Eugène Delacroix
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À propos de ce livre électronique
Delacroix fut l'un des plus grands coloristes du XIXe siècle. La couleur était pour lui un moyen d'expression déterminant, qui avait la préséance sur la forme et les détails. Il parlait à l'oeil, moins à la raison. Il se nourrissait des oeuvres des coloristes du Louvre, en particulier de Rubens. Spirituellement, Delacroix s'inscrivait au coeur du mouvement romantique qui s'était répandu en Europe, se nourrissant de Goethe, Scott, Byron et Victor Hugo. Sa propre nature romantique s'enflammait au contact des leurs ; il était possédé par leurs âmes et devint le premier peintre romantique. Il tira nombre de ses sujets de ses poètes préférés, non pour les transposer dans des illustrations littérales, mais pour faire s'exprimer à travers son propre langage pictural les émotions les plus vives du coeur humain.
Par ailleurs, c'est généralement dans les rapports entre plusieurs personnages, en d'autres termes dans le drame, que Delacroix trouvait l'expression naturelle et saisissante de ses idées. Son oeuvre n'est qu'un immense poème polymorphe, à la fois lyrique et dramatique, sur les passions violentes et meurtrières, qui fascinent, dominent et déchirent l'humanité. Dans l'élaboration et l'exécution des pages de ce poème, Delacroix ne renonce à aucune de ses facultés d'homme ou d'artiste, dont la vaste intelligence rejoint les pensées des plus grands de l'histoire, des légendes et de la poésie. Au contraire, il se sert de son imagination fiévreuse, toujours sous le contrôle d'un raisonnement lucide et du sang froid, de son dessin
expressif et vivant, de ses couleurs fortes et subtiles, parfois dans une harmonie âpre, parfois éclipsées par cette note «sulfureuse » déjà observée par ses contemporains, pour produire une atmosphère d'orage, de supplication et d'angoisse. La passion, le mouvement et le drame ne doivent pas forcément engendrer le désordre. Avec Delacroix comme avec Rubens, il plane au-dessus de ses représentations les plus tristes, au-dessus du tumulte, des horreurs et des massacres, une espèce de sérénité qui est le signe de l'art et la marque d'un grand esprit.
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Aperçu du livre
Eugène Delacroix - Nathalia Brodskaya
Auteur : Nathalia Brodskaya
Texte : Eugène de Mirecourt (d’après)
Mise en page :
Baseline Co. Ltd
61A-63A Vo Van Tan Street
4ème étage
District 3, Hô Chi Minh-Ville
Vietnam
© Confidential Concepts, worldwide, USA
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ISBN : 978-1-78160-716-9
Nathalia Brodskaya
Eugène Delacroix
SOMMAIRE
1. Portait de l’artiste, 1837
2. Dante et Virgile aux enfers, dit La Barque de Dante, 1822
3. Scène des massacres de Scio ; familles grecques attendant la mort ou l’esclavage, 1824
BIOGRAPHIE
Liste des illustrations
1. Portait de l’artiste, 1837.
Huile sur toile, 65 x 54 cm.
Musée du Louvre, Paris.
Au mois de septembre 1792, le département de la Marne élut, au nombre de ses députés à la Convention nationale, un citoyen qui s’était fait remarquer par son dévouement à la République « une et indivisible », par ses déclarations contre les prêtres, et par tout ce qu’on appelait alors le patriotisme. Cet homme se nommait Charles Delacroix. C’est lui qui, notamment, avait tenu à équiper à ses frais la moitié d’un bataillon, son âge ne lui permettant pas de marcher lui-même à la défense du territoire, n’étant alors pas loin d’atteindre son douzième lustre. Il prit, par ailleurs, place au milieu des hommes de la Plaine. Mais, jusqu’au 9 Thermidor (27 juillet), il ne parut qu’une seule fois à la tribune, et ce fut à l’occasion du procès de Louis XVI. Rejetant l’appel au peuple, il vota, sans sursis, la mort du roi. De nature peureuse, de caractère nul fourvoyé dans cette mêlée ardente, il grossit le nombre des personnages qui amenèrent autant de maux par leur faiblesse que d’autres par leurs crimes, gens trop communs, à cette époque déplorable, que l’histoire accuse, avec raison, d’avoir sacrifié, tour à tour, le roi aux Girondins, et la Gironde à la Montagne.
Pour faire oublier le sang qu’ils avaient laissé répandre, les conventionnels de la Plaine, ou les « crapauds du Marais » comme les nommait Danton, devinrent, à la chute de Robespierre, les principaux moteurs de la réaction thermidorienne. Le député de la Marne fut alors envoyé en mission dans les Ardennes. Aussi s’associa-t-il aux tendances de son parti, jusqu’au jour où il observa que la direction du mouvement réactionnaire échappait aux républicains modérés pour passer aux mains des aristocrates et des royalistes. On le vit reprendre