La Vendetta
Par Honoré de Balzac
3.5/5
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À propos de ce livre électronique
« - Eh bien, que viens-tu faire ici, mon pauvre Bartholoméo ? dit le premier consul à Piombo.
- Te demander asile et protection, si tu es un vrai Corse, répondit Bartholoméo d’un ton brusque.
- Quel malheur a pu te chasser du pays ? tu en étais le plus riche, le plu…
- J’ai tué tous les Porta, répliqua le Corse d’un son de voix profond en fronçant les sourcils. »
Honoré de Balzac
Honoré de Balzac (1799-1850) was a French novelist, short story writer, and playwright. Regarded as one of the key figures of French and European literature, Balzac’s realist approach to writing would influence Charles Dickens, Émile Zola, Henry James, Gustave Flaubert, and Karl Marx. With a precocious attitude and fierce intellect, Balzac struggled first in school and then in business before dedicating himself to the pursuit of writing as both an art and a profession. His distinctly industrious work routine—he spent hours each day writing furiously by hand and made extensive edits during the publication process—led to a prodigious output of dozens of novels, stories, plays, and novellas. La Comédie humaine, Balzac’s most famous work, is a sequence of 91 finished and 46 unfinished stories, novels, and essays with which he attempted to realistically and exhaustively portray every aspect of French society during the early-nineteenth century.
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Avis sur La Vendetta
33 notations5 avis
- Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5This novella concerns a vendetta between two Corsican families, the daughter of one of whom falls in love with the only surviving son of the other, and is rejected by her own father. They marry against this opposition and have a very tough time and eventually perish - this was quite dramatic and stark and moving.
- Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5I can sum up this novella for myself (for future reference) as a combination of 'Romeo & Juliet' with O. Henry's 'The Gift of the Magi'. The novella is melodrama and as such doesn't compare to Balzac's greater novels but I thought it deserved more than 3.5*. Maybe 3.7 but such hair-splitting has little value; I only mention it because I don't want others to take my 4* to mean I felt it was equal to most of my other 4* books. If you don't like melodrama, you won't like this. Balzac once again demonstrates his belief that marrying against parental and/or societal wishes is doomed to failure. Yet the portrait of Corsican ideas of vengence and the look at how life changed from 1800 under Napoleon to 1815 under the second restoration was fascinating. This background to the story raised it in my estimation.
- Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Readable if melodramatic novella, featuring a hot-blooded Corsican family who have settled in Paris after a bloody culmination to a vendetta back home. The old couple worship their lovely artistic daughter, Ginevra. Then one day she encounters a dashing soldier hiding from royalists in the lumber room at her art school...Not up to the fabulous standard of some of Balzac's novels, but OK.
- Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5The best opening of any Balzac work I have read. And in some of the ensuing scenes, the most wooden melodrama of any Balzac work I have read, especially the scene where Ginevra confesses her love to her father who says she will die before him if she continues down this path. But there are numerous hints of the Balzac to come, most especially in the description of the relationship and backbiting between girls in Monsieur Servin
- Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5The best opening of any Balzac work I have read. And in some of the ensuing scenes, the most wooden melodrama of any Balzac work I have read, especially the scene where Ginevra confesses her love to her father who says she will die before him if she continues down this path. But there are numerous hints of the Balzac to come, most especially in the description of the relationship and backbiting between girls in Monsieur Servin’s painting class. There is an awful lot of Balzac worth reading before this – but if you’re looking for a short entrée or have read a bunch already, I would recommend this.
Aperçu du livre
La Vendetta - Honoré de Balzac
Le plus grand soin a été apporté à la mise au point de ce livre numérique de la collection Candide & Cyrano, afin d’assurer une qualité éditoriale et un confort de lecture optimaux.
Malgré ce souci constant, il se peut que subsistent d’éventuelles coquilles ou erreurs. Les éditeurs seraient infiniment reconnaissants envers leurs lectrices et lecteurs attentifs s’ils avaient l’amabilité de signaler ces imperfections à l’adresse candide-cyrano@primento.com.
La Vendetta
Honoré de Balzac
Dédié à Puttinati.
En 1800, vers la fin du mois d’octobre, un étranger, accompagné d’une femme et d’une petite fille, arriva devant les Tuileries à Paris, et se tint assez longtemps auprès des décombres d’une maison récemment démolie, à l’endroit où s’élève aujourd’hui l’aile commencée qui devait unir le château de Catherine de Médicis au Louvre des Valois. Il resta là, debout, les bras croisés, la tête inclinée et la relevait parfois pour regarder alternativement le palais consulaire et sa femme assise auprès de lui sur une pierre. Quoique l’inconnue parût ne s’occuper que de la petite fille âgée de neuf à dix ans dont les longs cheveux noirs étaient comme un amusement entre ses mains, elle ne perdait aucun des regards que lui adressait son compagnon. Un même sentiment, autre que l’amour, unissait ces deux êtres, et animait d’une même inquiétude leurs mouvements et leurs pensées. La misère est peut-être le plus puissant de tous les liens. L’étranger avait une de ces têtes abondantes en cheveux, larges et graves, qui se sont souvent offertes au pinceau des Carraches. Ces cheveux si noirs étaient mélangés d’une grande quantité de cheveux blancs. Quoique nobles et fiers, ses traits avaient un ton de dureté qui les gâtait. Malgré sa force et sa taille droite, il semblait avoir plus de soixante ans. Ses vêtements délabrés annonçaient qu’il venait d’un pays étranger. Quoique la figure jadis belle et alors flétrie de la femme trahît une tristesse profonde, quand son mari la regardait, elle s’efforçait de sourire en affectant une contenance calme. La petite fille restait debout, malgré la fatigue dont les marques frappaient son jeune visage hâlé par le soleil. Elle avait une tournure italienne, de grands yeux noirs sous des sourcils bien arqués, une noblesse native, une grâce vraie. Plus d’un passant se sentait ému au seul aspect de ce groupe dont les personnages ne faisaient aucun effort pour cacher un désespoir aussi profond que l’expression en était simple ; mais la source de cette fugitive obligeance qui distingue les Parisiens se tarissait promptement. Aussitôt que l’inconnu se croyait l’objet de l’attention de quelque oisif, il le regardait d’un air si farouche, que le flâneur le plus intrépide hâtait le pas comme s’il eût marché sur un serpent. Après être demeuré longtemps indécis, tout à coup le grand étranger passa la main sur son front, il en chassa, pour ainsi dire, les pensées qui l’avaient sillonné de rides, et prit sans doute un parti désespéré. Après avoir jeté un regard perçant sur sa femme et sur sa fille, il tira de sa veste un long poignard, le tendit à sa compagne, et lui dit en italien : – Je vais voir si les Bonaparte se souviennent de nous. Et il marcha d’un pas lent et assuré vers l’entrée du palais, où il fut naturellement arrêté par un soldat de la garde consulaire avec lequel il ne put longtemps discuter. En s’apercevant de l’obstination de l’inconnu, la sentinelle lui présenta sa baïonnette en manière d’ultimatum. Le hasard voulut que l’on vînt en ce moment relever le soldat de sa faction, et le caporal indiqua fort obligeamment à l’étranger l’endroit où se tenait le commandant du poste.
– Faites savoir à Bonaparte que Bartholoméo di Piombo voudrait lui parler, dit l’Italien au capitaine de service.
Cet officier eut beau représenter à Bartholoméo qu’on ne voyait pas le premier consul sans lui avoir préalablement demandé par écrit une audience, l’étranger voulut absolument que le militaire allât prévenir Bonaparte. L’officier objecta les lois de la consigne, et refusa formellement d’obtempérer à l’ordre de ce singulier solliciteur. Bartholoméo fronça le sourcil, jeta sur le commandant un regard terrible, et sembla le rendre responsable des malheurs que ce refus pouvait occasionner ; puis il garda le silence, se croisa fortement les bras sur la poitrine, et alla se placer sous le portique qui sert de communication entre la cour et le jardin des Tuileries. Les gens qui veulent fortement une chose sont presque toujours bien servis par le hasard. Au moment où Bartholoméo di Piombo s’asseyait sur une des bornes qui sont auprès de l’entrée des Tuileries, il arriva une voiture d’où descendit Lucien Bonaparte, alors ministre de l’Intérieur.
– Ah ! Loucian, il est bien heureux pour moi de te rencontrer, s’écria l’étranger.
Ces mots, prononcés en patois corse, arrêtèrent Lucien au moment où il s’élançait sous la voûte, il regarda son compatriote et le reconnut. Au premier mot que Bartholoméo lui dit à l’oreille, il emmena le Corse avec lui. Murat, Lannes, Rapp se trouvaient dans le cabinet du premier consul. En voyant entrer Lucien, suivi d’un homme aussi singulier que l’était Piombo, la conversation cessa. Lucien prit Napoléon par la main et le conduisit dans l’embrasure de la croisée. Après avoir échangé quelques paroles avec son frère, le premier consul fit un geste de main auquel obéirent Murat et Lannes en s’en allant. Rapp feignit de n’avoir rien vu, afin de pouvoir rester. Bonaparte l’ayant interpellé vivement, l’aide de camp sortit en rechignant. Le premier consul, qui entendit le bruit des pas de Rapp dans le salon voisin, sortit brusquement et le vit près du mur qui séparait le cabinet du salon.
– Tu ne veux donc pas me comprendre ? dit le premier consul. J’ai besoin d’être seul avec mon compatriote.
– Un Corse, répondit l’aide de camp. Je me défie trop de ces gens-là pour ne pas...
Le premier consul ne put s’empêcher de sourire, et poussa légèrement son fidèle officier par les épaules.
– Eh bien, que viens-tu faire ici, mon pauvre Bartholoméo ? dit le premier consul à Piombo.
– Te demander asile et protection, si tu es un vrai Corse, répondit Bartholoméo d’un ton brusque.
– Quel malheur a pu te chasser du pays ? tu en étais le plus riche, le plus...
– J’ai tué tous les Porta, répliqua le Corse d’un son de voix profond en fronçant les sourcils.
Le premier consul fit deux pas en arrière comme un homme surpris.
– Vas-tu me trahir ? s’écria Bartholoméo en jetant un regard sombre à Bonaparte. Sais-tu que nous sommes encore quatre Piombo en Corse ?
Lucien prit le bras de son compatriote, et le secoua.
– Viens-tu donc ici pour menacer le sauveur de la France ? lui dit-il vivement.
Bonaparte fit un signe à Lucien, qui se tut. Puis il regarda Piombo, et lui dit : – Pourquoi donc as-tu tué les Porta ?
– Nous avions fait amitié, répondit-il, les Barbanti nous avaient réconciliés. Le lendemain du jour où nous trinquâmes pour noyer nos querelles, je les quittai parce que j’avais affaire à Bastia. Ils restèrent chez moi, et mirent le feu à ma vigne de Longone. Ils ont tué mon fils Grégorio. Ma fille Ginevra et ma femme leur ont échappé ; elles avaient communié le matin, la Vierge les a protégées. Quand je revins, je ne trouvai plus ma maison, je la cherchais les pieds dans ses cendres.