Dans son livre « À corps ouvert », la comédienne raconte l’inceste que lui a fait subir son père.
Et témoigne d’un milieu du cinéma toxique
Interview Christophe Carrière
« Actrice, c’est quand même le seul métier où votre supérieur hiérarchique peut vous demander de simuler un acte sexuel »
Nos chemins se sont croisés pour la première fois il y a une quinzaine d’années dans un hôtel au festival de Marrakech. Vahina était avec son fils et son compagnon d’alors. J’ignorais son passé de fille abusée par un père incestueux, comme elle ignorait, jusqu’à ce que je le raconte dans un livre, l’emprise toxique de mon beau-père qui prostitua ma mère. Les enfants blessés nouent souvent ce genre de liens, guidés par une intuition, quelque chose d’indicible, qui leur permet de se reconnaître et de créer un espace de parole sécurisé.
Dès l’âge de 5 ans, vous avez été victime d’inceste de la part de votre père – que vous avez, plus tard, poursuivi en justice. Pourtant, vous lui dédiez votre livre. Pourquoi ?
Parce qu’en quelque sorte c’est le premier rôle du livre. L’inceste, évoqué et raconté dès la page 20, est le point de départ de tout ce qui suit, de ma nécessité de reconstruction. Je ne suis pas sûre que mon père lise le livre. Probablement pas, d’ailleurs. Mais il était important pour moi de lui dédier cette histoire car c’était une façon de lui rendre cette histoire. Les derniers mots de mon récit lui sont d’ailleurs adressés, car il s’agit d’un livre sur l’amour et le pardon.