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Iris Solemnis: Opus 2 en O majeur
Iris Solemnis: Opus 2 en O majeur
Iris Solemnis: Opus 2 en O majeur
Livre électronique220 pages3 heures

Iris Solemnis: Opus 2 en O majeur

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À propos de ce livre électronique

Iris est une dominatrice raffinée : trouvera-t-elle satisfaction auprès de ses soumis ?

Dominatrice affirmée, Iris exerce ses sévices et sa perversité bienveillante avec raffinement et élégance.
Toujours curieuse d'expériences inédites, elle tentera d'élargir de nouveaux champs du possible. Elle ira à la rencontre d'un autre postulant qui a su un temps capter son attention, alors que J., la jolie néophyte, viendra s'offrir à elle. Résistera-t-elle à ces tentations ? Y trouvera-t-elle toutes les satisfactions qu'elle en avait escomptées ?
Ces errements la ramèneront à son seul soumis véritable : son O, l'homme aimé, qui lui a fait don de tout son être. Elle tentera de le percer à jour, en l'entraînant toujours plus loin, pour scruter en son âme les désirs inavoués qu'elle pressent. Elle l'accompagnera dans la quête de lui-même, au risque de le perdre. Parviendra-t-elle à le mettre face à ses fantasmes et à lui révéler qui il est vraiment ?
La relation qu'entretiennent Iris et ses soumis montre ce que peut être la domination féminine, ses pratiques, cette complicité de tous les instants, le respect, l'empathie et l'amour qui la guident et la fondent.

Découvrez ce roman érotique : jeux, séduction et bondage seront au rendez-vous !
LangueFrançais
ÉditeurEx Aequo
Date de sortie11 déc. 2020
ISBN9791038800434
Iris Solemnis: Opus 2 en O majeur

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    Aperçu du livre

    Iris Solemnis - Julie-Anne de Sée

    cover.jpg

    Julie-Anne de Sée

    IRIS SOLEMNIS

    OPUS 2 EN O MAJEUR

    Roman

    ISBN : 979-10-388-0043-4

    Collection : ALCÔVE

    ISSN : 2678-2553

    Dépôt légal : novembre 2020

    © couverture Vera Mar pour Ex Æquo

    © 2020 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays. Toute modification interdite

    Éditions Ex Æquo

    6 rue des Sybilles

    88370 Plombières Les Bains

    www.editions-exaequo.com

    La vie met parfois sur notre chemin des êtres rares,

    avec lesquels, enfin, l’âme fusionne.

    Elle devient plus ample, plus lumineuse.

    Elle ressemble alors à un roman

    dont chaque chapitre s’écrit à quatre mains.

    J-A

    Préface

    « Une histoire de domination et de soumission se tisse avant tout dans les liens d’une relation humaine authentique. »

    C’est ce qu’écrit Julie-Anne de Sée dans cette œuvre au goût charnel et envoûtant.

    Et c’est ce que vous lirez le long des pages de cette Iris flamboyante et Ô combien Femme.

    Vous converserez avec son fouet, et selon vos affinités, votre bras aura envie de le prendre, ou bien votre corps en tremblera de plaisir.

    Tout comme O. Son amant, son soumis, son amour.

    Sans oublier Arthur, celui qui s’imagine que… ni la mystérieuse J., follement amoureuse de… et un quatrième qui s’invite à la fin, à la fête des sens et offrira un tournant, qui peut-être…

    Vous vibrerez au son des peaux cinglées, caressées, embrassées, adorées.

    Vous serez le trou de la serrure ; vous regarderez avec gourmandise et convoitise ce qui se passe derrière la porte. Vous aurez le souffle coupé, la respiration hachée, vous vous lécherez vos lèvres, vos dents les mordilleront. Vous comprendrez alors la vénération que suscite cette Iris à la main sûre et au cœur d’or. Et, selon qui vous êtes, vous aurez envie d’être à sa place ou à celle de ceux qui baisent ses pieds.

    La soumission et la domination sont les maîtres de ces lignes aux mots enflammés, à l’imparfait du subjonctif qui subjugue, à la perfection de la langue, au savoir-écrire.

    Je ne peux que vous souhaiter d’avoir chaud.

    Belle lecture à vous.

    Jeanne Malysa

    Avertissement

    Cette histoire et ses personnages n’existent que dans l’imagination de l’autrice.

    Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite, fruit d’un hasard qui, comme chacun sait, est souvent facétieux.

    Julie-Anne de Sée.

    Paris, août 2020

    PRÉLUDE :

    L’après-midi d’un Faune

    Il aurait adoré qu’Iris fût plus intrusive. Il aurait aimé des questions qu’elle s’abstenait d’amener, comme pour déjà le frustrer. Elle retenait les propos qui eussent entraîné des confidences, des aveux qu’elle ne voulait pas encore entendre. Il osait donc parfois prendre les devants. L’initiative de quelque galanterie qui, déposée ailleurs, aurait pu sembler déplacée. Ainsi, il lâchait des petites phrases, espérant sans doute la provoquer afin qu’elle s’offusquât, que cela provoquât son ire de Dominatrice. Au détour d’un échange où il était question d’un sujet sérieux dont ils discutaient un jour, il écrivit :

    « Je suis bavard, mais j’aime être nu. À genoux, entre les cuisses de mon interlocutrice. La qualité de la discussion peut ainsi en être intensifiée. ».

    Plus tard il lui avoua :

    — Je suis assez exhibitionniste. S’il vous venait à l’idée de faire de moi un homme à votre botte, je suis tout prêt à mettre cette tendance en pratique. Cela nous permettrait de vérifier dans « la vraie vie » si cela peut fonctionner pour vous inspirer certains sévices.

    Ou bien il se plaignait, geignait, faisait mine de gémir, exhalait des soupirs à faire flancher Ulysse afin, du moins l’espérait-il, de la pousser dans ses ultimes retranchements :

    — Vous êtes décidément experte en frustration !

    Plus tard, il faisait l’âne pour avoir du son en toute hypocrisie quand elle le menaçait d’une punition de la plus extrême sévérité pour avoir outrepassé certaines limites :

    — Vraiment ? Je serai puni ? Quelle horreur !

    À moins qu’il ne tentât en la faisant rire de susciter sa pitié pour la retenir encore, tandis qu’il était dans un train qui l’emportait vers une lointaine province, le distançant d’elle malgré tout :

    — Ce soir, je serai solitaire et malheureux dans ma chambre d’hôtel, si éloigné de vous.

    Depuis presque un mois qu’ils bavardaient des heures durant sur une messagerie instantanée, une complicité d’esprit vite ambiguë s’était installée. Il la savait dominatrice, ce qui l’avait attiré. Elle avait vite compris qu’il orientait souvent son discours laissant entendre qu’il se prenait à rêver des châtiments qu’elle pourrait lui infliger. Si un jour… ? Il quêtait, semblait se raviser, sans qu’elle y crût, puis, faisait brusquement marche arrière en invoquant une « amitié sémantique » — pour le coup, elle était en effet lourde de sens ! — pour qualifier le lien qui se nouait peu à peu. Sans qu’ils ne se soient jamais rencontrés. Assez tôt, il en avait exprimé le désir. Elle avait délibérément reporté à un hypothétique « bientôt », jouant sur cette spoliation qu’elle imposait de fait, mais aussi toute première affirmation tacite de l’ascendant qu’elle savait exercer déjà sur lui.

    Comment cet inconnu avait-il su capter l’attention d’Iris au point d’entretenir quotidiennement des conversations auxquelles elle prenait un certain plaisir ? Elle guettait le petit jingle à l’unique note annonciateur de la connexion établie, mais sans rien lui en laisser percevoir. Elle attendait qu’il prît l’initiative du premier échange. Elle avait parfois cru deviner au détour d’une phrase à l’allure anodine des froissements, des déchirures peut-être, des fêlures, des égarements, des cicatrices vives encore dans les replis d’une âme en quête d’un ailleurs ou du moins, d’un retour à une condition ardemment espérée. La curiosité, en premier lieu, l’avait poussée à le découvrir plus avant. Ce n’était pas très difficile à l’heure des réseaux sociaux sur lesquels il se dévoilait avec une apparente et déconcertante impudeur, une provocation délibérée teintée d’un humour qui la faisait parfois sourire. Elle avait alors eu la surprise de constater que l’homme non seulement était avenant, mais encore qu’il paraissait avoir la tête assez bien faite.

    Elle était sans cesse sollicitée par de nombreux mâles en quête d’une Maîtresse. Les messages qu’elle recevait étaient tous d’une affligeante indigence, tant dans leur fond que leur forme. Les rédacteurs jugeaient (trop) souvent bon d’accompagner leur texte de photos montrant crûment ce qu’ils devaient s’imaginer être une présentation tout à leur avantage. Un ramassis de selfies plus ou moins pornos, plus risibles et attristants que tentants. Sur des clichés parfois flous ou tremblés, des messieurs d’âges divers avaient pris la pose, collier et chaîne au cou, à quatre pattes, la queue emprisonnée dans une cage de chasteté ou bien prise en gros plan, érigée et affichant cinquante nuances de rose, du plus clair au plus sombre. Elle aurait pu se constituer le bêtisier des masos, le codex des vits en rut, l’inventaire des paraphilies souhaitées, le menu des sévices attendus, le répertoire des tortures désirées, la liste des courses du soumis au supermarché des potentielles dominas. Un air du catalogue version hard et masculine :

     « Madamina, il catalogo è questo, (…) osservate, leggete con me{1}. » Ainsi, certains énonçaient sans ambages une énumération commençant souvent par : « J’aime être… » selon les cas : « fouetté, humilié, giflé, brûlé (avec cigarette précisait l’impétrant) griffé, étouffé, traité en esclave. » Ou, variante : « J’aime que l’on… » : « me marche dessus, m’écrase les couilles/le visage du talon/de la semelle, me perce aux aiguilles… Tout en étant à vos pieds, Maîtresse vénérée »… Elle souriait, c’était parfois naïf et touchant quand une offre graveleuse de mauvais aloi ne primait pas. Comment et pourquoi ces inconnus jetaient-ils ces bouteilles à la toile à l’adresse d’une tout aussi inconnue, en imaginant que le zoom sur leur bite susciterait son intérêt ?

    Jusqu’à ce qu’Arthur Faune apparût au milieu de tout ce fatras. Elle avait été plutôt agréablement surprise de la qualité de la rédaction qui tranchait avec les autres pitoyables missives. Pas de photo en guise de devanture, mais après qu’elle eut répondu une première fois, des échanges vrais l’avaient amenée à poursuivre, instaurant un dialogue qui devint rapidement régulier. Elle s’était prise au jeu de ces messages rapides, qui ne laissaient aucune place à l’absence de spontanéité et les entraînaient parfois tard dans la nuit. Elle attendait le moment où Arthur se connectait. Le pseudo, lui aussi, l’avait amusée. L’allusion à Rimbaud était transparente, tout comme celle au demi-dieu romain. Elle sut le mettre en confiance, ce fut réciproque. Au fil des jours, il dévoila son intime, sa personnalité en des confessions, qui, venues d’un autre, auraient été incongrues, mais qu’elle reçut avec bienveillance, respect et attention. Elle ne lui cela pas non plus, à mots égrenés avec douceur, qu’elle avait un soumis qu’elle aimait passionnément, mais avec lequel elle avait momentanément pris quelques distances.

    Arthur avait exprimé son besoin de soumission, quasi viscéral, chevillé au corps et à l’âme. Il se définissait comme un « docile », préférant ce vocable qui lui correspondait davantage à celui de « soumis ». En revanche, il ne l’avait pas vraiment ni franchement sollicitée pour qu’elle devînt celle qui le dominerait. Physiquement du moins, car c’était bien plus subtil. Pudeur ? Retenue ? Peur de se tromper ? Lorsqu’il était en déplacement et se trouvait contraint à la solitude, il regagnait rapidement sa chambre d’hôtel, entamait le dialogue, se livrant à elle, déposant à ses pieds symboliquement les trop-pleins de son esprit qui se tourmentait et qu’elle tentait d’apaiser. Il ne taisait rien de ses désirs enfouis, de ses fantasmes fous d’enfermement. Elle lui fit détailler ce qu’elle appelait son fantasme, ce qu’il démentit.

    Il avait par le passé véritablement vécu de telles expériences et il aspirait à les réitérer, car il en éprouvait cruellement le manque. Elle crut entrevoir, dans la façon dont il l’exprima, une plaie peut-être vive encore et qui pourrait bien se remettre à saigner. Elle le laissa donc poursuivre, sans poser d’inutiles questions. Il était alors très jeune, expliqua-t-il et avait eu brutalement peur de lui-même, des dépassements dangereux de limites souhaitées et imposées. Dans le même temps, il avait été heureux, car il avait été traité par une femme comme l’esclave qu’il était resté, en sommeil, et qui désirait ardemment l’être à nouveau. Il précisa qu’il n’avait jamais livré à quiconque l’aveu de cette épreuve, pas plus que son aspiration présente. Elle seule dorénavant en était détentrice.

    Iris se sentit flattée de savoir qu’il l’avait choisie pour s’épancher, confiant déjà en elle. Elle fut frappée par la violence du ressenti de manque qu’il éprouvait, à en avoir mal, elle le devinait. En manque de soumission comme on peut l’être d’une drogue dure, d’esclavage, d’abnégation, sans savoir encore aux pieds de qui déposer ce fardeau trop lourd dont il éprouvait à présent la nécessité de se délester. Il rêvait de claustration, de cave sombre, de réclusion. Il le ressentait comme la privation d’un temps de vie, et dans le scénario qu’il élaborait lorsque son esprit s’enfiévrait, seule celle qui en détiendrait la clé, celle qui continuait à vivre en dehors de lui, viendrait l’en extraire, selon son bon vouloir. Surprise d’une telle appétence, elle lui fit remarquer que la liberté pleine et entière devait, à ses yeux, circuler entre un docile et celle qu’il aimait appeler sa « propriétaire ».

    D’ailleurs, elle-même était farouchement libre et indépendante. Il lui avoua alors combien elle le faisait rêver, et que, justement, il ne pourrait s’attacher qu’à une femme très affranchie et surtout, très libre. Peu importait qu’il y eût déjà un autre soumis à ses pieds, cela ne le rendrait que plus heureux. Cette pensée, ajoutait-il, le faisait frissonner, lui picotait agréablement l’échine. Il ajouta le plus naturellement du monde qu’il lui écrivait en étant couché, nu sur son lit. Ce faisant, il se caressait. Si un autre avait formulé cette déclaration, elle aurait pu en être agacée, mais elle la reçut, attentive et amicale, prête à susciter par les mots choisis qu’elle lui destinait de quoi le mener doucement, mais sûrement à une jouissance aussi libératrice que lénifiante. Elle veillait toutefois à exacerber l’attente des réponses qu’elle lui apportait. Elle savait déjà combien la frustration, l’attente, sans savoir si le dialogue avait tourné court, si elle était contrariée, lui étaient un plaisir qui le comblait. Ce qu’il confirma sans le savoir, car pour lui, les deux plus grands bonheurs du docile étaient l’attente et… la frustration. Attendre derrière une porte d’entrée le retour de sa « propriétaire » lui procurait une sensation de libération, une forme de méditation au cours de laquelle toute pensée parasite s’envolait au profit de la seule image de celle qui franchirait le seuil en fond d’écran de son esprit. Le temps s’abolissait, l’âme s’apaisait, seule comptait cette espérance, quelle qu’en soit la durée devenue superflue. Pour que cet abandon soit total, il lui importait d’être nu. Désencombré de toute entrave vestimentaire pour mieux jouir du double sentiment de la reddition de soi à l’autre et celui d’avoir été délaissé tout en sachant que l’on sera « repris ».

    Iris souriait en accueillant ses lignes parce qu’elle l’avait amené à ces épanchements très intimes, à nulle autre jamais dévoilés, avait-il encore précisé, si tant est qu’il ne mentît pas. Elle pressentait toutefois toute l’emprise qu’elle pourrait exercer sur lui. Elle savait aussi qu’Arthur pourrait à son tour la pousser dans certains de ses retranchements, voire l’amener à dépasser des limitations qu’elle conservait encore, ensevelies en elle. Elle soufflait alors délibérément le chaud et le froid, lui laissant entendre que l’un comme l’autre pourrait voir ses espoirs s’éteindre lors d’une rencontre qu’à présent ils souhaitaient tous deux. Elle tenta de la repousser encore, se faisant ainsi violence à elle-même, puisqu’elle souhaitait maintenant voir, — dévorée de curiosité — sentir, ressentir en étant à l’écoute, toute son intuition et ses sens en alerte, cet homme qui avait réussi à l’émouvoir, à remuer en elle des émotions, des désirs, fussent-ils les plus sombres. Aussi, quand il lui proposa une date très proche, elle ne résista pas davantage. Il lui laissa le choix du lieu, de l’horaire, docilité obligeait. Il viendrait à elle, plein d’espoirs dans son désir de déposer sa dévotion à ses pieds. Elle commençait à songer qu’elle pourrait peut-être bien accueillir ce don qu’il lui ferait de lui-même. Elle avait envie à présent de cette responsabilité nouvelle. Si leurs yeux savaient se parler, au-delà de tous les mots qu’ils prononceraient. Le regard, avec tout l’implicite dont il peut être porteur, et dans celui de l’autre renvoyé en miroir, était une voie ouverte à la lecture tacite de l’autre, de ses émotions. Elle ignorait encore que déjà, il l’avait « choisie » parce qu’il avait l’intuition qu’elle était tout simplement celle qu’il avait si longtemps attendue. Et que ce choix, plus tard, allait révéler un ego boursouflé qu’elle n’apprécierait pas, mais qu’elle n’avait pas décelé…

    Le matin même de leur rendez-vous, Arthur lui redit sa hâte, qu’Iris tenta à nouveau de tempérer. Elle lui rappela qu’il pourrait tout aussi bien réaliser qu’elle ne correspondait pas à ce qu’il espérait, tout comme elle se réservait la possibilité de le repousser. Il balaya l’argument en lui suggérant qu’ils pourraient avancer l’heure prévue de leur rencontre et ainsi, prendre le temps de déjeuner ensemble, bavarder plus longuement. Ils avaient tant à se dire. Avait-il su deviner qu’elle attendait cette proposition ? Qu’elle voulait maintenant le voir, le toucher ? Elle s’abstint de poser la question et répondit que l’idée lui semblait excellente. Qu’il l’appelle afin de fixer leur nouveau rendez-vous. S’ils avaient échangé quelques textos, jamais encore ils ne s’étaient parlé. Quelques minutes plus tard, son téléphone sonna. Elle décrocha, un sourire aux lèvres qu’il dut percevoir dans le simple « Bonjour Arthur » qu’elle lui adressa. Il y eut un très court silence, puis :

    — Votre voix est douce…

    Dans ces quelques mots, elle distingua comme un apaisement, une confirmation. Elle proposa ce petit restaurant italien, de l’autre côté de sa rue. Il acquiesça, réitérant sa hâte et le plaisir qu’il aurait à la rencontrer enfin. Elle avait encore au visage un sourire lorsqu’elle raccrocha, puis, elle se précipita dans sa salle de bain. Elle n’aurait pas trop de temps pour laver ses longs cheveux, se maquiller et s’habiller pour le rejoindre. Elle opta pour un simple jean gris, un chemisier blanc au décolleté flatteur, des sandales à talons hauts et un voile de son parfum. Un Guerlain un peu lourd. Un dernier coup d’œil au miroir, elle attrapa son sac et sortit, refermant la porte de son appartement où elle songea qu’elle pourrait peut-être le faire entrer, plus tard. Ou bientôt ? Ou pas.

    Elle arriva la première. Elle en fut satisfaite, ainsi, ce serait elle qui aurait tout le loisir de le voir venir. Elle put choisir la petite table en terrasse qui leur permettrait une relative intimité, sans être gênés par les conversations des autres convives qui n’entendraient pas la leur. Il faisait chaud en ce beau jour estival. À cette heure méridienne, de nombreux passants allaient et venaient en tous sens. Toutefois, quand il apparut parmi tous ces gens, elle le reconnut au premier coup d’œil. Lui aussi. Sans aucune hésitation, il s’avança vers elle, un large sourire aux lèvres, cherchant de

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