Le coup d’État du 30 septembre 1991: un coup fatal porté au processus démocratique en Haïti?
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À propos de ce livre électronique
Le coup d'État du 30 septembre 1991: un coup fatal porté au processus démocratique en Haïti? nous permet de comprendre dans quelle mesure le coup de force du 30 septembre 1991 a contribué à dérailler le processus démocratique haïtien dès sa genèse. Le coup d'état du 30 septembre 1991 n'était pas une action spontanée, aléatoire mais un "acte prémédité" par la bourgeoisie locale avec le support de l'international pour empêcher au peuple haïtien de développer un agenda collectif où l'éducation, la santé, la sécurité, la paix, le développement, la croissance économique sont accessibles à la majorité du peuple haïtien comme leur bien commun.
Tout en retraçant les causes profondes, structurelles, occasionnelles et multiples de l'échec lavalassien ou aristidien au pouvoir et de l'impact délétère de cet échec sur l'expérience démocratique dans son ensemble, ce livre expose clairement les défis posés à l'agenda démocratique par les forces du statu quo, c'est-à-dire l'armée, la bourgeoisie, l'église catholique puis les concessions même d'Aristide pour accepter le projet néo-libéral en lieu et place du projet radical de transformation sociale comme condition pour retourner au pouvoir.
Ainsi, du 30 septembre 1991 au 30 septembre 2021, des décennies après le coup de force de l'oligarchie locale et de l'international, du rêve démocratique qui avait poussé les haïtiens à porter Aristide euphoriquement au pouvoir en 1990, malheureusement, ce mouvement populaire à faire place au cauchemar, à la peur, à l'occupation des forces multinationales, à la déstabilisation des institutions étatiques, à l'opportunisme politique, à l'insécurité, à l'invivabilité, à la corruption et au détournement des fonds du Trésor public, à l'ingérence de l'international dans les affaires politiques du pays, au gangstérisme, au propagandisme, au banditisme et au terrorisme d'État.
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Aperçu du livre
Le coup d’État du 30 septembre 1991 - Esau Jean-Baptiste
Esau Jean-Baptiste
Le coup d’État du 30 septembre 1991: un coup fatal porté au processus démocratique en Haïti?
Écrire pour ne pas oublier
First published by Editions Dedicaces 2021
Copyright © 2021 by Esau Jean-Baptiste
Publié par les Editions Dédicaces.
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Copyright © Esau Jean-Baptiste, 2021
First edition
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Publisher LogoIl est naturel que ma pensée la plus forte aille vers ma mère Milièse Édouard et mon père Pasteur Emmanuel Jean Baptiste. Maman et papa je vous dois la vie et une part essentielle de ma personnalité.
Dédié aussi à ma femme Jésula Prophète
Ce livre est dédié tout spécialement à toi ma chérie. Tu nous manques beaucoup. Si tu étais là, tu serais la première à apporter des corrections et recommandations à ce manuscrit. Encore une fois, mille mercis pour des années de vie de couple.
L’armée d’Haïti et son coup d’État du 30 septembre 1991 contre le rêve fou que le peuple croyait lavalassement possible avec le jeune prêtre Jean-Bertrand Aristide.
Contents
Droit à l’autodétermination
La passion d’écrire
Je souffre, donc j’écris.
Le nationaliste
Réussir une transition démocratique en Haïti
Remerciements
Avant-propos
Préface
Introduction
I. PREMIÈRE PARTIE
16 décembre 1990, une date assassinée par le coup de force du 30 septembre 1991
Chapitre 1
II. DEUXIÈME PARTIE
30 septembre 1991-15 octobre 1994, trois ans de luttes pour le retour d’Aristide au pouvoir
Chapitre 2
III. TROISIÈME PARTIE
La communauté internationale, des parlementaires de la 45e Législature, la diaspora haïtienne et des étudiants haïtiens, ils étaient tous pour le retour à l’ordre constitutionnel
Chapitre 3
Chapitre 4
IV. QUATRIÈME PARTIE
30 octobre 1994-7 février 1996 et après
Chapitre 5
Chapitre 6
Conclusion
Quelques mots clés
Quelques dates importantes
Commission interamericaine des Droits de l’Homme - Organisation des États Américains
Mission Permanente d’Haïti auprès de l’Organisation des Etats Américains
Situation des droits de l’homme en Haïti
Bibliographie
Droit à l’autodétermination
« Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ou droit à l’autodétermination, est le principe issu du droit international selon lequel chaque peuple dispose ou devrait disposer du choix libre et souverain de déterminer la forme de son régime politique, indépendamment de toute influence étrangère. L’exercice de ce droit est en général lié à l’existence d’un Étatspécifique au peuple en question, État dont la pleine souveraineté est souvent envisagée comme la manifestation de la plénitude de ce droit. Il s’agit d’un droit collectif qui ne peut être mis en œuvre qu’au niveau d’un peuple.»
La passion d’écrire
Un bon soldat ne vit pas dans les rancœurs du passé disait le président Rwandais Paul Kagame. J’ai eu des moments difficiles. De très mauvais moments. Je connais l’humiliation avec le grand H. L’adversité avec le grand A. L’embarras avec le grand E. Mais je n’ai pas le cœur brisé au point de blâmer ou de haïr personne. Je tire des leçons de tous ces moments, j’avance et continue, avec passion, à faire ce que j’aime faire, à savoir: écrire pour mon peuple et mon pays.
Je souffre, donc j’écris.
Je n’écris pas pour écrire. Comme l’artiste qui peint ou le musicien qui chante le monde, son pays, sa société, moi j’écris pour me plaindre de l’ingérence de l’international dans les affaires internes de mon pays, la souffrance, l’injustice, les massacres et l’exploitation à outrance de mon peuple par une oligarchie locale, spécialement sur plus de trois décennies. En un mot, j’écris pour exprimer ce que je vois, ce que je sens et ce que je comprends. Je souffre, donc j’écris.
Le nationaliste
« Le Nationalisme haïtien a eu donc ses racines dans la souffrance des masses, dans leur misère économique accrue par l’impérialisme américain, et leurs luttes contre le travail forcé et la dépossession. Quelle que fût la structure sentimentale de ces luttes, reliquat historique probable, elles ne demeurent pas moins profondément et consciemment un anti-impérialisme à base de revendications économiques: elles sont un mouvement de masses. » Jacques Roumain, Analyse Schématique 1932-1934 et autres textes scientifiques
Réussir une transition démocratique en Haïti
Réussir une transition démocratique en Haïti, devait, inévitablement, inclure la participation de l’armée d’Haïti, non seulement par ce qu’elle était au pouvoir après le 7 février 1986, mais encore parce qu’elle était le seul garant de la sécurité nationale. Malheureusement, les mauvaises expériences de gouvernance avec le Conseil National de Gouvernement (CNG), particulièrement le massacre des électeurs dans les bureaux de vote à la ruelle Vaillant, suivi d’autres régimes militaires impliqués dans des malversations et des actes de violence sur la population ont rapidement fait remarquer que l’institution militaire n’était pas une force sur laquelle le peuple pouvait compter dans le processus démocratique. Donc, c’était dans un contexte très difficile, avec des militaires qui ne voulaient pas rester dans leurs casernes et une société civile non structurée et corrompue, qu’Aristide avait prêté serment comme président le 7 février 1991.
Remerciements
Pendant presque dix-huit mois, je faisais le trajet d’Albany à New York City chaque dimanche soir pour être au boulot durant la semaine, puis retourner vendredi après-midi pour passer du temps avec ma famille.
Durant tout ce temps, comme ma femme était très souffrante, à la maison, la famille était paralysée par une profonde tristesse, ce qui avait réduit nos activités journalières.Parfois, quand ma femme se reposait de ses douleurs atroces, si je ne pleurais ou ne méditais sur les problèmes de ma famille, ma pensée furtivement explorait d’autres projets. Ainsi, un samedi matin, était venu l’idée d’écrire ce livre.
Une fois à Brooklyn au cours de la semaine, pour passer le temps dans ma chambre, je commençais par exécuter ce projet. Mais je n’avais pas d’ordinateur disponible. Maxo, un ami de vieille date, m’a emprunté son laptop. Ce qui m’as permis de continuer avec le manuscrit de ce livre. Mille mercis à toi Max aussi bien qu’à tous les membres de ta famille.
Mes remerciements vont aussi à Robinson Milsois et sa famille qui m’avaient chaleureusement accueilli à leur résidence à Canarsie (Brooklyn). Leur accueil avait en quelque sorte amorti non seulement les dépenses financières de ce va-et-vient, mais m’aidé à vivre avec moins d’amertume loin de ma famille.
Sans vouloir faire de personnalité, je voudrais exprimer mes reconnaissances à tous mes amis de Brooklyn College, Kako Magazine, de la Confédération des Étudiants Haïtiens de New York et de ‘’La Jenès Reyini’’. Si pendant le coup de force des putschistes, les jeunes aussi bien que les étudiants de la FENEH (Fédération Nationale des Étudiants Haïtiens) avaient, tout en demandant le retour du président Aristide, affronté les militaires et les hommes du FRAPH dans leurs sales besognes, quant à nous ici aux États-Unis, à notre façon, ensemble, nous avions combattu un bon combat.
Je voudrais également exprimer ma reconnaissance à mon ami Joseph Wendy Alliance pour la préface du livre et ses corrections du texte. Définitivement, ce travail n’aurait pas été possible sans l’encouragement de ce grand ami qui patiemment a lu le texte pour finalement faire des recommandations.
Un remerciement à nul autre pareil va à Madame Karoll Joseph. Non seulement, Karoll a mis du temps pour lire et corriger le manuscrit, mais elle m’a aussi fait de pertinentes recommandations pour la finalisation de ce texte.
Par ailleurs, Narcisse Jean-Baptiste, cadre à la primature haïtienne, est aussi remercié pour des touches qu’il a apportées à la version finale du texte.
Merci à Joël Léon pour sa contribution aux corrections du texte. C’était avec un grand plaisir, tout en lisant le manuscrit, que Joël avait non seulement fait des recommandations intéressantes tendant à améliorer le projet, il a aussi apporté des corrections dans les moindres petits détails.
Enfin, je tiens à remercier mes enfants Robertini, Jonathan et Anyssa. Puisqu’ils sont ma raison d’être, leur présence, amour et support m’ont aidé à accomplir ce projet.
Avant-propos
Notes de l’auteur
Tandis qu’en Haïti comme dans les communautés haïtiennes en diaspora on se préparait pour les élections générales du dimanche 16 décembre, très tôt le samedi 15, je recevais un coup de fil de mon père pour m’annoncer que ma mère, qui souffrait d’un cancer depuis des années, était décédée. Donc, après le choc de cette triste nouvelle, c’était avec le cœur lourd que je suivais le lendemain la journée électorale du dimanche 16 décembre.
Comme tout était arrivé au cours du weekend, pendant que je suivais les toutes dernières nouvelles sur le processus électoral, je planifiais en même temps ma rentrée en Haïti. Après avoir fait certains préparatifs liés pour l’enterrement, quelques jours après, ma femme Marjorie, et moi, nous nous sommes rendus en Haïti pour les funérailles de ma mère qui devait avoir lieu le samedi 22 décembre à la Première Église Baptiste de la rue de la Réunion, à Port-au-Prince.
Après les funérailles, ma femme et moi, nous avions décidé de poursuivre notre séjour au pays jusqu’au 6 janvier 1991. C’était une façon de passer les fêtes de fin d’année en famille et avec certains amis. À la résidence de mes beaux-parents qui était à l’Avenue Ducoste, au Champ-de Mars à Port-au-Prince, je recevais la visite des amis pour parler de tout et surtout de la politique. Donc, on ne pouvait pas discuter de la politique haïtienne à l’époque sans parler de Jean-Bertrand Aristide et le raz-de-marée des lavalas aux dernières élections.
Qu’ils furent des commentaires du profane, des analystes politiques proche du mouvement laavalas et d’autres gens de tendances opposées, mais qui étaient soucieux des problèmes d’instabilité de cette ile de la Caraïbe, donc on parlait de l’avenir d’Haïti. De ce fait, en attendant les résultats officiels de ce scrutin par l’institution électorale, on était unanime à reconnaitre que l’élu des élections du 16 décembre 1990 avait toutes les chances de sortir Haïti du marasme économique et social dans lequel se trouvait le pays depuis son indépendance en 1804.
Ainsi, comme il était annoncé par les membres du CEP (Conseil Électoral Provisoire), quelques jours avant les fêtes du nouvel an, les résultats des élections furent publiés. Comme on s’y attendait, sans grande surprise, le jeune prêtre de Saint Jean Bosco avait, avec 67,48% de votes, non seulement gagné les présidentielles, mais de par sa popularité au niveau national, il avait permis à sa plateforme politique de gagner bon nombre de postes au niveau de la Chambre des députés et du sénat de la république. Ce n’était pas différent non plus pour les élections municipales à travers tout le pays.
Entre-temps, comme je devrais retourner à New York pour reprendre le boulot et aussi me préparer pour commencer mes études universitaires, le dimanche 6 janvier 1991, j’étais à l’aéroport de Port-au-Prince pour prendre l’avion à destination des États-Unis d’Amérique. Sur mon parcours de la résidence de mes beaux-parents au Champ de Mars jusqu’à l’aéroport de Maïs Gâté de Port-au-Prince, c’était non seulement une ville calme et propre, mais aussi on pourrait lire sur le visage de presque chaque citoyen des reflets d’optimisme et d’espoir. C’était comme si leur regard exprimait quelque chose du genre : un peu de patience, tout allait changer après l’investiture du président élu. Mais avec les macoutes, tout était possible. Puisqu’au moment où on ne s’attendait pas à un coup de force, dans la nuit du dimanche 6 et de la matinée du lundi 7 janvier, avec leurs alliés, les macoutes étaient à pied d’œuvre en vue de satisfaire leurs petits intérêts mesquins.
Si le 29 novembre 1987, avec la complicité de l’armée, les macoutes avaient assassiné des électeurs dans les bureaux de votes, particulièrement ceux de la Ruelle Vaillant à Lalue, Port-au-Prince, par contre, lors du scrutin du 16 décembre 1990, avec la détermination de l’OEA et de l’ONU, en termes de sécurité, tout était sous forte surveillance.
Mais connaissant le caractère réfractaire des macoutes, de certains militaires et de certains secteurs de la bourgeoisie, la menace d’un éventuel coup d’État ne relevait nullement de la fiction. Ils attendaient juste une occasion pour frapper.
Le coup d’État manqué de Roger Lafontant
Ce dimanche après-midi, comme l’avion était en retard de quelques heures, donc, pour tuer le temps, j’avais profité pour faire d’autres courses et rencontrer des amis qui n’habitaient pas loin de l’aéroport. Il était très tard lorsque ma femme et moi, nous nous étions embarqués à bord du vol de l’American Airlines pour New York. À peine arrivé chez moi après minuit, un ami m’avait appelé pour me demander si j’étais au courant d’un coup d’État au pays. Ma réponse fut non…pratiquement impossible. J’avais laissé un pays calme qui se préparait à fêter l’investiture du président Aristide le 7 février, répondais-je à mon ami.
Après avoir raccroché, pour pouvoir vérifier l’information, j’avais placé plusieurs autres coups de fil. Effectivement, mon ami avait raison. C’était confirmé que l’ancien homme fort de la dynastie des duvalier était au Palais national pour, dans un message télévisé, se proclamer président d’Haïti. Comment comprendre le retour en force de ces macoutes au timon des affaires politiques du pays dans un contexte de nouvel ordre mondial ?
Il est vrai que Dr. Lafontant avait toujours rêvé de diriger Haïti, mais l’idée de ce coup d’État était venue non seulement après son renvoi du processus électoral de 1990 par le Conseil Électoral Provisoire d’alors, mais comme la victoire d’Aristide au scrutin du 16 décembre faisait peur, donc il fallait agir et le plus rapidement possible pour éviter son investiture au pouvoir. Selon les prescrits de la constitution de 1987, tous les barons zélés du duvaliérisme devraient rester à l’écart de la politique pour les dix prochaines années à venir. Donc, en tant qu’un zélé serviteur du régime rétrograde des duvalier père et fils, Lafontant n’était pas autorisé à prendre part aux élections. Dès lors, l’ancien ministre de l’Intérieur de Jean-Claude Duvalier, planifiait avec ses alliés Tontons macoutes, les militaires et la bourgeoisie, le coup contre Madame Trouillot, mais en se faisant, il voulait aussi barrer la route à l’investiture de Jean-Bertrand Aristide le 7 février 1991.
Qui était derrière ce coup ? Pourquoi, dans l’ère du nouvel ordre mondial ou la fin de la guerre froide, un candidat démocratiquement élu dans une élection dite crédible, supervisée par des observateurs nationaux et internationaux ne peut même pas trouver le temps de prêter serment ? D’où venait cet attachement viscéral au totalitarisme et à l’autocratie ? En tout cas, pendant que Roger Lafontant affirmait avoir le soutien de l’armée, le général Hérard Abraham et le haut commandement militaire de leur côté, avaient immédiatement condamné le coup de force. Le général avait appelé la population à garder son calme.
Cependant, si le coup des macoutes avait été dévié à cette date du 7 janvier 1991, les secteurs dits anti-démocratiques et anti-changements seraient bien heureux de se débarrasser de Jean-Bertrand Aristide le plus tôt possible. Si le coup de Lafontant le 7 janvier était d’empêcher l’investiture du président élu le 7 février 1991, par contre, ce que concoctaient les élites apatrides de ce pays, c’était de mettre K.O la nouvelle équipe au pouvoir et du même coup assassiné le rêve des masses dans les quartiers défavorisés. Et pour se faire, il n’y avait pas d’autre moyen que de chasser du pouvoir le président Jean-Bertrand Aristide.
Le coup d’État du 30 septembre 1991
Comme il avait été planifié, sept mois après l’investiture du président Aristide, l’armée d’Haïti, avec les élites du pays et une frange de l’international avaient saboté le processus démocratique entamé le 7 février 1991. Oui, avec ce coup, les militaires, tout en exécutant le projet macabre d’une bourgeoisie rapace, s’étaient complètement opposés contre le rêve fou que le peuple croyait lavalassement possible avec le jeune prêtre Jean-Bertrand Aristide.
C’est comme si c’était hier en dépit du fait que cela fait déjà plus de trente ans. Je me rappelle ce lundi matin. Alors que ma femme était au bureau et que moi à la maison avec mes deux enfants, quand un ami, étudiant de ‘’Brooklyn College’’ m’avait appelé pour m’annoncer le coup d’État des militaires contre le président Aristide. Militant rempli de fougue à l’époque, dans un sac au dos pour enfants, je mettais quelques biberons remplis de jus, d’eau, de lait puis quelques couches pour mon fils et ma file, respectivement deux ans, et cinq mois pour rejoindre en direction du Bureau des Nations-unies à Manhattan, les premiers groupes de protestataires d’une manifestation improvisée. Ils n’étaient pas nombreux. À peine une cinquantaine. Avec eux, nous étions les premiers qui, par anticipation, réclamaient des sanctions contre les militaires au cas où leur tentative de coup de force contre le président fraichement investi dans ses fonctions aurait réussi.
Dans l’après-midi, comme les organisateurs de la manifestation étaient informés que le président et quelques membres rapprochés de son équipe étaient à ses bureaux au Palais national, donc l’ordre était intimé aux protestataires de rentrer chez eux. Ainsi, j’avais pris le train avec mes enfants pour rentrer chez moi. À la sortie de la station de train à l’intersection de Beverley Road et de Nostrand Ave, j’avais rencontré un des supporteurs malades d’Aristide qui me disait : mon fils, tu n’as pas à t’inquiéter, tout est sous contrôle.
Arriver chez moi, après avoir changé les enfants, et