L'enfant du placard: Un roman poignant sur la question de l'exil
Par Tiffany Jaquet
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À propos de ce livre électronique
Elle fait mention de deux personnes qu’elle n’a jamais connues : Tatiana et Enzo. Intriguée, elle décide de mener l’enquête pour découvrir qui ils sont. Petit à petit, le mystère envahit son quotidien d’habitude si bien rangé et elle part sur les traces de ces deux inconnus, accompagnée d’un archiviste récemment rencontré. Le voyage qu’elle entreprendra la mènera sur les traces d’un passé inconnu qui la forcera à se redécouvrir.
De l’Italie à la Suisse, des années 1960 aux années 2000, ce roman entre en résonance avec la réalité de tant de personnes aujourd’hui: le déracinement, la recherche d’un lieu de paix et de travail, l’identité de celles et ceux qui se construisent entre deux lieux, les conflits mais aussi les rapprochements entre des êtres humains qui doivent apprendre, et réapprendre, à vivre ensemble.
Ce roman évoque avec délicatesse et intelligence une question terriblement actuelle : celle de l'accueil et de l'intégration des immigrés.
EXTRAIT
Printemps 1963
Le train amorça son arrivée en gare dans un crissement de rails assourdissant et immobilisa sa carcasse haletante à hauteur du quai, achevant enfin son long voyage dans un gémissement plaintif. À l’intérieur, tous les passagers s’étaient levés et commençaient à se presser contre les fenêtres et vers les portes de sortie. Dans le brouhaha des voix et l’excitation de retrouver enfin l’air frais, Enzo tentait tant bien que mal de rassembler ses affaires. Le jeune homme dut se baisser pour éviter la chaîne de valises qui s’était formée au-dessus des têtes. Telles des fourmis occupées à transporter des brindilles d’un endroit à un autre, les voyageurs s’organisaient pour évacuer les nombreux bagages et personnes, qui finissaient entassés en désordre sur le quai.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Un très joli roman, touchant et qui ne laisse pas indifférent. - Fanny Roturier, Librairie Payot
L’Enfant du placard est un roman à la fois violent (par le thème de l’immigration et des conditions), tendre (les décisions prises par chacun), un page-turner qu’on ne parvient pas à lâcher dès lors qu’on le commence. -
À PROPOS DE L'AUTEUR
Née à Morges en 1989, Tiffany Jaquet a réalisé son ambition de toujours : devenir enseignante de langues. Actuellement enseignante de français et d’anglais, elle trouve dans les livres et l’écriture une source privilégiée de détente et d’évasion.
L’Enfant du placard est son premier roman.
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Aperçu du livre
L'enfant du placard - Tiffany Jaquet
Chapitre I
Printemps 1963
Le train amorça son arrivée en gare dans un crissement de rails assourdissant et immobilisa sa carcasse haletante à hauteur du quai, achevant enfin son long voyage dans un gémissement plaintif. À l’intérieur, tous les passagers s’étaient levés et commençaient à se presser contre les fenêtres et vers les portes de sortie. Dans le brouhaha des voix et l’excitation de retrouver enfin l’air frais, Enzo tentait tant bien que mal de rassembler ses affaires. Le jeune homme dut se baisser pour éviter la chaîne de valises qui s’était formée au-dessus des têtes. Telles des fourmis occupées à transporter des brindilles d’un endroit à un autre, les voyageurs s’organisaient pour évacuer les nombreux bagages et personnes, qui finissaient entassés en désordre sur le quai.
C’était le troisième train en provenance d’Italie qui dégorgeait ses passagers ce matin de printemps, et la plateforme accueillait déjà une foule d’immigrants se bousculant de tous les côtés. Lorsqu’Enzo se trouva enfin dehors, valises en mains, il avait perdu de vue sa femme qui était sortie avant lui du wagon. Il pivota plusieurs fois sur lui-même, cherchant des yeux les beaux cheveux noirs et lisses qu’il connaissait si bien. Ses pupilles passaient de visage en visage espérant tomber sur les yeux bleu vert de son épouse et sa mine souriante, mais il n’y avait autour de lui que des visages rouges, en sueur, braillant pour se faire entendre ou crispés par la colère de ne pas pouvoir avancer.
Un soupçon d’inquiétude germa dans le cœur du jeune homme qui fendit la foule à la recherche de sa femme, luttant contre les coups de coudes qui lui martelaient les côtes, les chaussures qui lui broyaient les orteils et les épaules qui venaient s’écraser brutalement contre sa poitrine. Il essaya de crier son prénom, mais celui-ci fut vite englouti par le tumulte bourdonnant autour de lui.
Après plusieurs minutes d’un combat acharné, Enzo aperçut une silhouette svelte terminée par un long cou élégant qui patientait sagement sous le grand panneau bleu indiquant « Brig », la gare à laquelle ils étaient descendus. Tatiana n’était pas très grande, mais savait se tenir bien droite, comme une danseuse. Malgré les gouttes de transpiration qui lui brouillaient la vue, Enzo reconnut sa femme, dont le calme et la patience contrastaient avec l’agitation environnante. Le jeune homme était conscient de la chance qu’il avait eue le jour où Tatiana avait accepté de l’épouser. Tatiana aurait pu choisir n’importe quel homme dans le village, ils étaient tous fous amoureux d’elle. Mais elle avait aimé le corps robuste d’Enzo, ses mains calleuses et sécurisantes, ses longs cils noirs prolongeant son regard bleu azur. Et Enzo n’était pas comme les autres jeunes du village ; il ne finissait pas ivre tous les soirs dans un champ ou au bord d’un trottoir. C’était un homme intelligent et réfléchi. Tatiana ne voulait pas d’un idiot comme mari.
Il mit encore quelques secondes avant de la rejoindre.
– J’ai pensé que tu me repérerais plus facilement si je restais sous ce panneau, le rassura la jeune femme en déposant un léger baiser sur la joue de son mari.
Le pénible trajet et la frayeur d’Enzo l’avaient rendu tendu et inquiet, mais le sourire radieux de Tatiana et sa sérénité le calmèrent.
Ils étaient partis deux jours plus tôt de leur village italien pour rejoindre Pérouse, où ils s’étaient reposés quelques heures chez des cousins d’Enzo, avant de prendre le train qui remontait la botte italienne en direction de la Suisse. Au fur et à mesure que le train approchait de la frontière, les wagons s’étaient remplis de passagers venant des régions du nord. Enzo et Tatiana avaient trouvé une place dans les dernières voitures dont le terminus était Brig, alors que celles à l’avant continuaient leur voyage vers Genève, Berne ou Bâle, déversant à chaque arrêt un flot impressionnant d’immigrants.
L’ambiance dans le train ressemblait à celle que l’on pourrait trouver un soir dans une typique trattoria italienne. Les bouteilles d’abboccato et autres vins circulaient dans le wagon, passant de bouche en bouche et remplissant l’atmosphère d’une doucereuse odeur d’alcool. Toute la journée, les voyageurs buvaient, partageaient leur pain, leur charcuterie et leur fromage. Le voyage en train prenait des airs de circuit-découverte de la cuisine régionale italienne. Chacun passait le temps à sa façon ; on jouait aux cartes, on se reposait, on se racontait sa vie et ses problèmes. Et lorsqu’un homme se mettait à entonner une chanson populaire, tout le wagon l’accompagnait, chantant à tue-tête, tapant dans les mains et frappant du pied.
Enzo et Tatiana n’avaient presque pas fermé l’œil de la nuit. Entre les bavardages et les secousses du train, il était difficile de s’endormir paisiblement. Et puis, Enzo avait peur que quelqu’un fouille dans ses affaires ou leur vole un bagage. Toute leur vie et tous leurs biens tenaient dans trois valises rectangulaires, principalement remplies de vêtements, mais contenant aussi des objets à valeur affective et leurs quelques économies. Le jeune homme avait donc monté la garde, pendant que sa femme somnolait sur son épaule.
Ce fut donc un soulagement pour lui lorsque le soleil pointa ses premiers rayons derrière les montagnes, découpant leur ligne de faîte sur le ciel rose orangé. Et après plus de vingt-quatre heures enfermés dans un wagon enfumé et embué, ils étaient fatigués, mais satisfaits d’être arrivés et de découvrir la Suisse.
Une femme en blouse blanche s’approcha du couple, toujours à l’abri du panneau de la gare, et leur demanda de rejoindre le bâtiment principal. Une longue file d’attente s’était formée entre le hall de la gare et le quai, et Enzo et Tatiana prirent place au milieu d’inconnus. Le soleil frappait fort sur leur tête en cette matinée printanière et l’attente se faisait de plus en plus insupportable.
Dans le train, Enzo et Tatiana avaient rencontré un autre couple d’immigrants, monté à Milan. Gianluca et Carmina Casaroli venaient travailler en Suisse depuis cinq ans et ils étaient habitués au voyage. Gianluca fabriquait des rails dans une usine et Carmina était femme de chambre dans un grand hôtel lausannois. Ensemble, ils avaient longuement discuté de ce qui les attendait à leur arrivée et pour rassurer le couple de novices un peu anxieux à l’idée de débarquer dans un pays inconnu, les Casaroli leur avaient transmis leur adresse en espérant les revoir une fois arrivés à destination.
Tatiana chercha le couple d’amis dans la foule, mais les têtes étaient trop nombreuses et s’agitaient dans tous les sens. Plusieurs femmes se faisaient de l’ombre avec leur main ou s’éventaient avec des papiers.
– Ils doivent être à l’intérieur, indiqua Enzo qui avait compris les intentions de sa femme. Ou peut-être qu’ils ont déjà pu repartir, à l’heure qu’il est.
Déçue de n’avoir personne à qui parler, excepté son mari, Tatiana s’assit sur une de leurs valises pour reposer ses jambes lourdes. Enzo, quant à lui, était trop inquiet pour lui faire la conversation et n’arrêtait pas de se hisser sur la pointe des pieds pour tenter d’apercevoir ce qui se passait à l’entrée du bâtiment.
La foule commençait à perdre patience et une bagarre éclata derrière le couple. Deux hommes se bousculaient et s’injuriaient en italien. Leurs mains s’agitaient, fouettaient l’air, créant autour d’eux un cercle délimité comme une zone de combat. Enzo hésita à s’interposer pour les calmer et surtout éviter qu’ils renversent sa femme, mais des gardes-frontière sortis de nulle part emmenèrent les perturbateurs loin de la queue. Tout le monde reprit sa place dans la file d’attente, et le ballet des éventails et des soupirs recommença de plus belle.
En avançant petit à petit sur les talons les uns des autres, ils arrivèrent enfin dans le hall de la gare. Les Casaroli leur avaient expliqué qu’à l’arrivée à Brig, tous les passagers devaient subir un contrôle sanitaire avant de recevoir leurs papiers. On s’empara donc de leurs valises, qui furent entreposées dans des casiers, et on leur donna une étiquette pour les récupérer à la sortie. Puis, Enzo et Tatiana furent séparés ; les hommes entraient par une porte sur la droite et les femmes passaient par un couloir au fond à gauche. La file d’attente chez les hommes était trois fois plus longue que chez les femmes et Enzo craignait que Tatiana doive probablement l’attendre quelques minutes toute seule.
Devant lui, une infirmière enchaînait les prises de sang avec une rapidité et une dextérité déconcertantes. Enzo tendit son index pour recevoir la piqûre et continua son chemin dans les corridors de la gare. Il se sentait comme un bœuf suivant le troupeau qui part à l’abattoir, sans savoir ce qui l’attend.
Un des bureaux administratifs avait été transformé en vestiaire, et l’odeur de pieds et de transpiration qui avait envahi la pièce fit grimacer Enzo.
– Il faut enlever tes vêtements pour la radiographie, lui dit un compatriote en caleçon et chaussettes blancs.
Enzo hocha la tête et s’isola dans un coin de la pièce où il pourrait facilement retrouver son pantalon et sa chemise. Chaque homme était dirigé par un médecin dans une petite pièce à part et exposé quelques secondes aux rayons X.
Lorsqu’il eut terminé la visite médicale, Enzo rejoignit le hall de la gare et récupéra ses bagages et ses papiers qui lui permettaient de travailler pendant neuf mois en Suisse. Enfin, il retrouva sans problème Tatiana qui l’attendait à nouveau sous le panneau.
Un autre train en provenance d’Italie était entré en gare et le bal des valises avait recommencé. Leurs papiers en poche, Enzo et Tatiana se joignirent au groupe d’immigrants qui partaient pour le canton de Vaud et, à nouveau entassés dans un wagon, ils prirent la direction de leur nouvelle vie.
Chapitre II
Automne 2010
Claire se réveilla en sueur au milieu de la nuit. Les couvertures avaient glissé sur le sol et leur blancheur apparaissait verdâtre sous la lueur du réveille-matin indiquant trois heures quarante-sept. Encore une fois, elle avait fait le même rêve étrange. Perdue dans son propre lit, Claire s’agrippa à l’interrupteur de la lampe de chevet, qu’elle savait toujours à portée de main, et l’enclencha. Elle se redressa sur son matelas chaud et collant, et parcourut la pièce des yeux, s’habituant petit à petit à la lumière. L’ordre et la familiarité des objets qui se dessinaient autour d’elle la rassurèrent.
Soudain prise de frissons, Claire récupéra sa couette et la remonta jusqu’à son menton. Le regard fixé au plafond, elle repensa à ce rêve qui la poursuivait depuis des années, qui avait hanté ses nuits d’adolescente et qui la rattrapait maintenant encore. Tout y était flou, comme un lointain souvenir, et pourtant le sentiment de peur était bien réel.
Si elle voulait profiter de dormir encore quelques heures, Claire devait fermer les yeux et se forcer à penser à autre chose. Elle réfléchit à la journée qui l’attendait : elle partirait pour la Maisonnette dès son réveil et passerait au magasin ramasser autant de cartons qu’elle trouverait. Ensuite, il faudrait commencer par trier chaque pièce en séparant les objets à donner, ceux à garder et les derniers à jeter. Elle en aurait sûrement pour plusieurs jours. Cette idée la fatigua suffisamment pour qu’elle retombe dans les bras de Morphée.
Lorsqu’elle émergea trois heures plus tard, Claire n’eut pas de peine à se lever. Tout ce qu’elle voulait, c’était quitter ce lit moite, lieu de cauchemars et de soucis.
Elle rejoignit ses deux filles dans la cuisine exiguë de leur appartement et leur colla une bise sur la joue. Une tasse de café chaud dans les mains, Claire observa ses deux adolescentes prendre leur petit déjeuner. Olivia découpait avec soin des quartiers de pomme, alors que Flore dévorait ses céréales à grandes bouchées, laissant dégouliner des gouttes de lait sur son menton.
Fille unique, Claire avait toujours souhaité avoir au moins deux enfants, mais elle n’avait jamais imaginé qu’ils débarqueraient en même temps, chamboulant son quotidien comme deux petits ouragans. Flore et Olivia avaient hérité des traits gracieux et nobles de leur père : une fine bouche s’ouvrant en un grand sourire sincère, un nez droit et de longueur correcte, de magnifiques yeux bleus surplombés de minces sourcils bien dessinés et deux petites fossettes, une sur chaque joue, qui leur donnaient un air joyeux et naïf.
Cependant, la beauté physique des jumelles n’avait d’égale que la différence de leur caractère. Olivia avait le côté sage et posé de sa mère. Un peu trop même. Elle était discrète et appliquée dans tout ce qu’elle entreprenait. Beaucoup plus mature que les jeunes filles de son âge, Olivia était une adolescente sérieuse et tranquille.
Au contraire, Flore avait conservé un esprit enfantin et trouvait dans son jeune âge une excuse toute faite à ses bêtises et à ses imprudences. Elle était le portrait craché de son père, l’artiste insouciant et un brin égoïste. La jeune fille aimait l’aventure et les nouvelles expériences, comme ce piercing que Claire avait découvert quelques jours plus tôt. Flore était une tornade de gaieté et de légèreté secouant tout sur son passage. Sa bonne humeur et son bagou apportaient une touche vivante et pimpante à leur foyer.
Mais depuis une semaine, l’atmosphère de l’appartement était lourde et morose. Toutes les trois avaient encore en tête ce coup de fil du samedi précédent, leur annonçant le décès de la mère de Claire. Elles avaient d’abord cru à une erreur. Sa mère avait tout juste huitante ans et était en pleine forme, excepté qu’il fallait lui crier dans l’oreille droite pour lui parler. Puis l’infirmière avait expliqué qu’elle était tombée dans les escaliers du supermarché où elle allait presque quotidiennement faire ses courses et boire un café avec de vieilles connaissances. Sa tête avait méchamment heurté la rampe et elle n’était déjà plus consciente lorsque les secours étaient arrivés. Le décès avait été prononcé quelques minutes plus tard. Tout s’était passé si vite. Claire et les jumelles n’avaient même pas eu le temps de lui dire au revoir.
Flore et Olivia étaient très proches de leur grand-mère maternelle, qui s’était beaucoup occupée d’elles pendant le divorce de leurs parents. Et puis, il y avait toutes ces vacances passées à la Maisonnette, à profiter du jardin qu’elles n’avaient pas en ville, à partir à la recherche de champignons dans la forêt voisine ou à écouter les histoires de grand-maman tard le soir, au coin du feu. Toutes ces choses qu’elles ne pourraient plus faire, même si l’envie avait passé depuis qu’elles étaient adolescentes.
Les jumelles insistèrent pour venir aider leur maman à vider la maison et, après avoir rempli la voiture de cartons de déménagement, elles arrivèrent à la Maisonnette, deux heures plus tard.
La Maisonnette était, comme son nom l’indiquait, une toute petite maison de plain-pied qui paraissait avoir été déposée à la sortie du village, comme tombée du ciel en plein milieu des champs. Sa taille paraissait encore plus minuscule en comparaison de l’imposante ferme de campagne qui se dressait quelques mètres plus loin. Claire s’engagea dans l’allée de gravier qui menait à la porte d’entrée et jeta un bref coup d’œil au jardin potager, où sa mère passait tellement de temps. C’est d’ailleurs là, au milieu des salades et des framboises, qu’elle l’avait laissée la dernière fois qu’elle lui avait dit au revoir.
La maison familiale ressemblait exactement à celles que dessinent les enfants dès leur premier âge : une porte encadrée de chaque côté par une jolie fenêtre avec des rideaux bleus et blancs, le tout coiffé par un toit de tuiles orange et une cheminée en briques, aujourd’hui inhabituellement éteinte.
Claire essuya machinalement ses chaussures sur le paillasson avant d’entrer, même si elle savait pertinemment que sa mère n’était plus là pour lui reprocher de répandre de la boue partout autour d’elle. La Maisonnette se composait de quatre pièces ; un salon, une cuisine et deux chambres, dans lesquelles sa propriétaire avait accumulé au fil des ans une collection incomparable d’objets de toutes sortes, qu’ils soient utiles ou complètement superflus.
Immobile dans l’entrée, Claire trouva l’intérieur triste et anormalement vide. D’habitude, la Maisonnette était accueillante et éveillée ; de la musique jazz résonnait dans le salon, de délicieuses odeurs émanaient de la