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L'Illusionniste ou les mensonges, impostures, faux-semblantset envie pathologique: ressorts d'un pervers obsédé par l'argent
L'Illusionniste ou les mensonges, impostures, faux-semblantset envie pathologique: ressorts d'un pervers obsédé par l'argent
L'Illusionniste ou les mensonges, impostures, faux-semblantset envie pathologique: ressorts d'un pervers obsédé par l'argent
Livre électronique292 pages4 heures

L'Illusionniste ou les mensonges, impostures, faux-semblantset envie pathologique: ressorts d'un pervers obsédé par l'argent

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À propos de ce livre électronique

c'est l'histoire d'un mariage qui n'est qu'un piége destiné à "dépouiller la jeune mariée de ses biens"..Ulcérée, honteuse, la jeune femme fait profil bas, pensant que son mari va changer.. mais elle est confrontée à des humiliations, des mensonges, des abus, une escalade de comportements déviants,  sans oublier de la tromperie permanente.Elle aura du mal à se sortir de l'emprise dans laquelle ce pervers manipulateur l'a plongée.

LangueFrançais
Date de sortie1 déc. 2017
ISBN9781386704379
L'Illusionniste ou les mensonges, impostures, faux-semblantset envie pathologique: ressorts d'un pervers obsédé par l'argent

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    Aperçu du livre

    L'Illusionniste ou les mensonges, impostures, faux-semblantset envie pathologique - yvonne, Yolande Desforges

    ISBN : 978-2-9560327-0-0                                                                         

    ––––––––

    « Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une

    utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que

    ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause, est illicite et constitue une

    contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. »

    L'illusion est nécessaire pour camoufler le vide qui nous habite

    Une enfance contrastée

    J'ai très peu de souvenirs de mon enfance : une image me revient comme si c'était la première que j'en aie : une petite fille, trois ans environ, tenant son père par la main, devant le garage, propriété du père. Un monsieur, dont je ne vois pas le visage, salue mon père et lui demande si cette petite fille est la sienne ; oui répond le père, tout fier lorsque la personne lui dit : « Elle est très mignonne votre petite fille ». Moi, avec des cheveux mi-longs, châtain très clair, avec des anglaises, ces espèces de torsades bouclées, en vogue à l’époque ; une petite robe probablement rose, de bonne confection ou faite par Maman, peut-être avec des smocks...

    Très jeune, je me souviens d'être allée voir le médecin avec ma mère, et en rentrant elle pleurait !

    Le médecin lui avait dit que je risquais de mourir car apparemment j'avais d'énormes problèmes digestifs. J'étais étonnée de la réaction de ma mère, réalisant que peut-être elle m'aimait, ce dont je n’avais jamais été convaincue.

    Je n'ai que quelques flashs de mes frères. Pourtant nous étions proches en âge. Avaient-ils le droit de sortir, ce que je n'avais pas ? Vraisemblablement, car je n’avais pas de copine étant enfant, il a fallu que j'entre à l'internat pour en avoir.

    Ma mère ne me laissait pas sortir ni fréquenter qui que ce soit, hormis les enfants de leurs amis.

    Je me souviens de ces amis d'enfance avec lesquels nous avions le droit de jouer et même d'aller chez eux, car ils habitaient en face de chez nous. J'étais donc la seule fille au milieu de garçons, faisant partie moi-même d'une première fratrie de garçons.

    Plus tard, ils ont déménagé pour permettre à l’aîné de rentrer en 6e dans la grande ville, et je n'ai plus eu d'amis.

    Nous habitions un appartement où l’entrée se prolongeait par un grand couloir au bout duquel il y avait le salon. Dans le coin du salon, ma mère se tenait souvent dans son fauteuil, elle avait une vue imprenable sur le couloir et l’entrée où nous jouions, mes frères et moi. Tout d'un coup, elle hurlait « Léa ! » et sa pantoufle fendait l'espace dans ma direction. Pourquoi, je ne sais plus, peut-être me chamaillais-je avec mon frère ? Certainement rien de grave ! Heureusement, elle visait mal !

    Quand j'étais à sa portée, cela se traduisait par des gifles qui me marquaient le visage de sa main baguée. Elle avait aussi recours à des pinçons qui faisaient très mal.

    Je ne savais pas toujours ce qui me valait coups et remontrances.

    Elle était dure et froide avec moi, mais beaucoup plus attentionnée avec ses garçons, et en particulier mon frère aîné.

    Elle était très attachée à ce que nous mangions sainement et de façon équilibrée, aussi les séances à table étaient-elles parfois difficiles. Pour ma part, je n'aimais pas la viande et de nombreuses fois, je gardais tout dans la bouche pour aller le recracher aux toilettes en essayant qu'elle ne s'en aperçoive pas.

    Longtemps, j'ai été persuadée que je n’étais pas la fille biologique de mes parents, mais je ne comprenais pas puisqu'il y avait d'autres enfants, donc pas de stérilité. Peut-être étais-je la fille d'un membre de la famille qui n'avait pas les moyens de m’élever ?

    Ce n'est qu'en rentrant en sixième que j'ai pu voir un acte de naissance.

    Toute petite fille, à 7 ou 8 ans, pas plus haute que trois pommes, elle m'envoyait au marché acheter des légumes frais ; ce qui me revient, ce sont les sacs trop lourds pour moi, et j’étais obligée de m’arrêter souvent. Pourquoi ne le faisait elle pas, ou n'envoyait-elle pas une employée ?

    Parfois, elle venait me demander, sur un ton très gentil, de nettoyer les toilettes, sous prétexte que je le faisais mieux que l'employée de maison ! La flatterie allait de pair avec ce type de demandes !

    Faire cela ou autre chose ne me posait pas problème, de toute façon pour ma mère j'étais à sa disposition, et elle m'utilisait à son gré, sans se soucier de mes besoins, de mes sentiments, et j'étais probablement plus docile qu'une employée de maison.

    Je ne me sentais ni humiliée ni bafouée, simplement pas aimée et pas à la place d'une enfant.

    Surtout, j'étais trop jeune pour comprendre que ma mère était aussi manipulatrice et ne manquait pas une occasion de me culpabiliser.

    Dans mon enfance, j'ai lu Hervé Bazin, et si je trouvais un modèle dans l’héroïne de « Lève-toi et marche », je n'ai jamais tout à fait assimilé ma mère à « La Folcoche » du même Hervé Bazin, car jamais aucun d'entre nous n'a été enfermé ou privé de nourriture !

    Adulte et indépendante, j'ai vu la façon dont ma mère utilisait ses amies... pour finir par se fâcher avec elles qui n’avaient pas tout de suite compris !

    Enfant, je me souviens de deux épisodes : ma mère était allée, comme à son habitude, faire des visites de courtoisie dans la famille de mon père, moi je restais avec l'employée de maison.

    Ma mère ne supportait pas de rester à la maison et sortait tous les jours.

    M'ennuyant vraisemblablement, j'allai dans le buffet chercher quelque chose à grignoter ; il y avait un énorme bocal plein de fruits confits que je fis tomber en voulant le prendre ; j'étais absolument catastrophée, m'attendant à une réaction peu amène de ma mère.

    Quelle ne fut pas ma surprise, lorsqu'elle rentra, de voir que non seulement elle ne « m'attrapait pas », mais qu’elle s'assit et me prit tendrement dans ses bras ; ce souvenir reste unique dans ma mémoire.

    Souvent, je l'entendais dire à la cantonade « Les filles c'est une sale race » ! Choquée par ces propos, je comprenais d'autant moins que je me disais : « Mais elle-même est une fille, alors pourquoi ? » 

    Je me souviens, adolescente, des bêtises que je faisais ; j'ai failli mettre le feu en jouant avec les pompes à essence du garage de mon père, qui étaient manuelles ; on pompait l’essence à l'époque.

    J'ai été retenue in extremis par un employé que j'aimais bien : je voulais, à bicyclette, passer entre un muret et un pylône électrique mais il y avait un dénivelé de plus de 2 mètres ; je me serais probablement fracassé le crâne !

    Nous devions assister au mariage de l'une de mes tantes, et Maman avait essayé de me faire une robe dans un tissu qui était probablement destiné à faire une nappe plutôt qu'une robe de demoiselle d'honneur ! Elle y a renoncé, réalisant que ce n’était pas présentable.

    Je me souviens des épisodes particulièrement humiliants où elle m'envoyait « quémander » chez mon oncle.

    Aussi loin que je me souvienne, elle avait décrété « que je n’avais besoin de rien », pas même un crayon, et lorsque manifestement j'avais besoin d'un crayon, d'un cahier, voire d'une robe parce que celle que je portais était devenue trop petite, elle avait l'habitude de m’envoyer « demander à mon oncle » ce dont j'avais besoin.

    Des séances où je restais des heures durant sur les marches de l’escalier en me disant : « Non je n'irai pas, non je ne demanderai pas à mon oncle », consciente que mon père était un homme « riche » et je ne voyais pas pourquoi j'aurais eu à mendier, car c'était de cela qu'il s'agissait pour moi, pleurant toutes les larmes de mon corps pour me résoudre, le visage et les yeux bouffis, à aller voir cet oncle.

    Je savais en fait que je ne pouvais rentrer chez mes parents sans m'être exécutée.

    Heureusement pour moi, mon oncle savait, et en me voyant, sans que j'aie à dire un mot, il m'accueillait gentiment me demandant tout de suite : « De quoi as-tu besoin et pourquoi ta mère t'envoie-t-elle ? »

    Je lui étais très reconnaissante de comprendre la situation sans que j'aie à lui expliquer quoi que ce soit.

    Parfois, elle me demandait de « l'aider » à la cuisine, mais cela consistait à rester là, plantée, pour lui donner une cuillère ou un couteau dont elle aurait eu besoin. J'enrageais !

    L'internat, une période paradoxalement heureuse

    Le grand jour est donc arrivé, on ne parlait, on ne s'occupait que de cela à la maison.

    Nous étions arrivées en car, Maman et moi, et avions dû rejoindre l'internat à pied.

    Pourquoi à pied ? Nous avions les moyens de prendre un taxi, mais non, elle ne voulait pas faire de frais pour moi.

    Je la revois traînant une lourde valise. Je me sentais impuissante, coupable, et je la regardais peiner sous la charge, s’arrêtant souvent pour déposer son fardeau, reprendre son souffle. Elle savait qu'elle ne pouvait rien me demander, j’étais incapable de soulever un tel poids !

    Elle n'avait réalisé ni la longueur du trajet ni le poids de cette énorme valise qui contenait « le trousseau » imposé par l'administration de l'internat.

    Enfin, au bout de la grande avenue bordée de marronniers, l’énorme bâtisse avec ses hauts et épais murs se profila à nos yeux. Une grande porte en fer forgé s'offrait à nous et un employé zélé nous ouvrit, pour aussitôt se précipiter sur la valise que portait toujours ma mère.

    Me voilà donc à l'internat, où je vais rentrer en sixième à l'externat du lycée, tout juste à côté et cela jusqu'au baccalauréat.

    La première année d'internat fut difficile, j’étais loin de chez moi, je ne connaissais quasiment personne et l’adaptation ne se fit pas immédiatement.

    Le dimanche, j’étais chez des correspondants, amis de mes parents, et cela me faisait du bien.

    Mais je rentrais à la maison pour les vacances scolaires et c'est ainsi qu'aux vacances de Pâques, je trouvai une petite sœur, qui venait augmenter la fratrie ; je n’étais plus la seule fille parmi trois garçons mais je restais « la grande fille » avec les devoirs de l’aînée, les droits étant eux attribués à mon frère Ernest.

    Durant ces vacances, mon père devait aller dans la grande ville pour ses affaires et ma mère décida de l'accompagner.

    Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'elle me dit qu'elle m’emmenait avec eux, et que bien sûr elle prenait le bébé avec nous !

    J’étais à la fois heureuse et étonnée qu'elle décide de m’amener avec elle. Je me voyais déjà me promenant dans la grande ville à ses côtés.

    Nous étions chez l’un de mes oncles qui avait un très grand appartement, central, très chaleureux. Mon oncle comme ma tante étaient des personnes adorables, toujours aux petits soins, souriants et détendus.

    J'ai vite déchanté, je n'étais là que pour faire la baby-sitter ! Un jour où ma mère était allée comme d'habitude faire du shopping, j'ai dû rester dans une grande pièce aux fenêtres fermées, dans l'obscurité la plus totale, avec un bébé qui ne cessait de pleurer. J'avais beau bercer ma petite sœur, chanter pour essayer de l'endormir, rien n'y faisait.

    À la fin, excédée, n'en pouvant plus, je lui donnai une petite fessée, rien de très grave, et elle finit par s'endormir.

    Lorsque ma mère est rentrée, je lui ai tout raconté, ce qui m'a valu moult et vives remontrances, quand j’attendais une certaine compassion !

    ––––––––

    L'internat, public, était un établissement très bien fréquenté.

    Durant ces premières années, je pleurais souvent, je supportais mal la séparation d'avec mes parents, d'avec mon monde ; mais très vite, j'ai trouvé un groupe d'amies qui s’était baptisé elles-mêmes « le noyau ».

    Nous étions très liées dans ce groupe, même si j'étais parfois l'objet de petites moqueries de la part de quelques-unes de ces amies, du fait de ma réactivité et probablement d'une certaine naïveté. En fait, j’étais d'une grande sensibilité, peut-être une écorchée...

    Pour l'une d'entre elles surtout, orpheline adoptée par sa tante, « j'étais riche », ce qui m'a toujours beaucoup gênée ; j’avais l'impression d'être différente, ce qui ne me plaisait pas ; j'étais incapable de me défendre. J'en ai conservé une certaine culpabilité vis-à-vis de ceux qui n'avaient pas eu la même chance que moi de naître dans une famille aisée.

    Cependant, à chaque rentrée de vacances, mes amies rentraient avec quelque chose de neuf, ce qui n'était pas mon cas.

    Ma mère avait d'ailleurs imaginé de me faire porter ses vielles chaussures et les vêtements qu'elle ne voulait plus ; elle les faisait parfois transformer pour moi. Heureusement, très vite, j'ai eu une pointure supérieure à la sienne ; je me sentais vraiment déguisée et pour avoir comme mes amies des vêtements neufs, je tricotais mes pulls ou même me faisais mes jupes toute seule. Je me réfugiais aux toilettes pour coudre ! Alors le « toi tu es riche » raisonnait douloureusement à mes oreilles !

    Plus tard, devenue probablement « bonne à marier », j'avais plus de tenues habillées que de tenues pour le quotidien et je me souviens être une fois allée au tennis en robe « à danser », comme on disait à l'époque ! Je n'avais rien d'autre à mettre...

    À l'internat, nous bénéficiions de cours de théâtre, de cours de tennis sur place, de séances de piscine sur place également et d'initiation à la musique classique. Bref, nous étions très favorisées.

    Comme toutes les filles de « bonne famille », je faisais du piano avec un professeur qui venait dans l’établissement.

    Pour ma part, je m’intéressais et participais à tout, en particulier au tennis où je faisais montre de bonnes aptitudes.

    Mon frère Ernest et moi étions souvent dans des situations de rivalité ; il avait droit à beaucoup de choses auxquelles je ne pouvais prétendre et quand je m'insurgeais contre cela, la réponse était « toi tu es une fille », ce qui avait développé chez moi une attitude très féministe, en avance sur mon temps !

    Ma mère, comme le reste de ma famille, disait en plaisantant que je ferais un excellent avocat, tant je me battais pour avoir les mêmes prérogatives que mon frère.

    A 15 ans, j'ai été traumatisée par la décision autoritaire de mes parents de « me marier » avec un homme de 10 ans mon aîné, que je connaissais de vue mais avec lequel je n'avais jamais probablement parlé.

    Alors que j’étais en seconde, ma mère m'avait écrit en me disant « qu'un jeune homme m'avait demandée en mariage » sans plus de précisions.

    Croyant faire oublier ce funeste projet, je n’étais pas venue chez mes parents pendant les petites vacances précédentes, mais lors des vacances de Pâques, je ne pus me défiler, l'internat fermant, et je dus rentrer chez mes parents. 

    Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre ma mère me dire dès mon arrivée « que le lendemain, ils organisaient une réception à la maison pour accueillir ledit fiancé » dont je découvrais à peine le nom. Je l'avais déjà vu mais sans plus.

    Je pensai à me cacher, à disparaître ; j’imaginai différents subterfuges pour échapper à ce piège, y compris celui de me jeter par la terrasse, mais je finis par me résoudre à l’inévitable, seule, absolument seule, face à ce problème d'adulte !

    Je me contentai simplement « d'accueillir » ce fiancé en faisant la gueule et en manifestant ma mauvaise humeur très ostensiblement. Chaque fois que je le voyais, je ne manquais pas de lui dire que je ne voulais pas me marier mais cela semblait le laisser indifférent : entendait-il ? Ou n'écoutait-il pas ? Bref, il restait silencieux, pensant probablement que le temps ferait son œuvre, que je finirais par céder, je ne sais pas, mais nous étions dans cet entre-deux où je n'arrivais pas à me révolter franchement.

    Je manquai le trimestre suivant et ne repris les classes que l'année d’après, non sans être obligée de doubler ma seconde.

    Revenue à l'internat, je faisais tout pour l’éviter quand il venait me chercher le dimanche, m'arrangeant pour faire venir ma correspondante avant lui. C'est grâce à cette dernière qui, me voyant très perturbée, me dit : « On ne fait pas toujours ce que l'on veut dans la vie, mais on ne peut pas faire ce que l'on ne veut pas », que je me résolus à écrire une longue lettre pas très gentille et je la lui remis quand il vint dans l’après-midi me chercher chez cette dame.

    Je lui disais clairement que je ne voulais pas me marier avec lui, que s'il cherchait une dot (pourquoi parlais-je de dot ? Alors que ce n'était pas la préoccupation autour de moi ? Je ne sais...) il pouvait en trouver d'autres, que je voulais finir mes études, avoir un métier, être indépendante et ne pas avoir à compter sur un homme quel qu'il fût.

    J'ai toujours été reconnaissante à cette correspondante, femme d'une grande générosité, et qui pour moi a été une référence d'adulte.

    Le hasard voulut que des amis de mes parents, qui avaient vu ce jeune homme continuer à venir chez mes parents comme si de rien n’était, leur disent ce qu'ils pensaient de ce mariage et les incitent à me laisser poursuivre des études...

    Ma mère était une femme très peu maternelle (un euphémisme) ; elle s’était toujours posée en rivale par rapport à moi dès mon plus jeune âge ; j’étais probablement venue très vite, trop vite après mon frère aîné de onze mois, né prématuré, et qui jusqu'à plus de quarante ans bénéficia de ce statut et donc de privilèges énormes.

    Quant à moi, je fus longtemps la seule fille dans une fratrie de trois garçons. Jusqu'à l'internat, en 6e, je n’eus aucune amie, seulement les deux enfants, encore des garçons, des amis de mes parents. Ils avaient quitté la petite ville où nous habitions avant l’entrée de mon frère aîné, et moi à sa suite, en 6e.

    Toute mon enfance et mon adolescence (en partie puisque j’étais à l'internat) se sont passées auprès de cette mère, d'une grand beauté, très narcissique et dont l'unique souci était son apparence. Elle répétait constamment « les filles c'est une sale race » !

    Je ne comprenais pas.

    Mon père, très absent, (ses affaires, une certaine lâcheté face à ma mère infantile, petite fille gâtée, autoritaire) n’intervenait pas ou très peu.

    Quand je revenais de l'internat pendant les vacances scolaires et que je n’étais pas chez des amies, elle me mettait dans le grand salon, fenêtres fermées, face à un tas de chaussettes, ou d’autres choses, à repriser (on ne jetait pas à l'époque), sous prétexte que je lui avais dit que j'avais appris à faire des reprises et que j'avais eu de bonnes notes !

    Avant chaque rentrée, c'était moi qui étais de corvée pour compter, recompter, numéroter toutes les pièces du trousseau de mes frères et du mien, mon jeune frère, Victor, nous ayant très vite rejoints à l'internat.

    Elle n'aimait pas s'occuper de ce genre de choses, qu'aimait-elle d'ailleurs ? Aussi loin que je me souvienne, elle passait son temps à se mettre des masques de toutes sortes sur le visage. Ou alors, dans des circonstances précises, elle faisait de la pâtisserie, non sans me mobiliser. Il fallait que je fusse présente pour lui donner une fourchette, une cuiller, toutes choses particulièrement insignifiantes et qui ne m'apprenaient rien ; elle n'en avait cure, l'essentiel étant que je sois à sa disposition pleine et entière.

    Très vite, j'ai développé des stratégies pour ne pas lui être confrontée et pour lui échapper ; j'invitais mes amies d’internat à venir chez moi lorsque nous étions en vacances, ou alors j'allais chez elles.

    Durant les grandes vacances d'été, nous étions toujours au bord de la mer. Je me souviens d'un épisode où je devais avoir 14-15 ans et où, face à un monsieur qui était là tous les jours, très empressé à lui faire une cour assidue, j’étais là, peu souriante (comment l'aurais-je été) et répondais d'un air cassant à un « Comment vas-tu ? » qui se voulait affable, sans l'être vraiment : « Très bien merci ». Et le monsieur d'ajouter en me dévisageant : « On se demande qui est la mère et qui est la fille » ; ma mère me regardait alors avec un air empreint de pitié, de condescendance, pensant probablement : « la pauvre, elle n'est pas très jolie ! »

    Je me disais alors, si vraiment on la prend pour une gamine de quinze ans avec près de vingt ans de plus, cela n'a rien de très flatteur !

    Une gamine de quinze ans dans le corps d'une femme de trente-cinq, à une époque où les femmes étaient loin d'être des sylphides et où moi-même, adolescente, j’étais plutôt maigre !

    L’essentiel était pour elle ce qu’elle prenait pour un compliment et qui pour moi ne l'était pas !

    Durant ma scolarité, il m’était arrivé plusieurs fois d’avoir les encouragements, voire les félicitations du conseil de classe, mais même dans ces cas-là je ne pouvais rivaliser avec mes deux frères qui eux avaient le prix d'excellence depuis la 6e. Ma mère ne manquait jamais de me le rappeler !

    Ces années d'internat m'ont beaucoup marquée. Elles furent agréables, j'y ai appris la discipline, à travailler dans une certaine rigueur, avec des horaires réguliers très structurants.

    Entre les sorties dans les jardins de la ville ou chez les correspondants, les différentes activités que nous avions, les copines toujours là, et le reste du temps employé de façon studieuse, l'internat fut une période heureuse pour moi.

    C'est avec nostalgie que j'arrivai ainsi à la fin de mes études secondaires, la dernière année étant celle où j'étais au pair pour pouvoir aller au lycée de garçons, le seul à avoir des classes de mathématiques.

    Là, je partageais une chambre avec une autre surveillante et nous nous entendions fort bien.

    La fin de l'internat et le saut dans une vie d'étudiante

    Bien que très bonne en français et attirée par la littérature, je décidai tout de même de m'orienter vers des sections scientifiques, car

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