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Morts à perpétuité: Un thriller dédié aux stars disparues
Morts à perpétuité: Un thriller dédié aux stars disparues
Morts à perpétuité: Un thriller dédié aux stars disparues
Livre électronique278 pages3 heures

Morts à perpétuité: Un thriller dédié aux stars disparues

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À propos de ce livre électronique

Boca Grande, une île interdite à la navigation au sud de la Floride

Prenant des vacances sur un cabin-cruiser, Markus Kendall, un grand-reporter de 36 ans, est rembarré par des gardes armés. Ils lui ordonnent de quitter la zone immédiatement. Markus Kendall s'exécute, mais l'instinct professionnel reprenant le dessus, il revient de nuit sur l'île pour découvrir l'impensable : un camp retranché dirigé par Herb Craine, un gouverneur aussi violent qu'alcoolique... Ce dernier règne d'une main de fer sur des prisonniers ressemblant étrangement aux stars disparues depuis longtemps : Marilyn Monroe, James Dean, John Lennon, Jim Morrison, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Kurt Cobain, Aaliyah, Tupac Shakur, The Notorious BIG (...), sans oublier un "Résident VIP" qui va se faire interner volontairement ! Sur cette île cauchemardesque, Markus Kendall et Herb Craine ont deux points communs : la haine qu'ils éprouvent l'un pour l'autre et l'attention qu'ils portent à Vanessa, une jeune actrice française.

Et si Markus Kendall avait découvert des "morts célèbres" bien vivants ? Et si Markus Kendall venait de percer le secret le mieux gardé du FBI ? Et si Markus Kendall faisait le reportage photo le plus incroyable de tous les temps ? Et si Markus Kendall trouvait sur cette île enfin un sens à sa vie ?

Autant d'intrigues qui font de ce récit, un moment de suspense haletant...

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

- "Thibaut Chatel imagine dans Morts à perpétuité une île dont les prisonniers ressembleraient à des stars disparues, comme Marilyn Monroe, Jim Morrison et Janis Joplin. Un roman qui se déroule sur une île interdite à la navigation." - Jacques Pessis, Le Figaro

A PROPOS DE L'AUTEUR

Thibaut Chatel est scénariste, réalisateur, producteur. Son film Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill a été nommé l'année dernière aux César dans la catégorie meilleur film d'animation. Il a produit et réalisé plusieurs séries pour la télévision, et de nombreux documentaires, dont dernièrement : 1940, l'or de la France a disparu. Thibaut Chatel est le fondateur des sociétés de production Label Anim et Label Image.

EXTRAIT 

MARDI 9 JUIN 2009 – 03H35 KABOUL

L’Enfant me fixe avec son regard énigmatique. 
Il semble me dire : « Tu ne vois pas que je meurs ? Pourquoi ne fais-tu rien pour moi ? Arrête de prendre des photos et viens m’aider, la boue va me recouvrir » ! Il n’est même pas en colère. Il subit et moi, je continue à mitrailler. Je ne peux pas m’en empêcher. Soudain, l’Enfant disparaît totalement, avalé par ce torrent d’une puissance redoutable…
Je me réveille en sueur avec une boule d’angoisse dans le ventre. Ce cauchemar me poursuit depuis des années et revient chaque nuit. Ce petit bonhomme indonésien de 7 ou 8 ans existe. Il n’est pas le fruit de mon imagination. Il a été emporté pendant le tsunami du 26 décembre 2004. Cela se passait à Banda Aceh, sur l’île de Sumatra. Je faisais un reportage pour le journal sur la disparition des tigres, causée par la déforestation, quand le tsunami a tout détruit sur son passage. J’étais à l’hôtel Rasamala et par la fenêtre de ma chambre au troisième étage, j’ai pris des centaines de photos. Celle de l’Enfant a fait le tour du monde et ma renommée professionnelle… 
Et toujours la même question revient. Si je ne l’avais pas photographié ? Si j’avais posé mes appareils, descendu les escaliers en courant, aurais-je pu le sauver d’une mort certaine ? 
LangueFrançais
Date de sortie26 mars 2015
ISBN9782511031537
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    Aperçu du livre

    Morts à perpétuité - Thibaut Chatel

    TH.C.

    1

    CARNETS DE MARKUS KENDALL

    MARDI 9 JUIN 2009 – 03H35

    KABOUL

    L’Enfant me fixe avec son regard énigmatique.

    Il semble me dire : « Tu ne vois pas que je meurs ? Pourquoi ne fais-tu rien pour moi ? Arrête de prendre des photos et viens m’aider, la boue va me recouvrir » ! Il n’est même pas en colère. Il subit et moi, je continue à mitrailler. Je ne peux pas m’en empêcher. Soudain, l’Enfant disparaît totalement, avalé par ce torrent d’une puissance redoutable…

    Je me réveille en sueur avec une boule d’angoisse dans le ventre. Ce cauchemar me poursuit depuis des années et revient chaque nuit. Ce petit bonhomme indonésien de 7 ou 8 ans existe. Il n’est pas le fruit de mon imagination. Il a été emporté pendant le tsunami du 26 décembre 2004. Cela se passait à Banda Aceh, sur l’île de Sumatra. Je faisais un reportage pour le journal sur la disparition des tigres, causée par la déforestation, quand le tsunami a tout détruit sur son passage. J’étais à l’hôtel Rasamala et par la fenêtre de ma chambre au troisième étage, j’ai pris des centaines de photos. Celle de l’Enfant a fait le tour du monde et ma renommée professionnelle…

    Et toujours la même question revient. Si je ne l’avais pas photographié ? Si j’avais posé mes appareils, descendu les escaliers en courant, aurais-je pu le sauver d’une mort certaine ?

    MERCREDI 10 JUIN 2009 – 09H45

    ROISSY

    Les yeux noirs de l’Enfant me fixent encore. Il ne fait rien d’autre que me regarder. Son silence m’angoisse terriblement.

    Heureusement l’Airbus A340, en se posant, me réveille. Il m’arrache à ce cauchemar. Après trois jours et trois nuits sans sommeil en Afghanistan, je n’ai pas vu passer le voyage. M’étant endormi en décollant de Kaboul, je suis complètement engourdi.

    Maintenant, je n’ai qu’une envie, boire un café, me raser et prendre une douche. Je tente de déplier mes jambes tant bien que mal. Ces vols en classe éco sont vraiment insupportables. Si j’ai obtenu beaucoup de choses du journal - un salaire plus que correct, un Canon 5D, une série de focales Zeiss, un Leica M8 numérique, un MacBook Pro 17’, une Visa Premier de société pour les frais de déplacement… - je n’ai jamais réussi à leur faire payer des voyages en business ! À la longue, ça m’exaspère.

    L’avion n’est pas encore arrivé au parking, mais machinalement je rallume mon Blackberry Curve. Des e-mails sans importance, en fait une bonne dizaine de spams pour se faire rallonger le pénis, acheter une fausse Rolex ou du Viagra, épouser une Russe, sans oublier le traditionnel : « Monsieur, je suis en phase terminale et je voudrais transférer sur votre compte 24 millions de dollars… que Dieu vous garde ».

    Et un SMS du bureau :

    Monsieur Kendall, veuillez rappeler au plus vite Monsieur Letellier chez TDTM qui souhaite vous voir. C’est urgent. Merci. Sylvie.

    Enfin un message vocal de ma mère à qui je n’ai pas donné beaucoup de nouvelles depuis quinze jours. Même si elle est habituée, ça a dû lui paraître long. Je la rappellerai du taxi. Non, ce qui me travaille, c’est le SMS du journal.

    « Au plus vite », « Urgent ». Une petite voix me dit que ce n’est pas très bon tout ça… Je récupère mes deux sacs sur le tapis roulant, passe la douane et saute dans un taxi.

    MÊME JOUR – 11H00

    BOULOGNE-BILLANCOURT

    - Entrez, entrez, Markus !

    Le mec en face, maigrissime, au teint gris, tout seul dans son petit costume en tergal avec sa cravate de mauvais goût, c’est Jean-Jacques Letellier, le DRH. Au lieu de me faire signe de m’asseoir, il se lève pour porter l’estocade. Il n’y aura pas de combat.

    - Markus, croyez bien que je suis navré, mais vous faites partie de la charrette, vous êtes licencié. Désolé. Prenez place.

    Je suis K.O. Pendant que Letellier s’assoit tranquillement dans son gigantesque fauteuil de cuir, je me laisse tomber en face de lui.

    J’avais lu un article sur cette méthode dans le New York Times. C’est excellent. Avant même qu’il ne s’assoie, tu annonces au salarié qu’il ne l’est plus. Une fois qu’il est sonné, tu lui montres une chaise en lui faisant un petit laïus : « C’est dur en ce moment… conjoncture… actionnaires… fonds de pension… vraiment navré… Internet… concurrence déloyale… on va vous aider… cabinet de reclassement… conseils… etc. »

    - Vous avez quel âge, Markus ? Vous permettez que je vous appelle Markus ?

    - J’ai 36 ans.

    - Ça fait combien de temps que vous êtes dans la maison ?

    - Vingt ans.

    - Incroyable… vous avez donc commencé à travailler très jeune.

    - J’avais 16 ans.

    - Si je comprends bien, vous n’avez été employé que chez nous ? Nulle part ailleurs ?

    - C’est ça.

    - Vous n’avez donc pas fait d’école ? Comment devient-on photographe sans étudier ? C’est quand même un métier difficile… Tous ces appareils, et ces objectifs, il faut bien apprendre à quoi ça sert, non ?

    - J’ai appris sur le tas.

    - Et le numérique, ça a dû tout compliquer, non ?

    - En fait c’est plutôt le contraire.

    - Ah, je me souviens maintenant, au départ vous étiez le secrétaire de Venditozzi, c’est ça ?

    - D’abord son stagiaire et ensuite son assistant.

    - Je vois, je vois. Vous avez vraiment de la chance de pouvoir exercer un métier sans diplôme, sans aucune qualification ni rien… Si je vous racontais ce que moi j’ai dû travailler pour en arriver là, vous auriez du mal à le croire. Des études très longues et fastidieuses. Jamais d’amusements… Pas de copains… Pas le temps pour les filles.… Enfin, bref. Et quand est-il parti à la retraite ? Je veux dire Venditozzi ? Luigi Venditozzi, c’est ça ?

    - Oui… C’était il y a une quinzaine d’années…

    - Ça fait donc quinze ans que vous êtes titulaire, si je puis dire… Ne vous inquiétez pas, vous allez toucher un gros chèque. Ça va vous faire dans les 65 000 euros. C’est bien vous qui avez fait la photo du gosse qui se noie la boue ?

    - Oui, c’est moi.

    - Ça avait de la gueule cette photo ! Et Laure Kermadec, c’était votre maman ?

    - Ma mère, oui. Elle a travaillé ici presque toute sa vie.

    - Eh bien, dites-moi, vous êtes des fidèles dans la famille. Elle est bretonne votre maman ?

    - Oui.

    - J’ai des cousins du côté de Saint-Brieuc, les Berrigaud. Vous les connaissez ?

    - Non.

    - Elle a quel âge maintenant, votre maman ?

    Il m’exaspère avec son ton doucereux.

    - Ma mère a 68 ans.

    - Elle va bien ?

    - Oui.

    - Et le vieux Venditozzi, vous avez des nouvelles ?

    - Il est mort il y a deux ans.

    - Je l’ignorais. On ne me dit jamais rien à moi !

    Les photos de Venditozzi ont « fait » ce journal, surtout celles de Kennedy et De Gaulle. La touche de Venditozzi, ses cadrages, ses images si contrastées. Ses photos qui racontaient toujours quelque chose dans le sens de la lecture de gauche à droite. Venditozzi devrait avoir son portrait dans le hall d’entrée ! Au lieu de ça, la direction n’est même pas au courant de son décès !

    Pour mon licenciement, comme tout le monde dans le groupe, j’avais entendu dire qu’ils allaient débarquer du personnel. Mais par orgueil, je n’avais pas imaginé être dans le lot.

    La seule bonne nouvelle de la journée, c’est que pour la première fois de ma vie, j’ai du temps devant moi et 65 000 euros à la banque.

    MÊME JOUR – 16H00

    BOULOGNE-BILLANCOURT

    Faux et usage de faux. C’est la spécialité maison chez TDTM. Ils me font signer un tas de papiers antidatés. Une sorte de procès-verbal de toutes les réunions « préalables » que j’aurais soi-disant eues avec un représentant de la direction depuis six mois et ceci afin d’évoquer mon licenciement, le préavis et tout ça. Je signe avec la mention « remis en main propre, lu et approuvé, bon pour accord ».

    Les 65 000 euros sont payés en partie en dommages et intérêts. D’après Letellier, ce n’est pas imposable… Enfin, je verrai bien ce que dira Guy Weler, le comptable qui s’occupe de ma feuille d’impôts. Sylvie, l’assistante de Letellier me tend une photocopie de l’ordre de virement avec un air contrit. Dans la bataille, ils oublient de me demander de leur rendre le matériel photo et le MacBook Pro. Je me garde bien de le leur rappeler. Ce qui est pris est pris. En revanche, ils veulent le Blackberry. Je propose de leur racheter 100 euros et ça marche.

    Je vais dire au revoir aux gens que j’aime bien à la rédaction. Ils baissent tous le nez comme si j’allais leur porter la poisse. L’ambiance n’est pas au champagne ni aux petits-fours. Du coup, je pars plus facilement. Il y a une fille ou deux avec qui j’ai eu de brèves aventures. Elles ont la même attitude que les autres.

    À la réception, je prends le dernier exemplaire de TDTM sorti ce matin. J’ai toujours trouvé le titre de ce journal idiot. TDTM : Tout Dire Tout Montrer. Comme si c’était possible ! En couverture un taliban repenti. La photo est de moi. Le type sourit benoîtement. Dans l’interview, il exprime ses regrets, ses angoisses pour son pays. Voilà, on a « tout dit et tout montré ». Sauf que le mec ment comme il respire. C’est le sentiment que j’ai eu et Maréchal, qui a écrit le papier, a eu le même. Lui, il est resté encore quelques jours dans l’enfer de Kaboul. C’est un type bien. On formait une bonne équipe et nous sommes devenus, je crois, au fil des reportages, des amis.

    Je sors de l’immeuble après avoir rendu mon badge à la sécurité et me voilà à Boulogne-Billancourt, près de la Seine, dans ce quartier sorti de terre, sans âme, sans aspérité, sans vrai bistrot, sans vrais gens, sans rien.

    Partagé entre colère et mélancolie, je décide d’envoyer un SMS à Coline. Je l’aime bien, elle est brune, avec des yeux pétillants et de si jolies jambes. Mais je crains la réponse. On s’est vus, on s’est séparés. On s’est revus, on s’est séparés à nouveau et le pire c’est quand on a vécu ensemble. Un désastre : le veilleur de nuit et la caissière de chez Monoprix. On finissait par communiquer avec des post-it sur le frigo. Posant mes sacs devant moi, je m’assieds sur un banc, enfin sur un machin hyper moderne en acier glacé ressemblant à un chauffe-eau, et sur lequel on est archi mal. Je lui envoie ce SMS :

    Coline, je suis à Paris. J’ai du temps pour une fois et j’aimerais bien te voir. Je t’embrasse. Markus.

    Le retour ne se fait pas attendre :

    C'est répétitif tout ces « JE », Markus, tu pourrais travailler ta prose. Moi JE n’ai pas le temps et J’AI rencontré quelqu’un. Voilà. Avant JE te disais que JE t’aimais trop. Maintenant JE ne t’aime plus et JE ne veux plus te voir. Surtout pour me faire sauter vite fait entre deux avions ! Ciao.

    Au moins, c’est clair. Je lui écris quand même :

    Content pour TOI. TU mérites d’être heureuse. TU es une belle personne. TDTM vient de me virer, mais ça va. Vais sans doute partir en voyage prendre l’air… Voulais te proposer de venir… Love quand même. Signé : JE

    Je ne m’attendais pas à une réponse, pourtant elle m’envoie un dernier texto.

    Désolée pour ton boulot. Je ne suis pas si méchante, tu sais. Il y a deux hommes qui ont compté dans ma vie et tu es l’un d’eux. Fais attention à toi. Bon voyage, Markus. Je t’embrasse. Coline.

    Je saute dans un taxi pour le 25 de la rue de la Roquette où habite ma mère. Il m’agaçait au plus haut point, Letellier quand il parlait d’elle, en disant « Votre maman ». Le côté « On est copains, c’est sympa. » me rend dingue.

    MÊME JOUR – 18H00

    PARIS

    Le chauffeur connaît bien la capitale et il me dépose rapidement.

    J’arrive devant le petit immeuble en pierre de Paris, toujours avec mes sacs à l’épaule. La façade a été ravalée. Le bâtiment minable est devenu au fil du temps branché et respectable. Quand j’étais gosse et qu’on vivait là tous les deux, c’était sale, sombre. La cage d’escalier sentait le pourri. Maintenant tout a été refait. Un paradis pour les bobos qui ont annexé le quartier. Après avoir composé le code que je connais par cœur, 25A11, je sonne à l’interphone. On va passer un peu de temps ensemble et ensuite on ira dîner au restaurant. Pas de réponse. J’insiste. À cet instant, sa voisine, dont je ne connais plus le nom, arrive avec un sac en plastique à la main et un chien atroce au bout d’une laisse.

    - Bonjour madame. Je suis Markus, le fils de Laure Kermadec.

    - Oui, je vous ai reconnu. Mais elle n’est pas là, vous savez. Vous voulez ses clés ? C’est moi qui arrose ses plantes.

    - Ah, elle est partie en voyage ?

    - Vous n’êtes pas au courant ? Elle est allée faire le Marathon des Plages du Débarquement… Moi je trouve qu’à son âge, ce n’est pas raisonnable.

    - Elle sait ce qu’elle fait.

    - Oh ça, elle fait toujours ce qu’elle veut, de toute façon.

    - Elle revient quand ?

    - La course c’est dimanche en huit… Là elle s’entraîne, qu’elle m’a dit.

    Je remercie cette brave voisine qui arrose les plantes de ma mère.

    Direction la Bastille en remontant la rue de la Roquette. Arrivé sur la place, je me pose à la terrasse d’un bistrot. Après avoir commandé un café et un verre d’eau, j’attrape mon Blackberry. Le besoin immédiat, c’est de ne pas dîner seul. Je téléphone à Patrick, mon ami d’enfance. On était en maternelle ensemble et on ne s’est jamais quittés. Sa messagerie ne me laisse aucun espoir.

    - Bonjour, c’est Patrick, je ne suis pas à Paris. Si c’est urgent vous pouvez appeler mon bureau au 01 42 64 30 30 ou m’envoyer un mail à patrickdunoyer@eurodya.com Retour le 25 juin. Attention, cet appareil ne prend pas de message. Bye.

    J’enchaîne avec Daniel. Je l’ai connu plus tard, à l’adolescence. Avec lui, j’ai fait les quatre cents coups. Il a monté une maison d’édition qui marche pas mal. C’est un type bien, mais qui a toujours des problèmes avec sa femme. Il décroche.

    - Markus, ça me fait plaisir de t’entendre. Ça va ?

    - Oui… enfin non… je me suis fait virer.

    - Merde, les dégueulasses ! Avec tout le pognon qu’ils prennent.

    - Dis-moi Daniel, tu n’es pas libre à dîner ce soir ?

    - Oh la la, si je sors encore, Clara va me faire une vie impossible. Viens à la maison, ça sera sympa.

    L’idée de me retrouver à un dîner de famille avec Daniel, Clara et leurs deux gosses dans leur maison de Suresnes me déprime encore plus.

    - C’est gentil… mais je voulais te parler en tête-à-tête.

    - On déjeune vendredi si tu veux.

    - Je vais voir, je te rappelle.

    Chez TDTM, c’était comme si j’avais la peste. Coline a trouvé un mec. Ma mère, bien que bretonne, cavale sur les plages de Normandie. Maréchal est resté à Kaboul. Et mes deux amis, Patrick et Daniel, ne sont pas disponibles. C’est ma faute en fait. À force de n’être jamais là, les gens ne se sont pas arrêtés de vivre pour m’attendre. Ils ont continué à avancer. Mon café est froid, alors je bois le verre d’eau.

    Toute ma vie est dans mes sacs. Deux appareils photos numériques, des focales, un ordinateur portable et quelques fringues. Disons une vingtaine de kilos.

    Pas de femme. Pas d’enfant. Ça ne fait pas bien lourd à 36 ans.

    2

    ENREGISTREMENTS D’HERB CRAINE

    MARDI 9 JUIN 2009 - 17H10

    BOCA GRANDE

    Je suis pas autoritaire, je suis l’Autorité…

    Comme tous les soirs à 18h, mes hommes ont compté et parqué les Résidents dans leurs bungalows. Ils ont pas fait d’histoires. Ils sont

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