1000 Dessins de Génie
Par Victoria Charles et Klaus Carl
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Aperçu du livre
1000 Dessins de Génie - Victoria Charles
Introduction
Cet ouvrage a pour objectif d’accompagner le lecteur à travers une histoire de l’art du dessin. Au fur et à mesure de la lecture, chacun peut suivre l’évolution de l’art occidental depuis la fin du Moyen Âge à nos jours. En effet, chaque chapitre offre des exemples visuels des différentes tendances qui ont pu coexister au cours du temps, avec une large sélection des plus grands artistes.
Ces dessins sont accompagnés de textes écrits par un artiste ou un théoricien d’art, contemporain de la période concerné, afin d’offrir au lecteur une meilleure compréhension des préoccupations et des approches artistiques autour du dessin.
Un extrait d’Éléments du dessin de John Ruskin publié pour la première fois en 1857, a été choisi pour l’introduction générale de cet ouvrage. L’intérêt cependant, ne porte pas sur les descriptions détaillées de la pratique de la ligne au crayon, ou encore sur la manière d’appliquer les ombres et la couleur. Il semble être plus intéressant pour le lecteur de connaître les recommandations que Ruskin adresse aux jeunes artistes ou aux personnes souhaitant embrasser cette carrière. Sorte de lien entre les approches traditionnelles et modernes de l’art, Ruskin présente aujourd’hui un intérêt certain. Il est possible qu’il ne nous semble pas résolument moderne ; ses recommandations qui paraissent strictes, semblent aller à l’encontre d’une notion contemporaine de liberté de création. Mais alors qu’il affiche de nombreuses valeurs artistiques traditionnelles, Ruskin était aussi un grand amateur des figures modernes telles que Turner et les préraphaélites, à une période où ils n’étaient pas en vogue. Bien entendu, il s’agit ici des recommandations d’un théoricien d’art en particulier, mais dans son domaine, Ruskin occupe une place importante. Il est ainsi très intéressant de connaître ses opinions sur les meilleurs (et les pires) artistes qu’un débutant se devait d’admirer, ainsi que ses recommandations littéraires.
Ruskin est un très bon exemple car il introduit le lecteur à une période de l’histoire de l’art où les valeurs académiques rigides commençaient à être remises en question ; et c’est ici que puisent les racines de l’art contemporain.
Préface
Il est peut être considéré que je devrais m’étendre sur les raisons de l’apprentissage du dessin dans cette préface, mais ces raisons me paraissent si nombreuses et si lourdes, que je ne peux pas les nommer ou les appliquer rapidement. Avec la permission du lecteur, ce volume étant trop important déjà, je vais renoncer à toute discussion sur l’importance du sujet, et ne me pencher que sur les points qui peuvent apparaître contestables dans le procédé de leurs études.
En premier lieu, ce livre ne s’adresse pas aux enfants de moins de douze ou quatorze ans. Il ne me semble pas idiomatique d’encourager un enfant dans une pratique artistique à moins qu’elle ne soit volontaire. S’il a un talent artistique quelconque, il va continuellement gribouiller sur n’importe quelle surface ; et il doit avoir la liberté de griffonner autant qu’il le souhaite et des encouragements doivent lui être donnés pour toute forme de soin ou de vérité dans ses efforts.
Il doit être autorisé de s’amuser avec des couleurs bon marché presqu’aussitôt qu’il en fait la demande sensée. S’il ne produit à peine plus de quelques griffonnages et des taches difformes, la boîte de couleurs peut lui être retirée jusqu’à ce qu’il soit plus âgé. Mais dès qu’il se montre capable de peindre des soldats en rouge et des drapeaux rayés sur des bateaux etc., il doit avoir des couleurs sur commande ; et sans restreindre ses choix en matière de sujets [...], il doit être gentiment orienté par les parents vers le dessin, même de façon la plus puérile, de choses à portée de main, telles que des oiseaux, des papillons, des fleurs ou des fruits. Par la suite, l’utilisation de la couleur ne doit être qu’une récompense, une fois que l’enfant ait fait preuve de soin et de progrès dans ses dessins au crayon. Un nombre limité de bons et amusants dessins imprimés doivent toujours être accessible à un garçon ; mais doivent être fermement limités à quelques livres ou imprimés. Si un enfant a beaucoup de jouets, il s’en lassera et les cassera ; si un garçon a beaucoup d’imprimés il ne s’en souciera peu et griffonnera dessus ; c’est en limitant le nombre de ses biens que son plaisir de les avoir est accentué et son attention concentrée.
[...]
Annexe II. Les choses à étudier.
Jusqu’ici, le pire danger auquel un étudiant isolé est confronté, est d’aimer des choses qu’il ne devrait pas aimer. Il ne s’agit pas tant de ses propres difficultés ou de ses goûts, qu’il doit acquérir seul : et même sous l’égide d’un maître, beaucoup d’œuvres d’art peuvent s’avérer être instructives, qu’elles ne soient que partiellement excellentes (le bon et le mauvais doivent cependant être distingués), sa garantie, tant qu’il travaillera seul, sera de ne s’autoriser à posséder que des choses, qui, de leurs façons, soient sans défauts, afin que les copies qu’il en fera ne le trompe pas, et de ne contempler que les œuvres d’art qu’il sait être parfaites ou nobles dans leurs défauts. Je vais, à cet effet, énumérer dans un ordre limpide, le nom de maîtres que vous pouvez sans danger admirer, et quelques livres que vous pouvez sans risque posséder. En ces temps où l’illustration est bon marché, le danger est toujours de posséder trop que trop peu. Cela peut permettre de mettre en valeur dans quelle mesure un art de mauvaise qualité peut accentuer des caractéristiques qualitatives, mais dans l’ensemble, je pense qu’il est préférable de ne vivre que de saine nourriture et que notre plaisir ne sera jamais aussi satisfait que de vivre de cendres ; cependant, il peut être bon parfois de goûter aux cendres afin d’en déceler les amertumes. Bien entendu, les œuvres des grands maîtres ne peuvent rendre service à l’étudiant qu’une fois après que ce dernier ait fait preuve de progrès considérables. Traîner de jeunes étudiants dans des galeries ne fait que leur faire perdre du temps et les décourager, au moins qu’ils n’émettent le souhait eux-mêmes de voir un tableau en particulier. Généralement, les jeunes personnes souhaitent entrer dans une galerie seulement pour faire la course et il est préférable qu’ils fassent cela dans les jardins à l’extérieur. Toutefois, s’ils présentent un réel intérêt et souhaitent observer telle ou telle peinture, la clé est de ne jamais les déranger dans la contemplation de ce qui les intéresse et de ne pas les orienter vers ce qui ne les intéresse pas. Rien n’est utile aux jeunes (ni d’ailleurs d’une grande utilité pour les plus âgés), en dehors de ce qui les intéresse. De plus, même s’il est important de ne mettre entre leurs mains que des œuvres de qualité, il est toutefois plus important encore de les laisser observer ce qui attire leur attention lorsqu’ils sont dans un musée ou dans une galerie : même si cela ne leur sera pas utile dans l’art, ce le sera d’une autre façon. Le cas de figure le plus sain où l’art peut les intéresser est lorsqu’ils l’étudient, non pas comme de l’art, mais parce qu’il représente quelque chose qu’ils aiment provenant de la nature. Si un garçon se passionne pour la vie de n’importe quel grand homme et qu’il va avidement observer son portrait réalisé par Van Dyck, alors il s’agit de la façon la plus sûre et la plus saine pour lui de s’initier à l’art du portrait. S’il aime les montagnes et qu’il s’attarde sur un dessin de Turner parce qu’il y voit une vallée du Yorkshire ou un chemin alpin, alors il s’agit de la façon la plus sûre et la plus saine pour lui de s’initier à l’étude des paysages, et si les rêves d’une jeune fille sont remplis d’anges et de saints, et qu’elle s’arrête devant un Angelico parce qu’elle considère qu’il s’agit là du paradis, c’est la meilleure façon pour elle de commencer l’étude de la peinture religieuse.
Lorsque, cependant, l’étudiant a réalisé des progrès significatifs et que chaque image devient pour lui un réel appui, qu’il soit vrai ou faux, dans son propre travail, il est très important qu’il n’observe jamais, même précautionneusement, à de mauvaises œuvres d’art ; et à présent, si le lecteur daigne me faire confiance à ce sujet, les conseils suivants vont lui être utiles. [...]
Premièrement, dans les galeries d’images :
1. Parce qu’ils ont toujours raison, vous pouvez observer avec confiance Titien, Véronèse, Giorgione, Giovanni Bellini et Velázquez : l’authenticité de la peinture doit, bien entendu, vous avoir été confirmée.
2. Vous pouvez admirer, en ayant conscience toutefois de la question du bon et du mauvais, Van Eyck, Holbein, Le Pérugin, Il Francia, Angelico, Léonard de Vinci, Le Corrège, Van Dyck, Rembrandt, Reynolds, Gainsborough, Turner et les modernes préraphaélites. Vous ne devriez pas vous éloigner des peintres cités ici, à moins de vous éloigner, ou de vous retrouver dans des cas plus graves guidés par d’autres grands maîtres tels que Michel-Ange, Raphaël et Rubens dont les œuvres ont été corrompues par d’autres tels que Murillo, Salvator, Claude, Gaspar Poussin, Teniers et tant d’autres. Vous pouvez observer, cependant, afin d’avoir des exemples de ce qui est mauvais, avec une réprobation universelle, Le Dominiquin, les frères Carrache, Il Bronzino et les pièces figuratives de Salvator.
Parmi les noms cités ci-dessus, il ne vous faut pas observer trop longuement, ni être trop enthousiaste vis à vis d’Angelico, Le Corrège, Reynolds, Turner et les préraphaélites, mais si vous devenez trop attaché aux œuvres d’un autre nom citées ici, cessez de les observer, car d’une manière ou d’une autre quelque chose ne va pas. Si, par exemple, vous avez un intérêt en particulier pour Rembrandt ou pour Léonard de Vinci vous perdez votre intérêt pour la couleur ; si vous appréciez tout particulièrement Van Eyck ou Le Pérugin, alors vous devenez trop focalisé sur les détails minutieux ; et si vous aimez Van Dyck ou Gainsborough, vous devez être trop attiré par la courtoisie légère.
Deuxièmement, parmi l’art publié ou autrement reproduit, que vous pouvez vous procurer vous-même, ou observer dans des maisons privées ou des galeries, les œuvres des maîtres suivants sont les plus appréciables, après les Turner, Rembrandt, et Durer dont nous avons déjà parlé.
Une édition de Tennyson, publiée récemment, contient des gravures de dessins de Rosetti et autres maîtres préraphaélites. Elles sont terriblement gâchées et généralement la partie la plus intéressante, l’expression caractéristique sont entièrement perdues ; néanmoins elles sont extrêmement instructives, et ne peuvent être étudiées de façon trop minutieuse. Mais observez, si vous avez l’habitude d’œuvres plus approximatives, où le sentiment, l’action et le style sont empruntés ou superficiels, et alors vous serez sans aucun doute offensé par toutes les œuvres maniérées. L’art maniériste, qui est à peine de l’art, tel que Véronèse ou Titien, peuvent ne pas vous offenser, les chances étant que vous puissiez ne pas vous en apercevoir ; mais des œuvres telles que Maude ou Aurora Leigh en poésie ou les grands sujets préraphaélites en peinture, vont sans aucun doute susciter votre mépris. De plus, si vous ne travaillez plus aussi dur et persistez à admirer des peintures vicieuses et fausses, elles continueront à vous offenser. Il serait bon, alors, de ne connaître qu’un seul genre d’art entièrement mauvais, afin de savoir comment vous y opposer. Les grandes lignes de Flaxman à Dante, contiennent, il me semble, des exemples de tous les mensonges et de toutes les faiblesses qu’il est possible pour un artiste studieux de commettre ou d’admettre autant dans le dessin que dans l’exécution. Des sujets de base ou avilissants, tels que vous les trouverez constamment chez Teniers et autres peintres hollandais, j’espère ne pas avoir à vous mettre en garde ; vous devriez seulement vous en détourner avec dégoût, tandis que n’importe quel dessin qu’il soit mauvais ou simple, avec des erreurs dans tous les sens, ne peut vous apprendre ce genre de faiblesse dont il est question ici. Cependant, vous pouvez trouver dans les dessins de Flaxman, un sentiment courtois, ainsi qu’une juste connaissance anatomique, et des lignes fermes, toutes appliquées de la pire et la plus ridicule façon ; vous ne pouvez pas avoir de meilleur exemple d’erreurs de bonne volonté et de mauvais dessin avec un beau coup de crayon. [...]
Pour finir, votre jugement sera, bien entendu, guidé par vos goûts en matière de littérature. En effet, je connais des personnes qui ont les goûts les plus purs en littérature, et cependant de mauvais goûts en art, et ce phénomène m’étonne prodigieusement : mais je n’ai jamais rencontré une personne ayant de mauvais goûts en littérature et de bons goûts en art. Il est également de la plus grande importance pour vous, non seulement pour l’amour de l’art, mais pour toutes sortes de raisons, en ces jours où les livres abondent, de vous garder de toutes les différentes sortes de littérature et de ne garder que celle qui vous tient à cœur. Je ne peux, bien entendu, vous orienter sur les choix de votre bibliothèque : les différents esprits nécessitent différents ouvrages ; mais il y a certains livres dont nous avons tous besoin et assurément, si vous lisez Homère, Platon, Eschyle, Hérodote, Dante, Shakespeare et Spenser autant que vous le pouvez, vous n’aurez pas besoin d’étagères supplémentaires pour étudier. Parmi la littérature moderne, évitez les magazines et les critiques. Parfois, ces types d’ouvrages peuvent contenir des résumés utiles, ou une critique utile, mais les chances sont de dix pour un qu’ils vous feront perdre votre temps ou vous induire en erreur. Si vous souhaitez vous renseigner sur un sujet en particulier, orientez-vous vers un ouvrage dont vous avez entendu parler et non pas un résumé de ce même livre. Si ce premier livre n’est pas à votre goût, essayez en un autre, mais ne vous attendez jamais à comprendre parfaitement un sujet sans difficulté, à l’aide d’un résumé. Éloignez-vous à tout prix de cette littérature qui a un ton condescendant. [...]
En règle générale, plus vous concentrez vos lectures sur la poésie de pensée, la poésie lyrique, l’histoire et l’histoire naturelle, évitant la fiction et le drame, plus votre esprit sera sain. Pour la poésie moderne, concentrez-vous sur Scott, Wordsworth, Keats, Crabbe, Tennyson, les deux Browings, Thomas Hood, Lowell, Longfellow et Conventry Patmore dont L’Ange de la maison est le poème le plus achevé et la plus adorable analyse que nous possédions de la douce quiétude domestique moderne, alors que Aurora Leigh de Mme Browings est, à mon sens, le plus beau poème que ce siècle ait produit dans n’importe quelle langue. Inutile et écœurant, Cast Coleridge est immédiatement exclu, au même titre que Shelley qui est tout aussi superficiel et prolixe ; et Byron, dont il vous faut vous méfier avant d’avoir éduqué votre goût et être capable de discerner la magnificence de son œuvre parmi le reste. Ne lisez jamais de la poésie vulgaire et n’en écrivez jamais non plus ; il y a peut-être déjà trop de mots dans le monde comme il est.
Pour la poésie de pensée, lisez Bacon, Johnston et Helps. Carlyle ne doit à peine être cité, même pour les débutants ; son enseignement peut s’avérer particulièrement nocif. Si vous le comprenez et l’appréciez, vous pouvez le lire, s’il vous offense, vous n’êtes pas encore prêt pour sa prose, et peut-être ne le serez-vous jamais ; en toutes circonstances laissez tomber s’il vous heurte et attendez d’être plus à même de l’apprécier. Pour la fiction, lisez Sir Charles Grandison, les romans de Scott et ceux de Mlle Edgeworth, et si vous êtes une jeune femme, lisez Madame de Genlis, le penchant français de Mlle Edgeworth, faisant de ces auteurs vos compagnons fidèles. Lisez peu à la fois, en essayant de ressentir un intérêt pour les petites choses, et lisez non pas tant pour l’histoire que pour vous familiariser avec les gens agréables que ces auteurs vous présentent. Un livre quelconque vous apportera souvent beaucoup de plaisir, mais seulement un livre noble vous offrira des amis qui vous resteront chers. Rappelez-vous aussi, qu’il est moins important dans vos jeunes années, qu’un livre soit intelligent plutôt que juste. Je ne veux pas dire ici qu’il doit être oppressant ou répulsif par son caractère éducatif ; mais que les pensées exprimées doivent être juste et que les sentiments stimulés excitants. Il n’est pas nécessaire pour vous de lire le livre le plus spirituel ou le plus évocateur : il est en général plus pertinent de lire ce que l’on sait déjà mais exprimé de façon limpide. La majorité de la littérature contemporaine, même si elle convient à un public d’âge mûr, a une tendance à agiter plutôt qu’à confirmer, et laisse trop fréquemment ces lecteurs dans un état d’indignation inutile, le pire état d’esprit pour un jeune. Il peut, en effet, s’avérer nécessaire pour vous au cours de votre vie, que vous posiez le doigt sur des choses qui doivent être modifiées, ou vous attacher à des causes qui peuvent inspirer de la pitié ou au contraire doivent être condamnées : mais pour une jeune personne il est préférable de faire une révérence et de rester dans l’obscurité. Aujourd’hui, pour sûr, et même tout au cours de votre vie, vos professeurs sont plus prudents lorsqu’ils vous tiennent au silence, et la littérature et l’art qui vous conviennent le mieux sont ceux qui pointent vers la vie ordinaire, et aux choses familières, vers les objets d’espoir et à l’amour humble.
John Ruskin, Éléments du dessin, 1857
1. Villard de Honnecourt, 1190-1235,
Français, Un Lion et un porc-épic
(tiré du Livre de Portrait), vers 1225-1250.
Graphite renforcée avec stylet sur parchemin,
22 x 14 cm. Bibliothèque nationale
de France, Paris. Haut Moyen Âge.
XIIIe siècle-XIVe siècle
Même s’il a été écrit dans un contexte où l’art évoluait vers une nouvelle ère, Trattato della pittura (1437) de Cennino Cennini constitue un parfait résumé des techniques artistiques de la fin du Moyen Âge, sous forme presque de livre de recettes, typique des siècles précédant la Renaissance. Ici, nous présentons quelques lignes directrices concernant le dessin, ainsi que les principes de l’auteur sur la pratique artistique en général. Certaines, d’ailleurs, paraîtront curieuses au lecteur contemporain, telles que :
« VIII. Comment il faut commencer à dessiner avec la pointe, et avec quelle lumière. [...] Puis commencer, par exemple, à dessiner des choses aussi aisées que possible, pour former la main, et avec le stylet va sur la tablette si légèrement qu’on puisse à peine voir d’abord ce que tu commences à faire, augmentant les traits peu à peu, et en revenant souvent pour faire l’ombre. Aux extrémités que tu veux faire plus obscures, il faut revenir plus souvent, et au contraire sur les reliefs retoucher très-peu. Il faut prendre pour timon et pour guide de ce que tu peux voir, la lumière du soleil, celle de ton œil et ta main. Sans ces trois choses on ne peut rien faire de raisonnable. Place-toi, quand tu dessines, sous une lumière tempérée ; que le soleil te batte du côté gauche. Préparé de cette façon, tu peux commencer à te risquer sur le dessin, faisant peu chaque jour pour ne pas te dégoûter et te rebuter. [...]
« XII. Comment, s’étant trompé en dessinant avec des stylets de plomb, on peut l’enlever. Sur le papier, on peut dessiner avec le plomb susdit après ou sans préparation préalable à l’os. Et si quelquefois il t’arrivait de te tromper et que tu voulusses enlever quelques signes faits avec ce plomb, pr^ends un peu de mie de pain, frotte sur le papier, tu enlèveras ce que tu voudras. Et de même sur ce papier tu peux ombrer avec l’encre, les couleurs ou les tablettes de miniaturistes mêlées à la tempera enseignée. [...]
« XXVII. Comment tu dois t’appliquer à copier et dessiner d’après les maîtres le plus que tu peux. Maintenant il est temps d’aller en avant, pour que tu puisses mettre en œuvre ce que tu as acquis de science. [...] Tu as consacré un certain temps au dessin sur tablettes, comme je te l’ai enseigné d’abord, romps-toi à dessiner les meilleures choses que tu pourras trouver sorties des mains des grands maîtres ; fais-en tes délices. Et si tu es dans un endroit où il y ait abondance de bons maîtres, tant mieux pour toi. Cependant je te donne ce conseil : choisis toujours le meilleur et celui qui a le plus de réputation ; et t’y attachant jour par jour, il serait contre nature que tu n’acquières pas quelque chose de sa manière et de ses allures. Tandis que si tu te portes à dessiner aujourd’hui celui-ci, demain celui-là, tu n’auras la manière ni de l’un ni de l’autre, et peut-être il t’en résultera un peu de bizarrerie, comme ayant l’esprit tiraillé par ces différentes façons : un jour tu voudras faire comme celui-ci, demain comme cet autre, et ainsi tu ne conduiras rien à perfection. Si tu continues à ne suivre que les pas d’un seul, il faudra que ton intelligence soit bien grossière pour que tu n’en recueilles pas quelque nourriture, et alors il t’arrivera que la fantaisie que t’aura concédé la nature, une fois développée, te poussera à prendre une manière qui te sera propre et qui ne pourra qu’être bonne, parce que ta main et ton intelligence, accoutumées à cultiver des fleurs, ne sauraient recueillir des épines.
« XXVIII. Comment, de préférence même aux maîtres, il te faudra continuellement dessiner d’après nature. Remarque que le guide le plus parfait que l’on puisse avoir, la meilleure direction, la porte triomphale qui conduit au dessin, c’est la nature. Dessiner d’après nature passe avant tout. Il faut t’y livrer avec ardeur et confiance, surtout quand tu commenceras à avoir quelque sentiment du dessin, continuer avec persévérance, et ne passer jamais un jour sans dessiner quelque chose. Si peu que ce soit, ce sera toujours autant, assez peut-être pour te conduire à l’excellence.
« XXIX. Comment tu dois diriger ta vie en honnêteté et avec le soin particulier de ta main. — Dans quelle compagnie [...] Ta vie doit être rangée comme si tu étais étudiant en théologie, philosophie ou toute autre science; usant avec tempérance le boire et le manger. Deux fois par jour suffisent, te contentant de pâtes et de vin légers. Veillant à éviter à ta main de trop fréquentes fatigues, comme de jeter des pierres, des pieux ou toute autre chose qui lui sont contraires et la font trembler. Une autre chose peut rendre la main si légère et tremblante qu’elle vacillerait au vent comme une feuille de papier, c’est la compagnie trop fréquente des femmes. [...] »
Cennino Cennini, Trattato della pittura, 1437
2. Anonyme, XIIIe siècle, Anglais,
Bâtiment de la tour de Clifford (tiré de Vies des Offas
de Matthew Paris, 1200-1259) vers 1250-1254.
Encre sur papier vélin. The British Library,
Londres. Haut Moyen Âge.
3. Maître de la reine Mary,
XIVe siècle, Anglais, L’arche de Noé
(tiré du Psautier de la Reine Mary), vers 1310-1320.
Encre sur parchemin. The British Library,
Londres. Bas Moyen Âge.
4. Maître de la reine Mary,
XIVe siècle, Anglais, Scène de chasse
(tirée du Psautier de la Reine Mary), vers 1310-1320.
Encre sur parchemin. The British Library,
Londres. Bas Moyen Âge.
5. Anonyme, XIVe siècle,
Anglais, Lion (illustration tirée du
Traité d’Astrologie d’Albumazar (787-886)),
vers 1325-1375. Encre sur parchemin, 27 x 18 cm.
The British Library, Londres. Bas Moyen Âge.
6. Anonyme, XIVe siècle, Anglais,
Taurus (illustration tirée du Traité d’Astrologie
d’Albumazar (787-886)), vers 1325-1375.
Encre sur parchemin, 27 x 18 cm.
The British Library, Londres. Bas Moyen Âge.
7. Jean Pucelle, vers 1300-1334,
Français, L’Annonciation aux bergers
(folio tiré du Livre d’Heures de Jeanne d’Évreux),
1324-1328. Grisaille, tempera et encre
sur vélin, 9,2 x 6,2 cm. The Metropolitan
Museum of Art, New York. Gothique international.
8. Jean Pucelle, vers 1300-1334, Français,
Le Portement de croix (folio tiré du Livre
d’Heures de Jeanne d’Évreux), 1324-1328.
Grisaille, tempera et encre sur vélin, 9,2 x 6,2 cm.
The Metropolitan Museum of Art,
New York. Gothique international.
9. Ambrogio Lorenzetti, 1285-1348,
Italien, L’Annonciation (détail d’un ange),
vers 1340. Sinopia. Oratorio di San Galgano,
San Galgano. Gothique international.
