Religieux et pédophiles
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Avis sur Religieux et pédophiles
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Aperçu du livre
Religieux et pédophiles - Sébastien Richard
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NOTE DE L’ÉDITEUR :
Des textes officiels tels que rédigés à l’origine sont reproduits en italique tout au long du livre. Nous n’avons pu tenir compte des fautes de grammaire, d’orthographe et de ponctuation qui font déjà partie de ces textes.
DÉDICACE
À ma douce Francyne, cet ange qui fait partie de ma vie depuis bientôt 25 ans, et pour longtemps encore je l’espère, je lui dois tant. À mes fils Vincent et Félix qui me démontrent tous les jours que des enfants heureux ont tout ce qu’il faut pour devenir des adultes accomplis.
À ma mère, Gisèle Trépanier, qui a toujours tenté de faire de son mieux et qui y est souvent parvenue.
À René Cornellier fils qui, même s’il n’est plus de ce monde, a accompli un prodige en dénonçant les abus dont il a été victime et qui a permis de mettre en œuvre notre recours collectif.
À ces religieux de Sainte-Croix qui ont joué un rôle très important
dans ma vie.
D’abord, feu monsieur Charles-O. Dupuis qui était père de Sainte-Croix lorsque je suis entré aux petits chanteurs du Mont-Royal et qui a constitué la figure paternelle qui me manquait tant.
Feu le frère Ubald Parr, un homme à qui j’étais d’abord lié durant mes dix années aux petits chanteurs du Mont-Royal, et longtemps par la suite. Il était un homme bon, joyeux, humble et fidèle.
Feu frère Georges-Étienne Desjean, un authentique guide spirituel, dévoué à sa vocation de former la jeunesse.
Au père Yvon Cousineau qui a été le seul Sainte-Croix à me conseiller de parler ouvertement des agressions que j’avais subies lorsque je lui ai raconté mon histoire, quelques années après les faits, à l’effet que j’avais été agressé sexuellement. J’espère que cet hommage ne le mettra pas dans une situation trop délicate face à ses confrères.
REMERCIEMENTS
En tout premier lieu, je tiens à remercier monsieur René Cornellier père. Si les agressions sexuelles commises par les religieux de Sainte-Croix ont eu un impact irréparable sur l’un de ses fils, en revanche, il en a gagné deux cents autres qui lui sont éternellement reconnaissants, en décidant d’enclencher ce recours collectif.
À Manon et Robert Cornellier qui ont accepté de répondre à mes questions, de relire plusieurs parties de ce livre et de me soumettre leurs précieux commentaires.
Aux journalistes Sue Montgomery et Normand Grondin qui ont permis à notre cause de faire partie du débat public au Québec, qui ont accepté eux aussi de relire plusieurs parties de ce livre et de me soumettre leurs commentaires tout aussi précieux.
À mes grandes amies Joan Raymond et Marie-Claude Malette qui m’ont si gentiment guidé dans la qualité rédactionnelle de mes écrits et soutenu par leur gentillesse, ainsi qu’à Annie Beaulieu pour ses talents de traductrice et de rédactrice.
Aux avocats Alain Arsenault et Gilles Gareau, ces assoiffés de justice, qui nous ont défendus sans relâche durant le processus de ce recours collectif et qui m’ont soutenu sans réserve dans la rédaction de ce livre.
Une pensée pour l’avocate en devenir Éloïse Benoit, l’assistante de Me Arsenault, qui a joué un rôle de cheville ouvrière si importante durant toutes les procédures menant au recours collectif.
À Me Bertrand St-Arnaud, Ministre de la Justice du Québec de 2012 à 2014, pour le soutien financier qu’il a apporté au projet de ce livre, de même qu’à Me Sébastien Grammond, professeur à la section de droit civil de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, pour son implication authentique à l’égard de la cause des victimes d’agressions sexuelles.
À monsieur Wilson Kennedy, un ancien frère de Sainte-Croix, qui a osé briser le silence, ainsi qu’à tous ceux qui, dans l’anonymat, ont accepté de m’aider généreusement.
À monsieur Jacques Viens, membre de notre recours collectif et maire de la municipalité de Saint-Paul d’Abbostford, pour son soutien précieux à ma recherche documentaire.
Enfin, à ma belle-mère Marcelle Miville, cette femme de vision et indépendante d’esprit, qui a si bien préparé sa fille Francyne à devenir ma femme, ce soutien unique qui a été si essentiel à ma vie.
Sébastien Richard
PRÉFACE
La campagne électorale fédérale 2008 venait de se terminer. L’élection était passée. J’anticipais avec plaisir un repos bien mérité. J’étais impatiente aussi de voir ma sœur Sophie qui venait de donner naissance à sa fille, Thalye.
Ce fut de courte durée. Mon frère Robert m’a téléphoné pour m’apprendre ce que la journaliste Sue Montgomery de la Gazette lui avait révélé. Notre frère René fils, décédé en 1994, avait été abusé sexuellement au Collège Notre-Dame. Il voulait savoir si je le savais.
Non! La nouvelle m’a jetée par terre. En même temps, tout cela avait quelque chose d’irréel, du moins jusqu’à ce que nous nous retrouvions toute la famille chez mon père pour discuter de la suite des choses.
Acceptions-nous d’abord que la journaliste identifie René dans son reportage? Sue Montgomery avait eu la délicatesse non seulement de nous prévenir, mais de nous demander notre autorisation. Elle savait – et nous le savions aussi – qu’en acquiesçant, nous allions sûrement nous retrouver dans une tourmente.
En même temps, mon frère René voulait que cette complicité du silence cesse, comme le démontraient les lettres qu’il avait fait parvenir aux hauts gradés de la Congrégation de Sainte-Croix.
Il y a eu des larmes, des hésitations, mais nous avons accepté afin de briser le silence, et enfin démasquer cette malhonnêteté aux yeux de tous ceux qui savaient et avaient entretenu le secret. Pour rendre avant tout justice à un fils et à un frère que nous aimions.
La publication de l’enquête de Sue Montgomery au début de décembre 2008 a frappé encore plus durement. Elle nous plaçait en face d’un drame d’une ampleur insoupçonnée. René n’était pas le seul, loin de là. Pire, on avait même refusé de le protéger à l’époque où il fréquentait le collège et on l’avait éconduit des années plus tard, alors qu’il était malade; il a tenté d’approcher les frères pour que quelque chose se fasse afin que de telles ignominies ne se répètent plus.
Le reste de l’histoire de mon frère et de celle de centaines d’autres, victimes comme lui, dont Sébastien Richard, se retrouve dans ce livre. L’auteur poursuit la démarche entreprise par Sue Montgomery, notre famille et tous ceux qui se sont joints au recours collectif que nous avons lancé afin d’obtenir justice.
La vengeance n’a jamais été notre motivation. C’est ce besoin de justice pour René et tous ces hommes qui ont été profondément et irrémédiablement blessés par ces agressions qui nous a guidés. Le besoin était impérieux chez chacun de nous de voir la fin de la culture du silence et de l’impunité qui a inspiré trop longtemps cette congrégation, et combien d’autres?
Ce livre n’est ni un roman ni un essai, c’est un témoignage important, nécessaire, même essentiel.
Merci à Sue Montgomery d’avoir levé le voile sur cette tragédie. Merci à Sébastien Richard d’avoir mis en œuvre le processus dans le but d’en arriver à une conclusion positive.
Manon Cornellier,
journaliste au quotidien Le Devoir
INTRODUCTION
« Vois! Je vous offre aujourd’hui bénédiction et malédiction. Bénédiction si vous obéissez aux commandements de Yahvé votre Dieu que je vous prescris aujourd’hui, malédiction si vous désobéissez aux commandements de Yahvé votre Dieu, si vous vous écartez de la voie que je vous prescris aujourd’hui en suivant d’autres dieux que vous n’avez pas connus. »¹
Nous sommes le 18 juin 2013, au Palais de justice de Montréal. Nos avocats et ceux de la Congrégation de Sainte-Croix comparaissent pour la quatrième fois devant l’honorable juge Claude Auclair depuis qu’une entente hors-cours est survenue dans le cadre du recours collectif qui a été intenté relativement aux agressions sexuelles que nous ont fait subir les frères de Sainte-Croix, lorsque nous étions enfants.
Plus d’une cinquantaine de victimes sont présentes.
Depuis octobre 2011, nous attendons que le processus de mise en application de l’entente aboutisse, mais les délais s’accumulent.
À nos yeux, il ne fait aucun doute que les Sainte-Croix ont décidé de faire traîner les choses. Il nous faut donc être patients, appuyer nos avocats et nous assurer que les victimes les plus fragiles n’abandonnent pas le combat ou commettent une bévue qui pourrait être coûteuse pour l’ensemble du groupe et de la cause qui nous unit.
Au moment d’une pause, le père spirituel de ce recours collectif, monsieur René Cornellier père, me prend à part et me dit : « Ça achève notre affaire, mais il ne faudrait pas que ça s’arrête là! »
Depuis le début des procédures, monsieur Cornellier père me fait sentir combien il apprécie la façon avec laquelle je me suis acquitté de mon rôle de
porte-parole des victimes, mais son commentaire m’a laissé perplexe parce que je me demandais bien ce que je pourrais faire d’autre, une fois le recours collectif terminé.
J’ai eu l’occasion de voir monsieur Cornellier père à plusieurs reprises depuis le début de ces procédures. C’est un homme au regard droit, à la prestance digne, mais un homme de peu de mots. Donc, lorsque je lui ai demandé ce que je devrais faire de plus pour exaucer son souhait, il n’a pas répondu. Pour lui, ce qui devait être dit avait été dit, à moi de me débrouiller maintenant.
J’y ai donc réfléchi durant plusieurs semaines. D’abord, j’ai pensé à notre devise nationale du Québec : Je me souviens!
Or, en parvenant à conclure une entente hors cours avec une communauté religieuse qui a reconnu avoir agressé sexuellement des enfants et qui accepte de leur verser des indemnités, nous avons réalisé un fait sans précédent au Québec et au Canada en ce qui a trait à l’importance monétaire du règlement.
Depuis, des recours collectifs ont été intentés au Québec contre les Rédemptoristes et les Clercs de Saint-Viateur. Il y a fort à parier que d’autres suivront aussi. Alors, puisque nous avons gagné notre combat, je me suis dit que ceux qui ont vécu le même traumatisme que nous ont certainement besoin d’une source d’inspiration pour entreprendre leur propre combat. Il y a donc lieu de se souvenir.
En même temps, je ne parviens pas à oublier tous ces religieux de Sainte-Croix qui ont été si généreux, si authentiques dans leurs vocations, car il y en a eu beaucoup. Trop d’entre eux ont sombré dans l’oubli. Pour des raisons bien évidentes, l’actualité ne parle que des religieux pédophiles, mais l’objectivité la plus élémentaire mérite qu’on se souvienne d’eux aussi, pas seulement de leurs confrères pédophiles.
C’est alors qu’a surgi l’idée d’écrire ce livre. Comme plusieurs m’ont félicité pour la dignité des commentaires que j’ai exprimés publiquement à titre de porte-parole des victimes, je me suis dit que si je devais décider de rédiger un livre sur notre recours collectif, il faudrait que je sois animé d’une volonté de procéder habité de cette même dignité. Par conséquent, je me devrais de dresser un portrait complet de la situation. Un portrait implacable quant à la dénonciation de toutes ces agressions commises, mais en même temps, établir la contribution bien réelle de la Congrégation de Sainte-Croix à l’éducation au Québec.
J’ai donc discuté avec nos avocats de ce projet d’écriture ainsi qu’avec plusieurs personnes de mon entourage; tous m’ont vivement encouragé à entreprendre cette rédaction, d’où ce livre. J’espère avoir été à la hauteur.
Sébastien Richard
1. Deutéronome, chapitre 11, versets 26 à 28.
Chapitre UN
L’arrivée des sainte-croix au canada français : une communauté religieuse vouée à l’éducation des jeunes garçons
« Car son commencement, c’est le désir très vrai de l’instruction, le souci de l’instruction c’est l’amour, l’amour, c’est l’observation de ses lois, l’attention aux lois, c’est la garantie de l’incorruptibilité, et l’incorruptibilité fait qu’on est près de Dieu; ainsi le désir de la Sagesse conduit à la royauté. Si donc trônes et sceptres vous plaisent, souverains des peuples, honorez la Sagesse, afin de régner à jamais. »²
Il faut instruire un Canada français illettré
Remontons jusqu’à la conquête de 1760. Cet événement constitue, d’abord et avant tout, une conquête militaire, mais c’est aussi le début d’un nouveau mode de vie pour les canadiens-français qui doivent adopter plusieurs aspects des coutumes britanniques qui s’implantent petit à petit. Ce nouveau mode de vie remet bien souvent en question des habitudes auxquelles nos ancêtres se sont pourtant habitués depuis longtemps. C’est le début de cette complexe cohabitation entre les habitants canadiens-français et les conquérants britanniques.
Ceci conduit à une série de tensions qui connaît son apogée au moment de l’insurrection de 1837 et 1838, moment où les patriotes canadiens-français revendiquent l’instauration d’un gouvernement responsable. Cette insurrection se termine par une défaite sanglante et humiliante pour les patriotes. Aussi, à partir de 1840, le moral est bas, surtout que l’élite patriotique a été, en grande partie, déportée ou exécutée suite à des procès dont l’objectivité s’est avérée plus que douteuse. À cela s’ajoute le fait que plusieurs décisions politiques et économiques contribuent à maintenir un climat social morose.
D’un point de vue économique, l’Angleterre met fin aux tarifs préférentiels accordés aux produits agricoles canadiens. Néanmoins, les exportations de bois vers l’Angleterre se développent considérablement, mais au seul profit des riches entrepreneurs canadiens-anglais. Leurs employés, les journaliers et les charpentiers canadiens-français, reçoivent des salaires de misère, ce qui plonge l’ancien Bas-Canada, qui fait maintenant partie de la province du Canada-Uni, dans une profonde dépression économique.³
Les canadiens-français n’ont plus que l’agriculture pour subvenir aux besoins de leurs familles. Puisque les familles sont nombreuses, les terres sont morcelées en autant de parcelles qu’il y a de garçons, lorsque ces derniers fondent une famille à leur tour. Aussi, vers 1851, le tiers des terres ne mesurent pas plus que cinquante arpents. Pire encore, les terres les plus fertiles sont achetées par les riches spéculateurs anglais. Bref, il ne semble plus y avoir d’issues pour s’en sortir. Puisque les États-Unis connaissent une grande activité industrielle, plus de 40 000 canadiens-français émigrent vers les états de la Nouvelle-Angleterre durant la décennie des années 1840.⁴
C’est aussi à cette époque qu’un système d’éducation est constitué au Canada-Uni, qui est séparé en une structure francophone et une autre anglophone. Son financement est établi par des octrois gouvernementaux et par la mise sur pied d’une taxation basée sur la valeur foncière des propriétés. Pour que les districts scolaires locaux puissent recevoir leurs octrois, ils doivent d’abord avoir recueilli les taxes foncières auprès des propriétaires de leurs localités. Pour l’ancien Bas-Canada, le principe de cette nouvelle forme de taxation remet en question le système seigneurial qui régnait au temps du régime français où la dîme, versée en argent ou en nature, constituait une forme de taxation qui convenait très bien à nos ancêtres. En effet, à l’époque du régime français, les paroisses ou municipalités étaient entretenues par des corvées ou des sanctions imposées aux malfaisants. Il n’y avait donc pas de taxation comme telle. Aussi, la mise en place d’un impôt établi sur la valeur foncière des propriétés soulève la colère populaire pour deux raisons. D’abord parce que les habitudes de l’époque française ont continué à s’appliquer surtout dans les campagnes, et ce, malgré le fait que la conquête a eu lieu quatre-vingts ans plus tôt. Ensuite, pour le fait que les habitants ont peu ou pas d’argent. Ils sont donc souvent incapables de payer quelque taxe que ce soit.⁵
Cette révolte populaire entraîne un boycottage du paiement de la taxe foncière chez les canadiens-français. Dans ces conditions, les moyens financiers nécessaires à l’établissement d’un réseau d’éducation ne sont pas au rendez-vous. Ceci conduit à un taux de scolarisation catastrophique chez les canadiens-français qui est d’à peine 3 % à cette époque.⁶
La mise en place de la culture sociale britannique se poursuit en 1855 par l’adoption de l’Acte des municipalités et des chemins du Bas-Canada. Cette nouvelle loi établit le statut de municipalité qui remplace celui de la paroisse. L’article 72 de cette loi prévoit que certaines institutions sont exemptées de devoir payer la taxe foncière : « Seront exempts de toutes cotisations ou autres contributions imposables en vertu de cet acte, les édifices destinés à l’usage du gouvernement civil ou à des fins militaires, à l’éducation ou au culte religieux, les presbytères, cimetières, les institutions charitables et les hôpitaux dûment incorporés, ainsi que les terrains sur lesquels ces édifices seront construits. »⁷
Comme les églises paroissiales offrent une foule de services publics plus particulièrement : l’éducation, les soins de santé, les soins aux vieillards ainsi que l’enregistrement des actes de l’état civil, cette mission signifie que les bâtiments qui servent à fournir ces services et qui appartiennent généralement à l’Église, deviennent exemptés de taxe foncière.⁸
Dans ces conditions, les commissions scolaires, qui sont chargées de mettre en place le système d’éducation nouvellement créé, se retrouvent dans l’impossibilité de relever le défi qui leur est confié, ce qui accentue le problème de sous-instruction des canadiens-français. Devant une situation sociale qui semble apparemment impossible à régler, l’Évêque de Montréal, monseigneur Ignace Bourget, cherche une solution pour offrir aux canadiens-français une instruction digne de ce nom, malgré le fait que les écoles disposent de moyens financiers dérisoires. Aussi, il se tourne vers une communauté religieuse française, la Congrégation de Sainte-Croix, qui a vu le jour au début du dix-
neuvième siècle à Sainte-Croix en France. Sa mission consiste en l’éducation des jeunes garçons.
Cette communauté voit ses effectifs s’accroître considérablement au milieu du dix-neuvième siècle, au point où son supérieur, le père Basile-Antoine Moreau, répond favorablement aux demandes de certains évêques étrangers qui veulent mettre sur pied un système d’éducation catholique de langue française dans leur diocèse respectif. Aussi, des prêtres de Sainte-Croix sont envoyés à Alger en 1840 et dans l’état de l’Indiana, aux États-Unis, en 1841.⁹
À la même époque, Monseigneur Bourget exprime une demande semblable, à la Congrégation de Sainte-Croix, pour obtenir des effectifs enseignants à Montréal. De fait, cette requête s’inscrit dans une stratégie qui vise à instruire les enfants certes, mais aussi à assurer la confessionnalité catholique du système d’éducation de langue française au Canada français.¹⁰
Ce n’est qu’en 1843, après de nombreuses demandes formulées par monseigneur Bourget, que les Sainte-Croix envoient leurs premiers religieux au Canada. Les besoins sont si importants en matière d’éducation, qu’en plus des Sainte-Croix, les Clercs de Saint-Viateur, les Jésuites et les religieuses du Sacré-Cœur envoient aussi des éducateurs et des éducatrices. Les premiers d’entre eux arrivent en 1847.¹¹
2. Livre de la Sagesse, chapitre 6, versets 17 à 21.
3. BILODEAU, Rosario, Robert COMEAU, André GOSSELIN et Denise JULIEN, Histoire des Canadas, pages 392 à 396.
4. BILODEAU, Rosario et al, Op. cit., pages 396 et 397.
5 RODRIGUE, Lise, « L’exemption fiscale des communautés religieuses », dans Les Cahiers de droit, volume 237, numéro 4, 1996, page 1113
6. DUFOUR, Andrée, La « guerre des éteignoirs » de 1845-1859 : la révolte des contribuables du Bas-Canada »
7. RODRIGUE, Lise, Op. cit., page 1113.
8. RODRIGUE, Lise, Op. cit., page 1114.
9. RUMILLY, Robert, Cent ans d’éducation Le Collège Notre-Dame 1869-1969, pages 15 et 16.
10. Ibid, page 16.
11. Ibid, pages 16 et 17.
Les Sainte-Croix se développent et fondent plusieurs institutions, notamment les Collèges de Saint-Laurent et Notre-Dame-du-Sacré-Cœur
Une fois arrivés à Montréal, les Sainte-Croix s’établissent à Saint-Laurent au nord de l’île, à la demande du curé local, l’abbé Jean-Baptiste Gauthier.¹² En 1849, la première école fondée par les Sainte-Croix ouvre ses portes, soit le Collège de Saint-Laurent, sous le nom d’Académie Industrielle de Saint-Laurent.¹³
En 1861, l’Académie industrielle de Saint-Laurent devient le Collège de Saint-Laurent qui est autorisé à offrir le cours classique. En 1863, la paroisse de Saint-Laurent est formellement octroyée aux Pères de Sainte-Croix par monseigneur Bourget.¹⁴
En 1869, un hôtel portant le nom de Bellevue Hotel ayant pignon sur le chemin de la Côte-des-Neiges est à vendre. Au même moment, le Collège de Saint-Laurent déborde d’élèves et une solution doit être trouvée rapidement afin d’accueillir adéquatement tous ces jeunes garçons. Les Sainte-Croix font donc l’acquisition de ce bâtiment et c’est ainsi que naît le Collège Notre-Dame-du-Sacré-Cœur qui accueille les garçons de 5 à 10 ans que le Collège de Saint-Laurent ne peut plus accueillir..¹⁵
De plus en plus, les Sainte-Croix sont sollicités, bien au-delà des municipalités de Saint-Laurent et de Notre-Dame-des-Neiges. En effet, le curé du village de Saint-Césaire aux abords des Cantons de l’Est, l’abbé Joseph-André Provençal, offre aux Sainte-Croix de diriger le collège qu’il y a fait construire et qui doit ouvrir ses portes en septembre 1869. Au départ, les Sainte-Croix y envoient six religieux.¹⁶ (Histoire 1 - page 31)
À cette époque, la demande d’effectifs enseignants pour ouvrir des écoles est si grande que, de 1881 à 1886, les Sainte-Croix fondent des écoles dans plusieurs villes à Montréal et dans son pourtour.¹⁷
Fait à souligner, le 27 décembre 1870, un postulant nommé Alfred Bessette