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Fugue dans le brouillard: Roman
Fugue dans le brouillard: Roman
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Livre électronique254 pages2 heures

Fugue dans le brouillard: Roman

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À propos de ce livre électronique

Carole fuit ses parents, la société et l'école qui l'emmurent, mais rien ne se déroule comme prévu !

Dans un brouillard portuaire qui vous détache de tout, Carole, une jeune lycéenne en fugue, veut embarquer pour l’Angleterre. De nature anxieuse, elle va partir au « pays des merveilles » pour s’affranchir de la logique implacable de son père concepteur de robots, ainsi que du stress maternel qu’entretient le poste de sa mère au 117. Au fond, elle espère rompre avec tout ce qui l’entoure, pas seulement ses parents, mais aussi l’école absurde, humiliante et cette société qui emmure par des impossibles.
Or, rien ne se déroule comme prévu dans la brume des docks. Sa meilleure amie, qu’elle salue avant son départ, fait une crise d’exaltation, Carole sauve in extremis la vie d’un témoin gênant que deux organisations mafieuses rivales tentent d’exécuter. Carole, son amie et le blessé se perdent dans les bois derrière le port. Traqués par la mafia, par la police et la gendarmerie en battue, la fugueuse et ses complices sont déviés vers d’étranges moines geeks puis recueillis par un politicien qui dénonce l’action politique.
La cavale initiatique de Carole révélera-t-elle le vrai sens de sa fugue ?

Suivez la cavale folle de Carole, de son amie et du témoin blessé.

EXTRAIT

Ah, saleté de GPS ! Ça m’a encore lâchée… Où se niche donc ce foutu hangar numéro six ? C’est dingue, je distingue à peine mes baskets ! Mes pieds touchent-ils la terre ? Mes yeux fouillent le moindre environ. Hélas, évanouis, dilués, volumes et surfaces…Incroyable : à peine libérée de mes parents, de mes devoirs, de mon école, paf, je flotte dans le brouillard intégral ! Sauf que ce brouillard-là… Ce brouillard coule jusque dans mes veines, on dirait que le mystère même se confie à mes humeurs… Oui, ce ciel qui voile mes prunelles, ça me convient bien. Dans cette nuée sans relief, je sens l’énergie du commencement des temps, lorsque la puissance des amas de poussière retient, encore virtuelle, toutes les existences possibles. D’ailleurs, une fois, mon prof de géo m’a dit que ça se voyait bien que j’avais été jadis un nuage cosmique.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né dans la cité de l’Atomium, Robert Yessouroun a migré dans la ville du CERN. Géologue non pratiquant, naguère professeur de lettres, de mathématiques et de psychologie, formateur d’enseignants, aujourd’hui il réfléchit sur nos avenirs possibles mû par un appétit de futur qu’il aimerait transmettre à ses contemporains devenus, non sans raison, circonspects face à ce qui nous attend.
Dans cette perspective, des dizaines d’années d’enseignement à des adolescents l’ont conduit à s’interroger sur l’âge bête (s’il existe), sur les révoltes et les espérances des jeunes qui affrontent le sempiternel paradoxe de la société : faire place aux jeunes et les exclure.
LangueFrançais
Date de sortie4 mars 2019
ISBN9782378778491
Fugue dans le brouillard: Roman

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    Aperçu du livre

    Fugue dans le brouillard - Robert Yessouroun

    Autres ouvrages de l’auteur :

    La Tondeuse du général de Gaulle, éditions Thot, 2007.

    Les Mouettes volent-elles dans le brouillard ? éditions Velours, 2009.

    La Joueuse de chimères, éditions Assyelle, 2011.

    Le Clou du spectacle, éditions Assyelle, 2012.

    Rêver sur son volcan..., éditions Assyelle, 2014.

    Avocats mécaniques, dans l'Anthologie « Créatures des Otherlands » (Nouvelle(s) Génération, 2014).

    Le Paradis du diable ?, éditions RroyzZ, 2015.

    Un Village proche des étoiles, éditions Assyelle, 2015.

    Mieux qu'Hollywood, dans l’anthologie « Entre rêves et irréalité » dirigée par Stéphane Dovert, éditions Arkuiris, 2017.

    Le Robot de trop, édition Le lys bleu, 2018.

    Les Voleurs d’absurde, éditions Hélice Hélas, 2018.

    À Alice, en souvenir de sa terminale héroïque.

    À François-Noël Simoneau, sans lequel je n’aurais jamais fini mes études.

    Première vague : au commissariat, tout se complique

    Jeudi, vers l’aube

    1

    — Je crains le pire, chuchote la mère de Carole (mère qui, visiblement, n’a pas dormi de la nuit). Je crains le pire…

    — Comme toujours, banalise le père, avant un long soupir.

    Au bout d’un couloir du commissariat, sous un néon qui clignote, dans l’attente de l’officier de police, les parents de Carole se regardent à peine. En complet jeans, le père bedonnant, le rictus moqueur, semble vautré sur le banc, les jambes nerveuses allongées devant lui, les mains derrière la nuque. Derrière d’épaisses lunettes, ses yeux gênés fouillent le plafond auréolé d’anciennes infiltrations d’eau.

    En tailleur strict vert bouteille, les cheveux teints d’une couleur rouille, la mère manifeste sa crispation, les jambes repliées, les mains agaçant le sac, le regard perdu baissé vers le parquet. Elle se mordille les lèvres. Son visage est régulier, avec un nez pointu presque long, dont la pointe suggère un flair inquiet...

    Le mari consulte sa montre.

    — Ton collègue inspecteur nous aurait-il oubliés ? Bizarre. Tu es de la maison, pourtant, non ? La police devrait nous soigner aux petits oignons.

    — Laisse les petits oignons. J’ai déjà assez de soucis comme ça.

    — Ouais, d’ailleurs, est-ce bien raisonnable de poireauter sur ce banc ? Ce ne sont pas les flics qui vont nous aider. Sur le terrain, ta corporation souffre d’un manque cruel de moyens.

    — Tu ne peux t’imaginer leurs prouesses quotidiennes !

    — Sans robots ? S’ils en ont, soit leurs engins sont désuets, soit ils ne savent pas les utiliser…

    — Ah, ça y est ! Tu me bassines encore avec tes robots, alors que notre fille Carole s’est volatilisée dans le brouillard depuis hier matin ?

    — Bah, ce n’est qu’une fugue d’ado. Tu te tourmentes trop. Voilà ce que c’est que de répondre tous les jours au « 17 ». Tu t’exposes aux alarmes permanentes. À force d’écouter les appels à Police secours, tu as fini par intérioriser panique et détresse.

    — Ah ! Tu peux parler de panique et de détresse, toi ! Bien au chaud, calfeutré chez ton ROF, « Robotic of Future », tu joues aux drones et aux robots. Comment peux-tu avoir l’esprit à te soucier de tes filles ?

    — Carole et sa sœur sont exemptes de bêtise. La cadette est première en terminale, au lycée. L’aînée brille en troisième année de médecine.

    — Sauf que la cadette a lâché son épreuve de math. En fait, elle a tout lâché sur un coup de tête.

    Il relève ses lunettes sur son front.

    — Dire que Carole était génétiquement destinée à devenir débile…

    — Oui, encore enceinte, j’avais fini par céder à tes sirènes sur l’intelligence. Au fond, poursuit-elle, Carole n’est pas naturelle. Elle a été trafiquée par le génie de tes collègues bricoleurs en ADN.

    Elle s’essuie un œil, puis se mouche.

    — Quand on est naturel, on aime la nature. Quand on aime la nature, on aime sa mère.

    — Ah, Véronique, tu ne vas pas remettre ça, hein ! Tu sais bien que Carole, sous le choc hormonal de l’adolescence…

    — Assez de « science » ! Notre fille s’est tirée, elle nous rejette, toi comme moi.

    La mère va éclater en sanglots.

    — Oui, et pourquoi, selon toi, Carole a-t-elle pris le grand large ? demande le mari.

    Mais, un mouchoir devant les yeux, Véronique se morfond. Alors, il répond à la place de son épouse :

    — Peut-être se cherche-t-elle un espace de pseudo-liberté, un territoire à elle. En fait, elle est entrée en crise, en révolte. Elle cuit son adolescence. Elle est rattrapée par la Nature et ses stupides pulsions.

    Soudain révoltée, elle réplique enfin :

    — Ah, je les connais tes stupides pulsions ! Non, Carole n’est pas suicidaire ! Tu n’as jamais rien compris à ta fille. La seule chose que tu comprennes, ce sont tes robots ! Misère !

    — Mais c’est toi qui ne comprends rien ! Tout ça n’a rien à voir avec Carole. Ce n’est pas une question de personne, c’est une question d’espèce. Quand Freud parlait de « pulsion de mort », cela concernait tout être humain.

    — Ah ! non, tu ne vas pas nous la rejouer, celle-là ! Ta théorie, je la connais par cœur ! (Et elle se met à le railler :) « Surpeuplés, les citadins ressemblent à cette race de castors, qui, dès qu’ils dépassent en nombre une certaine quantité d’individus par kilomètre carré, s’adonnent à une activité absurde, maniaque, outrancière, obsessionnelle, perdant ainsi tout instinct de conservation, jusqu’aux soins de leurs petits. Ils érigent sans répit des barrages d’une complexité grandissante, lesquels, la plupart du temps, finissent par s’écrouler sur eux-mêmes. »

    Il acquiesce d’un sourire discret.

    — Foutaises que tes théories ! Est-ce que je suis suicidaire moi ?

    — Ben, tu prends des antidépresseurs, non ?

    Froissée, elle se lève, affiche une moue boudeuse, quitte le banc pour arpenter tout le commissariat, où elle glane tant bien que mal des informations fraîches auprès de chaque agent qu’elle croise. Tout à coup, un inspecteur à la moustache noire la heurte devant le comptoir de la réception. Alors qu’il était visiblement sur les nerfs, à la vue de sa collègue aux abois, son visage s’adoucit :

    — Véro ! Déjà là ? Tu tiens le coup ?

    — Tu… tu as des nouvelles ? supplie la mère.

    — Juste que ta fille a déjà expédié à l’hôpital trois de nos hommes.

    — Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, fait-elle.

    — Et, tu ne connais pas la meilleure, ajoute l’officier qui la repousse, non sans tact, vers le couloir.

    — Non, Seigneur Jésus…

    — En compagnie d’une dingue et d’une cible de la mafia, elle a contacté le « 15 », le SAMU, avant de traverser la fête du littoral en chariot élévateur...

    Le jour d’avant, mercredi, en fin d’après-midi

    2

    Au commissariat, dans une pièce étroite, glauque, l’inspecteur se gratte la moustache noire et frôle de ses cent pas les murs de béton qui ne sentent pas la rose... Au centre se dresse une table derrière laquelle un matelot mal rasé semble aux aguets. Des poches sous les yeux qui fuient (dont un œil au beurre noir). Quelques ecchymoses sur le front, la joue et le menton.

    — Pourquoi suis-je ici ? Parce que j’me suis battu avec mon capitaine ? Le salaud ! Ivre comme un Gallois, il m’a tabassé pour avoir saboté le radar du bateau, j’vous jure !

    Ses prunelles évitent de soutenir le regard inquisiteur du policier.

    — Quoi ? Moi, j’aurais bousillé ce foutu radar ? Dans quel but ?

    — Ben, pour retarder le départ de ton rafiot, le temps de réparer la panne. Ta passagère clandestine ne se faisait-elle pas attendre ?

    — Ah ? C’est donc à cause d’elle que j’suis ici ?

    — N’est-ce pas toi qui nous as signalé des coups de feu sur les quais ?

    — J’aimerais retourner au boulot. Je…

    — Non, mon gars. Ton bateau est bloqué au port. Sans radar, dans ce brouillard… De toute façon, ton capitaine t’a viré, non ?

    Le marin tousse.

    — Puis-je rentrer chez moi ?…

    — Parle-nous plutôt de… Carole.

    — Carole ! Quelle poisse, cette fille ! Sans elle, j’serais toujours sur mon chalutier !

    — Que lui as-tu fait, à cette pauvre lycéenne ?

    — Rien. (Il réfléchit.) J’y suis pour rien ! J’y suis pour rien ! répète le marin, pas fier. La seule chose que j’ai comprise avec elle, c’est qu’en se barrant de chez ses vieux, elle allait me refiler un max d’emmerdes… Dites, c’est pénible pour les yeux, non, ce spot qui… ?

    Le moustachu debout ne bronche pas. 

    — D’abord, quand on parle de Carole, on parle bien de la même fille ? s’assure le policier qui, de la poche la plus épaisse de sa veste, sort une photo traversée de plis.

    Le visage ovale, ses pommettes marquées par le sourire bizarre de ses lèvres sensuelles, Carole est coiffée de mèches rebelles, certaines colorées en fluo, jaillissant d’une chevelure comme foudroyée, noire. Ses sourcils bruns offrent un arc dense et pur à ses yeux bleu vert qui semblent émerveillés tant ils sont immenses. Les narines de son nez courbé, noble, autoritaire paraissent contenir sa respiration.

    Le jeune matelot, un peu confus, expose une tête d’adolescente troublée sur l’écran de son portable.

    — J’ai copié cette photo depuis Facebook, pour reconnaître la demoiselle.

    L’officier lui arrache le portable des mains pour comparer les deux visages, puis sans hésiter :

    — Ouais, ouais, pas de doute, c’est la même nana. Même hérisson de Noël. C’est bien cette Carole qui n’est jamais venue à votre rendez-vous.

    — Mais… J’y suis pour rien.

    — Comment êtes-vous entrés en contact, tous les deux ?

    — Le matin même de son escapade. Par messagerie, pour prendre rendez-vous, au pied du phare… Grâce à Facebook (nous sommes amis), elle savait que j’embarquais ce jour-là pour Liverpool.

    L’inspecteur écarquille les yeux.

    — Mais… J’y suis pour rien, moi…

    — Répondre à une question, tu comprends ce que ça veut dire ?

    — J’ai été jeté du chalutier…

    — T’es une vraie tronche de plouc, toi, hein ! Comment êtes-vous entrés en contact, tous les deux, scrogneugneu ?

    L’ombre du fonctionnaire de police assombrit le visage du marin qui finit par s’écrier :

    — Par portable, m’sieur ! Par Facebook, j’vous l’ai dit !

    — Et comment donc êtes-vous devenus « amis » ?

    — En fait, Carole est une copine de classe de mon petit frangin. Elle l’avait dépanné pour une interro de… de… j’ai oublié. Or, la gamine, brusquement, voulait filer en Angleterre et… et… comme par hasard, mon bateau devait appareiller pour la Grande-Bretagne. Tout s’est passé très vite, par textos. Pas eu le temps de réfléchir. Tant qu’à faire, c’était ma façon de régler la dette envers elle de mon frérot… (il remarque la mine sévère de l’inspecteur) sa disparition, j’y suis pour rien, moi, j’vous jure… j’la connaissais pas, je devais juste lui trouver un coin sur le pont du…

    Vendredi matin

    3

    Dans une arrière-salle du commissariat, Béatrice, une jeune fille bouclée, rouquine, aux formes généreuses, se ronge la peau du bout de son pouce. Sa robe claire à fleurs rouges, toute fripée, suggère un retour très matinal chez ses parents. Son inspecteur à elle, plutôt chauve à la barbiche grise, pose avec délicatesse sa main sur son épaule, pour la rassurer. Elle sursaute et, d’une respiration profonde, ouvre sa paume contre son cœur.

    — Pourquoi vous êtes venus me chercher à la maison, avec un fourgon et quatre motards ?

    — On souhaite juste retrouver au plus vite votre amie Carole. Où est-elle ? Réfléchissez bien avant de répondre. Pensez à l’inquiétude de ses parents.

    — Pourquoi ne vous adressez-vous pas directement aux services secrets ?

    Le policier s’esclaffe.

    — Partons du bon pied, mademoiselle. Reprenons depuis le début. Alors, mercredi dernier, vous aviez donc rendez-vous avec Carole, non ? À l’entrée du hangar cinq, sur le quai principal du port, c’est bien ça ?

    — Six. Le hangar six. L’année dernière, j’allais au hangar six pour mes rencards avec mon mec. C’est le lieu le plus sûr pour une fille qui veut retrouver son amoureux toujours en retard. Plein de monde circule toujours autour du hangar six, des ouvriers de chantier, des débardeurs qui chargent et déchargent.

    — Et ce hangar, il donne sur un quai ?

    — Ben, évidemment !

    — Soit. Revenons à Carole. Il y a deux jours, vous retrouvez secrètement votre amie en fugue vers les docks du vieux port, c’est bien juste ?

    — Oui, oui. Me regardez pas comme ça, vous me faites peur.

    — Allons, allons, mademoiselle, vous exagérez…

    — Même pas ! Parfois, certaines émotions me saisissent et… je débloque complètement… Selon mon médecin, je dois ces « coups de délire » à mes parents. Depuis leur adolescence, papa et maman s’étaient adonnés à la drogue. Ils se sont rencontrés en cure de désintox…

    — Ne nous égarons pas. Reprenons. Comment décririez-vous Carole ? Quelle est sa place dans votre existence ?

    — Carole… heu… elle sait écouter, elle comprend tout, elle rend service même si la demande est impossible, et…

    — Depuis quand la connaissez-vous ?

    — Oh ! Carole et moi, on a joué ensemble dès l’âge de deux ans, à la crèche. C’est la seule personne à qui je fais vraiment confiance.

    — Vous êtes dans la même école ?

    — Oh, que non ! Elle, c’est la tronche, l’intello. Moi, je finis mon apprentissage de pâtisserie. Juste bonne à faire des gâteaux, mais c’est ce qui me plaît, vous voyez, j’aime les douceurs, moi. Et puis, je loge au-dessus d’un bar du vieux port, tandis que Carole, elle vit dans la zone résidentielle.

    — Mais comment vous a-t-elle contactée ? Qu’est-ce qu’elle voulait ?

    — Elle m’a envoyé un texto, comme d’habitude, sur mon mobile. Elle voulait partager en tête à tête, entre quatre yeux, une nouvelle extraordinaire, dans le plus grand secret. C’était urgent. J’ai dû quitter mon boulot, en catastrophe. Ma patronne, elle était pas contente.

    Le policier tapote avec ses doigts sur la table…

    — En fait, ce qu’elle allait m’annoncer n’était pas très joyeux, même plutôt triste pour moi.

    — Annoncer quoi ?

    — Ben, tout excitée, elle m’a chuchoté, dans le brouillard, que nous allions plus nous voir ! Dans le brouillard, c’est le comble !

    Deuxième vague : le petit départ

    Mercredi, dans la matinée

    1

    Ah, saleté de GPS ! Ça m’a encore lâchée… Où se niche donc ce foutu hangar numéro six ? C’est dingue, je distingue à peine mes baskets ! Mes pieds touchent-ils la terre ? Mes yeux fouillent le moindre environ. Hélas, évanouis, dilués, volumes et surfaces…

    Incroyable : à peine libérée de mes parents, de mes devoirs, de mon école, paf, je flotte dans le brouillard intégral ! Sauf que ce brouillard-là… Ce brouillard coule jusque dans mes veines, on dirait que le mystère même se confie à mes humeurs… Oui, ce ciel qui voile mes prunelles, ça

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