Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

La boîte à outils sur l'application des connaissances
La boîte à outils sur l'application des connaissances
La boîte à outils sur l'application des connaissances
Livre électronique512 pages3 heures

La boîte à outils sur l'application des connaissances

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

L'ouvrage propose un survol exhaustif de ce en quoi consiste l’application des connaissances (AC) et de la manière dont elle peut le mieux servir à combler l’écart entre la théorie et la pratique de façon à jeter des ponts entre la recherche, les politiques, la pratique et les gens.
LangueFrançais
Date de sortie25 nov. 2011
ISBN9782760531352
La boîte à outils sur l'application des connaissances

Lié à La boîte à outils sur l'application des connaissances

Livres électroniques liés

Marketing pour vous

Voir plus

Articles associés

Avis sur La boîte à outils sur l'application des connaissances

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    La boîte à outils sur l'application des connaissances - Gavin Bennett

    lecteur.

    Liste des acronymes et des sigles

    AAR After Action Reviews

    AC Application des connaissances

    ACTs Artemisinin-based Combination Therapies

    AI Appreciate inquiry

    AID Agency for International Development

    AIDS Acquired Immune Deficiency Syndrome

    AMARC Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires

    AMREF African Medical and Research Foundation

    BMJ British Medical Journal

    BRAC Bangladesh Rural Advancement Commission

    CAD Centre d’aide au développement

    CD-ROM Compact Disc, Read-Only-Memory

    CHSRF Canadian Health Services Research Foundation

    CI Cartographie des incidences

    CIDA Canadian International Development Agency

    CMAJ Canadian Medical Association Journal

    CoP Community of Practice

    CPS Changement le plus significatif

    CRDI Centre de recherches pour le développement international

    DDC Direction du développement et de la coopération

    DFID Department for International Development

    DVD Digital Video Disc

    EGZ Equity Gauge Zambia

    EVIPNet Evidence Informed Policy Network

    FCRSS Fondation canadienne de recherche sur les services de santé

    FMI Fonds monétaire international

    FOAF Friend-of-a-Friend

    GEM Gilbert Email Manifesto

    GES Gouvernance, équité et santé

    HIV Human Immunodeficiency Virus

    HRCS Health Research Classification System

    IDRC International Development Research Centre

    IGM Inform, Guide, and Motivate

    ILAS Institutional Learning and Change

    ILRI International Livestock Research Institute

    IMF International Monetary Fund

    IRCRS Initiatives de renforcement des capacités de la recherche en santé

    JAMA Journal of the American Medical Association

    KM Knowledge Management

    LFA Logical Framework Approach

    M&E Monitoring and Evaluation

    MSC Most Significant Change

    NCCMT National Collaborating Centre for Methods and Tools

    NGO Non-governmental Organization

    NHS National Health Service

    NLH National Library for Health

    NPI-Africa Nairobi Peace Initiative-Africa

    NRT Nutritional Research Team

    NSF National Science Foundation

    OCDE Organisation de coopération et de développement économiques

    ODI Overseas Development Institute

    OM Outcome Mapping

    OMD Objectifs du millénaire pour le développement

    OMS Organisation mondiale de la santé

    ONG Organisation non gouvernementale

    OPS Organisation panaméricaine de la santé

    PAC Plateforme d’application des connaissances

    PALSA Practical Approach to Lung Health South Africa

    PRITI Pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure

    PSIA Poverty and Social Impact Analysis

    RAPID Research & Policy in Development

    RCRS Renforcement des capacités de la recherche en santé

    REACH Regional East African Community Health

    RM Research Matters

    ROA RAPID Outcome Assessment

    ROMA RAPID Outcome Mapping Approach

    S&E Suivi et évaluation

    SADC Swiss Agency for Development and Cooperation

    SMART Specific, Measurable, Achievable, Realistic, Time-bound

    TEHIP Tanzania Essential Health Intervention Project

    THRI Thailand Health Research Institute

    UFE Utilization-Focused Evaluation

    UN United Nations

    UNAIDS The Joint United Nations Programme on HIV/AIDS

    UNICEF United Nations of International Children’s Emergency Fund

    UQAM Université du Québec à Montréal

    USAID United States Agency for International Development

    VASS Vietnam Academy of Social Sciences

    VERN Réseau de recherche économique du Vietnam

    WHO World Health Organization

    WWF World Wildlife Fund

    ZAMFOHR Zambia Forum for Health Research

    ZHRC Zonal Health Resource Centers

    Introduction

    LA DIFFÉRENCE ENTRE UNE PUBLICATION ET UN OBJECTIF

    Ce livre s’adresse principalement aux chercheurs travaillant dans la recherche sur les systèmes et sur les politiques, qui ont besoin de renforcer leurs capacités au niveau individuel et organisationnel, depuis les projets de recherche spécifiques jusqu’aux questions plus larges du développement d’une organisation. Il démontre qu’un chercheur qui a brillamment publié le fruit de ses recherches n’en a pas fini pour autant. En fait ce n’est que le début. Il faut ensuite déterminer ce qu’il reste à faire – et comment – pour appliquer les conclusions de la recherche partout où on en a besoin pour que les politiques, les pratiques et les individus en bénéficient réellement et au maximum.

    Dans le contexte de l’application des données probantes aux politiques, seules quatre raisons peuvent expliquer l’ «écart savoir-faire». Les personnes dotées des capacités et de l’autorité nécessaires pour utiliser les bonnes informations dans l’élaboration de leur action:

    ne savent pas… que les informations existent ou comment agir, ou

    ne comprennent pas… les informations, leur sens ou leur importance, ou

    ne s’y intéressent pas… considèrent que les informations ne sont pas pertinentes ou sont incompatibles avec leur programme, ou

    ne sont pas d’accord… pensent que les informations peuvent induire en erreur ou sont fausses

    Les outils décrits dans ce livre aideront les chercheurs à s’assurer que leur bonne science touche davantage de personnes, soit mieux comprise et soit plus susceptible d’aboutir à une action positive. En somme, que leur travail devienne plus utile, et de ce fait, plus précieux.

    Cela exige une meilleure «communication», c’est-à-dire la transmission des informations pertinentes sous une forme exploitable pour tous ceux qui pourraient en bénéficier. Ainsi, elles pourront informer, orienter et motiver. Ce n’est qu’une fois ce processus terminé que les informations latentes deviennent des connaissances actives. L’application des connaissances (AC) est le processus qui crée ce changement.

    L’AC permet de s’assurer qu’après avoir reçu des réponses les personnes ciblées ont la certitude:

    qu’elles doivent prendre le temps de les examiner – c’est intéressant;

    qu’elles concernent leur programme – c’est pertinent;

    qu’elles les comprennent – c’est clair et crédible;

    qu’elles doivent agir – c’est impératif.

    Par conséquent, dans cette boîte à outils vous trouverez:

    L’objectif (section A) – combler l’écart savoir-faire: traduire les connaissances en action

    Le public (section B) – identifier qui a le pouvoir d’agir (politiques/ pratiques)

    Le message (section C) – présenter les connaissances sous une forme adaptée à ce public

    Le moyen (section D) – faire passer le message, combler l’écart, déclencher l’action.

    Les outils (section E) – quelques réflexions supplémentaires sur les méthodes d’action.

    C’est ce qu’on appelle l’application des connaissances. Elle permet à la recherche d’être un moteur de l’action.

    TÉMOIGNAGES

    Le livre est parsemé d’exemples probants de techniques efficaces, innovantes et audacieuses d’application des connaissances par des équipes de chercheurs du monde entier. Voici quelques extraits de ces témoignages…

    Kenya – Du tabac au bambou

    Un projet de recherche sur les «moyens de subsistance alternatifs» pour les anciens planteurs de tabac est tellement pertinent pour l’action politique que les chercheurs n’ont pas besoin de défendre leur idée auprès du gouvernement qui diffuse des documentaires à la télévision pour promouvoir ce programme auprès du public!

    Afrique du Sud – Utilisation de la radio dans le cadre d’une approche multidimensionnelle

    Une bonne application des connaissances par le biais de publications, du web, de conférences, d’annonces à la radio et d’un séminaire a transformé l’image des membres d’une équipe de recherche œuvrant dans le domaine de l’équité en santé, qui ont cessé d’être des «extrémistes» pour devenir des «conseillers de premier plan». L’équipe proprement dite – EQUINET – est le fruit d’une collaboration entre des professionnels, des chercheurs, des organisations de la société civile et des décideurs.

    Kenya et Malawi – Pensée évaluative

    Les initiatives de «renforcement des capacités de recherche en santé» au Kenya et au Malawi tirent parti du dynamisme de la pensée évaluative non seulement pour changer les capacités de recherche, mais aussi pour leur propre conception. Cet outil d’AC fonctionne aussi bien du côté du «savoir» que du côté du «faire».

    Beyrouth – Le pouvoir d’un tract

    Pour être efficace, l’application des connaissances a souvent besoin d’un grand nombre d’outils dans un programme de communication complexe, mais parfois le bon outil, au bon endroit, au bon moment, peut déplacer des montagnes. La recherche sur les dangers du narguilé a eu un impact mondial avec un seul tract lors d’une conférence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

    Brésil – Recherche sur le mercure

    La recherche sur la source de contamination au mercure en Amazonie a eu deux résultats inattendus et déterminants. Elle a réussi à identifier une source de contamination au mercure, mais elle a ensuite utilisé ses conclusions et les processus d’AC, dans un contexte plus large, pour mener d’autres actions. Elle a aidé à prévenir des maladies, à sauver des vies, à améliorer l’alimentation, à prendre en compte les dégâts sur l’environnement, mais elle a aussi tiré parti du rôle influent des femmes dans ces communautés pour créer des réseaux sociaux qui ont des effets réellement bénéfiques et à long terme sur la manière dont les villageois communiquent et collaborent avec les autorités locales.

    Malawi – Chercher et résoudre en même temps

    Une équipe de recherche chargée d’étudier les liens entre la fertilité du sol, la nutrition et la santé dans les communautés rurales pauvres a utilisé l’AC et une approche participative des écosystèmes pour impliquer si étroitement les paysans et les communautés dans leur étude que le moyen d’identifier le problème est devenu le moyen de le résoudre!

    Afrique du Sud – Maisons ou logements

    Les habitants des bidonvilles qui ont déménagé dans de nouveaux lotissements n’étaient ni plus heureux ni en meilleure santé. La recherche a identifié un manque de communication entre les urbanistes, les responsables et les communautés; l’AC les a rapprochés, et le dialogue a non seulement permis de réorienter les investissements afin d’améliorer plutôt que de remplacer les maisons en mauvais état, mais a aussi développé les réseaux et les collaborations institutionnelles qui s’attaquent désormais à de nombreux autres problèmes urbains.

    Bénin – Le pouvoir d’une seule réunion…

    Un seul et unique symposium au Bénin sur les mères et les bébés a si bien démontré la nécessité de la collaboration entre les chercheurs, la société civile et les décideurs qu’elle influence l’élaboration des politiques de santé partout en Afrique de l’Ouest.

    Jamaïque – Mythes sur le tabac

    Dans un exemple intéressant de recherche de type «pull», des scientifiques ont identifié la «crainte de perte de revenus» comme étant un obstacle majeur à la politique de lutte antitabac par l’augmentation des prix. Grâce à une étude, ils ont trouvé le niveau d’imposition qui dissuaderait les fumeurs et augmenterait les revenus. Des mesures de lutte antitabac s’appuyant sur les prix ont immédiatement été mises en œuvre.

    Tanzanie – Influencer les politiques et les pratiques

    Les tentatives de généralisation nationale des interventions réussies en matière de santé sont rares. En Tanzanie, l’initiative «Legacy» du Tanzania Essential Health Intervention Project (TEHIP) décrit le rôle crucial que les centres zonaux de ressources en santé ont joué dans la réduction de la lourde charge de morbidité et la réalisation de l’OMD pour la santé d’ici 2015. Des présentations PowerPoint et des articles de presse ont suscité un regain d’intérêt et entraîné des changements.

    Guatemala – La fumée des autres

    Les efforts appuyés par la recherche pour l’interdiction de fumer dans les restaurants et les bars ont été vains pendant de nombreuses années jusqu’à ce qu’une équipe de recherche lance une campagne combinant utilisation des médias grand public et note d’orientation politique. Quelques mois plus tard, l’interdiction était en vigueur.

    Sénégal – Services médicaux

    La petite corruption a miné le système de santé pendant de nombreuses années, jusqu’à ce que Transparency International utilise des groupes de discussion, des entretiens et des observations pour établir les faits, puis frapper l’opinion publique avec les conclusions de son étude par le biais d’un rapport, d’un forum national, d’une campagne médiatique… et de bandes dessinées qui ont fait l’effet d’une bombe politique. À ce moment-là, la réforme a commencé.

    Afrique du Sud – L’eau

    La privatisation des services essentiels constituait déjà une orientation politique majeure avec une impulsion nationale, et quand les chercheurs ont identifié un risque pour la santé, ils ont dû faire face à de fortes résistances pour faire passer leur message. Ils ont dû utiliser chacun des outils d’AC décrits dans ce livre pour réussir, mais ils ont réussi et sont désormais les conseillers politiques du processus!

    Application globale des connaissances – Droits des femmes

    Les techniques et les avantages de l’AC ne sont pas toujours exploités par les projets de recherche spécifiques. Le CRDI du Canada les a utilisés pour tester des données informelles et a en même temps créé des réseaux, diffusé des concepts, développé des outils et valorisé les impacts globaux positifs, par exemple sur les droits des femmes.

    Sénégal – Des trieurs d’ordures aux acteurs politiques

    Le pouvoir des plateformes et des consultations avec les parties prenantes a été démontré par une municipalité à Dakar, avec un tel succès qu’il a permis aux ramasseurs d’ordures qui vivaient et souffraient à la fois d’une énorme décharge à ciel ouvert de se faire entendre dans un «Forum urbain mondial».

    Jakarta – Planification participative

    Une communauté des bidonvilles de Jakarta qui avait été expulsée de force parce qu’elle constituait une menace urbaine, est de retour avec des projets de «développement idéal» de l’espace, grâce à des exercices de planification participative et des partenariats avec les autres parties prenantes.

    Vietnam – Restructuration économique

    En impliquant les décideurs politiques dès le départ, une équipe de recherche au Vietnam a basé son travail sur les dilemmes politiques et les problèmes de fond, et a été nommée comme conseiller officiel du gouvernement. La relation est facilitée par un site Web, des notes d’orientation stratégiques et économiques et un atelier sur les politiques.

    Kenya – La vérité derrière les commissions de vérité

    Grâce aux méthodes d’AC qui ont permis de partager des données sur les commissions de vérité et de réconciliation, le travail effectué par une seule municipalité profite à tout un continent et apporte une contribution majeure à la consolidation de la paix dans le monde.

    Zambie – Mesurer l’équité?

    Un projet sur l’équité en santé a utilisé le théâtre et la vidéo pour impliquer les communautés et les inciter à réfléchir et à exprimer leurs principaux problèmes. Il a ensuite organisé un concours de représentations théâtrales pour délivrer un message fort de la base vers les acteurs nationaux, y compris les hauts responsables politiques. Les effets ont été aussi spectaculaires que le spectacle!

    Bolivie – Gestion des déchets

    En informant le public et les décideurs politiques de leurs stratégies de lutte contre la pollution et de prorecyclage, les autorités municipales ont obtenu une coopération maximale lorsqu’elles ont sollicité le soutien des résidants pour la gestion des déchets solides. Plusieurs formes d’implication et de partage des connaissances des chercheurs ont permis d’obtenir une coopération impressionnante de la communauté et des décideurs politiques.

    Le concept

    Connaissances:

    application et gestion

    La connaissance peut être comparée à un vin fin. Le chercheur la vinifie, le scientifique la met en bouteille dans du papier, les collègues la goûtent et émettent des critiques, le journal lui appose une étiquette, les systèmes d’archivage la rangent soigneusement dans un cellier. Merveilleux! Mais cela pose juste un petit problème: le vin n’est utile que si quelqu’un le boit. Le vin qui reste dans sa bouteille n’étanche pas la soif. L’AC débouche la bouteille, verse le vin dans un verre et le sert.

    Le chercheur peut confier cette étape du travail à un courtier, mais ne doit en aucun cas s’en remettre au hasard. En effet, cela signifierait s’en remettre à 24 000 journaux et plusieurs millions d’articles scientifiques. Quelles sont les probabilités pour que la bonne personne trouve vos publications… même en cherchant, et encore moins par hasard?

    Par conséquent, le véritable chercheur doit s’assurer que les connaissances continuent de vivre après leur publication; il doit savoir quelles, comment, où, quand et à qui les informations doivent être communiquées. La présente section explique comment procéder pour que les données probantes se traduisent en action, pour qu’il n’y ait pas d’écart entre le «savoir» et le «faire». C’est comme cela, et pas autrement, que la recherche pourra prétendre faire plus que produire des documents. Elle pourra atteindre un objectif.

    La plus grande connaissance ou découverte du monde est vaine si elle reste méconnue. Pour que la recherche ait un impact, elle doit être connue – et comprise – de ceux qui sont en position d’apporter des changements. Le moyen de la faire connaître et comprendre, afin qu’elle se traduise en action, s’appelle l’application des connaissances.

    1

    Application des connaissances

    INTRODUCTION

    L’ AC est le point de jonction entre deux processus fondamentalement différents: la recherche et l’action. Elle les relie… par des relations de communication. L’AC repose sur des partenariats, des collaborations et des contacts personnels entre les chercheurs et les utilisateurs de la recherche. En reliant la pureté de la science avec le pragmatisme de la politique générale, les valeurs immatérielles de la confiance, de bonnes relations et même de l’amitié peuvent s’avérer plus efficaces que la logique et plus contraignantes que les données scientifiques.

    Bien que le concept d’AC existe depuis des décennies, le Sommet des ministres de la Santé qui s’est tenu à Mexico en 2004 a été le premier à mettre vraiment l’accent sur l’écart mondial «savoir-faire». À une époque où nous connaissons tant de choses, pourquoi en mettons-nous si peu en pratique?

    Le Sommet a fait de ce problème une priorité, en demandant qu’il y ait une participation accrue du côté de la demande dans le processus de recherche, en mettant l’accent sur la transmission des connaissances afin de «faire participer les utilisateurs potentiels de la recherche à la fixation de priorités pour la recherche¹ et en insistant sur la nécessité d’une politique de santé «basée sur des données probantes».

    La déclaration a été faite avec enthousiasme, mais sans donner d’indications sur la manière de relier entre eux tous ces acteurs-clés dans la pratique.

    L’étude de cette question a débouché sur trois grands principes de base de l’AC:

    Connaissances. Les efforts de l’AC à tous les niveaux dépendent d’une base de connaissances solide, accessible et contextualisée.

    Dialogue. Les relations qui sont essentielles pour l’AC ne peuvent être entretenues que par un dialogue et des échanges réguliers.

    Compétences. Les chercheurs, les décideurs et les autres utilisateurs de la recherche ont besoin d’une base de compétences renforcée pour créer les opportunités qu’offre l’AC et y répondre.

    LES QUATRE MODÈLES D’AC

    Lavis et al. (2006) distinguent quatre modèles d’AC: «push», «pull», modèle d’échange et modèle intégré².

    Dans le modèle push, les connaissances du chercheur sont le principal catalyseur du changement, grâce à des outils présentés de manière attrayante (p. ex., des synthèses, des notes d’orientation, des vidéos) qui rendent les conclusions des chercheurs plus accessibles. Ces techniques tiennent compte du contexte et des pressions politiques, mais ce sont les décideurs qui reçoivent les informations. Les efforts du modèle «push» donnent aux décideurs des informations sur un sujet particulier.

    Dans le modèle pull les utilisateurs de la recherche sont les principaux moteurs de l’action. Les décideurs demandent les informations, les données probantes et les compétences d’évaluation de la recherche dont ils pensent avoir besoin.

    Le modèle d’échange (ou de liaison) repose sur des partenariats entre les chercheurs et les utilisateurs de la recherche qui collaborent pour leur bénéfice mutuel. Ces partenariats peuvent être à court ou long terme, se nouer à n’importe quel moment de la recherche ou de la conception de politiques et comporter des exercices de définition des priorités, des projets de recherche collaborative et créer des systèmes de connaissances (p. ex., des bases de données). Des courtiers en connaissances peuvent jouer un rôle crucial dans l’élaboration de ces stratégies.

    Enfin le modèle intégré s’appuie sur la Plateforme d’application des connaissances (PAC) émergente, qui est une institution au niveau national ou régional favorisant les liens et les échanges à l’intérieur d’un système (de santé). Équivalent institutionnel d’un courtier en connaissances, la PAC s’efforce de relier les besoins du processus d’élaboration de politiques avec les outils de recherche, ainsi que d’insuffler dans le dialogue public la compréhension des processus et des données probantes de la recherche. Elle peut contribuer à la création d’une base de connaissances facile à exploiter, organiser des discussions et des réunions, et proposer des formations régulières en renforcement des compétences.

    Même si nous étudierons en détail ces quatre modèles, nous nous intéresserons surtout au modèle «push», inspiré par des chercheurs souhaitant améliorer leur capacité à informer, à influencer et à participer à la mise en place de politiques et de pratiques. Le présent ouvrage s’appuie à la fois sur des sources universitaires (pour les concepts) et sur des exemples pratiques visant à les rendre opérationnels.

    L’APPLICATION DE LA RECHERCHE EN ACTION: FAIRE VIVRE LA RECHERCHE

    Des contextes différents exigent des stratégies différentes. Chaque chercheur, projet et organisation est unique. Par conséquent, les outils «push» choisis seront différents, ainsi que les opportunités de faciliter les efforts «push» et de créer des partenariats de liaison et d’échange. Ainsi, il se peut qu’une étude sur les modalités concurrentes de financement de la santé dans les zones rurales de Tanzanie soit facilitée par un «dialogue politique national» ou qu’une étude sur les traitements antirétroviraux en Afrique du Sud devienne un modèle de «pratique recommandée» innovante à l’intention des décideurs, des médias, des collectivités, des praticiens et des chercheurs.

    Les chercheurs ne sont pas seulement des agents de changement dans leur propre milieu, chacun d’entre eux fait également partie du public visé. Les liens et les échanges entre chercheurs peuvent faire partie des stratégies d’AC les plus solides.

    RESSOURCES

    National Collaborating Centre for Methods and Tools (2010). «Introduction to Evidence-Informed Decision Making», <http://learning.nccmt.ca/en/>, consulté le 26 septembre 2010.

    Canadian Institutes of Health Research Online Tutorial. «Introduction to Evidence-Informed Decision Making», <http://www.learning.cihr-irsc.gc.ca/course/view.php?id=10>, consulté le 26 septembre 2010.

    Straus, S., Tetroe, J. et Graham, I. D. (2009). Knowledge Translation in Health Care: Moving from Evidence to Practice, Hoboken, Wiley-Blackwell.

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1