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La Vendetta
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Livre électronique90 pages1 heure

La Vendetta

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À propos de ce livre électronique

1830. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842
Ginevra Piombo fait la connaissance de Luigi Porta, réfugié dans l'atelier d'un peintre chez qui elle prend des leçons. Luigi Porta a été blessé à Waterloo. Ginevra le secourt, le protège, et veut le présenter à sa famille. Mais elle découvre que les familles Piombo et Porta sont ennemies. Malgré le refus et les menaces de son père, elle épouse Porta pour le meilleur et pour le pire...

LangueFrançais
ÉditeurBooklassic
Date de sortie12 juin 2015
ISBN9789635227150
La Vendetta
Auteur

Honoré de Balzac

Honoré de Balzac (1799-1850) was a French novelist, short story writer, and playwright. Regarded as one of the key figures of French and European literature, Balzac’s realist approach to writing would influence Charles Dickens, Émile Zola, Henry James, Gustave Flaubert, and Karl Marx. With a precocious attitude and fierce intellect, Balzac struggled first in school and then in business before dedicating himself to the pursuit of writing as both an art and a profession. His distinctly industrious work routine—he spent hours each day writing furiously by hand and made extensive edits during the publication process—led to a prodigious output of dozens of novels, stories, plays, and novellas. La Comédie humaine, Balzac’s most famous work, is a sequence of 91 finished and 46 unfinished stories, novels, and essays with which he attempted to realistically and exhaustively portray every aspect of French society during the early-nineteenth century.

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    La Vendetta - Honoré de Balzac

    La Vendetta

    Honoré de Balzac

    Booklassic

    2015

    ISBN 978-963-522-715-0

    DÉDIÉ À PUTTINATI, 

    SCULPTEUR MILANAIS.

    En 1800, vers la fin du mois d’octobre, un étranger, suivi d’une femme et d’une petite fille, arriva devant les Tuileries à Paris, et se tint assez long-temps auprès des décombres d’une maison récemment démolie, à l’endroit où s’élève aujourd’hui l’aile commencée qui devait unir le château de Catherine de Médicis au Louvre des Valois. Il resta là, debout, les bras croisés, la tête inclinée et la relevait parfois pour regarder alternativement le palais consulaire, et sa femme assise auprès de lui sur une pierre. Quoique l’inconnue parût ne s’occuper que de la petite fille âgée de neuf à dix ans dont les longs cheveux noirs étaient comme un amusement entre ses mains, elle ne perdait aucun des regards que lui adressait son compagnon. Un même sentiment, autre que l’amour, unissait ces deux êtres, et animait d’une même inquiétude leurs mouvements et leurs pensées. La misère est peut-être le plus puissant de tous les liens. Cette petite fille semblait être le dernier fruit de leur union. L’étranger avait une de ces têtes abondantes en cheveux, larges et graves, qui se sont souvent offertes au pinceau des Carraches. Ces cheveux si noirs étaient mélangés d’une grande quantité de cheveux blancs. Quoique nobles et fiers, ses traits avaient un ton de dureté qui les gâtait. Malgré sa force et sa taille droite, il paraissait avoir plus de soixante ans. Ses vêtements délabrés annonçaient qu’il venait d’un pays étranger. Quoique la figure jadis belle et alors flétrie de la femme trahît une tristesse profonde, quand son mari la regardait elle s’efforçait de sourire en affectant une contenance calme. La petite fille restait debout, malgré la fatigue dont les marques frappaient son jeune visage hâlé par le soleil. Elle avait une tournure italienne, de grands yeux noirs sous des sourcils bien arqués, une noblesse native, une grâce vraie. Plus d’un passant se sentait ému au seul aspect de ce groupe dont les personnages ne faisaient aucun effort pour cacher un désespoir aussi profond que l’expression en était simple ; mais la source de cette fugitive obligeance qui distingue les Parisiens se tarissait promptement. Aussitôt que l’inconnu se croyait l’objet de l’attention de quelque oisif, il le regardait d’un air si farouche, que le flâneur le plus intrépide hâtait le pas comme s’il eût marché sur un serpent. Après être demeuré long-temps indécis, tout à coup le grand étranger passa la main sur son front, il en chassa, pour ainsi dire, les pensées qui l’avaient sillonné de rides, et prit sans doute un parti désespéré. Après avoir jeté un regard perçant sur sa femme et sur sa fille, il tira de sa veste un long poignard, le tendit à sa compagne, et lui dit en italien : – Je vais voir si les Bonaparte se souviennent de nous. Et il marcha d’un pas lent et assuré vers l’entrée du palais, où il fut naturellement arrêté par un soldat de la garde consulaire avec lequel il ne put long-temps discuter. En s’apercevant de l’obstination de l’inconnu, la sentinelle lui présenta sa baïonnette en manière d’ultimatum. Le hasard voulut que l’on vînt en ce moment relever le soldat de sa faction, et le caporal indiqua fort obligeamment à l’étranger l’endroit où se tenait le commandant du poste.

    – Faites savoir à Bonaparte que Bartholoméo di Piombo voudrait lui parler, dit l’Italien au capitaine de service.

    Cet officier eut beau représenter à Bartholoméo qu’on ne voyait pas le premier consul sans lui avoir préalablement demandé par écrit une audience, l’étranger voulut absolument que le militaire allât prévenir Bonaparte. L’officier objecta les lois de la consigne, et refusa formellement d’obtempérer à l’ordre de ce singulier solliciteur. Bartholoméo fronça le sourcil, jeta sur le commandant un regard terrible, et sembla le rendre responsable des malheurs que ce refus pouvait occasionner ; puis, il garda le silence, se croisa fortement les bras sur la poitrine, et alla se placer sous le portique qui sert de communication entre la cour et le jardin des Tuileries. Les gens qui veulent fortement une chose sont presque toujours bien servis par le hasard. Au moment où Bartholoméo di Piombo s’asseyait sur une des bornes qui sont auprès de l’entrée des Tuileries, il arriva une voiture d’où descendit Lucien Bonaparte, alors ministre de l’intérieur.

    – Ah ! Loucian, il est bien heureux pour moi de te rencontrer, s’écria l’étranger.

    Ces mots, prononcés en patois corse, arrêtèrent Lucien au moment où il s’élançait sous la voûte, il regarda son compatriote et le reconnut. Au premier mot que Bartholoméo lui dit à l’oreille, il emmena le Corse avec lui chez Bonaparte. Murat, Lannes, Rapp se trouvaient dans le cabinet du premier consul. En voyant entrer Lucien, suivi d’un homme aussi singulier que l’était Piombo, la conversation cessa. Lucien prit Napoléon par la main et le conduisit dans l’embrasure de la croisée. Après avoir échangé quelques paroles avec son frère, le premier consul fit un geste de main auquel obéirent Murat et Lannes en s’en allant. Rapp feignit de n’avoir rien vu, afin de pouvoir rester. Bonaparte l’ayant interpellé vivement, l’aide-de-camp sortit en rechignant. Le premier consul, qui entendit le bruit des pas de Rapp dans le salon voisin, sortit brusquement et le vit près du mur qui séparait le cabinet du salon.

    – Tu ne veux donc pas me comprendre ? dit le premier consul. J’ai besoin d’être seul avec mon compatriote.

    – Un Corse, répondit l’aide-de-camp. Je me défie trop de ces gens-là pour ne pas…

    Le premier consul ne put s’empêcher de sourire, et poussa légèrement son fidèle officier par les épaules.

    – Eh bien, que viens-tu faire ici, mon pauvre Bartholoméo ? dit le premier consul à Piombo.

    – Te demander asile et protection, si tu es un vrai Corse, répondit Bartholoméo d’un ton brusque.

    – Quel malheur a pu te chasser du pays ? Tu en étais le plus riche, le plus…

    – J’ai tué tous les Porta, répliqua le Corse d’un son de voix profond en fronçant les sourcils.

    Le premier consul fit deux pas en arrière comme un homme surpris.

    – Vas-tu me trahir ? s’écria Bartholoméo en jetant un regard sombre à Bonaparte. Sais-tu que nous sommes encore quatre Piombo en Corse ?

    Lucien prit le bras de son compatriote, et le secoua.

    – Viens-tu donc ici pour menacer le sauveur de la France ? lui dit-il vivement Bonaparte fit un signe à Lucien, qui se tut. Puis il regarda Piombo, et lui dit : – Pourquoi donc as-tu tué les Porta ?

    – Nous avions fait amitié, répondit-il, les Barbanti nous avaient réconciliés. Le lendemain du jour où nous trinquâmes pour noyer nos querelles, je les quittai parce que j’avais affaire à Bastia. Ils restèrent chez moi, et mirent le feu à ma vigne de Longone. Ils ont tué mon fils Grégorio. Ma fille Ginevra et ma femme leur ont échappé ; elles avaient communié le matin, la Vierge les a protégées. Quand je revins, je ne trouvai plus ma maison, je la cherchais les pieds dans ses cendres. Tout à coup je heurtai le corps de Grégorio, que je reconnus à la lueur de la lune. – Oh ! les Porta ont fait le coup ! me dis-je. J’allai sur-le-champ dans lesMâquis, j’y rassemblai quelques hommes auxquels j’avais rendu service, entends-tu, Bonaparte ? et nous marchâmes

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