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La personne responsable: Âme et liberté
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Livre électronique453 pages7 heures

La personne responsable: Âme et liberté

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À propos de ce livre électronique

Métaphysique pour la vie

Notre société est de plus en plus complexe. Les exigences économiques ou professionnelles s’opposent au devoir moral et au fonctionnement de notre écosystème. Les exigences de vie sont de moins en moins compatibles avec la satisfaction de nos désirs, etc.
Lorsque l’on observe le processus qui se déploie jour après jour, on trouve toujours à redire pour suivre des obligations qui déshumanisent la vie. Pourtant, rien n’y fait : nous ne nous sentons pas plus responsables. À raison d’ailleurs, car il y a toujours des causes externes, contre lesquelles on ne peut pas rivaliser, qui nous conduisent droit vers un mur. Notre vie perd de son autonomie, la nature en souffre au même titre. Nous nous demandons, au travers de ce livre, qui en est réellement la cause, mais aussi qui en pâtit ? Qui en est véritablement victime ?
À travers une analyse approfondie, nous nous remettons en question en tant qu’être humain, et nous demandons qui est responsable, et de quoi surtout ?

Alliant une réflexion sur la notion de responsabilité, et d’âme, cet ouvrage met en question les limites de la liberté et égratigne l’illusion qui l’entoure.

EXTRAIT

Il est difficile de se sentir libre dans un monde oppressant, capricieux, dont nous ne semblons pas disposer d’une grande amplitude pour la réalisation de nos projets… Cependant, en formulant cette pensée, une double interrogation me frappe l’esprit. Tout d’abord, pour quelle raison trouverais-je le monde ainsi ? Les projets que je formule et réalise n’en proviennent-ils pas ? Je veux réussir ma vie ou être riche, exercer tel métier, une famille… Ici c’est la nature qui me contraint. J’ai besoin de me nourrir, de me loger. Là, c’est plutôt la société dans laquelle je vis qui limite ma liberté. Ses directives sont loin d’être simples, justes, objectives, et me perdent parfois lors de mes décisions, de mes choix. Je m’y perds car je ne sais pas toujours si ma personne, sans être soumise aux influences, aurait pris cette direction plutôt qu’une autre. Il est vrai que mes ambitions sont pures, mais qu’afin de les mettre en œuvre, les obstacles du monde les modifient en permanence. Je dois régulièrement les revoir à la baisse, m’adapter, accepter…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Grégory Van der Schuren est né en 1974 dans le bassin minier du nord de la France. En 2002, il quitte ces régions pour profiter du soleil au bord de la Méditerranée. Grâce à des missions intérimaires et quelques bonnes rencontres, il s’accroche à ses études à l’université de Toulouse, et se forme pour devenir psychanalyste. Titulaire d’un doctorat en philosophie, il enseigne cette discipline dans l’académie de Montpellier depuis plusieurs années. Il a aujourd'hui un cabinet de consultation.
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie2 nov. 2017
ISBN9791023607093
La personne responsable: Âme et liberté

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    Aperçu du livre

    La personne responsable - Grégory Van der Schuren

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    Grégory Van der Schuren

    La personne responsable

    Âme et Liberté

    ~

    Métaphysique pour la vie

    Ouverture

    Que faut-il entendre par le mot : responsabilité ?

    Il est difficile de se sentir libre dans un monde oppressant, capricieux, dont nous ne semblons pas disposer d’une grande amplitude pour la réalisation de nos projets… Cependant, en formulant cette pensée, une double interrogation me frappe l’esprit. Tout d’abord, pour quelle raison trouverais-je le monde ainsi ? Les projets que je formule et réalise n’en proviennent-ils pas ? Je veux réussir ma vie ou être riche, exercer tel métier, une famille… Ici c’est la nature qui me contraint. J’ai besoin de me nourrir, de me loger. Là, c’est plutôt la société dans laquelle je vis qui limite ma liberté. Ses directives sont loin d’être simples, justes, objectives, et me perdent parfois lors de mes décisions, de mes choix. Je m’y perds car je ne sais pas toujours si ma personne, sans être soumise aux influences, aurait pris cette direction plutôt qu’une autre. Il est vrai que mes ambitions sont pures, mais qu’afin de les mettre en œuvre, les obstacles du monde les modifient en permanence. Je dois régulièrement les revoir à la baisse, m’adapter, accepter…

    Cependant, d’autre part, je n’éprouverais pas ces pressions et difficultés si je ne m’étais pas accroché à ce monde. Tout cela m’est en effet offert par le monde, auquel vient se greffer mon investissement, mes désirs de faire ceci ou cela. Allons voir maintenant du côté de ma personne, et de ce qu’elle ressent lorsqu’elle vient à traverser ces épreuves qui la conduisent tantôt vers la réussite et la gloire, tantôt vers l’échec et la déception. Lorsque je souhaite obtenir quelque chose, ce qui me pousse, m’attire, me propulse vers cet objet ne correspond-il pas à un degré de joie quand je finis par l’obtenir, ou de déception s’il vient à m’échapper des mains ? S’investir renvoie à une attente, mais le silence est bien gardé sur ce que renferme un tel investissement. Pourquoi ai-je voulu me remplir de cette visée, alors qu’elle est avant tout celle d’une époque ? Que signifie cette part de satisfaction ou de déception lorsque mes espoirs sont nourris ou que les routes me sont tout à coup barrées ?

    Rien n’indique non plus à quel point je puis supporter les épreuves de la vie, la difficulté quand elle me tombera dessus ? Je ne sais pas si, véritablement, cette charge que j’aurai à porter afin de mener à bien mes actions me sera lourde ? Pourquoi en est-il ainsi ? J’aurais pu prendre des choses plus faciles, plus évidentes, me rétracter en songeant que cet édifice n’a pas une valeur en soi, il n’a rien d’un absolu. Qu’en réalité, il n’y a rien à attendre ! Après tout, je n’ai aucun compte à rendre. Si je ne réalise pas tel projet, qui m’en voudra ? Rien n’est aussi simple, me dira-t-on. Entre l’idée de ne rien lâcher de ce que l’on s’est mis en tête, et la capacité de suivre sans broncher le mouvement du monde tel qu’il s’affiche, il y a tout un éventail de possibilités où chacun de nous pourra venir s’inscrire.

    Entre mes défis et ce qui s’y oppose, je trouve à m’accomplir. Si une seule direction m’est offerte, par voie de conséquence il devient évident de n’être responsable de rien ! Pour sauver la liberté, il y a comme un entre-deux, me mettant la pression à un rythme qui coïncide avec mon souffle de vie. Je dois reconnaître combien cette capacité de résistance, permettant de surmonter les chocs, mes faiblesses, mes erreurs, mes remises en cause lors de mes déceptions, font aussi partie du monde lorsque je les embrasse. Je reçois un modèle, une éducation, tout ce qui me caractérise passe par le filtre d’une sensibilité que canalise mon système nerveux, mes neurones, mes synapses ; mais le champ reste libre pour qui les emprunte. Tout ce que j’expérimente passe par mon corps, où tout un réseau de canalisations physiologique et culturel me rend sensible à telle peine, douleur émotive ou physique ; tandis qu’une conscience les reçoit. Les regrets, la formation de mes souvenirs, mes pathologies, tout cet arsenal où se dessine une singularité fait partie du monde lorsque je m’en accapare…

    Cette personne, qui réside en un lieu que je méconnais, choisissant, endurant, s’écroulant parfois, se réjouissant, avec ses qualités, ses défauts, m’est également étrangère sous de tels appétits. Il m’est impossible de me comprendre par endroits, bien qu’exécutant, pâtissant, révolté, selon le caractère, la circonstance, les façons d’être et de faire dans un milieu culturel donné. La difficulté est que rien de tout cela ne semble être de moi d’une façon très directe, en tant que sujet conscient, sachant, connaissant. Ne ferais-je ainsi que subir tout en cherchant à obtempérer du mieux que je pourrai, menant une existence dont je ne tiens pas les rênes ? Si tel est véritablement le cas, alors pourquoi parler d’une responsabilité ?

    Je m’interroge sur cette capacité de faire face aux circonstances de la vie. Ici j’éprouve de la peine, là de la joie, en d’autres occasions mon humeur est mitigée. Je me plains, certes, mais de quoi puisque je viens de comprendre à quel point il n’existe aucune forme de vie qui ne soit issue d’une conscience projetant d’elle-même son propre idéal ? Et d’où cet idéal prend-il racine ? Il est des régions où la vie est hostile, nul ne s’en plaignant ; d’autres contrées ayant beaucoup de privilèges se trouvent insatisfaites. À quoi est-ce dû ? Aussi, lorsque des difficultés me surviennent, ma personne n’en a-t-elle pas investi une part ? Quasi indépendamment de ce que le monde me délivre, n’y a-t-il pas une personne qui, mêlée, embrigadée dans ses impératifs, opte encore dans ces horizons ?

    Quelle peut être cette part, puisque je ne fais que recueillir des états d’âme, les désirs qui les accompagnent, les besoins pour la vie, etc. ? Je ne veux pas dire que cette part se situe au niveau de mes représentations, de cette conscience, car cet affect va bien au-delà de toute forme de représentation : l’effet qui se propage dans mon âme, je la vis de l’intérieur, c’est tout mon être qui s’y trouve convié. Dans ce que je pense recevoir du dehors, et uniquement recevoir, il doit donc figurer une production de mon âme. En d’autres mots : n’en porterais-je pas la responsabilité ?

    Puisqu’il est impossible de me le représenter, car tout ce qui m’arrive semble ne provenir que de l’extérieur, comment puis-je savoir ce que j’y mets ? Ici, l’on m’oblige à suivre des règles que je trouve absurdes ; là c’est moi qui ne m’autorise pas d’en déroger parce qu’elles sont morales, et j’en suis sensible. À juste titre, ce qui est senti, donné à vivre provient-il de ma sensibilité, car je suis sensible aux gens qui me regarderont, qui feront parler de moi selon de bonnes ou de mauvaises mœurs ? Ou cela provient-il de ma culpabilité, et cherche pour chaque occasion de me faire pardonner ? D’une manière ou d’une autre, on recherchera pourquoi me serais-je ainsi chargé d’un devoir ou d’un besoin de reconnaissance, entraînant parfois de la culpabilité ?

    Quoi qu’il en soit, je reste toujours responsable de ce qui arrive, quoi qu’il arrive, la culpabilité n’étant de ce point de vue tout à fait secondaire, n’est que l’un des devenirs possibles. Je l’aurais quelque part choisi puisqu’elle fait partie de mon horizon de vie. Mais on peut également suggérer son exploitation par des puissances et au détriment de ceux qui trouveraient par là un moyen de consolation. Pourquoi tel processus s’est-il mis en place ? Si je n’en suis pas fautif, au moins en suis-je la cause. On me signale qu’on ne pouvait pas deviner ce sur quoi cela allait déboucher. Comment les conséquences me reviennent-elles sous cette forme ? C’est ce que nous allons voir.

    Pour l’heure, approchons-nous de l’idée qu’il n’existe rien d’absolument étranger, rien non plus de tout à fait personnel. Les questions centrales pourraient donc consister à savoir comment ces deux dimensions contigües : âme réceptive et âme constituante, se sont-elles mises en place ? Si quelque aspect me précède pour ce qui me définit, en vertu de quelles expériences me suis-je défini comme je suis ? On me parlera du code génétique, de l’héritage des traditions, mais recentrons-nous sur la façon dont l’empreinte est laissée, comment je la vis, plutôt que tout rapporter à des compositions biologiques dont nous ne connaissons que très peu de choses ?

    Cette corrélation, entre mon être intime et ce qui se produit sans que j’en sois explicitement la cause, ne provient certainement pas de moi. Cependant, en rester à ce point de constatation ne permet pas de rendre l’individu que je suis responsable de ce que je commets. Seulement, telle qu’elle apparaît, comme elle se met en place, en aurait-elle cette constitution sans la coloration que lui donne mon être ? Il est vrai que beaucoup d’objections subsistent, qu’il reste beaucoup à dire là-dessus, car on éprouve un certain mal à dissocier, trancher entre le donné de l’expérience, ce qui précisément m’arrive tel que cela arrive, régi par des puissances externes, telles que la génétique, les modes et cultures d’un côté ; et ce dont le moi dispose pour ce que j’entreprends concrètement. Ne s’agissant pas uniquement d’une disposition passive, comme on fait sa liste parmi les produits existants, il va falloir intégrer une dynamique interne à cette disposition qui comprend une infinité de choix virtuels.

    La première et la plus basique d’entre ces dispositions peut consister à dire qu’il est nécessaire d’exister, de faire l’expérience, avant d’en vivre les effets. Il suffit d’appréhender ce qui se montre, d’établir un raisonnement en fonction de ce qui se présente et de mes compétences, de mes projets, de ce dont je me pense être capable de supporter. N’accordant que très peu d’importance à ce qui a pu engendrer ces motifs, je ne me préoccupe pas non plus de savoir ce que me réservera l’avenir. Lorsqu’une chose nouvelle ou inattendue arrive, au-delà de ma surprise, j’ai le sentiment de n’y être pour rien, comme si le déroulement de ma vie devait avoir une logique. Or, il n’est rien du monde extérieur qui me précède absolument. Le monde et moi ne sommes pas dissociés. J’ai dû m’approprier les modalités d’existence. Je demande juste où sont-elles passées, puisqu’il est présent à mon esprit uniquement une continuité des causes dont je ne suis pas responsable ? Alors de quoi me plaindrais-je lorsque je me plains ? De quoi puis-je me réjouir lorsque je me réjouis ?

    Tout porte à croire que chacun n’est que le produit d’un monde, du même coup nul n’existerait pour soi-même ! Nul ne serait libre, tout ce qui arrive serait entièrement inscrit dans les lois de l’univers ! Dans ce cas de figure, il n’y aurait aucune raison de se plaindre ni de se réjouir : pourtant ces états d’âme je les vis. Mon âme tranche lorsqu’il s’agit de traverser des émotions – ou pas. C’est ainsi que je me définis comme sujet, il ne peut pas en être autrement. Pour savoir que j’existe vraiment, j’ai besoin de comprendre, faire le tri entre ce qui me revient et ce qui n’est pas de moi.

    Au fond, ne me suffirait-il pas d’accepter ce qui se présente, quel que soit ce qui se présente et quelles qu’en soient la manière et l’implication, puisque je suis le fruit d’un arbre ? Or, j’ai beau raisonner tant que je le veuille, en faveur ou non d’une simple acceptation, d’un refus, pour ce qui m’est donné de vivre, la réalité me montre autre chose qu’une simple et complète passivité. Face à certaines nuances que j’ai du mal à accepter, relativement à ce qui me plaît, m’attire, me passionne, j’ai comme l’impression d’exister pour moi-même. D’être une personne. Ce qui d’ailleurs se retrouve pour les plaisirs qui me rendent joyeux, mes aspirations, mes projets, puisque ce qui s’ajoute en mon âme n’était inscrit nulle part. À partir du donné du monde, je l’ai si bien construit qu’aucune forme apparaissant ne pourrait avoir cette teinte sans mon apport personnel. Je ne reste pas indifférent, ni à la manière avec laquelle on me permet de les réaliser, ni à leur consistance, leur matière, le sens que ces envies précises me procurent. Bien qu’enlisé dans un ensemble de déterminants dont j’ignore tout, rien y fait : j’aime, je préfère, j’évite, je franchis le pas, etc.

    Comment ce monde, qui m’aura fabriqué, a-t-il également construit en moi l’ensemble de ces attraits tout comme ce qui me révulse ? Je suis traversé par cet étrange sentiment, à savoir, de ne pas être isolé du monde, puisque celui-ci m’a produit tel que je suis. Je ne suis pas non plus différent de toute espèce animale. J’en suis même l’héritier le plus direct qui soit. Si bien que dans mes moments de colère, d’angoisse, de joie ou de bonheur, c’est encore mon implication dans ce monde-ci qui transparaît. Mes revendications, mes attentes, ce que j’investis a pour origine une fonction organique, instinctive, vitale. Tout cela aura pris cette forme-là. Autrement je resterais de marbre. Comme c’est loin d’être le cas, une responsabilité doit aussi me revenir pour ce que j’occasionne. Ce qui signifie qu’il existe un entre-deux virtuel, situant mon être à deux endroits à la fois. D’une part, mon incarnation est si parfaite que, dans la droite ligne de la production naturelle, je suis régi par des instincts, qui ne sauraient rendre responsable. D’autre part, je trouve cet espace minimal de liberté qui me rend néanmoins autonome, me permettant tout de même (et c’est peu dire), d’effectuer des choix. Cette caractéristique, c’est l’intuition.

    Quelque chose en moi permet de faire la part des choses, d’avoir des préférences, d’être à même d’aimer comme de détester, de ressentir aussi toute la palette de sentiments se tenant entre ces deux pôles apparemment extrêmes, en réalité issus d’une unique production. Ce qui vit en moi n’est pas quantitatif, comme s’il m’était possible de les qualifier numériquement, mais possède en sa qualité une profonde épaisseur, remplissant chaque fois mon âme d’une contenance indescriptible. Je peux dire que chaque ressenti est le mien, au même titre qu’il appartient à ma constitution, au monde. Je peux aussi affirmer l’inverse. Cette étoffe a une nature que je partage avec mes semblables, non pas comme je m’y rapporte moi-même, en cet instant, mais comme rapport au monde que chacun est en droit de contracter, ou d’exploiter. Les deux pôles de cette constitution sont parfaitement réversibles, au sens où il ne se produit rien qui ne soit également issu de mon être intime. La particularité de cette bilatéralité est sa dynamique, car elle est transcendance, poussant le monde et moi-même dans chaque fois quelque chose d’inauthentique – me faisant croire par la corrélation réussie en l’établissement d’un plan statique, sans mouvement.

    Par exemple, ce qui m’inquiète me renforce. Je crois pertinemment en ce que cette force vient tout droit du revers de l’inquiétude, une fois tombée. Mais c’est dès le tout début qu’un tel renfort prenait son élan dans un espace d’inquiétude. Si c’est moi qui suis inquiété, la cause de cette inquiétude ne s’arrête pas à l’objet extérieur que je découvre dans le monde – capable de produire cette impression à plus d’un. Elle va jusqu’à me rendre inquiet au travers des ressentis de chacun, tel que j’aurais investi mon environnement. Ce n’est pas que chacun ayant vécu une semblable situation aurait de quoi s’en inquiéter, il suffit que ce ne soit pas contradictoire en droit.

    Cet état est mon état à chaque instant que je rencontre tel objet d’inquiétude. Là c’est un autre objet, le sentiment est tout autre, et je distingue l’objet comme tel de ce qu’il me procure de sensation – bien que s’inscrivant dans la parfaite continuité entre mon caractère et toute forme d’identité. De même, ce ressenti, je l’emprunte au monde, selon des traits valant objectivement (tel animal peut être réellement dangereux), que vis-à-vis d’une culture dont je m’approprie les codes (symboliquement il peut signifier d’autres singularités). Ainsi, j’avais peur des loups, lorsque je m’aperçois un jour que c’est ma culture qui me le fait craindre. Il ne l’est pas en vrai, objectivement, il l’est devenu, dans la perception qu’on en reçoit par la transmission des valeurs et des sentiments.

    En outre, ce phénomène n’est pas pour autant subjectif, il répond à un ensemble de déterminants inscrits dans mon âme, à la jonction entre ce que la nature a produit dans un milieu, et la quête des individus sensibles à leur environnement. Plus tard, je m’aperçois qu’il a bien fallu que je m’approprie les codes d’une culture, dans leur ensemble et faramineuse complexité, avant d’en ressentir les moindres mouvements, et des directions ou choix qu’il me fallait entreprendre – ou pas.

    Tout semble si bien coordonné dans ce que je découvre, ressens, entreprends, bien que relatif à ce qu’on daigne m’inculquer. J’irais parfois jusqu’à imaginer qu’il m’est impossible d’y voir autre chose que de la nécessité, des qualités indubitables ne provenant pas un instant de ma seule personne. À la rigueur, il devient facilement envisageable de n’être responsable de rien, ou presque. Toutefois, a-t-on songé à ce qu’une telle conception implique ?

    Du moins, par cette forme d’appréhension du réel, il m’est encore possible de me sentir responsable qu’à partir du moment où j’y mets de la bonne volonté. Dans ma tête, on ne m’impose rien, ce dont je prends la responsabilité n’engage que moi, je l’accepte sans discuter. Le problème est que cette approche de la responsabilité ne dit rien sur les engagements que je suis prêt à prendre ? Pourquoi accepterais-je ceci plutôt que cela, alors que je semble avoir été mis sur un rail dont je ne décide pas de l’endroit où je vais ?

    Si l’on pousse un peu plus loin le raisonnement, on s’aperçoit qu’au fond je ne suis responsable de rien. Cette impulsion, qui me dirige, je ne l’explique pas. Me voilà couvert, car chacune des pensées que je formule ou promulgue, chaque intention, toute action et engagement de ma part ne peuvent qu’être la conséquence de ce monde en lequel je ne viens donner qu’une légère impulsion. Aussi, ne pas émettre quelque chose de plus fort ne permet pas d’augmenter son adrénaline. Je ne suis redevable et responsable de rien ! Ce qui est embêtant, c’est qu’il ne semble pas y avoir d’alternative. Soit j’éprouve quelque chose, et deviens responsable d’avoir modifié la structure de l’ensemble. Soit je ne fais qu’obéir au monde qui se dessine, et je perds toute liberté !

    Qui peut juger de mes actes, lorsque ceux-ci ne sont que le résultat d’une nécessité aussi externe qu’interne ? Externe parce que sortie d’un milieu, lorsqu’il ne s’agit que de la découvrir ; cependant interne quand il est question de diriger mon attention du côté de ce que l’effet me procure, le recevant passivement, en vue d’un plaisir ou d’un je-ne-sais-quoi encore.

    Ne faisant ainsi qu’être affecté, ma liberté existe, mais elle est bougrement restreinte, pour tout dire elle ne serait que dérisoire, illusoire… Je ne peux en juger qu’en fonction de ce dont je suis plus ou moins conscient, alors que la majorité des causes restent parfaitement ignorées. D’un côté, tout ce que ma conscience perçoit, je ne peux le devoir qu’à moi-même, alors pourquoi le perçoit-elle ? Où mettre la barre afin de déceler ce qu’elle ne peut aucunement inventer, le fameux pourquoi quand je me pose la question de savoir s’il existe une raison qui ne ferait que m’appartenir. Toujours est-il que tout ce qui n’entre pas dans le cadre de ma perception actuelle peut encore me laisser pour responsable aux yeux de la communauté. C’est peut-être le plus bas niveau de ce qui me rend libre, mais je crois fermement qu’en cette façon de me comprendre comme un sujet responsable retranscrit mot pour mot et fidèlement ma personnalité tout entière. Malgré l’illusion, il doit subsister une part imperceptible qui me renvoie bel et bien au moi profond, à ma réalité en tant que personne.

    Si je tente de m’en soustraire, je ne peux m’en défaire. Que je l’accepte ou pas, c’est au nom d’une société que je reste redevable, responsable. Seulement, cette passivité face à la force des choses me rend impuissant, le rapport au monde devient irréel, tant je ne consens pas vraiment ou tout le temps à ce qui se réalise à mon insu. J’ai pour sentiment de n’être que la marionnette du monde. Je ne veux pas n’être réduit qu’à cela. Mais y échapper signifie reconquérir pour de bon le sens d’une liberté digne de ce nom, à plus d’un titre d’ailleurs.

    Par-là, être libre revient à être en capacité de faire des choix en sachant que je ne choisis pas vraiment, voire pour ce que l’on ne choisit nullement. Je ne veux pas d’une liberté mitigée, conventionnelle ou culturelle. Il est hors de question qu’on me fasse croire indéfiniment à une pseudo (ou relative) liberté. Le drame, c’est que pour asseoir cette liberté, j’ai besoin de l’enfermer, de la renvoyer à ce qui n’est pas libre en moi. C’est aussi se savoir responsable de ce qui se produit, quoi qu’il se produise d’ailleurs, bien qu’on ne s’attende pas à ce qui résulte d’une circonstance, que l’on n’avait pas vue venir. Je dois, en quelque sorte, capter, jauger ce milieu en lequel il me reste suffisamment de quoi me sentir à l’origine pour le reste, et ce quoi qu’il arrive. Or, comment puis-je en savoir quelque chose, puisque par définition je n’ai pas accès à ma propre profondeur d’âme, de ce qu’elle inaugure, prend ou laisse derrière elle ?

    Ce qui va se produire est-il d’une nature si différente de ce qui s’annonce en mon être ? Quand je désire de belles choses, il est sûr qu’une différence subsiste, entre cette visée et tout ce que celle-ci implique en termes de conséquences. Mais de quel ordre peut-elle être, pour qu’un rapport – devenu entre-temps méconnaissable –, puisse être perpétué jusqu’à ma conscience ? Pour atteindre cette forme que revêt ma responsabilité, j’ai besoin d’entrevoir ce qui ne permet plus, ni d’approcher ni de le comprendre par mon seul intellect, la teneur de ce qui fait monde en cette présence que j’incarne.

    Ma personne se trouve au centre de cette implication, bien qu’il me faille comprendre un tel centre que partant d’un voile. Séparé de ce que je peux engendrer, ce dont je suis responsable, chacun le comprend, n’émanerait que de ma personne, me revient, c’est-à-dire m’est immédiatement retourné de l’endroit d’où il part, à savoir ma conscience – bien que ne sachant pas. Autrement je ne ferais plus d’erreur ! Tout ce que j’entreprends me mènerait à la réussite. Mais cela permettrait-il encore d’intégrer la vie ? Je ressemblerais plutôt à un programme, à la fois sachant ce qui m’est préférable d’envisager, et aussi en fonction d’un calcul abstrait déjà présent avant que je puisse établir un contact concret avec la nature ! Qu’est-ce à dire ? Que nous aurions négligé la définition de la conscience, la faisant passer pour du conscient ?

    Comprendre qui je suis, c’est alors saisir quelle est ma part de contribution dans ce qui m’apparaît tel que cela m’apparaît dans le cours de mon existence. D’autre part, je dois passer en revue les mécanismes du monde tel que je l’aperçois. Je ne peux pas, à ce moment de la description, me permettre de faire le tri, entre ce qu’il est bon de dire ou de faire, et ce qu’il convient de censurer dans une époque, une société donnée, ou en fonction de mon caractère. Car procéder au moyen d’un filtre ne dit rien sur les motifs de mes distances. Ne dit rien non plus à propos de mes rapprochements de systèmes convenus. De tels rapports sont-ils issus de mon caractère et de ma sensibilité, ou de la pression générale, et dont j’ai conscience, qui s’exerce sur moi ?

    Si je retiens la première idée, qu’est-ce qui me fait tel que je suis ? Si par contre il s’agit d’adopter la seconde hypothèse, rien n’explique pour quelle raison ceci m’affecte autant ? Selon ces deux positions je reste sans voix. Cependant, il est besoin d’avancer sur ce terrain délicat. Or, le monde possédant ses propres règles, nous risquons de heurter certaines sensibilités si nous voulons mettre au grand jour ce qui revient à chacun. Cette responsabilité semble être compromise à sa fonction initiale, consistant à dévier la course de notre implication vers un mouvement unanime, général, anonyme, cultural.

    Pour couper court, avançant dans la compréhension de ce dont regorge le mot « responsabilité », il est indéniable d’accepter les discours qui peuvent paraître non conformes vis-à-vis des règles d’une société, d’entendre le dire sans imaginer qu’il se dissimule de bonnes comme de mauvaises intentions. Neutralisant la part subjective qui entrave à la connaissance de soi, émanant des préjugés sociaux sans ne rien évoquer de la personne, de ce dont elle peut se servir sous un tel rapport à la communauté.

    Autrement dit, évinçant nos représentations habituelles pour atteindre ce pourquoi se forme telle représentation, j’accéderai plus sincèrement à ce qui fait monde et à ce qui me constitue en tant qu’individu. Suspendant tout type de jugement, quel qu’il soit, je fais l’économie d’une interprétation fallacieuse consistant à prendre pour moi ce qui n’est pas de moi. Pour le coup, je n’ai quasiment aucun choix. Car je ne veux pas me cacher derrière des formes de propos culpabilisants, dont les modalités relèvent avant tout des codes moraux, d’une société donnée. Il ne faut pas y voir une critique, mais un constat. M’y cacher ne m’avance guère, étant donné qu’une force pulsionnelle dont je ne dépends pas m’oblige.

    Qui suis-je ? À quel niveau me suis-je impliqué, dans ce qui arrive, sans le savoir peut-être ? À quel type de conséquence j’expose le monde dans les moindres sentiments, actions, décisions qui me reviennent ? Enfin, s’il m’est réellement donné d’améliorer le monde, y compris ma vie, que puis-je faire en ce sens ? Ces questions sont inquiétantes et font peur, car elles renvoient à une incapacité d’accéder à la réalité telle quelle. De plus il m’est toujours possible de dire que je n’y suis pour rien, mes pouvoirs étant essentiellement limités. Cependant, ces questionnements ne sont pas sans laisser entendre une part de responsabilité – même quand je nie, refuse, ne peux pas entendre, etc.

    Parvenir à cette part de lucidité suppose de trouver à chaque fois ma personne dans tout ce que je pense venir de quelqu’un d’autre. Toutefois, autrui n’a pas davantage raison, il est exposé aux mêmes conditionnements. Il est inutile de s’extraire ou d’investir de façon exagérée, sans quoi j’aurais affaire à un monde sans vie. Il est préférable d’établir un lieu où chacun se rencontre, se perçoit, s’entend. Autant par rapport à soi-même qu’en vertu de quiconque. Je dois me placer entre ce qui n’est déjà plus moi, et qui n’est pas encore l’autre. Une zone intermédiaire, un milieu, entre l’absence totale de toute contribution personnelle, où la cause viendrait de mon acolyte ; et la culpabilité qui peut être engendrée par l’idée fausse d’avoir causé un mal.

    Comment trouver ce juste milieu, lorsque tout nous montre qu’effectivement les uns auront tendance à sortir de l’idée d’un investissement quel qu’il soit ; tandis que d’autres vont, au contraire, amplifier leur représentation jusqu’à voir apparaître des facteurs psychologiques (projection, persécution…) ? Ces phénomènes ne peuvent qu’être décrits textuellement qu’à un niveau inférieur, découpant couche après couche chacune des injonctions issues de la personnalité. Je dois plonger dans cette indistinction, en laquelle je vis, afin de, peut-être, me découvrir.

    Il me faut, pour cela, remonter de l’apparition pour ma conscience, à l’être que je suis bien qu’ignorant de tout, à la fois de ce qui me pousse vers telle direction ; que pour les conséquences qui s’ensuivront nécessairement. Je demanderai quelle est donc cette part, de mon être que je ne connais pas, qui puisse laisser à ce monde l’empreinte que chacun lui donne ? Autrement dit, il n’y a pas que l’artiste qui crée. Ou plutôt, ce que crée l’artiste est autant innovation que « présence » au monde. L’artiste, s’il sait faire apparaître l’in apparaissant, cela ne signifie pas qu’au quotidien des phénomènes similaires ne laissent pas indifférents.

    Au plus bas niveau de perception, je suis en contact avec les agencements. Ne sachant ce que me réservent de tels agencements, j’établis un rapport, une intime relation, au moins suffisamment pour ne pas être totalement pris au dépourvu. C’est pourquoi je dois connaître un aspect de cette ambiguïté, de cette confusion où les pistes me distançant du monde sont parfaitement brouillées, rendant difficile de savoir précisément de quoi suis-je capable ?

    Première partie

    Le monde

    « Ce que j’ai, aime et hais,

    Je l’ai aussi créé. »

    Le monde est vécu, il ne vient pas se greffer à l’individu que je suis – je veux dire après coup. Je peux faire une multitude d’expériences et ne pas sortir grandi. Inversement, il peut suffire de peu pour que l’individu s’enrichisse. En imaginant qu’il se trouve à l’extérieur et dire, par-là, que le moi possède une intériorité propre, je serais en peine de comprendre à la fois qui je suis, et le monde dans son fonctionnement. Je ne comprendrais pas, en effet, ce que le monde a produit pour que j’en vienne à exister, pour ce qui me définit. Je ne saurais pas non plus ce qui s’exprime en moi, particulièrement, singulièrement, à partir des données du monde. Et c’est bien dans cet entrelacs que, pourtant, il se dégage la responsabilité de chacun. Je dois pourtant interroger le monde, pour connaître précisément ce qu’il me lègue lors de ma naissance, ce qui m’accompagne toute une vie et avec quoi j’inaugure, par ma conscience, les visages et paysages.

    Il va sans dire que je reçois une forme d’éducation, via un modèle social et culturel, différent selon les modalités de vie, d’un peuple ; il me faudra de toute évidence en « intégrer » les principes, en faveur ou non de convivialité avec mes semblables. Je peux le faire par une double manière : intellectuellement, rationnellement en fonction des attentes ; ou par ma sensibilité, comprenant ce qui me parle et ne comprenant pas, ou difficilement, ce qui ne me parle pas vraiment. Si je dis que les modalités du monde existent en l’état, que je me les approprie par procuration, comment expliquer le changement des mœurs, de nouveaux dispositifs de vie pour une population ? On ne peut pas, car envisager le monde séparément de l’individu nous met face à des incohérences théoriques.

    Dire qu’il me revient par la suite de « me » les approprier, d’en faire miens, empêche aussi de comprendre les relations particulières que j’entretiens avec les « effets » qui en découleraient. On serait également en peine d’expliquer pourquoi ai-je réagi d’une certaine manière ? Est-ce par crainte des représailles ? Mais pourquoi ces représailles me feraient-elles courber l’échine, tendre vers elles ? En d’autres occasions, les conséquences pouvaient être plus graves, et je ne reculais pas ! Il se produit autre chose, que des mesures concrètes, lorsque je suis tétanisé, atterré, ou sans limite à l’égard d’une situation. Cette relation vécue reste occultée tant que l’on persiste à croire en la séparation, entre le moi en voie de constitution, et le pourtour ou l’horizon qui s’en dessine au fur et à mesure que le temps se déplie. Ce qui est d’autant plus inquiétant qu’une telle disposition annule toute liberté et toute responsabilité du même coup. Ou bien il faudrait pénétrer dans l’esprit de chacun, afin de vérifier ce qui provient de son éducation, et ce que cette personne a constitué d’elle-même. Cette entreprise étant définitivement obsolète, il ne reste plus qu’une seule solution : comprendre le mouvement dans son intégralité, partant du monde pourvoyant des sujets vivants et autonomes.

    Ainsi, le monde est une chaîne d’expériences réelles dont il est strictement impossible d’échapper, une incarnation aveugle, sans but, dont on trouve une triple particularité :

    •De paraître comme une totale « évidence » pour tout être. Quelle que soit la forme du corps, je viens au monde avec les dispositions (physiologiques, cérébrales, culturelles, sociales), qui ont pour visée d’assurer ma subsistance. En ce premier point ce corps me suffit. Il me paraît évident à la fois pour ses qualités sensibles et fonctionnelles, et par la place que j’occupe à l’intérieur d’un monde avec lequel je me confonds. Il reste à savoir à quel niveau cette confusion opère, jusqu’à me faire croire à une totale subordination aux lois ?

    •Ce monde me pourvoie de besoins organiques, lorsque notamment je trouve une alimentation, un mode de digestion, tout également un corps social qui correspondent à mes attentes. Ces types d’attentes en font également partie, ils ne viennent pas seulement d’un moi qui les agencerait. Ce prolongement du monde à l’intérieur de ma conscience crée le trouble lorsque j’essaie de me percevoir comme un sujet libre. Car la vie n’a rien de précis, elle n’a pas de plan, et cette indétermination prend la forme inverse en chacun de nous !

    •Enfin, le monde engendre mes sentiments, où rien de ce qui m’est donné de ressentir n’est dissocié de ce qu’un autre peut ressentir – bien que d’une manière différente et pour des causes bien distinctes. Il reste à se demander comment va-t-on s’y prendre, pour atteindre l’individualité qui se dessine de loin en loin à partir d’un milieu parfaitement commun ?

    Ces caractéristiques sont la marque de notre impuissance pour la connaissance de soi, elles signent notre vulnérabilité face à ce que nous ne comprenons pas et, par suite, pour ce que nous pouvons faire pour ne pas être pris au dépourvu. Du point de vue alimentaire, ou au niveau climatique et autres potentielles menaces, peut-on assurer une vie harmonieuse ? Ou bien sommes-nous à jamais tributaires des influences externes ?

    Premier moment

    La source d’agissements responsables

    Les multiples facettes de ma responsabilité

    Le mot « responsabilité » fait partie des plus employés par l’humanité, parce qu’il renferme à la fois ce qui est redouté : l’inconnu, et ce à quoi chacun aspire le plus : la liberté, les bonnes conditions pour vivre en communauté. Si bien qu’une personne s’en réclamant et voulant un monde où tout est prévisible est une absurdité. Le mot désigne ce que nous sommes par définition, capables de faire face à notre propre implication dans l’événement que, pourtant, nous n’aurions pas forcément souhaité tel qu’il arrive.

    Cette responsabilité, je la revendique haut et fort, je la clame ou, si elle me tombe dessus, j’en accepte régulièrement le sort – mais pas toujours. Plus qu’acceptée, elle est l’un de mes désirs premiers, car elle signe la reconnaissance qu’on me porte, preuve de la confiance et le respect que l’on me prête. Enfant, qui n’a pas ressenti une joie immense quand on nous confiait une mission ? Cependant, je la fuis, la redoute en raison de la charge attribuée pour chaque mission, chacun des gestes. Car on n’en décide pas toujours, cette charge, comme la peine encourue peut dépendre à la fois de la nature de ce qui se produit, de la circonstance, et de mon tempérament, de ce que ma conscience perçoit d’elle-même et est

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