Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Frères de Sang: tome 2, Révolution
Frères de Sang: tome 2, Révolution
Frères de Sang: tome 2, Révolution
Livre électronique545 pages7 heures

Frères de Sang: tome 2, Révolution

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Ginie n'est pas une jeune fille comme les autres. Elle se souvient d'avoir vécu au 19e siècle sous l'identité d'une riche jeune femme. Elle s'appelait alors Geneviève Dupasquier et fut sauvagement assassinée par un vampire.
Lorsqu'elle croise le chemin d'un chasseur de vampires du nom de Robert Damboise, elle comprend qu'accéder à ce même statut lui permettra d'accomplir ce qu'elle désire au plus profond de son coeur : se venger de son meurtrier du passé, Gabriel Delarque.

Après l'obtention de son diplôme, Gaëlle Joly trouve enfin un emploi à l'institut Pharmatec, à Villeneuve, un centre de recherche ayant pour but de lutter contre les maladies incurables. Sa vie routinière en compagnie de son meilleur ami Nathan, change le jour où elle fait la connaissance d'Aldric qui travaille lui aussi à l'institut. Mais ce séduisant jeune homme est-il vraiment celui qu'il prétend ? Et que lui veut-il, au juste ?
Quand elle se fait agresser sur le parking de sa société, ce qu'elle découvre va bouleverser son existence à jamais.
LangueFrançais
Date de sortie12 avr. 2021
ISBN9782322231447
Frères de Sang: tome 2, Révolution
Auteur

Delphine Maeder

Née en 1980 à Vevey, Delphine Maeder se passionne pour l'univers fantastique dès son adolescence, plus précisément pour celui des vampires. Bien qu'elle ait imaginé l'histoire de « Frères de Sang » à cette époque, ce n'est que 10 ans plus tard qu'elle la concrétise en la mettant sur papier. Elle se consacre également au dessin, la création de vidéos et à la musique, en particulier à la composition. Après une longue pause littéraire, elle revient en 2020 avec un nouvel ouvrage fantastique nommé "Magnetis" et la réédition du 1er tome de "Frères de Sang".

Auteurs associés

Lié à Frères de Sang

Titres dans cette série (1)

Voir plus

Livres électroniques liés

Articles associés

Avis sur Frères de Sang

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Frères de Sang - Delphine Maeder

    À mes amies Yasmina et Doris qui restent toujours à mes côtés depuis plus de

    dix ans !

    À Catherine, ma maman que j’aime plus que tout.

    Je remercie également Oxanna Hope

    de m’avoir aidée pour les corrections de ce tome et pour m’avoir soutenue.

    Sommaire

    Prologue

    1ère partie : Ginie

    I: Une seconde chance

    II: La formation

    III: La secret

    IV: Is-Rian

    V: Le choix

    2ème partie : Gaëlle

    VI: Un nouvel emploi

    VII: Un nouvel emploi

    VIII: Morsure

    IX: Sabrina

    X: La course

    XI: De l’autre côté du miroir

    XII: Vanessa

    XIII: Vision d’apocalypse

    XIV: Attaques

    XV: Cohabitation

    XVI: Enlèvement

    3ème partie: Tristan

    XVII: La milice

    XVIII: Mon frère

    XIX: Atrahasis

    XX: L’échange

    Épilogue

    Prologue

    Le brasier avait finalement pu être éteint. Les pompiers ayant rempli leur mission, la brigade du feu prit le relais pour découvrir et constater l’origine de la tragédie. Au nombre de quatre, les premiers membres de l’équipe pénétrèrent dans la bâtisse, tous vêtus d’un uniforme de protection noir à bandes jaunes réfléchissantes, leur casque blanc et d’une lampe torche. Ils durent enjamber de nombreux débris. Quelques braises persistaient ici et là. Deux des membres s’occupèrent de fouiller le rez-de-chaussée tandis que Marina Müller de l’unité canine, avec son chien renifleur Wolf, et Friedrich Bauer montaient par les escaliers à leur gauche pour s’attaquer aux étages suivants. Le reste de l’effectif entra à son tour dans le bâtiment.

    Klaus Schmidt commença par étudier l’ensemble de la surface et les obstacles qui lui barraient le chemin pour avancer. Il n’était pas à l’aise. C’était sa première sortie sur le terrain depuis la fin de sa formation. Son cœur battait à tout rompre.

    Il tenait sa main gantée devant son nez pour se protéger de la puanteur.

    — Ça sent vraiment bizarre, dit-il à son supérieur, le lieutenant Dieter Frei qui le suivait de près.

    — C’est l’odeur de la chair calcinée, Klaus. Ça fait toujours cet effet la première fois. Mais là, on a droit à la dose maximum…

    Ils quittèrent le couloir central pour pénétrer dans une des salles du bâtiment. Le faisceau lumineux de leurs torches balaya le périmètre.

    — Merde… Il y en a des dizaines, et juste dans cette pièce, commenta Klaus, une boule dans la gorge, scrutant avec effroi toutes ces statues de charbon qui semblaient grimacer de peur.

    — Je ne peux pas y croire, répondit le lieutenant Frei.

    Un peu plus tard, ils furent rejoints par Friedrich et Marina.

    — Ils sont tous morts, murmura la jeune femme.

    — Il n’y a pas de mot pour décrire ce qu’ils ont fait, aujourd’hui. Vous pouvez compter dessus, ils vont le payer cher ! s’exclama le lieutenant, subitement fou de rage.

    Il venait de réaliser ce qui s’était vraiment produit. Ne pouvant plus supporter ce spectacle, Klaus se précipita dans un coin pour vomir. Pour lui, c’en était trop. Plus loin, Friedrich s’accroupit et dégagea quelques décombres.

    — Je crois que j’ai trouvé le caméraman ! s’écria-t-il.

    — Ça fait combien de victimes ? demanda Marina.

    — Environ trois cents, je pense. Ils devaient être tous présents, lorsque c’est arrivé, supposa Dieter.

    Des voix à l’entrée ordonnèrent à l’équipe d’évacuer immédiatement.

    — Que se passe-t-il ? s’exclama Marina. Qu’est-ce qu’on nous veut ? On n’a pas fini !

    Peu à peu, la brigade du feu et les chiens sortirent au complet du bâtiment désormais bouclé par un autre organisme.

    — Dégagez de la zone ! L’enquête est maintenant passée sous notre juridiction. Nous vous enverrons un rapport complet, déclara un homme en costume noir, remettant un document officiel au lieutenant Frei.

    L’individu était entouré d’une cinquantaine de militaires qui entrèrent aussitôt dans l’édifice.

    — C’est quoi ? L’équipe antiterroriste ? demanda Klaus, curieux.

    — Non, répondit Friedrich, je ne reconnais pas leur insigne ; c’est la première fois que j’en vois un de ce genre.

    Il fixa le bras d’un des soldats. L’écusson représentait un dessin stylisé de la Terre, et par-dessus, un loup gris et un aigle brun se faisaient face. Il put lire l’inscription juste au-dessous : O.M.C.H.N.H.

    Une fois éloigné de l’entrée, Klaus leva les yeux sur le bâtiment de pierre et de béton encore debout malgré les flammes de l’enfer qui l’avaient complètement ravagé. Jamais il n’aurait pensé qu’à peine quelques heures plus tôt, près de trois cents enfants, ainsi que des enseignants travaillaient dans ce collège de Cologne, en Allemagne.

    1ère partie : Ginie

    I

    Une seconde chance

    J’aurais voulu avoir une vie normale, une jeunesse banale, mais quelqu’un ou une force invisible en avait décidé autrement. Fille unique, j’avais des parents aimants ; j’étais allée à l’école publique de Versoix où j’avais passé toute mon enfance. Mon enfance… c’était une façon de parler. J’avais toujours été le centre d’attention quand j’étais petite, avec mes longues boucles rousses et ma bouille parsemée de taches de son ; j’étais la favorite des voisines de mon immeuble. Cependant, j’étais très discrète et timide. Je ne me mêlais jamais aux autres enfants, ne demandais jamais d’aide aux adultes. Je préférais de loin être seule, car personne ne me comprenait, et il fallait dire que je ne faisais pas vraiment d’effort non plus. Très vite, dès mon plus jeune âge, mes parents se rendirent compte que j’étais différente. Quelque chose d’étrange dans mes yeux les intriguait, mais ils étaient incapables de savoir de quoi il s’agissait. Je manquais cruellement d’expression. Je ne réagissais pas comme les gens de mon âge, pas de sourire ni même le simple gazouillis du bébé. Je ne pleurais pas non plus, ce qui perturbait fortement ma mère. Quand mes parents m’observaient, ils ne voyaient pas le regard d’un enfant innocent. Il y avait bien plus que ça, un sombre secret était enfoui profondément en moi depuis ma naissance. Un lourd fardeau que j’aurais volontiers troqué contre une jeunesse normale et candide. J’avais gardé en mémoire tous les souvenirs d’une vie antérieure, et encore aujourd’hui, je ne pourrais toujours pas l’expliquer. D’après moi, je ne m’appelais pas Virginie Schwarz comme m’avaient nommée mes parents. Il fut très difficile de cacher ma véritable identité pendant toutes ces années. Car j’étais bien consciente de ce qui pouvait m’arriver si je commençais à raconter ce dont je me remémorais de ma précédente incarnation, et que j’étais mentalement capable de communiquer et de marcher bien avant ma première année (enfin, si mon état physique me l’avait permis, bien sûr), voire de penser comme une adulte. Toute mon enfance ne fut que mensonges, camouflages, supercheries et j’en souffrais atrocement. D’abord, me retrouver dans le corps d’un nourrisson m’avait été insupportable. Porter des couches était vraiment très humiliant, et tous ces personnes qui m’approchaient pour me faire une grimace ou me parler comme si j’étais une demeurée, toutes ces choses me donnaient envie de vomir. Cependant, il n’y avait pas que moi qui subissais. Ma mère vivait très mal mon absence totale d’émotion et mon manque de réaction. Elle pleurait souvent devant mon berceau, le soir. Puis, quelques années plus tard, elle implorait le Seigneur de me rendre mon âme. Pourtant, mon âme, je l’avais depuis très longtemps. Justement, elle n’était pas partie. Voilà LE problème.

    Toutefois, au fil des ans qui passaient, je m’accoutumais par la force des choses à cette situation. Puis, je me mis à réfléchir. En fin de compte, il était possible que j’eusse droit à une seconde chance, une nouvelle existence ! Même si je savais que je ne la méritais peut-être pas. Par conséquent, je laissai faire le destin, je me pris d’affection pour mes parents et ma mère s’apaisa progressivement. Hélas, je ne contrôlais pas tout ; en effet, les souvenirs macabres de mon ancienne vie avaient laissé des traces indélébiles, ce qui faisait que j’étais une petite fille terrifiée par le noir malgré mon âge mental réel. J’avais gardé en mémoire l’instant de ma mort, et surtout les traits du visage de mon meurtrier. Alors, à l’inverse des autres enfants, je savais pourquoi j’appréhendais la nuit, et j’avais bien raison. Parce que je connaissais leur existence. Eux, cette espèce sur Terre que de nos jours, les braves gens considéraient comme mythe. Se fondant dans la masse, trompant le monde entier de leur avidité et de leur cruauté, ces monstres étaient bien là, à nous guetter pour nous boire jusqu’à ce que mort s’ensuive lorsque nous nous retrouvions seuls.

    Cent cinquante ans s’étaient écoulés depuis ma mort et bien des choses avaient changé. Je dus m’habituer à la voiture, au téléphone, à la radio, à la télévision, et l’émancipation des femmes qui n’était pas pour me déplaire. Sans compter ce nouveau vocabulaire avec lequel j’avais dû assez vite me familiariser. Au début, je devais avouer qu’il m’était difficile d’évoluer dans un endroit si différent et de vivre à une époque, complètement étrangère à la mienne. Et puis, finalement, il était doux de retrouver une famille, un foyer, la banalité du quotidien.

    Mais ce fut en débutant l’école que mes vrais problèmes commencèrent. C’était en août 1985. Même si j’avais fait mon possible pour dissimuler mon âge véritable, les enfants comprirent tout de suite que j’étais particulière. Mes yeux me trahissaient et mes nouveaux camarades de classe me le faisaient ressentir. À ce moment-là, je pus me rendre compte de la cruauté sans pareille des jeunes. J’étais mise à l’écart, sans aucun ami, finissant la plupart de mes journées d’école à pleurer aux toilettes. J’étais assise par terre à compter les bleus qui recouvraient mon pauvre corps, ma petite robe verte confectionnée par ma maman, toute déchirée, et mes collants en laine troués. Je haïssais mes camarades de classe. Mais pas autant que mon assassin qui continuait à hanter mes nuits de fillette, m’infligeant bon nombre de tortures et de souffrances intolérables.

    Les années s’écoulèrent ; et même si j’étais ce que l’on appelle une « surdouée », je passais mon temps à étudier pour éviter toute confrontation avec le monde extérieur. Je ne comptais plus le nombre de psychologues que mes parents m’emmenaient voir. J’étais une véritable énigme pour mes proches. On me qualifiait de gentille fille, studieuse, mais bizarre, et pas sociable pour un sou. Eh bien ! Qu’ils essaient une minute de se mettre à ma place !

    Quand je fus assez « grande » pour sortir le soir avec mon père et ma mère, je m’aperçus que je les reconnaissais en un clin d’œil. Leur peau de nacre, leur charisme, leur exceptionnelle beauté. Une seule chose différait cependant, par rapport à Gabriel : leurs yeux n’étaient pas luminescents. Toutefois, je savais ce qu’ils étaient réellement, et surtout de quoi ils étaient capables. Dans un premier temps, j’étais tellement effrayée que je faisais des pieds et des mains auprès de mes parents pour éviter de mettre le nez dehors lorsqu’il faisait nuit. Puis, au fil des ans, ma haine contre eux devint si grande que mon désir de les supprimer fut plus fort que la peur elle-même.

    Lorsque j’eus quinze ans, je fis une rencontre qui changea à jamais mon existence. Après l’école, j’aidais mes parents, car ils tenaient une station-service à la sortie de la commune, non loin de notre maison. De temps en temps, je remarquais ces créatures traverser la rue et je ne pouvais m’empêcher de les suivre des yeux. Après un certain laps de temps, je repérai un homme assez grand et élancé, il devait approcher les quarante ans. Il venait de plus en plus souvent rôder dans le quartier, et il les observait également. Même s’il se montrait très discret, son expression si impassible, comme blasée, m’avait frappée au point que je le remarquai chaque fois que je le croisais ou qu’il passait devant la station. Je me posai alors certaines questions. Qui était-il ? Pourquoi venait-il si fréquemment par ici ? Et aussi, pourquoi était-il si intéressé par ces monstres ? Je n’eus pas à patienter très longtemps avant d’avoir les réponses tant attendues.

    Un soir de mars, alors que je finissais de nettoyer les toilettes situées à l’extérieur de la station, je vis l’un d’eux courir vers la ville à une vitesse impressionnante, poursuivi par l’énigmatique étranger. Il paraissait essoufflé. Il s’arrêta deux secondes, puis jeta un coup d’œil dans ma direction. Je tendis le bras gauche, indiquant le centre-ville, sans mot dire.

    — Quoi ? demanda-t-il, étonné, tout en inspirant profondément.

    — Il est parti par là, répondis-je le plus simplement du monde.

    Il sembla intrigué par mon comportement calme et posé.

    — Tu l’as vu ?

    — Oui.

    Il se précipita jusqu’au parking voisin, et s’engouffra dans une voiture. Puis il disparut dans la nuit qui avait pris une teinte orangée avec les lampadaires qui éclairaient les rues désertes en cette fin de soirée.

    Le lendemain après-midi, aux alentours de dix-sept heures, l’individu qui pourchassait le démon la veille au soir pénétra dans le shop de la station. Je venais juste d’arriver après avoir fini mes devoirs dans l’arrière-boutique. Il resta devant l’entrée et m’adressa un signe de la main. Il voulait manifestement que je le suive à l’extérieur.

    — Maman, je sors un instant, lançai-je.

    Je la vis acquiescer derrière quelques cartons entassés les uns sur les autres. Je rejoignis donc l’homme aux cheveux blonds parsemés d’argent. Il m’attendait à côté de la pompe à essence. Une fois face à lui, je pus remarquer ses yeux gris-bleu, un peu ternes, entourés de fines rides, me scruter avec curiosité pendant quelques secondes. Puis il entama la conversation :

    — Salut, petite.

    Je ne répondis pas et me contentai de soutenir son regard surpris. Il avait l’air embarrassé. Je pensai qu’il ne savait pas trop comment tourner la question qu’il ne tarda pas à me poser :

    — As-tu vraiment pu voir la personne que je poursuivais hier soir ?

    — La personne ? m’étonnai-je, après quelques secondes de silence.

    Il le considérait donc comme quelqu’un de normal ?

    — Oui, j’ai bien vu ce que vous pourchassiez, dis-je en appuyant bien sûr le mot « ce ».

    — Ce ? demanda-t-il en fronçant des sourcils, visiblement perturbé par ma réponse.

    Il frotta sa barbe de trois jours.

    — La créature, précisai-je sur un ton impassible, toujours en le fixant droit dans les yeux, ce qui le déstabilisa quelque peu.

    — Et pourquoi donc parles-tu d’une créature ?

    Maintenant, il avait l’air vraiment surpris, voire inquiet.

    — Parce que l’homme que vous pourchassiez n’avait rien d’un humain.

    Il détourna le regard, garda les yeux rivés sur la circulation et poussa un petit soupir.

    — Je sais ce qu’ils sont, continuai-je. Je les reconnais.

    Il avait l’air stupéfait. Je marquai une pause de quelques secondes, le temps pour lui de reposer les yeux sur moi, puis je repris.

    — Mais vous, pourquoi lui couriez-vous après ? Vous a-t-il fait du mal ?

    — Si tu sais ce qu’ils sont, alors je t’écoute.

    Il me sondait, tout en éludant mes dernières questions.

    — Vous ne m’avez pas répondue, lui fis-je remarquer, sur la défensive.

    — Dis-moi d’abord de quoi nous parlons et ensuite, je te raconterai, petite, insista-t-il avec un très léger accent qui n’était pas d’ici.

    — Ne m’appelez pas « petite » ! grondai-je.

    Je le maudissais d’utiliser un tel terme pour me désigner.

    Je n’avais jusqu’ici jamais osé dire à haute voix le véritable mot pour les évoquer, car j’en avais la chair de poule rien que d’y penser. Je baissai les yeux.

    — Des vampires, lâchai-je.

    Je croisai les bras, comme pour me protéger du terme que je venais de prononcer.

    — Alors tu disais vrai, tu les reconnais, constata-t-il, désarmé.

    Il réalisa sans doute qu’une simple jeune fille pouvait connaître leur existence.

    — Oui, j’attends des réponses.

    — Je… hum… Je suis ce que l’on appelle un chasseur.

    — Un chasseur ? m’exclamai-je, surprise.

    — Oui, je les traque, c’est mon métier, me dévoila-t-il sur un ton calme, avec un brin d’hésitation cependant, peut-être par peur de m’effrayer.

    — Alors, les chasseurs… existent vraiment ? lançai-je, laissant cette fois-ci apparaître de l’excitation.

    J’avais tant de questions à lui poser à ce sujet que je ne savais pas par où commencer.

    — Oui, nous existons, confirma-t-il avec un petit sourire.

    — Êtes-vous beaucoup ?

    — Nous sommes un certain nombre, en effet. Mais il y a une chose que je ne comprends pas. Comment connais-tu l’existence des vampires, comment les reconnais-tu ? Je dois dire que tu m’intrigues… euh…

    — Je m’appelle Ginie. En fait, c’est une longue histoire. Mais je ne tiens pas à en parler.

    Je n’avais aucune envie de dévoiler mon secret à un homme que je venais à peine de rencontrer, même s’il s’agissait d’un chasseur de vampires.

    — Très bien, c’est toi qui vois.

    Il marqua un temps, puis me regarda droit dans les yeux.

    — Je vais m’en aller, mais promets-moi de rester prudente. Et cette conversation n’a jamais eu lieu.

    Il allait rebrousser chemin lorsque ma mère me fit signe de rentrer.

    Je le retins par le bras.

    — Non, attendez…

    — Que veux-tu ?

    — Que faites-vous des créatures que vous attrapez ? Vous les tuez ?

    — Non, pas toujours. Nous fonctionnons comme une sorte de police.

    — Et comment fait-on pour s’engager ? À qui puis-je m’adresser ?

    J’avais soudain tellement d’idées qui me passaient par la tête que je n’arrivais plus à réfléchir de manière raisonnée. En fin de compte, je voyais surtout un moyen de retrouver mon assassin et de lui infliger ce qu’il méritait.

    — Quoi ? Tu aimerais en faire ton métier ? Une adolescente qui n’a même pas la forme physique adéquate ?

    — Vous ne réussirez pas à me blesser ! Je veux en être ! répondis-je avec fermeté.

    — Eh bien, je constate que tu as du caractère… Mais je te conseille de laisser tomber et de continuer à vivre normalement. Crois-moi, c’est beaucoup mieux pour toi ! Tu ne sais pas du tout de quoi tu parles.

    Une vie normale ? Mais il se fichait de moi ? J’avais enfin trouvé un but à mon existence. Éliminer cette vermine qui m’avait tant fait souffrir et empêché de « vivre normalement », comme il le disait si bien. Mais j’y arriverais d’une façon ou d’une autre.

    Je l’observai monter dans sa Mazda, avant de filer sur la route. Il était vraiment étrange. Pourquoi était-il revenu si c’était pour m’abandonner là comme une vieille chaussette ? Ma mère sortit de la boutique pour me demander ce que je fabriquais dehors, car il y avait des clients qui attendaient à la caisse pour payer leur essence. Je rentrai donc sans broncher, frustrée.

    Le soir, après m’être douchée, je me plantai devant le miroir de ma chambre et laissai tomber ma serviette de bain au sol pour mieux me détailler. J’avais une bouille ronde criblée de taches de rousseur, cachant ma peau laiteuse. Deux petits iris noisette me fixèrent un bref instant pour ensuite étudier ma longue chevelure de couleur vermillon, dont les boucles retombaient jusqu’aux creux de mes reins. C’était bien la seule chose que je ne voulais pas changer chez moi. Je passai alors aux maudites taches de naissance que je n’avais pas dans mon ancienne vie. En fait, j’avais la nette impression qu’elles étaient présentes pour me rappeler péniblement toutes les morsures qui avaient marqué ma chair jadis. Je penchai la tête sur le côté, rejetai mes cheveux en arrière et observai la plus grosse de toutes ces souillures. Elle me dégoûtait. Elle recouvrait le tiers du côté de ma gorge. Je fis la grimace : « et je n’ai pas la forme physique adéquate » qu’il disait ! Il était vrai que mes problèmes d’adolescente asociale, isolée du monde, avaient eu de sévères répercussions sur ma silhouette. Je devais perdre au moins dix, voire quinze kilos, pour retrouver mon corps d’antan. Mais maintenant, j’avais un but ! Et j’y passerais des mois s’il le fallait. Je me devais d’attraper cet assassin. Comme je reconnaissais ces monstres, un jour ou l’autre, j’allais bien croiser un de leurs ennemis !

    J’enfilai mon pyjama après avoir constaté tout le travail que je devais entreprendre pour arriver à mes fins, puis je me couchai après être allée embrasser mes parents. Cette nuit-là, je fis encore le cauchemar de toute ma vie, mais cette fois, il fut plus intense et plus douloureux que jamais, comme si Gabriel était vraiment là, à me vider de mon sang avec une brutalité sans nom, c’était une bête affamée. Je revoyais son regard bleu polaire, aussi glacial que sa peau blanche qui différait tant de lorsqu’il était humain. Vengeance, qu’il disait, pour avoir détruit sa famille. En un sens, c’était vrai, mais je ne pensais pas avoir mérité un tel châtiment. Les innombrables heures de torture qu’il m’avait infligées jusqu’à ce que je me réveille enfin le jour suivant. Mais ce n’était pas un matin comme tous les autres. Si ce n’était pas tout à fait le cas, la veille au soir, cette fois, j’en étais sûre. Ma vie allait changer et j’allais la reprendre en main. Mon objectif : retrouver ce fichu monstre et le réduire en chair à pâté.

    Les semaines passaient et je camouflais au maximum mon entraînement sportif quotidien à mes parents. Moins par peur de les inquiéter que pour éviter leurs questions, car j’avais vu tellement de psys en tout genre, ces dernières années, que j’y étais devenue allergique. Je n’avais aucune envie de devoir expliquer le pourquoi du comment. De plus, j’aurais dû mentir sur la raison de ma motivation. J’imaginais déjà ma mère, surprotectrice, constamment préoccupée à mon sujet : « C’est pour un garçon ? Si c’est ça, tu sais, tu peux m’en parler ». Jusque-là, je n’avais aimé qu’une seule personne et elle était toujours dans mon cœur, même si elle devait être six pieds sous terre depuis belle lurette. Je ne voulais pas songer à ce que Tristan était devenu après ma mort. S’était-il finalement marié avec Lyse-Anne ? Avaient-ils eu des enfants ensemble ? Mon cœur se déchirait chaque fois que ces maudites pensées s’introduisaient par mégarde dans mon esprit. Je n’avais aucune envie de connaître la vérité, c’était pourquoi je n’étais jamais retournée à Chardonne et n’avais jamais fait de recherche sur eux. Geneviève Dupasquier était belle et bien morte dans cette forêt, près de deux cents ans auparavant. Il n’y avait plus que Ginie et je tenais à faire table rase de mon passé. Enfin presque…

    C’était pour éviter de penser à tout cela que je me concentrai sur mon entraînement, en secret. Au fur et à mesure que je perdais du poids, je me camouflais dans des T-shirts noirs bien trop grands pour moi, comme celui à l’effigie du très regretté Kurt Cobain. Nirvana, le meilleur groupe du vingtième siècle, à mon avis. Cela se passait de la manière suivante : tous les matins, je partais courir en emmenant Kurt, mon jack russell de deux ans, infatigable clébard que mon père m’avait offert pour Noël, histoire de me sentir moins seule. De toute façon, je me fichais bien d’avoir des « amis » superficiels habillés à la mode du moment et ne se souciant que de leur nombril. Pathétique.

    Kurt était le parfait prétexte pour faire mon jogging quotidien au bord du lac. Plus tard, je restais au collège pendant la pause repas. J’en profitais pour ne manger qu’une salade avec du blanc de poulet. Et puis, le soir, après mon boulot à la station, je repartais avec Kurt pour une séance d’aérobic, ce qui n’était pas pour lui déplaire.

    Quelque temps plus tard, le résultat se fit remarquer. J’avais déjà perdu une bonne dizaine de kilos. Ma tendre mère, qui se faisait du souci en constatant cette fonte soudaine, me demanda enfin ce qui se passait dans ma « petite tête ». Je lui répondis simplement que je ne voulais plus subir, mais agir, sans entrer dans les détails, bien sûr. Je lui dis aussi, pour la rassurer, que je n’étais pas malheureuse, mais au contraire que j’avais pris du poil de la bête et qu’il ne fallait pas s’inquiéter pour moi. Ce qui ne l’empêcha quand même pas d’avoir un œil sur ma personne.

    Plusieurs semaines après, j’étais partie pour mes exercices du soir avec Kurt, lorsque quelqu’un s’approcha de moi pendant ma séance d’échauffement.

    — Tu n’abandonnes donc jamais ? commença une voix rauque et quelque peu fatiguée.

    Je me tournai pour voir mon interlocuteur. C’était le chasseur.

    — Vous ? Que venez-vous faire ici ? m’exclamai-je, étonnée.

    — J’avais à faire dans le coin et je t’ai remarquée courir dans les environs.

    Je me levai pour lui serrer la main. Elle était aussi rugueuse que du papier de verre. Quelque chose me disait qu’il devait passer une bonne partie de son temps à l’extérieur. Kurt me suppliait de lui lancer sa balle en jappant à nous faire exploser les tympans. Je la lui refilai au plus vite afin d’éviter de devenir sourde.

    — Sympa d’être venu me saluer, lâchai-je, distante.

    — Je vois que tu t’entraînes dur.

    — Je ne fais que suivre votre conseil, monsieur…

    — Oui, oh ! Je ne me suis pas présenté la dernière fois, mon nom est Robert Damboise.

    — Il me semble déceler chez vous un léger accent. Êtes-vous Canadien ?

    — Oui, de Montréal. Mais ça fait un bout de temps que je n’y suis pas retourné. Et au sujet du conseil, ce n’est pas celui-ci que je t’ai donné. Je t’avais mis en garde de ne pas faire n’importe quoi, et là tu joues à un jeu dangereux.

    — Vous ne pouvez pas m’en empêcher ! rétorquai-je. Si vous ne voulez pas m’aider, j’irai voir ailleurs.

    — Tu as la tête dure, soupira-t-il. Pourquoi ne pas laisser cette lubie de côté et profiter de la vie qui s’offre à toi ? Tu es si jeune et tu as une famille ! Tu dois aussi avoir des amis.

    J’allais récupérer Kurt, parti un peu plus loin, et m’assis sur un banc pour regarder le soleil couchant. Robert me rejoignit et s’installa à mes côtés.

    — Vous ne me connaissez pas. Vous ne savez pas de quoi vous parlez. Ce n’est pas du tout une lubie, bougonnai-je.

    — Laisse-moi t’expliquer une chose. Une fois l’une des nôtres, tu devras oublier ta famille, et même l’idée d’avoir un petit ami. Tes seuls contacts avec la société seront les autres chasseurs et les vampires que tu hais tant. C’est tout. Tu seras obligée de te plier aux horaires de ces messieurs-dames. Cela signifie dire au revoir au monde de la lumière et plonger dans les ténèbres de leur existence. Tu n’auras plus aucune attache ni domicile fixe, toujours entre deux continents, pas de vie privée, ni les moyens de fonder une famille, rien… Et c’est pour le reste de ta vie. C’est vraiment ça que tu veux ?

    — Je sais que ce sera dur, mais il le faut. Vous ne pouvez pas comprendre.

    — Alors, éclaire-moi que je puisse connaître ta motivation ! T’es-tu fait agresser par l’un d’eux ?

    J’appuyai mes coudes contre mes genoux puis regardai le sol, la tête dans mes mains. Kurt s’était roulé en boule à mes pieds.

    — Si je vous le dis, vous ne me croirez pas. Je ne veux même pas tenter, murmurai-je, anxieuse.

    — Essaie toujours. Plus rien ne m’étonne aujourd’hui, me rassura-t-il.

    Après un long moment d’hésitation, je me jetai à l’eau, mais sans donner les détails qui me glaçaient le sang, encore maintenant.

    — Alors, oui, un de ces êtres m’a fait du mal. Il m’a torturée à mort, vous êtes content ? commençai-je.

    — À mort ? s’étouffa Robert.

    Puis il baissa ses lunettes de soleil à l’aide de son index en me regardant dans les yeux, comme pour mieux saisir le sens de mes mots.

    Silence.

    — Le fait est que je me souviens d’une vie antérieure. Je me rappelle de tout : de mon nom, de mon ancien domicile, des personnes qui m’entouraient, et même de mon décès. Surtout de ma mort et de mon assassin. Et cela depuis ma naissance dans cette vie-ci.

    Robert, les yeux ronds comme des billes, ne sachant visiblement pas quoi me dire, se contenta d’une question stupide :

    — Effectivement, je n’avais pas encore tout entendu… Mais comment cela se fait-il ?

    — Je n’en ai aucune idée. Mais si vous voulez savoir, mon existence est déjà fichue depuis longtemps. Il m’est impossible de vivre de façon normale. Vous n’imaginez pas ce que j’ai dû endurer, à devoir tout recommencer à zéro. Et si vous ne me croyez pas, je vous donne mon nom et vous trouverez les indications qu’il vous faut. Je m’appelais Geneviève Sophie Dupasquier, originaire de Genève.

    — Je comprends maintenant pourquoi ton regard est si spécial. Tu n’as absolument rien d’une adolescente de quinze ans.

    — Alors, vous me croyez ? demandai-je, étonnée par sa réaction.

    — Tout est possible. Je ne te connais pas bien, mais je vois dans tes yeux que tu me racontes la vérité. Je peux toujours aller vérifier, cela dit. De quand date ton ancienne vie ?

    — Je suis morte en 1833, le premier novembre, à Chardonne. Ça fait un bail. Quand je suis arrivée dans ce siècle, j’avais l’impression de débarquer sur une autre planète. Tous ces progrès technologiques, ces changements, cela m’a pris du temps pour m’y faire. Parfois, je mélange encore un peu l’ancien et le nouveau vocabulaire, mais c’est de plus en plus rare. J’ai quand même mis un petit moment pour réaliser ce qui se passait.

    — Je comprends bien. Mais peut-être as-tu droit à une deuxième chance. Imagine, maintenant. Tu as l’occasion de faire un métier que tu ne pouvais pas exercer au 19e siècle, ou alors l’opportunité de devenir quelqu’un d’important et de tourner la page. Ne gâche pas cette chance.

    — Jamais je ne pourrai oublier. Il me reste beaucoup trop de marques physiques.

    — Des marques physiques, dis-tu ?

    Le pauvre était vraiment déconcerté.

    Je relevai le bas de mon pantalon de training jusqu’aux cuisses et lui dévoilai, une à une, mes taches de naissance, qu’il examina de près. Je fis de même avec les manches de ma jaquette1 bleue en coton, puis lui montrai mon ventre, et pour finir, je remontai mes cheveux pour dégager ma nuque. Il approcha sa main de ma gorge pour la toucher, comme pour s’assurer de ce qu’il voyait.

    — J’ai lu dans un livre spécialisé sur le sujet que les taches de naissance pouvaient être des signes de blessures de vies antérieures, affirmai-je. J’ai été mordue à tous ces endroits. Du moins, tous ceux que je peux vous montrer.

    — Mon Dieu, mon enfant, tu as dû vivre un véritable enfer, s’exclama-t-il avec étonnement tout en gardant ses doigts rugueux sur mon cou.

    — Je vous l’ai dit, je ne pourrai jamais oublier ce qu’il m’a fait subir. Je suis prête à travailler dur pour apprendre votre métier, enseignez-moi ! le suppliai-je.

    — Je suis certain que tu pourrais y arriver, Ginie. Mais j’ai peur que la raison pour laquelle tu veux devenir comme moi ne te fasse du tort, en fin de compte.

    — Je ne comprends pas…

    Ses propos me désemparaient.

    — Un ami à moi a perdu la vie à cause de sa haine à leur égard. Il s’appelait Sam. Sa famille a été massacrée par l’un d’eux et il avait juré de se venger. Il en a fait sa force. C’était même sans doute le meilleur d’entre nous. Hélas, il en est mort.

    Je fis mine de ne pas entendre ce qu’il venait de me révéler et me focalisai sur mes questions.

    — Est-ce que vous en tuez souvent ?

    — Notre mission n’est pas de les éliminer, mais de veiller à faire respecter l’ordre public, comme la police municipale. Des fois, nous ne faisons qu’un rappel aux directives. Ou alors de la surveillance quand il y a une concentration de ces individus à un endroit. Et si vraiment la loi est enfreinte, ou s’il y a meurtre, nous procédons à des arrestations et nous les enfermons.

    — Ils vont en prison ? demandai-je, dégoûtée par ces traitements de faveur que je jugeais complètement idiots. Pour moi, ils méritaient tous la mort, sans exception.

    — Parfois, oui. Ou alors ils servent à des fins scientifiques.

    — Des cobayes ?

    — Je n’aime pas les appeler comme ça, mais effectivement.

    — On dirait que vous éprouvez de la sympathie pour ces monstres.

    — Ils ne sont pas tous comme celui qui t’a fait du mal. Pour la plupart, ils sont très civilisés, expliqua-t-il. Même plus que certains humains.

    — J’aimerais bien voir ça, répondis-je, amèrement. Et il y en a beaucoup dans le monde ?

    — Un bon paquet, oui.

    Soudain, mes poils se hérissèrent. J’en eus froid dans le dos.

    — Vous me parliez de lois, mais qui les fait, ces lois ?

    — C’est une organisation internationale et intergouvernementale de cohabitation. C’est vraiment très vaste.

    — Eh bien, je n’y aurais jamais pensé. Mais à la réflexion, ça paraît logique.

    Je regardai ma montre. Il était plus de vingt et une heures trente.

    — Il faut que je rentre, monsieur Damboise. Mes parents vont s’inquiéter.

    — Alors, vas-y. Mais prends en considération tout ce que je t’ai dit ce soir, Ginie. Je pense que tu comptes beaucoup pour tes parents, et je suppose que c’est réciproque.

    — C’est déjà tout réfléchi.

    — Songes-y quand même. À bientôt, Ginie, dit-il en m’adressant un signe de la main.

    Je me levai et fis demi-tour pour rentrer chez moi, sans oublier l’infatigable Kurt.

    Je maudissais ce chasseur de m’avoir flanqué toutes ces incertitudes dans la tête. En tout cas, je ne le lui avais rien montré. Il fallait qu’il me croie décidée pour le reste de ma vie.

    Les semaines défilaient et le discours de Robert Damboise me hantait. Une grande organisation pour contrôler des milliers de vampires, voire des millions… Brrr. D’un côté, c’était rassurant de constater que tout cela se comptait à l’échelle mondiale et de l’autre, toutes ces sangsues éparpillées dans la nature… Je ne comprenais pas pourquoi ils n’avaient pas essayé de réduire ce nombre si effrayant. Bah ! Ça en fera plus pour moi. Quand je serai chasseuse, car je le serai un jour, je les éliminerai un par un. M’en fiche du code ou du règlement.

    L’école était enfin terminée et les grandes vacances commençaient pour moi. J’aidais toujours mes parents à la station quelques heures en journée, mais le reste du temps, je le passais à la plage avec Kurt. Un soir, alors que ma mère s’était momentanément absentée du shop, je fus surprise de découvrir Robert Damboise. Il attendait pour payer un paquet de bonbons à l’eucalyptus.

    — Bonsoir, monsieur Damboise.

    — Bonsoir, Ginie.

    — Que poursuivez-vous, cette fois ? Un zombie ? Un fantôme peut-être ? plaisantai-je.

    — Je ne chasse aucune créature surnaturelle aujourd’hui, Ginie. Je suis venu pour te voir, dit-il avec un sourire en coin.

    — Ah oui ? Et pourquoi donc ? demandai-je, un peu inquiète.

    — Tes parents vont recevoir du courrier demain ou après-demain, de la part d’une école préparatoire à l’université pour surdoués, basée à Londres.

    Je restai interdite. Pourquoi voulait-il me caser dans un collège à Londres ? Pour que j’aie une vie meilleure que la précédente ? Se préoccupait-il de mon avenir ? C’était très attentionné de sa part, mais je devais refuser… Il ne comprenait pas à quel point c’était important pour moi de rejoindre son organisation.

    — Mais pourquoi donc tenez-vous tant me faire aller en Angleterre ?

    Ses yeux s’illuminèrent pour la première fois depuis que je l’avais rencontré.

    — Ce n’est pas un collège comme les autres, Ginie. C’est une formation d’élite. Très peu de gens de ton âge peuvent y accéder.

    Je n’arrivais toujours pas à saisir où il voulait en venir.

    — C’est une couverture pour tes parents, car en fait, tu es reçue à l’École Académique des Jeunes Chasseurs de l’O.M.C.H.N.H.

    — Quoi ? Alors il existe vraiment un enseignement pour ça ? demandai-je, surexcitée.

    — Oui. J’ai fait des recherches sur Geneviève Dupasquier et j’ai trouvé des choses très intéressantes. Si j’avais

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1