a vie bifurque le 10 février 2004, à 27 ans, quand je fais un malaise cardiaque brutal, dû à une valvulopathie avec arythmie, diagnostiquée par la suite. Je gis inconsciente sur le sol durant une minute environ, selon mes collègues. Une minute pendant laquelle je ne suis plus avec eux. Seul mon corps physique l’est. J’ai basculé dans une autre réalité, dans un autre monde, où tout n’est que lumière blanche, d’une pureté prodigieuse. Je baigne dans cette lumière. me dis-je avec une grande sérénité. Face à moi, des hommes et des femmes, que je ne connais pas, se tiennent en arc de cercle pour m’accueillir. Leur bienveillance est immense. Ce sont des êtres de lumière, ils ne sont pas constitués de matière compacte, comme nous. Si leurs silhouettes sont humaines, leurs contours sont flous. Entre nous, la communication passe par le ressenti, sans paroles. Durant cette minute, où je suis à la frontière de la mort, je suis dans un état de félicité indicible. Je ressens un amour inconditionnel d’une puissance inouïe que, jamais, je n’ai expérimenté ici-bas, ni dans un état amoureux, ni dans des relations d’amour au sens large. Je flotte dans un état de grâce, avec un sentiment de plénitude et d’extase, sans lien avec mes cinq sens. Aucun mot ne suffit à le décrire. J’entends aussi une musique très pure, aérienne, céleste, qui ne ressemble à aucune autre. Puis, soudain, je reviens dans cette matière qui me semble si lourde qu’est mon corps. J’ai mal partout et je me dis que j’aurais voulais rester dans cette lumière.
