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À l'ombre du châtaignier
À l'ombre du châtaignier
À l'ombre du châtaignier
Livre électronique309 pages3 heures

À l'ombre du châtaignier

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À propos de ce livre électronique

Suite au décès de son fils, Maria Saveria appelle à la vendetta. Cette vengeance ancestrale typique à la Corse entraînera toute sa famille vers des évènements qui la chambouleront à jamais.

À travers le drame de cette famille corse, alternant entre le passé et le présent sur une période de 60 ans, se dévoilent peu à peu les secrets des protagonistes. Les émotions sont vives, les blessures profondes, mais la famille est solidement soudée. Accepteront-ils toutefois d’aller de l’avant avec la vendetta ? Réussiront-ils à se venger ? L’unité familiale survivra-t-elle à cette terrible infortune ? Parviendront-ils à découvrir la vérité ? Jusqu’où sont-ils prêts à aller pour retrouver leur vie ?

Tant d’interrogations sur lesquelles repose leur futur.
LangueFrançais
Date de sortie20 août 2021
ISBN9782897755089
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    Aperçu du livre

    À l'ombre du châtaignier - Maryse Boisvert

    Préface

    En 2016, alors que j’étais en rédaction pour mon livre « La Solitude, une rencontre avec soi », j’ai affiché un message sur les média sociaux pour recueillir des poèmes qui pourraient éventuellement être publiés dans mon ouvrage. C’est ainsi que j’ai eu mon premier contact avec Maryse qui m’avait soumis son texte. Il était si incroyable que je lui ai immédiatement demandé de collaborer avec moi, ce qu’elle a fait avec brio de même que pour les suivants. Je suis très heureux qu’elle se soit décidée à rédiger son premier roman.

    J’ai été séduit par son style d’écriture, cette façon qui lui est propre de décrire les lieux et les ambiances, qui nous fait sentir sur place, au cœur du roman. En le lisant, je me sens plus qu’un simple spectateur, j’ai l’impression d’être aux premières loges d’une intrigue qui me donne sans cesse l’envie d’aller plus loin, de connaître la suite.

    Maryse a su créer des personnages attachants, hauts en couleur qui se retrouvent tour à tour sous le feu des projecteurs. Elle nous entraîne dans un monde riche en détails et en émotions, soulignant des valeurs profondes et vraies, campé dans des paysages qui font rêver.

    À l’ombre du châtaignier est un excellent roman qui nous immerge dans la Corse profonde avec une intrigue bien ficelée. Un must à lire ! Une nouvelle auteure à découvrir !

    Bonne lecture !

    Marc Gervais,

    Conférencier, auteur de neuf livres à succès

    https://marcgervais.com/

    Préambule

    Mon histoire d’amour avec la Corse a débuté en janvier 2010 lors de mon premier séjour. J’ai eu le bonheur de découvrir non seulement des paysages fantastiques qui me ressourçaient, mais aussi une culture, une gastronomie et un accueil hors pair. Je m’y suis fait des amis qui sont une deuxième famille pour moi. C’est avec ma plus profonde admiration et le plus grand des respects que je me suis plongée dans cet univers et que j’ai créé cette famille plus vraie, plus unie que nature avec des personnages que je trouve particulièrement attachants.

    Mais pourquoi aborder la vendetta comme thème ? Adolescente, j’ai été influencée par la nouvelle Une Vendetta de Guy de Maupassant qui m’a fortement marquée. Je me suis dès lors demandé s’il était possible d’avoir une histoire qui se terminerait différemment que dans la réalité.

    Cette histoire ne relate aucun fait réel et a été totalement inventée. Même si les noms sont originaires de l’île pour un certain réalisme, ils n’ont aucune relation avec des personnes vivantes ou ayant vécu, car tous les personnages sont fictifs.

    Chapitre 1 - L’appel

    Corse, septembre 2019

    « Vendetta ! » Le mot que prononça la mère éplorée glaça le sang de ses proches. Pendant un court instant qui sembla pourtant une éternité, son frère, sa sœur et ses deux neveux la regardèrent comme si elle venait de perdre l’esprit. Bien que prononcé à voix basse, le ton glacial et meurtri ne pouvait prêter à confusion, sur le parvis du Palais de Justice, Maria Saveria appelait, comme des milliers de femmes corses avant elle, à la vengeance : le sang par le sang. Sa mâchoire était crispée, ses molaires étaient fermement pressées les unes contre les autres et sa respiration s’accéléra pendant le silence qui suivit. La tension était palpable, voire insoutenable, et Maria Saveria les scruta tous lourdement, implorant tout à la fois une réponse et leur reprochant du regard leur manque de réactivité.

    Sa sœur Letizia l’entoura de ses bras, se voulant rassurante pendant l’épreuve, tout en tentant de la raisonner. D’une voix douce, elle s’adressa à elle :

    — Je te comprends, ma chérie… Je ne sais pas comment je réagirais si je perdais l’un de mes enfants, mais… ça… c’est trop… tu le sais…

    Les paroles déjà fort hésitantes s’estompèrent en observant les yeux noirs, furieux, de sa sœur aînée. Toute parole était vaine. Il faudrait que l’orage intérieur se calme avant une nouvelle tentative. Tous s’observèrent en silence, redoutant les implications de cette coutume séculaire. La vendetta avait autrefois décimé des familles, des clans, des villages, ruiné des réputations si elle n’était pas exécutée, créé des bandits d’honneur, forcé des familles entières à l’exil. C’était néanmoins une autre époque, d’autres mœurs, les valeurs, bien qu’encore intrinsèques et profondes, avaient évolué. La période où Prosper Mérimée avait écrit « Colomba » était révolue. L’injustice sévissait toujours, certes, mais on n’appelait désormais plus à la vengeance. Le peuple descendait maintenant dans les rues pour des manifestations afin de protester contre les sentences injustes, souvent celles associées à la cause nationaliste, mais la vie d’un homme et celle de son assassin ne soulèveraient sûrement pas assez de vagues pour un tel mouvement. Cela serait relégué à un vulgaire fait divers, laissant par le fait même un goût amer à la famille. Dans quelques jours, le procès tomberait dans l’oubli, les tenants et aboutissants également, chacun demeurant avec sa peine et son chagrin et l’histoire deviendrait un ragot que l’on entendrait parfois, au milieu d’autres, pendant une soirée arrosée. Toutefois, Maria Saveria refusait que le nom de son fils adoré soit associé d’une quelconque façon à une minable anecdote dont certains feraient les gorges chaudes, surtout derrière son dos.

    — Tu tiens vraiment à déclencher une… une vendetta… enchaîna son frère, ne pouvant s’empêcher de baisser le ton, presque à murmurer le dernier mot, ce terme maudit et tabou. Il soutint le regard de sa sœur, réalisant la force de sa détermination. Mon Dieu, tu es sérieuse…

    Roccu baissa les yeux distraitement vers ses chaussures, il ne savait que trop que la requête de sa sœur s’adressait à lui de même qu’à son fils Larenzu et son neveu Samperu. Du bout du pied, il envoya balader un caillou, sa façon à lui de chasser momentanément la décision à prendre, car c’était envers eux que Maria invoquait leur devoir de justice puisque celle, officielle, se montrait trop clémente aux yeux de n’importe quelle mère. On ne pouvait toutefois qualifier le juge de laxiste, il avait appliqué la sentence comme prescrit par la loi. Cependant, pour toute mère qui perdait un enfant, ce qui ne se terminait pas par la prison à perpétuité, cela représentait par conséquent un affront à l’honneur et à sa douloureuse perte. Elle déplorait même que la condamnation à mort ne soit plus en vigueur comme châtiment, ce qui aurait au moins soulagé sa propre détresse.

    Son neveu Samperu, le fils aîné de Letizia, fit une nouvelle tentative d’apaisement, jouant le tout pour le tout.

    — Allons prier, tata Maria, pour lui… se disant qu’elle ne pourrait refuser cette invitation pour le salut de son fils, mais c’était insuffisant pour faire baisser la garde de cette lionne brisée par le chagrin.

    — Non ! Je n’ai pas envie ! Ce ne sont pas des prières dont j’ai besoin ! Je veux qu’on me rende mon fils ! lui répondit-elle sèchement, sifflant les mots dédaigneusement avec force, telle une vipère qui cracherait son venin. Son corps déjà raidi par la tension se contracta davantage et ses pieds s’ancrèrent au sol pour montrer sa ferme détermination. Tout son être respirait son courroux tant elle fulminait.

    Toutefois, Samperu ne s’avoua pas vaincu et s’approcha d’elle avec tendresse, la considérant comme un animal blessé, ce qu’elle était en ce moment. Aussi féroce qu’un sanglier qui défend ses petits, Maria Saveria n’avait jamais été une douce colombe et l’était encore moins en cet instant.

    — C’est pour lui qu’on doit prier, pour lui rendre hommage, pour le repos de son âme… tu ne peux lui refuser nos prières.

    Le ton, les mots, le souvenir de son fils eurent raison de son obstination et elle baissa les yeux faisant ainsi signe d’obtempérer. La mère endeuillée ne put ainsi voir le soulagement dans le regard de ses proches.

    Sans dire un mot, Samperu prit le bras de sa tante en insistant, l’entraînant légèrement contre son gré en direction de l’oratoire de l’Immaculée Conception. Ils descendirent lentement les marches et prirent le boulevard Paoli. Larenzu s’était joint à son cousin pour prendre l’autre bras de sa tante qui tenait à peine sur ses jambes. Seule sa volonté immuable la faisait encore avancer, laissant Letizia quelques pas derrière avec Roccu, discutant de la sentence en chuchotant.

    — Crois-tu que le juge aurait pu être plus sévère si Anghiulinu¹ n’avait pas été Corse ? lui demanda Letizia avec curiosité, s’interrogeant à savoir si l’impartialité du juge était faussée par leurs origines. La sagesse de son frère lui avait toujours plu, il avait cette façon de penser et réfléchir qui n’était pas le fait de l’éducation, de l’apprentissage ; c’était plutôt inné, l’expérience qui s’acquiert au contact de la nature et des humains.

    — Tout est possible cara², mais il n’y a pas eu préméditation. Le juge semble avoir fait preuve de probité, mais cela peut être aussi de l’indifférence…

    Dans un soupir, il avait exprimé ses doutes en termes clairs et concis. Puisque le système de justice français montrait parfois des incohérences latentes qui lassaient le peuple un peu plus chaque jour, il devenait difficile de se faire une idée juste. Letizia hocha la tête, comprenant parfaitement la pensée de son frère, et ils coupèrent par les ruelles afin de rejoindre la rue Fontaine-Neuve puis la rue Napoléon. Roccu hésita sur le parvis, admirant la façade baroque et la mosaïque de galets qui formait un magnifique soleil, espérant qu’il s’agissait d’un signe positif qui aiderait leur famille.

    Le clan Salvarelli se signa à l’entrée, reproduisant un geste maintes fois exécuté en pénétrant dans un lieu saint. La fraîcheur de l’endroit créait un heureux contraste avec la chaleur qui régnait à Bastia en cet après-midi de septembre. Néanmoins, pour tous, excepté Maria Saveria, le froid avait été jeté bien avant d’entrer dans le sanctuaire de paix.

    L’intérieur de l’oratoire du 17e siècle était orné de damas de soie, là où le petit groupe s’agenouilla devant le retable du maître-autel pour prier. Depuis la mort de son fils, Maria Saveria passait de la colère au réconfort puis au désespoir envers Dieu avant de recommencer chaque cycle. Elle souffrait tant dans son cœur, son âme et sa chair que ses démons intérieurs ne lui accordaient guère de répit.

    Samperu ignorait dans quelle disposition exacte se trouvait sa tante quand il avait pris cette initiative, mais se doutant qu’elle devait être au plus mal, il n’avait pris aucun risque ; l’église lui permettait de gagner du temps, un précieux moment de réflexion. Ce qu’elle demandait était cinglé et ne laissait pas d’alternative pour rétablir sa déchirante perte. Que pouvait-il faire ? Se constituer volontairement prisonnier afin de buter l’assassin ? Samperu se doutait bien que s’il procédait ainsi, il devrait terminer ses jours en prison et l’idée ne l’enchantait pas du tout. Buter le meurtrier avant qu’il ne parvienne à la prison ? Pour ensuite espérer échapper à la justice en prenant perpétuellement le maquis à la suite de son crime ? Cela ne faisait pas partie de ses plans pour son futur non plus. Il se demandait même si sa tante Maria n’avait pas perdu la tête pour vouloir tous les hypothéquer ainsi afin d’atténuer sa détresse. Ainsi, il pria pour le salut de l’âme de son cousin, afin que Dieu apporte le réconfort à sa tante et la sagesse à son clan.

    Chapitre 2 - Le clan Salvarelli

    Corse, années 1960

    Originaire de Balagne³, Niculaiu Salvarelli avait épousé une fille du sud, Maria Stella Vitalli, une descendante d’une ancienne famille de Sartène⁴. Si les origines de la jeune fille étaient anciennes, les Vitalli n’en étaient pas plus argentés pour autant et, du nom, ne restait désormais que l’honneur et peu de propriétés. Lors du mariage de sa cousine Benidetta à Corte, Maria Stella remarqua ce bel homme aux cheveux châtains dont elle s’éprit immédiatement, séduite par sa prestance, ses belles manières et la bonté qu’elle lisait dans son regard. Charmée, elle l’avait furtivement observé tout le temps de l’office, marmonnant les réponses en litanies sans réelle conviction, tout absorbée qu’elle était par sa récente admiration envers le bel inconnu.

    Niculaiu, qui était un ami proche du marié, remarqua tout de suite la jolie brunette dont les courbes naissantes laissaient présager une belle femme en devenir. Dès la fin de la cérémonie, il s’approcha d’elle, autant qu’il le put, sur le parvis de l’église. Il tenait à savoir si elle était aussi aimable que magnifique. Avec discrétion, il l’écouta parler à sa parenté, et le ton doux de sa voix l’enchantait. Aucun mot désobligeant ou insipide ne sortait de sa bouche ; au contraire, ses paroles se voulaient aimables, bienveillantes et délicates, parfois certes un peu moqueuses, mais jamais acerbes. Il devinait une personnalité attachante et de toute évidence une femme tendre qui ferait sûrement son bonheur.

    Mais comme il était coutume de ne pas aborder directement une jeune femme et que la drague ne faisait pas partie des mœurs, il se fit officiellement présenter par Francescu, le marié. Niculaiu engagea immédiatement, mais avec tact et bienséance, la conversation avec la jeune femme.

    — Vous êtes la cousine germaine de Benidetta, c’est bien ça ? Je ne l’ai rencontrée qu’à quelques occasions, mais elle est tout à fait charmante. Je crois qu’elle et Francescu seront très heureux ensemble. Il suffit de voir à quel point leur complicité est forte.

    Maria Stella lui sourit, ravie qu’il se soit débrouillé pour lui parler, et l’observa avec réserve à travers ses longs cils. Sa voix était grave, paisible, avec des accents chantants, et la jeune femme se dit qu’elle pourrait facilement l’écouter pendant des heures. Les sujets s’enchaînaient de façon conviviale, les futurs tourtereaux cherchant à connaître leurs intérêts, passions, qualités tout comme leurs défauts.

    Niculaiu se montrait attentif, réservé et prudent. Il ne souhaitait pas effaroucher sa belle ni se mettre sa famille à dos ; au contraire, il espérait pouvoir les convaincre qu’il serait un bon parti. Bien que la tradition insulaire de l’attacar⁵ fut depuis longtemps révolue, alors qu’un simple geste pouvait provoquer le déshonneur d’une femme, il n’en demeurait pas moins qu’il devait la courtiser sans même effleurer sa main. Elle faisait naître en lui des sentiments puissants, il avait envie de la posséder et de la protéger tout à la fois. S’il ne se retenait pas, il l’aurait volontiers enlevée sur-le-champ, en se passant de l’approbation des parents, tant son inclination était violente.

    Il l’invita plutôt à danser, aimant la savoir ainsi près de lui et avoir toute son attention, captivé tant par l’expression de son visage que par ses yeux vifs. Complètement sous le charme, il lui susurra :

    — Accepteriez-vous que je vous fasse la cour avec la bénédiction de vos parents ? Et voyant la mine réjouie de Maria Stella, Niculaiu se précipita pour demander au père de la demoiselle, la permission de la courtiser officiellement, en tout bien tout honneur.

    Battistu Vitalli faillit s’étouffer lorsque la demande lui fut présentée et il lui fallut de nombreuses minutes pour parvenir à une réponse qui laissa Niculaiu perplexe.

    — Je donnerai ma réponse lundi. Et comme le jeune éconduit allait tenter d’argumenter, le Vitalli leva la main en le fixant, lui faisant comprendre que sa décision était prise et sans appel. Basta⁶, ajouta-t-il, lui signifiant qu’il ne devait pas insister.

    Ce furent sûrement les quarante-huit heures les plus longues de l’existence du jeune homme qui attendit avec impatience la réponse du père de sa dulcinée. Il savait que ce dernier prendrait des renseignements sur lui et sa famille avant de donner sa réponse. Tout ce que Niculaiu espérait, c’était que rien ne vienne entraver son projet. La réponse fut positive et il put finalement courtiser Maria Stella comme il l’avait souhaité. Il savait dès lors qu’il la voulait comme épouse, mais il tenait à ce qu’elle soit aussi assurée dans ses sentiments qu’il l’était.

    Puisque le

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