaire, y faut de la création pure à cent pour cent d’extrait sec… surchauffe garantie. Terrain propice à la méningite, s’abstenir !

    — C’est pas ce qui me gêne le plus… tu quittes pourquoi ? C’est ta décision, ou…

    — J’avais pas le cran de sûreté sur le siège éjectable… coupa Michel, on en parlera plus tard.

    — T’es là jusqu’à quand ? Balbutia Inès, un peu décontenancée par la mise en touche.

    — Ce soir dix-huit heures… voilà. J’te laisserai trois dossiers, dont un, Pharmaline… top-prioritaire et qui file de l’urticaire au boss… les deux autres, le management met pas la pression dessus.

    Pharmaline était un projet de communication destiné à promouvoir une ligne de produits cosmétiques révolutionnaires. S’appuyant sur une technologie pointue, des molécules complexes associées à des substances naturelles étaient supposées rendre les épidermes immortels. Pour Inès, de la crème de charabia.

    Durant deux heures, Michel retraça l’historique succinct de divers projets et présenta à Inès leurs dernières mises à jour. Non pas techniques, ce qui n’était en rien le métier de MDC, mais en insistant plutôt sur les aspects communication, le vrai fonds de commerce de l’agence.

    Dans cet exposé, Inès comprit que Michel avait été recruté par MDC dix-huit mois auparavant, principalement au titre du projet Pharmaline. Elle choisit de ne pas l’interroger là-dessus. Michel lui présenta différentes personnes et responsables de l’agence. Pour terminer, il lui synthétisa une forme de bréviaire sur les progiciels installés, assorti de quelques astuces d’utilisateur averti. Il lui griffonna son numéro de portable.

    Le timbre d’une voix sensuelle et modulée d’une intonation très Neuilly-Passy caressa les tympans de la jeune femme.

    — Melle Lormant ! Je suis contente de vous voir.

    Inès se retourna, photographiant dans sa rotation le cadran de sa montre. Les présentations devenaient inutiles. Il était midi. La coiffure pharaonique et brillante, le maquillage distingué, le tailleur élégant, la goutte de Chanel numéro cinq qui se devine sans s’imposer. L’insolence de sa féminité et l’assurance de son agence. Michel connaissait bien les habitudes de Lynda.

    — Je vous l’emprunte pour le déjeuner… Venez Patricia, Nicolas et Vladimir nous attendent. Le timing est serré.

    Elle avait déjà tourné les talons sans laisser Inès lui faire remarquer qu’elle ne se prénommait pas Patricia. Elle croisa le regard de Michel qui lui adressa un vague signe de la main l’encourageant à la suivre.

    3

    Paris 10 octobre – 13:00 heures — Management participatif

    Le restaurant était bondé. Dans l’angle d’une véranda qui squattait une cinquantaine de mètres carrés du trottoir, un carton portant le sigle MDC bloquait la réservation d’une table pour quatre personnes. Le lieu était bruyant. Au vu de la fréquentation, on devinait la restauration appréciée. Un aréopage d’abonnés à l’enseigne occupait déjà toutes les autres tables.

    Le stéréotype du business-lunch. On y phosphore, refait le monde, critique la société et les autres, entretient son lobby, dresse des plans sur la comète, commente les news et actualise son opinion en enfournant sans retenue des calories délicatement présentées.

    — Welcome on board… lança Vladimir, je vous appelle Patricia, ce sera plus simple pour tout le monde.

    Inès repoussa l’objection du prénom à plus tard. Vladimir, le big-boss, procéda aux présentations, décrivant succinctement les missions de divers responsables au sein de MDC au-delà du simple cercle de la table. Divers noms furent cités à Inès. Du directeur artistique au chargé des grands comptes, en passant par des fonctions dont elle ignorait qu’elles pouvaient exister. Pour Inès, un puzzle difficile à reconstituer en instantané. Elle ne mangea pratiquement rien, essayant de classer tant bien que mal cette diarrhée d’informations qui lui tombait dessus. Lynda poursuivit.

    — Dans l’immédiat, nous attendons de vous une reprise en main des concepts Pharmaline. Ce dossier n’avance pas. Le client s’impatiente. Le budget alloué à ce projet est considérable et son commanditaire exige du concret avant de lancer le financement.

    — Michel m’a parlé de ce dossier ce matin, et…

    — Je vous arrête tout de suite, trancha-t-elle, stoppant sans préavis la location de son attitude hollywoodienne, Michel nous quitte ce soir. Il n’a pas assumé… C’est un garçon sympa, mais sa compétence reste non prouvée et son attitude timorée. Tout est à reprendre à zéro… vous n’hériterez d’aucun élément constructif dans ses travaux.

    Nicolas prit le relais.

    — Oui, vous devez être le Picasso des paillasses de laboratoire, le Michel Ange des textures cosmétiques, le Rembrandt des épidermes toutes couleurs de peau confondues… À procédé futuriste, marketing artistique. L’expression du besoin justifie des moyens stratégiques non conventionnels…

    Inès fixait son interlocuteur, « complètement allumé le gonze ». Elle détestait ces phrases compilées en forme de maximes péremptoires pour auditoire abruti. Elles ne traduisent qu’un ego hypertrophié. « Abscon pour les cons », pensa-t-elle. Elle sortit de sa bulle et se ressaisit.

    — Pour les peintres de la cosmétique, j’adapterai… laissez-moi quarante-huit heures pour prendre mes marques.

    — Pas de problème, mais allez à l’essentiel enchaîna Vladimir. Je suis de retour vendredi, nous ferons alors le point… D’ici là, Lynda vous transmettra ce que vous devez savoir de ce projet. Je vous laisse…

    Il se tourna vers la Pompadour.

    — Lynda, tu m’emmènes… On prend ta voiture.

    4

    Paris 10 octobre – 14:30 — MDC — Le projet Pharma-stress

    Inès avait regagné son bureau. Elle y trouva un mot de Michel, compilé façon SMS : « Sorry G ki T to Pb perso Dos bleu = Topopharma Sifo ta mon Nº A+ »

    Elle souffla, subitement gangrénée par une indéfinissable inquiétude. Son regard balaya la pièce, constatant la disparition de toutes les archives pendant l’heure du déjeuner. Seuls deux dossiers suspendus avaient semble-t-il échappé à ce tsunami administratif. Elle dénicha une grande enveloppe maintenue cachée par un sous-main sur lequel stationnait son PC.

    Un flottement mélangé d’angoisse la colonisait peu à peu. Elle se sentait devenir fébrile, grignotée par une sensation d’insécurité. Son rythme cardiaque s’emballait et une indicible envie de

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