Passeur de Joie: Grand prix témoignage RCF Radio
Par Jacques Mulliez
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À propos de ce livre électronique
Pour Jacques Mulliez, chef d’entreprise, époux et père de famille, confronté à certains maux de notre temps – vulnérabilité de proches abîmés par des abus d’autorité pouvant conduire l’un d’entre eux jusqu’au suicide, menaces physiques et psychologiques devant sa résistance à la corruption –, le combat a pris les formes d’un progressif dépouillement intérieur. Accepter et reconnaître ses fragilités, ne pas renoncer à ses exigences, écouter et obéir à sa conscience, des exigences morales que Jacques n’aurait pu tenir sans l’aide précieuse de ses deux compagnons de route favoris, Thomas More et Etty Hillesum, amoureux de la Vie et des hommes, ni sans la force et la sensibilité de son épouse.
Comment rester porteur de paix et de joie quand la souffrance et le mal nous envahissent ? Passeur de joie y répond avec humilité, humour et sincérité. Il ose une parole vraie, enracinée dans la foi et la prière, pétrie d’humanité. Il respire l’Espérance. Il donne le goût de la Vie.
Un témoignage bouleversant et porteur d'espoir.
EXTRAIT
Première rencontre
J’ai 7 ans. Cet âge fut, à mon époque ancienne, celui où l’on se préparait à recevoir le Corps du Christ pour la première fois. Une merveilleuse toute petite chapelle des religieuses du Cénacle à Amiens. J’étais seul avec mes parents, le prêtre et les religieuses. J’étais seul à recevoir cette hostie dont je rêvais pendant les semaines de préparation. Et le miracle eut lieu, j’ai su que Dieu était en moi.
Et le miracle se démultiplie car Dieu exauce ma prière d’enfant. Comment et pourquoi ? J’avais entendu quelques mois auparavant des amis de mes parents fort attristés de ne pas avoir d’enfants ; la femme était, paraît-il, trop vieille. Dans mon cœur d’enfant qui était sûr que l’on peut tout demander à Dieu, je me suis dit que j’allais prier pendant une neuvaine de neuf semaines pour qu’elle ait un enfant. Le soir de ma communion, mes parents parlent entre eux et je les entends dire que cette amie attendait un bébé.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Comment être chrétien dans l'entreprise ? Voilà un récit de vie qui éclairera beaucoup de personnes confrontées à des cas de conscience. - Magazine La Vie
De l’art de répandre la joie. - Ludovic Lascombe, Courrier Picard
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jacques Mulliez est un ancien dirigeant d’entreprise, ancien Président des EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) d’Ile de France. Engagé au sein de l’association Internationale des Amici Thomae Mori et de celle des Amis d’Etty Hillesum, il est l’auteur de Prier 15 jours avec Thomas More et de sa biographie, Thomas More, Au risque de la conscience (Éd. Nouvelle Cité).
Il donne de fréquentes conférences dans toute la France sur Thomas More.
En savoir plus sur Jacques Mulliez
La Tristesse du Christ: Texte commenté par Xavier de Bengy et Jacques Mulliez Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLettres de captivité: Commentaires de Jacques Mulliez et Xavier de Bengy Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPrier 15 jours avec Thomas More Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationThomas More, au risque de la conscience: Biographie de l'écrivain anglais Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
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Aperçu du livre
Passeur de Joie - Jacques Mulliez
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DIEU SE FAIT CONNAÎTRE
Première rencontre
J’ai 7 ans. Cet âge fut, à mon époque ancienne, celui où l’on se préparait à recevoir le Corps du Christ pour la première fois. Une merveilleuse toute petite chapelle des religieuses du Cénacle à Amiens. J’étais seul avec mes parents, le prêtre et les religieuses. J’étais seul à recevoir cette hostie dont je rêvais pendant les semaines de préparation. Et le miracle eut lieu, j’ai su que Dieu était en moi.
Et le miracle se démultiplie car Dieu exauce ma prière d’enfant. Comment et pourquoi ? J’avais entendu quelques mois auparavant des amis de mes parents fort attristés de ne pas avoir d’enfants ; la femme était, paraît-il, trop vieille. Dans mon cœur d’enfant qui était sûr que l’on peut tout demander à Dieu, je me suis dit que j’allais prier pendant une neuvaine de neuf semaines pour qu’elle ait un enfant. Le soir de ma communion, mes parents parlent entre eux et je les entends dire que cette amie attendait un bébé. Je leur avoue alors, car je ne leur en avais jamais parlé, que j’avais prié chaque jour le Bon Dieu. J’étais bien sûr content mais pas vraiment surpris, car dans mon cœur d’enfant cela allait de soi que le Bon Dieu pouvait donner un enfant à cette femme, mais je me souviens que pour mes parents et leurs amis, ce fut un peu plus qu’une surprise.
Rencontre sans suite
Jusqu’à mon adolescence, je suis le mouvement de parents chrétiens, mais je décroche fortement pendant quelques années jusqu’à un événement vécu pendant ma vie universitaire. Cet événement fut cependant précédé d’une expérience assez bouleversante. J’avais 17 ans lorsque j’accompagne mes parents à la messe dominicale dans une petite église de village, dont le curé, personnalité forte, aux riches homélies, menait une vie « complexe » avec celle que l’on appelait « la servante du curé ». Nous étions en 1958, donc bien avant Vatican II et le prêtre célébrait en latin, toujours dos au peuple. Juste après l’élévation, le prêtre s’appuie sur l’autel et cesse de parler. Grand silence dans l’assemblée qui, à cette époque, avait une vision tellement sacrale du prêtre, de l’autel et des objets du culte, que les fidèles sont comme paralysés sur place. Je me lève spontanément et vais rejoindre le prêtre qui m’explique qu’il se sent mal mais que la messe ne peut être interrompue. Je lui apporte un siège et lui dis de s’asseoir, mais comme il n’avait pas la force de dire les textes – et le micro n’existait pas –, je prends sur moi de lire les textes du canon, sauf celui de la consécration qu’il dit à voix basse, puis les suivants. Il veut alors communier car il lui était impossible d’abandonner le pain et le vin consacrés, et c’est moi qui lui donne la communion dans un silence de plus en plus impressionnant car je sentais que les fidèles considéraient que j’étais quasiment sacrilège, d’autant plus que c’est moi qui achève de consommer la grande hostie consacrée. La messe s’achève au moment où arrivent ambulance et médecin, mais avant d’être emmené, ce saint prêtre, malgré sa vie privée peu conforme à son vœu de célibat, me fait comprendre que je dois retourner sa chaise pour qu’il puisse bénir l’assemblée avant de se faire soigner et rejoindre la maison de Celui qu’il servait avec tout son amour, avec ses propres fragilités.
Je reste profondément marqué par cet événement et ce, pour deux raisons : d’abord et avant tout la prise de conscience qu’un prêtre, face au pain et au vin devenus Corps et Sang du Christ, était prêt à mourir plutôt que de risquer la profanation des Espèces saintes. Et puis mes parents qui ont pensé et espéré que je deviendrais prêtre.
Mais les sollicitations du Quartier latin avec toutes ses jolies étudiantes ne me firent donner aucune suite à l’ambition de mes parents…
Rencontre décisive
Ma non-assiduité aux cours de la Faculté ne me faisait guère progresser dans les études ; j’étais beaucoup plus motivé par les rencontres les plus frivoles du monde étudiant. Et, bien évidemment, mon rapport avec Dieu était inexistant, car cela me paraissait sans aucun intérêt.
Le temps que je consacrais à participer intensément aux récréations du Quartier latin, voire à les organiser, m’en laissait peu pour suivre les cours de la fac de droit, et encore moins pour les étudier. Je ne connaissais pas encore ce propos de Thomas More : Le repos et la récréation sont nécessaires, il ne faut pas en faire le fond du festin².
Et puis voilà qu’un de mes bons copains de la fac me dit un jour : « Les examens sont dans un mois ; on va encore se faire taper car on n’a rien fichu ; il faut qu’on parte dans un coin tranquille où l’on va bosser pendant trois semaines. » Je ne peux que souscrire à cette idée et lui demande où l’on pourrait aller. Il me répond : « J’ai la possibilité d’être vraiment tranquille en allant dans un monastère. » Étonnement de ma part car je ne me voyais pas du tout aller prier et m’enfermer dans un monastère, lieu aux antipodes de mon état d’esprit et de mes goûts de l’époque, mais il me rassure en m’expliquant que l’un de ses frères est moine bénédictin dans cette abbaye et qu’on nous laissera tranquilles pour réviser nos examens.
Nous partons quelques jours après avec nos livres et cours, pas vraiment abîmés par notre labeur d’étudiant ! Arrivé sur place, j’ai un choc fort – l’un de mes très bons jeunes amis appelle cela un moment-source de la vie – en découvrant que ces moines étaient des gens normaux, et pour beaucoup d’entre eux d’une intelligence et d’un niveau d’études très supérieurs à la moyenne. Mais alors que faisaient-ils dans cette galère ? Car, croyez-moi, la vie monastique, ce n’est pas l’abbaye de Thélème du moine Rabelais et les satisfactions matérielles ou de la chair ne sont pas surabondantes. Et pourtant, ils avaient l’air heureux et même heureux non pas en surface mais en profondeur. Comment expliquer ce mystère ?
Ce mystère est simple à énoncer : ces hommes de toutes conditions, de toutes origines et de toutes races avaient rencontré une personne qui donnait sens à toute leur vie : Dieu. Oui, un Dieu personne vivante, aimante et aimée. Pour moi qui avais tendance à penser que la religion était bien adaptée pour des personnes âgées mais pas pour des personnes en pleine activité, c’est un choc et une interrogation !
Ces hommes qui avaient, avant leur entrée au monastère, commencé leur vie par des études d’ingénieur, de médecine, exercé des métiers de marins ou tout autre métier ou étude avaient TOUT lâché pour une vie de prière et d’adoration. M’ont alors sauté aux yeux la faiblesse et l’étroitesse de mon mode de vie de cette époque. Bien sûr, j’ai raté mes examens car cela aurait été un miracle honteux mais j’avais une nouvelle fois été mis en présence de l’action de Dieu sur des hommes. Et depuis lors, ce Dieu ne m’a jamais abandonné, en particulier dans les temps d’épreuves à venir, même si je me rends compte, en particulier dans cette relecture de vie, que je L’ai trop souvent oublié.
Cette rencontre fut si forte que j’ai même pensé que la vie monastique était peut-être celle qui me convenait. Mais, après un séjour un peu plus long dans ce monastère quelque temps après, le moine auquel m’avait confié le père abbé m’a expliqué avec beaucoup de délicatesse mais non moins de fermeté que j’étais très apprécié par la communauté mais que je n’étais pas fait pour cela mais pour vivre dans le monde. Cet homme de prière avait, comme tant de moines contemplatifs une fine connaissance du monde – aussi paradoxal que cela puisse paraître – et de ce qu’implique l’engagement