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La nuit finira bien par tomber: Roman
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Livre électronique163 pages2 heures

La nuit finira bien par tomber: Roman

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À propos de ce livre électronique

Une explosion de sentiments négatifs assaillent Bruno lorsqu'il commence sa cure sans alcool... Dépression, angoisse, colère vont ponctuer ses jours.

« L’alcool est à double tranchant », Bruno Raillard ne le sait que trop bien.
Quand le médecin lui révèle l’état de son foie, il prend un choix radical : arrêter l’alcool pendant un mois.
Sans rompre définitivement avec ses liens éthyliques étroits, il doit se reconstruire dans une société où l’alcool est omniprésent.
Bourré d’incertitudes, contradictoire, anxieux, largué dans un monde qu’il déteste, Bruno décide de passer son permis de conduire, de se lancer dans un projet ambitieux avec des amis, de peut-être même se trouver une femme, de vivre tout simplement, sans « l’aide » de l’alcool, bouée de sauvetage trouée à son manque de confiance et sa timidité maladive.
Entre famille, amis, bars, anniversaires, manque de sommeil, il n’attendra qu’une chose : que la nuit tombe enfin…

Un roman poignant sur la réinsertion et la reprise en main d'un jeune homme tombé dans l'alcool.

EXTRAIT
Quand j’ai fini la dernière bière, je me suis senti effroyablement triste. J’avais envie d’aller m’en racheter. Mais j’ai fait mon premier effort : j’y suis pas allé.
1,5 litre pour adieu. C’était pas assez. Mais juste de quoi passer la soirée et me réveiller tout frais le lendemain, prêt – plus ou moins – pour affronter une nouvelle période de chasteté. Mais cette fois, il ne s’agissait pas de sexe. Non. Il s’agissait d’une exaltation dont je dépendais nettement plus. Le sexe, je pouvais m’en passer, j’avais jamais été très doué avec les filles… Les périodes de vaches maigres, je connaissais.
La larme à l’œil, déjà dégoûté de tout, j’ai éteint la lumière et ai essayé de dormir. Il était un peu plus de vingt-trois heures.
La dernière fois que j’ai regardé la montre, il était trois heures du matin.
Ça commençait mal.

À PROPOS DE L'AUTEUR
ALIOCHA est né en 1991, il a grandi à Corsier, Genève. Dès douze ans, il écrit ses premières chansons, puis des poèmes, des chroniques, des nouvelles, jusqu’à ce roman. C’est grâce a des auteurs comme Bukowski dans Contes De La Folie Ordinaire qu’il a eu l’amour pour la littérature. Malgré les aléas de la vie, l’écriture lui a donné un sens à la sienne.
LangueFrançais
Date de sortie4 oct. 2019
ISBN9782851138651
La nuit finira bien par tomber: Roman

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    Aperçu du livre

    La nuit finira bien par tomber - Aliocha

    1

    J’ai grandi avec l’alcool.

    Tout au long de ma vie, à part peut-être à l’école, l’alcool était omniprésent. Dans la bière de ma mère qui rentrait du boulot. Dans le verre de vin rouge que mon père buvait en se réveillant. Dans le frigo. Dans les placards. Caché quelque part dans la baraque. Dans les bars. Chez l’épicier du coin. À la télé. Aux fêtes. Aux enterrements. Partout.

    Mon père a fini par en mourir. C’était quelque part un choix comme un autre quand on ne désire plus sincèrement vivre.

    Il nous en avait fait baver avec ses bouteilles, ma mère, ma sœur et moi. Des scènes, j’en ai vu dès tout petit. Aussi, un des rares souvenirs que je conserve de mes parents est celui de ma mère cassant une bouteille de rouge dans l’évier, excédée. Mon père, lui, est éteint, le visage rouge et les yeux déjà morts. Et je comprends comme comprend un gosse, je comprends tout mais suis incapable d’y poser des mots, d’analyser la situation. Je comprends sans comprendre.

    Arrivé à l’adolescence, il était clair pour moi que je ne boirais jamais d’alcool. Ç’avait foutu bien des choses en l’air dans ma vie, et dans celles de ceux que j’aimais profondément. Jamais je ne fumerai non plus, vu comme maman tousse, non, merci, les gars, très peu pour moi.

    Ouais, ouais…

    Et puis un jour qu’on était à traîner avec des potes comme ça, vers mes quinze ans – enfin plutôt un soir –, on m’a tendu un joint. L’odeur m’avait toujours intriguée. Pourquoi pas ? Je ne savais pas ce qui me poussait à le prendre, mais je l’ai pris.

    Je dus attendre le troisième joint de ma vie pour être défoncé.

    Sympathique tout ceci. Je ne boirai pas mais je fumerai de temps en temps avec vous les gars.

    Ouais, ouais…

    Trois mois plus tard, je m’achetai un pack de bière. J’en bus une, deux, trois, puis le pack entier. C’est nettement plus sympa c’t’effet-là !

    Mais ce ne sera que de temps en temps, le week-end comme ça, quand j’aurai quelques thunes.

    Un peu de joints, un peu d’alcool, mais les cigarettes : non ! Et puis ça sert à quoi une cigarette ? Ça pue et ça défonce en rien, si ce n’est tes poumons… Faut être con…

    Et un jour alors que j’avais la pause de midi, que je rentrais chez moi manger après le collège, j’étais seul et m’ennuyais. Je vis le cendar plein à craquer et me dis : « Tiens, on a rien foutre, pourquoi pas essayer ? » J’ai toussé en allumant le premier mégot, et plus je fumais moins je toussais. Par contre, les premières bouffées me faisaient tourner la tête. C’était agréable.

    Quelques mois plus tard, je fumais et buvais, en cachette de maman, bien sûr – papa aurait simplement dit que c’était mal, mais ne m’aurait fait aucune remontrance. Quand elle le découvrit, je continuai, mais de façon modérée – après une bonne engueulée.

    C’est à la fin de l’ECG, à mes dix-huit ans, que j’ai commencé à picoler sévère. Sévère veut dire : tous les soirs. J’avais la gueule de bois à tous mes examens de fin d’année. Parce qu’on se torchait sympathiquement avec les potes, voyant les vacances venir et voulant déjà y être. C’était d’ailleurs là deux mois de beuveries qui s’annonçaient.

    Et puis au bout de deux ans, c’était le lot quotidien. Je me biturais pas tous les soirs, mais régulièrement, et buvais un peu tous les jours.

    Avant de découvrir l’alcool, j’étais un gamin timide et sérieux. J’avais peur des autres, acquiesçais sans cesse, ne pipais pas mot… L’alcool m’a désinhibé. De l’enfoiré qui rendait mon enfance si malheureuse, il devint celui qui me fit déconner, prendre les choses avec légèreté, oser.

    Il me faisait aussi faire des conneries. Soyons honnête, l’alcool c’est à double tranchant. Il pouvait me pousser vers une certaine folie, me faire dire des saloperies, me montrer sous mon pire aspect, me faire dégueuler sur les plantes d’un restau chic, tomber dans le caniveau, dormir sur des containers, et pire : ne plus avoir aucune limite et prendre la première substance capable d’accroître ma défonce. C’est dur le lendemain quand on se réveille empli de culpabilité. Un verre et on assume…

    Mais malgré ça, j’avais l’ultime sensation de vivre, de me révéler. C’était intense. Profond. Bon. Je ne m’imaginais pas pouvoir m’en passer, sans ça tout redeviendrait si terne…

    Je ne trouvai donc plus mon pareil sans alcool. C’était dit. C’était fait. Lui et moi vivrions le restant de nos jours ensemble, pour le pire et le meilleur.

    2

    La veille, qui finalement n’en était pas une, mais vous saurez bien assez vite pourquoi, je me retrouvai avec deux amis au stade de la Praille à regarder le match du Servette F. C., à picoler et à gueuler pour s’échauffer les cordes vocales. On riait bien et buvait bien. Tout roulait. Sauf que Servette perdit le match. Mais bref, ceci n’avait et n’a toujours pas d’importance…

    Après le match, on était déjà bien entamés, bien pétés, dites comme vous voulez. Et on avait encore soif.

    Alors on s’est pas arrêtés là, on s’est pas dit :« Le match était pourri, merde ! Autant rentrer et penser à autre chose… » Non. On était de faux supporters. On allait au stade pour picoler un coup et profiter de l’ambiance ; des cris stupides, de la testostérone ambiante, et tout ça. Je sais pas si on profitait vraiment, mais on picolait, ça oui. Ça occupait… Je crois que c’était la raison de notre présence tribune Nord.

    On a plus du tout pensé à la défaite une fois la sortie du stade franchie. Ce qu’on avait en tête, c’était trouver un bar, boire, puis chercher un autre bar.

    « On », c’est Oscar, Cosimo et moi – Bruno Raillard.

    Oscar est un malin, Cosimo un peu moins mais ce dernier n’est pas si con pour autant – loin de là. L’Oscar est un joueur de cartes, et pas un mauvais. Il est souvent attifé de vieilles sapes et porte de temps en temps une sorte de Panama. Il est blond, a du bide, un nez crochu avec une verrue, les yeux bleus et de bonnes joues bien rondes bien grassouillettes, d’où sa fine couche de barbe ne disparaît jamais. En plus de ça, voyez-vous, c’est une sorte d’obsédé. Oh ! c’est pas qu’il pense plus au cul qu’un autre, c’est plutôt qu’il est capable de tirer n’importe quoi… Enfin, n’importe qui. Et y a pas que ça, il voue un culte aux prénoms et aux noms. Le mec veut toujours connaître votre identité tout entière, à la lettre près. Allez savoir pourquoi…Quand il dispose de toutes les informations, il se marre en poussant des petits shhhhhh, shhhhhh, ses grosses joues lui remontent aux yeux et son bidon se contracte et se décontracte. Sans lui donner la beauté, faut lui laisser qu’il a fière allure quand il rit.

    Quant à Cosimo, c’est un grand rital qui fait souvent mine d’avoir un ego surdimensionné. Mais je pense pas qu’il en ait autant, au fond. C’est plus le genre à jouer en société, à rouler les mécaniques et tout ça. Quand on le connaît, il est différent, il devient plus vrai, moins irritant, il joue moins de sa carrure, qui est, faut le dire, plutôt costaude. Quand on le connaît Cosimo, on y découvre une grande sensibilité, presque crédule, mais c’est pas le mot. En tout cas, il est très attentionné, on peut compter sur lui. Un vrai pote. Mat qu’il est ce con. Les cheveux comme de la paille noire. Des yeux noisette. Son défaut physique préféré c’est ses tétons, pointus comme des poinçons. Faut pas les mentionner, sinon il s’énerve en dedans, rit jaune, se rétracte, profère des menaces, mais c’est lui qu’est déjà blessé, et ça se voit.

    Moi ? Bruno Raillard ? Oh ! y a pas grand-chose à dire… Passons pour le moment, trop de descriptions tuent le fil de l’histoire. Si ça vous fait plaisir, imaginez-moi comme vous voulez. Me donner pas trop de beauté, par contre. N’allons pas trop loin dans l’imaginaire. (Je ris. Pas vous ? Tant pis.)

    Donc on s’est fait la Rue De L’École De Médecine. Pour ceux qui ne connaissent pas Genève, c’est une rue où y a que des bars – ou presque. Le soir, c’est peuplé d’étudiants en quête d’ivresse. Pour un amateur de femmes, le passage féminin peut y être intéressant. Pour un buveur, les prix sont « raisonnables ». Je réunissais amateur de femmes – surtout pour le mot amateur – et buveur. Je passai une bonne soirée. Mais, les bars c’est comme tout établissement : arrivé une heure, ça ferme.

    Quand on s’est retrouvés sur le trottoir et que peu à peu la rue se vidait, Cosimo a demandé à Oscar s’il voulait rentrer, mais n’a guère cherché à connaître mon avis. Il devait savoir qu’en aucun cas j’avais mon compte.

    Alors on a marché en direction des Pâquis. Sauf que sur le chemin on a fait un arrêt. Une sorte de léger détour sur le parcours. On a croisé des noirs vers l’Usine – une boîte alternative qu’ils appellent ça – et deux minutes après j’avais une boulette blanche dans la poche.

    On s’est arrêté dans une ruelle noire et déserte, puis on a pris nos clés pour couper le sachet. C’était pas emballé, c’était cadenassé ! On a ramé un p’tit moment pour ouvrir cette merde. Et quand un peu de poudre est tombée, j’ai sorti ma carte d’identité et ai tout foutu dessus. J’ai arraché deux bouts de papier de mon bloc-notes de super écrivain, en ai pris un et donné l’autre à Oscar pour en faire des pailles. Cosimo touchait pas à cette merde et il avait bien raison. Oscar et moi c’était occasionnel, quand on était pétés et qu’on en voulait encore plus. Et finalement, c’était plus des « essais » répétés qu’autre chose, puisqu’on en avait pris si rarement. On savait pas vraiment pourquoi on en prenait… Sur le moment, ç’avait l’air d’être la chose bienvenue, mais le lendemain tu regrettais… Du pognon et de la santé foutus en l’air… De la connerie pure…

    À chaque trait, je me demandais pourquoi je sniffais… C’est vrai, pourquoi ?... La coke ne me défonce pas à proprement parler, c’est-à-dire qu’elle n’obstrue pas ma pensée, que je ne divague pas comme je peux divaguer sous joint ou sous alcool. Non. Ma tête reste « clean ». Mais y a tout de même un sentiment de bien-être, une motivation et de l’énergie qui s’immiscent en moi. Étrange sensation. Éphémère sensation surtout. Pis sans compter qu’on a envie d’en reprendre toutes les cinq minutes une fois qu’on a tiré le premier trait. Tout ça pour pas grand-chose, au final. Si ce n’est la « goutte », le goût d’essence dans la bouche, le nez qui coule et les palpitations au cœur. Le seul point positif, peut-être, c’est de pouvoir boire jusqu’à pas d’heure, et des doses monumentales !...

    Après ça, j’avais plus une thune. Mais c’était pas grave, Oscar m’avança cinquante balles.

    Une fois dans le cabaret, je commandai une bière puis allai tirer un trait aux chiottes. Et les chiottes sont tout ce dont je me souviens du cabaret. Elles étaient basiques mais demeurent mon seul souvenir. Enfin presque. Je me souviens également d’une des putes qui y travaillait. Tenue et brune, les yeux verts en amandes, des seins qui ne demandaient qu’à sortir de son soutif. On a échangé deux mots et quand je dis deux mots, ce n’en est que quelques-uns de plus. Elle m’a demandé de lui offrir un verre et je lui ai dit que j’avais pas une thune, après quoi elle s’en est allée vers un autre branque. J’ai souri et ai pensé à autre chose. J’avais l’ivresse et ça suffisait. Je ne dépensai les cinquante balles que pour ma gueule.

    Pourquoi en aurais-je eu quelque chose à foutre ? Payer verre sur verre en échange de banalités dans un anglais mal maîtrisé ? Des discours de convention ? Une femme qu’on paye pour qu’elle nous dise ce qu’on veut entendre, comme quoi on est beau, drôle, intelligent ? Payer pour ce genre de mensonges éhontés ? Et se prendre au jeu, se faire avoir jusqu’à croire qu’elle est différente avec nous ? Qu’on a peut-être une chance de lui plaire ? En voilà une qui sait que je suis pas un de ces connards lubriques ! J’ai du cœur, moi ! Ça ouais ! Un trop gros, un qui est à l’étroit dans c’te foutue cage thoracique…

    Croire

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