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Lykanthropia - Tome 2: Rome s'est défaite en un jour.
Lykanthropia - Tome 2: Rome s'est défaite en un jour.
Lykanthropia - Tome 2: Rome s'est défaite en un jour.
Livre électronique462 pages7 heures

Lykanthropia - Tome 2: Rome s'est défaite en un jour.

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À propos de ce livre électronique

Alors que Gaïus est déterminé à venger la mort de son ami et doit choisir définitivement son camp, Marcus apprend la vérité sur leurs origines et part à la recherche de réponses...

53 Av J. C. – Jules César a presque conquis la Gaule, mais un homme, Vercingétorix, se dresse contre l’envahisseur et fédère autour de lui les tribus barbares. Gaius, centurion romain et nouveau loup-garou, reste infiltré dans les rangs gaulois. Fasciné par leur culture, mais tenu par son serment d’allégeance, sa rencontre avec le fougueux général arverne, déchirera le voile des secrets de ses origines réelles. Gaius devra faire face au dilemme que provoquent ces révélations en répondant à cette question lourde de conséquences : qui est le véritable ennemi ?…

Retrouvez les aventures de Gaïus et Marcus, jumeaux soldats de l'armée romaine. Ce deuxième tome vous replonge dans l'histoire en mêlant mythes et faits réels, à découvrir absolument !

EXTRAIT

M’attendant au pire, je l’entends toutefois déclarer d’un ton qui se veut compatissant mais qui demeure malgré tout inamical :
⸺ Je t’avais averti. En tentant de retrouver cette femme tu ne ramèneras que tristesse et désolation. C’est la guerre, Gaius. Rien n’est beau dans la guerre. L’amour n’y a pas sa place.
Les traits congestionnés par la rage, du vomi glissant encore le long de mes lèvres, je vocifère :
⸺ Tu te prétends être un défenseur du bien. Et ça, c’est le bien ? hurle-je en lui désignant les cadavres grimaçants qui jonchent le sol. César est un monstre ! Il n’avait pas besoin de massacrer ces innocents pour assouvir sa vengeance ! Nous sommes censés défendre l’équilibre de ce monde, mais où est l’équilibre dans tout cela ?! Rome écrase les autres et cherche à dominer le monde ! C’est cela l’équilibre ? Rome décime des peuples et toi tu cautionnes ses agissements ! Tu crois être un homme bon Leonidas ? Tu es comme César ! Tu es un monstre !

CE QU'EN DIT LA CRITIQUE

A propos du tome 1 :

"Je me suis plongée dans le livre, et me voilà en pleine bataille des Gaules, devant moi les gaulois et les romains qui se battent. Jules César sur son cheval… Bref j’ai adoré de me retrouver à cette époque ça m’a changé de mes cours d’histoire où on apprenait par cœur les dates, les lieux… Mais sans y être. " BlackReader sur Booknode

"En résumé, il s’agit d’une très bonne lecture, qui annonce une série que je suivrais avec plaisir, les sagas historiques de qualité se faisant plutôt rare." - Frédéric Clément sur Le Caribou Littéraire

"Bref, pour résumer mon avis : si vous aimez l'Histoire avec un grand H, allez-y les yeux fermés. C'est très bien écrit, fluide, on comprend tout ce qu'il se déroule, les schémas tactiques, etc. Si vous n'aimez pas trop l'Histoire mais que l'aventure vous tente, n'hésitez pas et surtout ne lâchez pas prise. Une fois que l'histoire du loup commence, c'est vraiment très très prenant. " Les Lectures de Mère Lin sur Mon instant livre

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marié, père de deux charmantes petites filles, Frédéric Clément est bibliothécaire et titulaire d’un master en Histoire contemporaine et moderne. Auteur passionné, il met ses connaissances au service de ses récits, mêlant événements réels, épiques et fantastiques. Lykanthropia n’est pas qu’une série, c’est une porte ouverte vers une autre histoire. Celle des hommes, mais aussi celle qu’on ne trouvera jamais dans les manuels…
LangueFrançais
ÉditeurLibre2Lire
Date de sortie9 juil. 2020
ISBN9782490522200
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    Aperçu du livre

    Lykanthropia - Tome 2 - Frédéric Clément

    Résumé du premier tome

    Alors que la Guerre des Gaules commence, Gaius Falerius, jeune optione de 20 ans au sein de la VIIe légion, commence son initiation militaire, aux côtés de ses amis : Vibius, Faustus, Salone et Lucius. Son jumeau, Marcus, est général et dirige la cavalerie de César.

    Peu à peu, ses convictions concernant les Gaulois s’effondrent une à une. Il comprend alors que la culture celte est tout aussi évoluée que la sienne. Lors de la bataille contre Arioviste, chef suève, Salone, l’un des amis de Gaius, perd la vie, en se noyant dans le Rhin et alors que l’ensemble du camp de la VIIe légion fête la victoire, les quatre camarades sont en deuil. Servius Dillius, un centurion acariâtre, vouant une haine inexplicable à Gaius vilipende ce dernier pour sa tristesse. Une altercation s’ensuit. Le jeune optione est puni pour avoir osé frapper un supérieur. Alors qu’il récupère de dix coups de fouets, Dillius vient le voir et lui expose le pourquoi de sa rancœur : Antonius Falerius, le père de Gaius, était jadis le supérieur de Dillius. Après un soulèvement en Helvétie, réprimé dans le sang, le Sénat demanda une enquête pour ces événements qui s’avérèrent fabriqués de toute pièce par Antonius et qui virent de nombreux innocents périr. Antonius s’en sortit, aidé par son ancien ami de chambrée, Jules César, alors que Servius Dillius paya le prix fort en se trouvant rétrogradé au simple rang de légionnaire.

    Suite à cela, Gaius demande à son frère Marcus un transfert dans une troupe de cavalerie afin de ne plus avoir à supporter Dillius. Il est alors engagé, en compagnie de Lucius qu’il emmène avec lui, dans la Xe légion, la plus valeureuse de toutes. Jules César se tourne vers la Gaule Belgique qu’il souhaite soumettre pour faire taire toute velléité de résistance gauloise. Après une première bataille où une coalition belge est défaite, une nouvelle force se créé avec les Nerviens à leur tête et une bataille décisive se déroule près de la Sambre. Mis à mal, les Romains sont débordés et Jules César voit sa vie mise en danger. Sans l’intervention de Gaius il aurait sans doute péri. C’est à cette occasion qu’il fait la connaissance du garde du corps de César, un certain Leonidas Zacharias.

    Peu à peu la vision idéalisée que se faisait Gaius du combat et du comportement de ses coreligionnaires est mise à mal. La guerre est sale et les Romains ne se comportent pas en libérateurs.  Muté une fois encore au sein de la VIIe légion afin de diriger les cavaliers gaulois, Gaius se lie d’amitié avec un Roi issu du peuple ségusiave : Bepolitan. S’intégrant parfaitement parmi ceux qu’il considère désormais comme ses camarades, il se bat à leurs côtés. Lucius devient alors de plus en plus jaloux de cette amitié qu’il considère comme étant contre-nature. À ses yeux, un Romain ne peut fréquenter un Gaulois. Sa haine pour Gaius ne fait que croitre.

    Après avoir soumis quasiment toute la Gaule et calmé les velléités des Germains, Jules César se tourne vers les Bretons qui habitent une île encore fort méconnue et surtout mystérieuse. Après une première tentative sans grand résultat, il lance un deuxième assaut. Devenus espions, Gaius et Bepolitan embarquent avec Leonidas Zacharias, leur chef pour aider le proconsul à hâter la défaite de Cassivellaunos, un roi breton.

    De son côté, Marcus reçoit la visite d’un centurion qui lui fait d’étranges révélations sur son père : celui-ci aurait tenté de le faire assassiner pour que jamais il ne révèle ce qui s’est passé en Helvétie, à savoir la livraison à Rome d’un colis hautement important. Hélas l’homme est tué avant que Marcus ne puisse en savoir davantage. La seule piste qu’il possède est le nom de deux autres soldats ayant servi Antonius Falerius à cette époque. Marcus se jure de poursuivre cette quête dès qu’il sera revenu de son périple en Bretagne, profitant allégrement de ses nouveaux dons mystérieusement apparus : une ouïe et un odorat décuplé. Se croyant béni des dieux, il vogue toujours sur les vagues d’un succès facile.

    Gaius et Bepolitan ont commencé leur carrière d’espion auprès de Leonidas Zacharias qui leur révèle ainsi sa véritable fonction. Choisis par ce dernier, ils permettent à César de remporter une belle victoire sur les Morins. À son tour Gaius voit son ouïe et son odorat devenir plus puissants, sans oublier un rêve omniprésent qui l’emmène dans une bâtisse qu’il croit reconnaître, à mille lieux de sa domus romaine. Il se voit également dans la peau d’un loup. Très inquiet, il est rassuré par Leonidas qui lui dit que tout cela a une explication logique, explication qu’il promet de lui fournir dès qu’ils seront revenus de Bretagne. Gaius dupe Cassivellaunos afin de le faire tomber lui et son peuple. La Bretagne est à son tour vaincue.

    Alors que Marcus voit disparaître les deux témoins clés du passé trouble de son père, tués par une main mystérieuse, Bepolitan, Gaius et Leonidas sont envoyés chez les Eburons afin de livrer leur Roi, Ambiorix, à Jules César. Celui-ci a massacré une légion romaine et est parvenu à liguer une partie de la Gaule Belgique contre Rome. Mais Gaius tombe éperdument amoureux de la belle Niamh, fille d’Ambiorix et met à mal la mission des trois compères, alors que Lucius, au comble de la jalousie, décide d’abattre une bonne fois pour toute son ancien ami : il convainc son supérieur de faire arrêter les trois espions, les accusant de trahison. En effet, lors du siège du camp romain de Cicéron, les Eburons et leurs alliés se sont montrés particulièrement ingénieux et organisés. Il est tout à fait envisageable qu’ils aient améliorés leurs tactiques grâce à l’appui de Romains.

    Gaius apprend la vérité quant à son identité, de la bouche de Leonidas : il est descendant d’un lycanthrope et en tant que tel il doit faire un choix. Soit il accepte cet héritage qui fait de lui le protecteur des grands et de l’équilibre de ce monde, gagnant l’immortalité. Soit il refuse et il redevient un humain. Encore indécis, il est sur le point d’accepter quand qu’il se fait emprisonner avec ses amis.

    Laissant Niamh derrière lui, désespérée d’avoir appris l’identité réelle de celui qu’elle aime, ils sont torturés. Bepolitan meurt suite à ces coups incessants, alors que ses deux amis n’espèrent plus qu’une chose : que Jules César revienne enfin en Gaule afin de mettre un terme à leur calvaire.

    Chapitre 1 : Une nouvelle année

    Début 53 av. J.-C.

    Une voix connue, synonyme d’espoir. Pas de doute. Je frémis à ce son. Je l’entends fulminer et ses paroles résonnent à mes oreilles comme autant de merveilles.

    Sortant de la torpeur dans laquelle je suis plongé depuis plusieurs jours, au point d’ignorer les appels fréquents de Leonidas qui cherche à entretenir la flamme d’une discussion qui n’a que pour seule mérite de faire passer le temps dans ce bâtiment humide et puant, j’entends des pas s’approcher rapidement. Et dans une déferlante de couleurs, comme entouré d’un halo surnaturel apparait Jules César, flanqué de quelques membres de son état-major. Enfin il est là.

    Son visage n’exprime qu’écœurement et surprise. Il y a de quoi être choqué par les conditions dans lesquelles ont été tenus ses hommes qui sont aussi ses amis. L’odeur dans ce couloir obscur est nauséabonde, mélange de fange pourrie et de pierre suintante mêlée à celle plus suffocante des corps transpirants et d’excréments. Il y règne une chaleur insupportable et déjà le proconsul sue à grosses gouttes. Il s’éponge le front à l’aide de son écharpe de soie, cadeau de Crassus, son ami triumvir et ordonne :

    C’en est trop, il ne peut soutenir plus longtemps la vision de son plus fidèle lieutenant, Leonidas Zacharias, enchainé tel un esclave, amaigri. Tout comme il ne peut admettre que le frère de son général, Marcus Falerius, soit retenu de la sorte derrière des barreaux. Quelles que soient les fautes dont on les accuse, ils ont droit à un logement plus confortable, ne serait-ce que par égard pour leur position.

    Le regard dur que lui adresse le proconsul suffit à lui faire baisser instantanément la tête. Il n’y a rien à rajouter.

    Obéissant, le centurion en charge des interrogatoires parait bien penaud quand il ouvre une à une les portes des cellules, courant pour ne pas faire attendre César, la tête aussi basse que celle de Cicéron. Et ses légionnaires mettent autant de zèle à retirer les chaines des prisonniers, n’osant regarder ces derniers qu’ils ont pourtant malmenés dans les mois passés. Certes, Leonidas et Gaius n’ont plus eu à se plaindre de brutalité, mais ils ont été soumis à un traitement qui n’est guère plus noble : laissés à l’abandon, croupissant dans leurs cellules au milieu de leurs excréments, nourris avec des restes destinés aux animaux et souvent largement pourris, ils ont passablement souffert.

    Je n’ai eu de cesse d’essayer de récupérer le torque offert par Niamh et jeté à quelques mètres de là par Lucius. Mais je n’y suis jamais parvenu et peu à peu j’ai été obsédé par ce bijou, au point d’oublier tout le reste, ce qui m’a bien aidé à endurer cette situation. Leonidas, quant à lui, a passablement dormi, s’évadant dans ses souvenirs, prenant le temps de savourer une vie qui a été jusque-là peuplée d’expériences fabuleuses. Mais malgré tout il désespérait de voir venir César et hésitait très fortement à se transformer en loup pour s’évader une bonne fois pour toute de cette maudite cellule. Il parlait avec moi au travers du mur mais cela ne durait que le temps qu’un des gardes vienne nous hurler de nous taire. Et depuis quelques jours la conversation est rompue. Mes propos sont d’ailleurs devenus de plus en plus confus. Le Grec est en grand soucis pour son ami. Mais je ne suis pas la seule source de ses préoccupations puisque Bepolitan en représente une autre : malgré nos appels répétés, le Gaulois ne nous a pas adressé le moindre mot depuis trois semaines. Leonidas craint le pire le concernant. Il s’est donc résolu à se transformer cette nuit, au risque de révéler sa véritable identité. César est arrivé dans l’intervalle et enfin nous allons être relâchés. Le cauchemar se termine.

    Quand il est emmené au dehors, soutenu par deux légionnaires de la garde personnelle de César, il est aveuglé par la lumière et ils doivent le porter jusqu’à sa nouvelle demeure, les quartiers personnels de Cicéron où trois esclaves le lavent. Je le rejoins peu après. Silencieux, le regard vide, je ne manifeste guère d’émotion quand on s’occupe de moi. Mes mains sont rivées sur le torque que j’ai enfin récupéré, premier geste accompli dès qu’on m’a retiré mes chaînes, me lançant sur l’objet comme un chien se jette sur son os. Je parais avoir sombré dans une folie inquiétante : au vu des épreuves traversées, il est hélas normal de craindre pour ma santé mentale.

    Les jours qui suivent sont du même acabit : si Leonidas récupère très vite, reprenant goût à la vie et appréciant chaque instant passé au grand air devant le quartier général de Cicéron où il reste des heures durant à regarder le paysage, je demeure prostré dans ma couche, n’ouvrant même pas les yeux. N’ayant plus goût à rien, épuisé par le moindre geste, je n’éprouve guère plus d’envie de parler. Je n’ai échangé aucune parole depuis ma libération avec mon ami, Leonidas. Parce que j’ai le sentiment d’avoir tout perdu : Niamh, ce qui est assurément le pire, et ma dignité, ce qui ne l’est pas moins, mais aussi mon innocence. Devenu définitivement adulte après l’horrible expérience vécue dans les geôles, je ne me fais plus d’illusion sur l’existence : celle-ci est noire et peu enviable. Dans le monde des adultes, on ne fait qu’y guerroyer, tuer et trahir. Mais comment font-ils pour aimer un tel univers ? Pourtant ils n’ont de cesse de vanter l’âge adulte comme le plus beau moment de leur existence. Est-ce qu’une fois devenu majeur, l’homme devient subitement pervers ?

    Inévitablement ces questions m’amènent sur le terrain de la lycanthropie. Déçu par l’être humain, je me tourne vers l’animal qui vit en moi, me disant qu’au moins celui-ci n’est pas aussi retord. Jamais un loup ne s’est montré égoïste ou envieux. La trahison n’existe pas dans le monde animal, car c’est bien cela qui me peine le plus, hormis bien sûr la perte de Niamh. Mais en ce qui concerne cette dernière, je commence à me faire une raison : je n’ai aucune chance de la revoir et encore moins de la récupérer. Elle restera à jamais une belle histoire qui a hélas trouvé un épilogue douloureux. Par contre, l’attitude de Lucius m’arrache des larmes. J’ai cru être son ami. Nous avons tout partagé. Et Lucius m’a traité comme si jamais nous ne nous étions connus. Un ami n’agit pas de la sorte. Il ne s’empresse pas de livrer celui qu’il prétend apprécier à des geôliers cruels, prétextant de faux arguments pour mieux l’accuser. Lucius m’a tué. Certes nous n’étions plus en très bons termes depuis quelques mois, mais pas au point qu’il me plante un glaive dans le dos.

    Je suis désormais convaincu d’une chose et l’expérience terrible que je viens de vivre a au moins le mérite de m’ouvrir les yeux : jamais Lucius n’a réellement été mon ami. Je l’ai toujours soupçonné de me jalouser : c’est hélas fondé. Lucius est empli de haine à mon égard. Il est un être vil, représentant de cette humanité si détestable, cette humanité que je vais quitter en acceptant définitivement le pacte que m’a offert Leonidas. Je vais devenir lycanthrope.

    Chapitre 2 : À la mémoire d’un grand

    Mars 53 av. J.-C.

    Quand on lui rapporte que ses espions se portent mieux après quelques jours de repos, César les convie à un repas afin de leur prouver son amitié sincère. Mais il a aussi pour intention de les interroger quant aux allégations portées par un préfet de cavalerie nommé Lucius Afrianus. Il entend donc leurs explications et les crois. De toute manière ceux qui ont accompagné l’accusateur lors de sa virée en pays éburon sont venus le voir plus tôt dans la journée et lui ont affirmé que Leonidas, Gaius et Bepolitan étaient bel et bien prisonniers des Gaulois lorsqu’ils les ont rencontrés. Des traîtres ne peuvent être attachés. César sait désormais qu’ils ont été faussement impliqués dans une sombre histoire et qu’ils n’ont rien à se reprocher, sauf peut-être le fait de ne pas avoir rempli la mission pour laquelle il les avait envoyés auprès d’Ambiorix. L’homme est méfiant, il le sait mieux que quiconque puisqu’il ne l’a pas encore retrouvé.

    Tout ceci l’amène à conclure que les méthodes prônées par Leonidas Zacharias possèdent des failles et qu’au final il ne peut exclusivement s’appuyer sur ses espions pour espérer triompher d’un ennemi : les armes et les batailles restent le meilleur moyen de vaincre un adversaire. L’espionnage est efficace pour obtenir des informations susceptibles de donner un avantage lors d’une confrontation, mais nullement pour soumettre un peuple. Le cas de Cassivellaunos a été un fait qui restera unique.

    Le plus dur demeure cependant à entreprendre : annoncer la mort de Bepolitan, chose que personne n’a osé révéler aux deux survivants. Ils ont déjà été suffisamment éprouvés pour ne pas en rajouter davantage.

    C’est d’une voix adoucie qu’il prononce les dures paroles :

    Leonidas serre les mâchoires, le regard toutefois empli de larmes. Il s’est bien douté que quelque chose de terrible a dû survenir au malheureux Gaulois, dans la mesure où il ne l’a pas encore vu depuis leur libération, mais il a nourri l’espoir que l’absence de Bepolitan ait une toute autre signification : il récupère de ses blessures. Pour ma part, je demeure étonnamment stoïque. En apparence.

    Le Grec frappe du poing sur la table, renversant les verres de vin, avant de crier d’une voix chargée de colère :

    Je me lève à ces paroles, lentement et sans un mot. Je n’ai pas ouvert la bouche de toute la soirée, le regard toujours perdu dans le lointain. D’un pas saccadé je sors de la salle. Leonidas me suit, très inquiet et me trouve au-dehors, appuyé contre le mur, pleurant. Le corps déchiré par les sanglots, j’ai l’air si faible, si vulnérable que le Grec prend subitement conscience qu’il a devant lui un homme à peine sorti de l’adolescence. Il éprouve alors à mon égard une compassion sans limite, teintée d’un amour tout fraternel. Je suis devenu en l’espace de quelques mois comme un frère et ce que nous venons de traverser nous a encore rapprochés.

    Me prenant dans ses bras, il me serre très fort contre sa poitrine et me réconforte longuement. Brisé, j’éprouve désormais le désir de retourner à Rome afin de fuir cette Gaule que je hais tant, cet endroit qui m’a pris mon ami Bepolitan. Et je déteste également cette légion qui n’est qu’un repaire d’êtres sans scrupules et sans morale. Je rêve de me retrouver auprès de mon père dans la merveilleuse domus familiale, à ne rien faire d’autre que profiter des plaisirs d’une vie oisive et des multiples activités d’une cité qui ne demande qu’à se repaitre des richesses des Falerius. Il est loin le temps où je n’étais qu’un adolescent insouciant n’ayant rien de mieux à faire que de me lancer des défis stupides pour me donner l’impression d’être le meilleur. Comme une course de chars où je n’avais aucune chance de triompher. Finalement, en y réfléchissant, j’aurais sans doute mieux fait de me rendre en Grèce et de me jeter à corps perdu dans ce que j’ai toujours aimé, à savoir les études. Je ne suis pas un soldat. Je laisse cela à Marcus. Oui, je dois quitter l’armée et retourner à Rome. C’est ce que je déclare à Leonidas entre deux sanglots, mais ce dernier me tient un discours qui ne va pas dans mon sens, m’obligeant à le regarder, ses deux mains enserrant mon visage, d’un ton chargé toutefois d’empathie :

    Finalement je me plie à cette idée, prenant conscience que Bepolitan n’aurait effectivement jamais fui devant la tristesse. Il n’était pas un lâche, affrontant tous les dangers l’épée au vent. Je dois effectivement honorer la mémoire de ce guerrier.

    Le lendemain Jules César réunit la VIIe Légion sur la grande place sise au centre du camp et d’une voix solennelle il s’adresse à chaque homme, ses deux espions à ses côtés :

    Quand je vois la mine désappointée et franchement épouvantée de Lucius qui se tient devant ses soldats, je ne puis réprimer un sourire. Le premier depuis fort longtemps. Et, tandis qu’un long frisson parcourt mon dos, j’éprouve une joie malsaine à le voir si effrayé. Il va enfin payer pour ses ignominies. J’irai même le voir à son tour en prison pour me moquer de lui. Me sentant à nouveau investit de toutes mes forces, je jure à Bepolitan que je vengerai sa mort.

    Chapitre 3 : Savoir pardonner

    Mars 53 av. J.-C.

    Lucius fut effectivement épouvanté par le discours de César. Il avait bien compris qu’il était la personne visée, car qui avait dénoncé les soi-disant agissements des trois espions ? Revenant vers ses quartiers il s’était tout d’abord muré dans un mutisme coupable, attendant qu’on vienne le chercher, résolu à son sort. Personne ne vint étonnement. Alors que la nuit s’abattait sur le campement, il ne demanda pas son reste et sellant sa monture, il s’en alla de cet endroit maudit.

    Quand il parvient aux premiers contreforts qui bordent la contrée, il sourit en se félicitant de sa fuite, étonné toutefois d’y être parvenu aussi facilement. Un léger vent souffle et il s’arrête quelques instants, goûtant à ce doux contact, fermant les yeux. Mais il les rouvre bien vite lorsqu’une voix connue résonne devant lui, dans la nuit opaque :

    Il s’agit de Gaius. Il est seul, juché sur un très beau cheval noir aux muscles saillants, portant un harnachement de grande valeur. Lucius sourit à cette vue : le fou, il n’a même pas pris garde de s’entourer de compagnons pour l’empêcher de s’enfuir. Se croit-il invincible pour faire preuve d’autant d’imprudence ?

    J’ordonne d’un ton dur :

    Et je joins le geste à la parole :

    Lucius en fait de même, souriant de manière mauvaise, sûr et certain de battre ce prétentieux et d’enfin lui montrer à quel point il n’est rien.

    Le combat s’engage immédiatement. C’est moi qui porte la première attaque, en essayant d’atteindre mon adversaire par surprise, mais il est bien trop expérimenté et me connait suffisamment pour prévoir mes mouvements. Le métal des lames s’entrechoque, provoquant un bruit caractéristique qui m’a finalement manqué. Nous nous battons ainsi pendant de longues minutes, sans que quiconque ne prenne un avantage quelconque. Puis je sens monter en moi un sentiment sans cesse plus puissant de colère qui se mue en rage furieuse au fur et à mesure des attaques et autres parades. Ne me contrôlant plus, la bave aux lèvres, les mâchoires crispées, je me précipite sur Lucius et instinctivement il recule. Il manque alors de chuter.

    En profitant pour lui taillader l’avant-bras, lui arrachant un hurlement de douleur alors qu’il tient son membre blessé, je lui porte une nouvelle attaque qu’il esquive de justesse, en un geste désespéré.

    Je me relance dans le combat avec une fureur toute animale et mes coups deviennent plus brutaux encore. Envahi par la haine, je n’ai plus qu’un seul but : tuer celui qui est responsable de tous mes maux. Un goût âcre dans la bouche, me sentant léger alors que mon sang semble accélérer son flux dans un corps flottant, je laisse s’exprimer ma rage.

    Lucius a beaucoup de peine à retenir mes attaques et à chaque choc des glaives il sent ses forces l’abandonner petit à petit : s’il ne s’éloigne pas pour reprendre ses esprits il craint de périr. Sentant poindre en lui les lourds relents de la peur, ne reconnaissant plus son ancien ami qui tient aujourd’hui davantage de la bête furieuse, il esquive une nouvelle attaque et perd l’équilibre pour la seconde fois. Il chute, mais évite un coup d’épée mortel en se jetant sur le côté et entend le métal frapper violemment la pierre à quelques centimètres de sa tête. Frissonnant, il se relève d’un bond, le souffle court, prenant conscience qu’il est désormais épuisé. Il faut en finir. Parce que le rôle de la bête traquée n’est pas celui qu’il préfère jouer.

    Lucius serre les dents, s’arme du peu de forces qu’il lui reste puis se lance sur son adversaire qui le regarde avec un air particulièrement mauvais, effrayant, tant la lueur de haine qui brille dans ses pupilles lui confère une allure terrifiante. Il a même le sentiment que ses yeux sont devenus étrangement incandescents.

    Lucius vise mon ventre, cherchant le bon moment pour frapper, mais avant même qu’il ne puisse terminer son geste, je lui assène un terrible coup de pied qui le renvoie au sol.

    Tandis qu’il se réceptionne lourdement, Lucius sait que cette fois-ci il ne s’en sortira pas : ses forces l’abandonnent définitivement. Il retient toutefois les coups de son rival avec l’énergie du désespoir, s’arc-boutant dans la terre des doigts de sa main gauche, les autres crispés sur la poignée de son glaive, douloureux tant ils subissent de chocs. Puis dans un dernier fracas, la lame de son épée se brise et il voit arriver le métal étincelant du glaive si affuté de son adversaire.

    Lucius ferme les yeux. Il est si stupide de mourir ainsi, après un combat pitoyable parce qu’il a commis l’erreur de se croire supérieur à son rival. Gaius lui a pourtant prouvé lors de leur dernière confrontation qui n’était alors qu’un simulacre à quel point il a progressé.

    Rien ne vient. Lucius sent bien le souffle de l’arme sur son cou, il entend siffler cette dernière dans l’air, mais il ne ressent aucune douleur. Rouvrant lentement les yeux, il voit alors que Gaius s’est arrêté à moins de deux centimètres de sa peau et l’observe d’un air si mauvais qu’il n’en est guère plus rassurant. Il fait très certainement durer le plaisir et sa mort n’est juste qu’une question de temps. Pourtant, quand son rival lui parle d’une voix solennelle où transparait toutefois de la colère, il comprend qu’il aura la vie sauve :

    Et Lucius ne peut que l’en remercier, d’un air misérable et larmoyant.

    Chapitre 4 : Un choix mûrement réfléchi

    Mars 53 av. J.-C.

    À mon retour au camp, je m’interroge à de très nombreuses reprises : ai-je agi correctement ? N’aurais-je pas mieux fait de tuer Lucius et ainsi venger la mort inutile de Bepolitan ? Ne méritait-il pas pareil sort ? Au fond de mon être, là où se terrent mes convictions les plus intimes, je puise la réponse à mes doutes, alors que Leonidas vient s’enquérir de mon action : Lucius est comme mort désormais. Considéré comme déserteur, il n’a plus d’endroits où trouver d’alliés. Il ne lui reste plus qu’à errer jusqu’à ce qu’il trouve un lieu suffisamment accueillant pour y croupir le reste de son existence. Son sort n’est donc guère plus enviable que la mort.

    Après ces événements qui furent une preuve de plus de la grandeur d’âme de Gaius, Leonidas tint sa promesse et emmena son ami à Bibracte, afin de profiter d’un repos tant mérité. Lorsque nous parvînmes dans l’oppidum des Eduens, je fus marqué par la grandeur de l’endroit. Il s’agissait d’une ville de belle importance constituée principalement de maisons de terre séchée portant des toits de tuiles rouges qui n’étaient pas sans évoquer les bâtiments des cités de la campagne romaine. J’eus l’impression de rentrer chez moi et si dans les rues je n’avais pas croisé des Gaulois, je me serais volontiers crû à Mediolanum¹ ou à Taurasia². Profitant allégrement des plaisirs de Bibracte que mon ami m’avait tant vantés, je me perdis dans les bras de beautés venus de tous horizons, passai des heures à rire au fond de tavernes chaleureuses, ivre comme jamais. Mais toute cette débauche ne pouvait dissimuler mon état réel : j’étais déprimé. Ne parvenant pas à chasser Niamh de mes pensées, je n’avais de cesse d’évoquer son souvenir et à plusieurs reprises, alors que je sombrais dans les abysses de l’alcool, je me prenais à pleurer et réaffirmais dans une litanie décousue, à qui voulait bien l’entendre, que je retournerai bientôt à Atuatuca pour y présenter mes excuses à la jeune femme que j’aimais tant. Puis je l’emmènerais avec moi, très loin. Peu importait son père : nous devions vivre ensemble, voilà tout.

    Mais lorsque je m’éveillais, le corps martyrisé par l’abus de vin, de bière et d’hydromel, dans les bras d’une belle créature rencontrée la veille, deux dans les grands moments, je revenais brutalement à la réalité et étais bien obligé d’admettre la triste vérité : jamais je ne parviendrais à regagner l’amour de ma belle. À ses yeux j’étais un ennemi, membre de ce peuple qui avait tant violenté les siens et pire encore, je lui avais menti quant à mon identité réelle et mon

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