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Révélation
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Livre électronique552 pages7 heures

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À propos de ce livre électronique

Dans ce roman autobiographique, Sylvie Malfilatre raconte son enfance tragique et insupportable, ainsi que le courage dont elle a fait preuve pour affronter les vicissitudes incessantes. L’histoire ne s’arrête pas là… À travers ses confidences et révélations, vous comprenez que chacun d’entre nous suit un parcours unique et remplit des missions individuelles. Vous découvrirez également le lien spirituel et puissant qu’elle partage avec son mari avec qui elle forme un « couple sacré, dit flammes jumelles ».


À PROPOS DE L'AUTRICE


Sylvie Malfilatre écrit pour exprimer les sentiments douloureux que son vécu a laissés. Un passage obligatoire qui lui a permis de se reconstruire et de comprendre sa mission de vie sur terre.
LangueFrançais
Date de sortie16 août 2023
ISBN9791037799470
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    Aperçu du livre

    Révélation - Sylvie Malfilatre

    Mon Ressenti, ma réflexion

    Mon prénom, Sylvie

    Cette histoire que je vais vous raconter, c’est toute une vie, ma vie.

    Nous naissons un jour au sein d’une famille que nous découvrons au fil des années.

    Est-ce que nous l’aimerons ou non ?

    Nous espérons tous avoir une enfance équilibrée, une vie agréable.

    Normal me diriez-vous ! Pourquoi espérer l’inverse ?

    Nous arrivons sur terre, comme un bienfait, le fruit d’une union de deux personnes qui se disent s’aimer pour la vie.

    Pourtant, chaque naissance est un peu comme une partie de poker.

    Aurons-nous une famille stable ou plutôt une famille qui ne correspond pas du tout au bien-être d’un enfant ?

    Mais alors si nous n’avons pas la chance de naître au sein d’une famille idéale…

    Comment font ces enfants qui se retrouvent maltraités physiquement ou psychologiquement par leur propre famille, leur propre guide de vie qui vivent une enfance difficile ?

    Ces enfants qui se retrouvent dans une famille où les galères gèrent le quotidien, où le secret de famille fait place à une éducation malsaine.

    Une enfance qu’on ne peut imaginer ou soupçonner tellement les actes sont abominables.

    Mais dites-moi !

    Comment ces enfants s’en sortent-ils à l’adolescence, à l’âge adulte, à l’âge d’être eux-mêmes des parents ?

    Comment pouvons-nous devenir autre chose que ce qui a guidé notre vie d’enfant ?

    Comment pouvons-nous trouver au fond de notre cœur, la force d’être différent, d’être bon et généreux, d’aimer profondément ?

    Cette histoire est bien malgré moi mon parcours, mon combat, avec des années pour comprendre et accepter une réalité qui vous déchire de l’intérieur. Vous ne comprenez pas sur le moment ce qui vous arrive, mais vous observez qu’il y a un problème.

    Mon histoire raconte toute une vie et plus particulièrement celle de mon enfance…

    Aujourd’hui, la cruauté, la brutalité, le viol, l’humiliation sont punis par la loi, il n’y a plus de tabou sur ces sujets et nos enfants sont beaucoup plus protégés. Même devenus adultes, nous arrivons à parler de la maltraitance que nous avons subie en étant petits pour obtenir réparation lorsque les agresseurs sont poursuivis par la justice.

    C’est une victoire pour beaucoup d’entre nous qui subissent dans le silence, qui souhaitent un jour pouvoir crier haut et fort « On nous a fait du mal, on souffre, à cause de vous et nous mettrons des années à nous en sortir pour retrouver notre dignité, notre équilibre, notre estime de soi et notre personnalité. »

    Comment croyez-vous qu’on peut survivre à de tels actes intolérables ?

    Seules les personnes qui souffrent dans leur chair, dans leur cœur, comprennent cette difficulté, seules ces personnes se sont posé cette question !

    Combien d’enfants devenus adultes réussissent à trouver la force de se battre, de s’autoriser à mener une vie comme tout le monde, parce que le parcours pour se reconstruire est long, très long, au point qu’un grand nombre d’hommes ou de femmes abandonnent le combat, se laissent mourir à petit feu ou se suicident !

    Incroyable me direz-vous et pourtant !

    Notre dignité est touchée, vous ne savez plus qui vous êtes !

    C’est un processus que je connais bien l’ayant vécu moi-même, je me suis posé toutes les questions possibles à ce sujet…

    Donner à sa vie un espoir, une deuxième naissance…

    Une possibilité de comprendre et d’accepter d’être différent.

    Mener sa bataille pour trouver toutes ces réponses qui vous envahissent au quotidien, mettre une famille devant ses responsabilités en sachant que vous la perdrez inévitablement, ne plus être le vilain petit canard, ne plus se sentir salie et abandonnée.

    Bien souvent, je me suis demandé ce que je devais faire :

    Me battre pour la vérité, mourir en restant la victime de ma famille, fuir ou me venger.

    Quelle était la meilleure solution à ce moment-là lorsque vous comprenez que vous avez été détruite ?

    Je pense que la meilleure solution est de découvrir toute la vérité sur sa vie…

    Mais alors quelles sont toutes ses vérités cachées depuis des générations ?

    Combien de temps cela prendra ?

    Comment le vivrons-nous physiquement et émotionnellement ?

    On ne sait pas tout cela avant d’avoir décidé de déclencher le processus de guérison.

    Mais ce processus nous met face à nous-mêmes, face à nos bourreaux, face à nos peurs, nous bouscule tous les jours que nous soyons seules ou accompagnées, le processus est lancé.

    Mais ce processus est aussi notre bienfaiteur parce qu’il contribue à l’arrêt de cette menace que nous subissons depuis des années, que nos ancêtres nous ont léguée, que nous pourrons transmettre à notre tour à ceux que nous aimons si nous ne faisons rien pour les protéger.

    Alors, je dis STOP !

    Parce que je suis différente d’eux.

    Stop de continuer à vivre dans la culpabilité et dans la souffrance masquée.

    Stop de rester cette enfant blessée, maltraitée et en perdition.

    Pourtant le jour où j’ai décidé de commencer à écrire mon histoire, j’avais ma propre famille, celle que j’ai chérie tous les jours malgré ce passé douloureux.

    C’était mon devoir de maman, d’épouse de protéger les miens, même si mes propres parents ne l’avaient pas fait pour moi.

    Aujourd’hui, je ne regrette pas d’avoir protégé tous ceux que j’aime… Dans la psychanalyse, on appelle cela : le nouveau maillon.

    La naissance d’une nouvelle génération saine qui amène la fin de plusieurs générations maltraitantes.

    Eux-mêmes auraient dû stopper l’épidémie, mais les tabous, les secrets de famille étant plus confortables, moins douloureux, ils ont préféré ne pas se battre… Alors on apprend à vivre avec, on le fait subir aux autres et on finit par se détester, se laisser détruire par la maladie, l’alcool, la drogue… tel le déni est si fort.

    Ho ! Bien sûr, je n’ai pas été la seule dans cette situation, nous sommes des centaines de personnes à avoir supporté l’injustice, parce qu’il y aura encore et toujours des enfants

    dans le monde qui vivront la cruauté des autres. Qui devront un jour comme moi se poser la question s’il est préférable de se battre pour la vérité, la vie, ou s’il faut se laisser dépérir et mourir de chagrin.

    Je me suis posé cette question des dizaines de fois, j’ai eu si peur de comprendre, si peur de faire face à cette réalité, mais j’ai toujours su au fond de moi que j’étais différente de cette famille, que je pouvais trouver la force de me battre, que je pouvais donner autre chose à mes descendants et à l’homme qui partagera ma vie.

    Ça n’a pas été facile, vous pouvez me croire, parfois aujourd’hui, je me demande encore si j’ai bien fait ! Tant d’années de ma vie pour comprendre qui j’étais, pour accepter de devenir cette femme, pour pouvoir aimer et accueillir l’amour d’un homme.

    Ce livre va vous raconter mon combat pour ma liberté, ma dignité. Il va vous expliquer qu’il est possible de s’en sortir grâce à son caractère, ses convictions et surtout grâce au soutien, à l’amour d’un homme, mon mari aujourd’hui : Christopher.

    Par ce témoignage, vous qui me lisez, vous qui vivez ou avez vécu des choses aussi difficiles, sachez que l’amour est le véritable remède à la peine du cœur…

    Il m’a tant aimé qu’il m’a donné la force de pouvoir aimer à mon tour…

    Je suis devenue une mère, une femme, une épouse épanouie et aimante.

    Lors de l’écriture de mon livre avec un recul de plusieurs années, j’ai pu comprendre encore des choses et l’impact qu’une telle histoire allait laisser derrière elle, rien n’a été facile pour ceux que j’aimais. C’était mon combat, mais pas seulement pour moi, mais pour cet homme qui était là à gérer ma peine et mes enfants qui ont manqué de ma présence lors de ma descente aux enfers.

    C’est aussi pour leur rendre hommage que j’écris ce livre…

    Merci à toi mon ange, mon mari, mon ami, mon amant, mon confident.

    Merci à vous mes filles de m’avoir choisi comme maman, vous êtes ma grande richesse, ma victoire.

    Je les ai protégées, tant aimé.

    Mais aujourd’hui, que m’a apporté vraiment d’être le nouveau maillon, que puis-je en dire maintenant, suis-je heureuse dans ma vie ?

    Les médecins qui m’ont suivi m’avaient dit que les couples n’y résistent pas vu le décalage occasionné entre la victime qui s’ouvre à la vie et le conjoint qui ne comprend pas tout le mécanisme du réveil occasionné à la suite de la thérapie.

    Ils avaient raison sur le fait du décalage, j’ai compris aussi avec ses années que ma propre famille n’a jamais pris conscience de ce calvaire physique et psychologique que j’avais vécu.

    Un parcours douloureux, de l’incompréhension, de la colère, du chagrin, du dégoût, de l’espoir et de l’amour qui a guidé toute mon avancée durant toutes ces années.

    C’est pour eux aujourd’hui que j’écris cette histoire, pour retracer tout mon parcours, pour que ceux que j’aime comprennent que cette thérapie que j’ai décidé d’entreprendre un jour de décembre 1999 n’a pas été facile pour eux, mais encore plus pour moi…

    Mais qu’elle était obligatoire pour leur donner une chance d’équilibre, qu’elle était obligatoire pour leur propre avenir que je les protège de ma propre famille, qu’il était obligatoire que je trouve ma place de femme, d’épouse pour l’amour de mon mari…

    Une vraie bataille de dix années avec des périodes très difficiles pour les 5 premières. Un bilan de compréhension et sur la période restante la mise en place de ma vie.

    Imaginez-vous une bouteille de champagne bien fermé qu’on secoue fortement et qui un jour s’ouvre. Ça vous explose à la figure !

    D’une personne introvertie, je me suis retrouvée à vivre toutes les émotions possibles, des plus fortes aux plus déstabilisantes, de la colère aux pleurs…

    Un vrai raz-de-marée, un cyclone…

    On ne s’attend pas à cela, on est submergé par ce parcours…

    Mais c’est une renaissance, c’est un cadeau de la vie…

    Pourquoi certaines personnes le font et pas d’autres ?

    Je pense qu’il n’est facile pour personne de décider un jour de se battre contre une forte injustice qui vous lie les mains, même avec un fort caractère, on souffre tous les jours de réunir les informations nécessaires pour comprendre ce qui s’est passé, de supporter ces angoisses qui vous terrassent et vous font peur.

    Votre corps se réveille d’un long sommeil…

    Mais les personnes qui ont ce courage, parce que je parle bien de courage, donnent le meilleur d’eux-mêmes à ceux qu’ils aiment, même si ces derniers ne le reçoivent pas comme cela dans l’immédiat.

    Je parle aussi de fierté, parce que combien de personnes n’y survivent pas et dépérissent devant les actes impuissants de leur famille.

    Cette histoire va donc vous parler d’un vrai combat pour moi et de l’amour des miens.

    Il va vous parler, vous démontrez tout ce qu’une femme peut faire pour donner un sens à sa vie.

    Tout ce qu’elle va faire pendant des années pour protéger son mari, ses enfants.

    Toute cette douleur qu’elle va combattre chaque jour pour fermer la page du passé.

    Pour ceux qui ont fait une thérapie ou qu’ils en feront une, sachez qu’elle est bienveillante pour vous et pour ceux qui vous entoure par tous les résultats qu’elle apporte.

    Malheureusement, bien souvent, dans ce genre de démarche, les couples se séparent sans comprendre pourquoi.

    Pendant toute cette bataille, cette volonté a été ma guide pour justement protéger les miens afin d’éviter ce déséquilibre.

    Mon amour, mon écoute, mes remises en question m’ont permis de donner le meilleur, de toujours faire en sorte que la prunelle de mes yeux « mon mari » ne souffre pas trop de tout cela parce que sachez que même pour lui c’était dur de vivre cela.

    À chaque avancée chez mon psychiatre, je lui indiquais mon ressenti, je lui parlais de mon évolution.

    Certes, il y a eu de l’incompréhension parfois, de la peur de sa part, mais elle n’était pas du tout justifiée, parce que l’élu de mon cœur était près de moi et je le savais depuis longtemps mais je n’ai pu mettre des mots sur cette évidence qu’en cours de thérapie.

    Lors de ce travail personnel, on s’éveille, on se comprend, on peut avoir envie d’autre chose dans sa vie, ce qui peut amener de l’inquiétude chez le partenaire.

    C’est pour lui aussi que je dédie ce livre, pour lui dire. Merci.

    Être mère avec mon cœur, je l’ai toujours su !

    Être femme avec ma force, je le suis devenu !

    Être épouse avec l’amour, je l’ai tant vécu !

    Enfin découvrir pourquoi Christopher était arrivé dans ma vie, pourquoi lui ?

    C’est une réponse que j’aurai bien plus tard en 2021 sur ce lien bien particulier.

    Une rencontre, une destinée… Un couple sacré dit flammes jumelles.

    Vous comprendrez, pourquoi nous étions faits pour nous rencontrer ?

    C’était une évidence, un choix divin, la magie de l’amour.

    D’où je viens ?

    À l’heure où je vous parle, je vais avoir bientôt cinquante-six ans, vous voyez, les années passent.

    Comme je vous disais en début d’histoire, je suis arrivée dans une famille a priori normale avec des parents, des grands-parents, un quotidien, la vie…

    Mon père dix-huit ans, ma mère dix-neuf ans, un couple…

    Mais déjà avec un passé lourd de conséquences.

    Je veux dire qu’eux-mêmes portant le fardeau de leur parent, leur vécu sur les épaules depuis des années.

    Difficile de démarrer dans la vie ou de la construire sereinement, c’est évident…

    Sans parler de mes grands-parents qui n’ont pas eu plus de réussite ;

    Un cercle vicieux me direz-vous !

    Voilà pourquoi une telle histoire est possible !

    Je ne leur jette pas la pierre parce que j’ai compris leur difficulté, mais je leur en veux de ne pas m’avoir protégée, de ne pas avoir eu cette démarche d’affirmation pour éviter de détruire leur propre enfant.

    Comment avoir la chance d’être une belle femme au fond de soi, de s’aimer, de pouvoir aimer les autres ?

    Au lieu de cela, j’y ai laissé des années qui ne m’appartenaient pas.

    C’est vrai comment ai-je fait pour y arriver et pas eux ?

    Un peu comme un détective privé, j’ai retracé mon parcours, cherché des indices, des informations, pris des contacts, mis le nez dans la fourmilière familiale qui m’a coûté cher d’ailleurs.

    Il fallait que je comprenne pourquoi j’avais vécu de telles maltraitances…

    Voilà comment les choses ont démarré…

    À l’âge de trente-deux ans en 1999, comme beaucoup de gens qui font leur bilan de vie, je me retrouvais après plusieurs crises d’angoisse assez forte à devoir accepter la proposition de mon médecin de me faire aider par un spécialiste pour me guider dans ma détresse et me permettre d’avancer.

    À cette époque, j’étais marié avec un homme très prévenant, adorable : Christopher.

    J’avais cinq filles de trois à douze ans : Fabienne, Aurore, Anaïs, Julie et Élodie.

    Décembre 1999

    Me voilà à mon premier rendez-vous avec mon médecin spécialisé…

    De l’inconnue pour moi, un peu d’inquiétude, que pouvais-je lui dire… Pourtant, mon cerveau était une vraie cocotte-minute prête à exploser.

    Mais comme tout le monde, on est toujours plus fort que les autres, on se sent capable de régler ses propres problèmes soi-même et puis s’est bien connu « lorsqu’on va chez le psy, c’est parce qu’on est fou. »

    Beaucoup de gens pensent ainsi malheureusement…

    Aujourd’hui que ma thérapie est terminée, je peux vous assurer que cette progression hebdomadaire est le meilleur parcours pour que chacun de nous puisse se connaître au plus profond de son être et ce n’est pas valable que pour les personnes souffrant de maltraitance, mais bien pour chacun de nous, un jour dans sa vie.

    Pourquoi ?

    Tout simplement parce que nous vivons tous un jour des choses que nous ne comprenons pas, des choses qui nous arrivent que nous ne maîtrisons pas.

    Le fait de le comprendre, d’accepter de se faire aider est le point de départ à une évolution constructive et non une faiblesse comme beaucoup le pensent.

    C’est un cadeau de la vie qu’on se donne.

    Lorsque, je suis rentrée pour la première fois dans le cabinet du psychiatre, je suis arrivée dans une pièce de trente mètres carrés avec un bureau, deux chaises, un canapé et quelques décorations simplistes.

    Je me suis installée, j’ai attendu le premier contact.

    C’était une femme accueillante qui me mit en confiance très vite en me demandant de me présenter.

    Ce que je fis…

    Et là ! Ce fut le démarrage du compte à rebours…

    Des années pour me découvrir, des années pour partager toute cette enquête avec mon mari, des années pour dire à mes filles qu’elles sont uniques, que je souhaite leur bonheur…

    Au cours de toutes ces séances, j’ai donc retracé toute mon histoire que je vais vous raconter.

    J’ai commencé par mon arbre généalogique, fait mes recherches. J’ai pu découvrir que sous quatre générations, un grand nombre de membres de ma famille avait été dans différentes situations familiales : orphelin, maltraité, violé, élever comme un roi, humilier, en manque d’amour, délaisser…

    Avec un tel cocktail, difficile de trouver sa place d’enfant.

    Commençons par le début…

    Quelques années avant ma naissance dans les années 60.

    Qui étaient mes parents ?

    Mon père Pascal un homme de taille moyenne, cheveux bruns frisés aux yeux bleus, un bel homme.

    Ses parents : ma grand-mère Armande, une personne avec un grand cœur, mais pas très heureuse, bouleversée dans sa vie amoureuse avec deux hommes.

    Mon grand-père paternel René qui aura trois enfants Pascal, Alice, Jacques.

    Marcel, son deuxième mari qui lui fera trois enfants aussi, Aude, Lise et Fabien.

    Mon père, qui était-il ?

    Un homme qui vivait pour ses rêves : il voulait construire sa maison ou plutôt son château, avoir un enfant rien que pour lui, faire le tour du monde à cheval ou en bateau.

    Sans ces objectifs, la vie lui paraissait sans grand intérêt, ce besoin de se prouver qu’on vaut quelque chose, vous savez…

    Un homme avec beaucoup de certitudes, de difficultés à reconnaître ses torts.

    Un homme trop sûr de lui avec un échange particulier avec son père, son besoin d’être reconnu par les autres pour pouvoir exister.

    Pourtant ballotté pendant des années de nourrice en nourrice sans avoir un réel équilibre familial.

    Je ne sais pas encore aujourd’hui, ce que représentait l’amour pour lui, je ne suis pas sûr qu’il savait aimer, en tout cas, il aimait mal. Guider son enfant est une des priorités qu’un parent doit avoir.

    Ma mère Mathilde une très belle femme aux longs cheveux bruns, des yeux noisette.

    Ce que j’en ai vu sur les photos, c’est vrai qu’elle était magnifique.

    Ses parents : ma grand-mère Odile qui aura deux filles, ma mère et d’une deuxième union Maryse.

    Une grand-mère qui n’a pas su aimer ses deux enfants de la même façon avec intégrité et égalité, même si je sais aujourd’hui qu’en tant que mère nous aimons aussi fort nos enfants, nous développerons des affinités différentes avec chaque enfant.

    C’est une question de tempérament, de moment, d’échange qui évoluera bien sûr au fil des années.

    Malheureusement, cet échange que ma grand-mère a eu avec ma mère lui a apporté un déséquilibre affectif qu’elle n’a pas su comprendre et travailler avant de m’avoir.

    Aujourd’hui, je sais qu’elle n’a pas été capable de faire le même parcours que moi afin d’aimer son enfant.

    Pourtant, le mal pour moi a été destructeur parce qu’un enfant qui sait qu’il n’est pas aimé, souffre longtemps dans son ventre, ne comprend pas pourquoi on ne l’aime pas ou qu’on ne sait pas l’aimer. L’enfant s’isole, devient agressif.

    Il pourra faire des fugues, fera des bêtises qui se révéleront parfois très graves, préférant se faire disputer par son parent que de vivre son silence.

    Mais pour soi, passer le cap est difficile, le parcours est long si on décide de le prendre parce qu’on doit faire face à ces douleurs alors qu’il est plus simple de les mettre de côté avec le déni.

    Elle l’a vécu comme une injustice une colère contre la vie, mais malheureusement pour moi, je l’ai payé cher d’arriver au monde.

    Mon grand-père Maurice, lui sortait du lot, je ne peux pas vous faire l’éloge de son statut de père ou de mari, je n’ai pas eu le temps de le savoir.

    Mais en tant que grand-père, il m’a apporté certainement la force de ne pas côtoyer la mort, de combattre chaque jour pour accepter la vie telle qu’elle était à ce moment-là.

    De tempérament généreux, il m’a fait partager des moments d’échange, de générosité que je ne vivais pas.

    Ma mère qui était-elle ?

    Que lui restait-il de son enfance, de son lien avec sa mère ?

    Une femme perdue certainement, qui l’a guidé à exister au travers de l’amour qu’elle pourrait trouver auprès d’autres personnes.

    Que souhaitait-elle vraiment dans sa vie, sa vie amoureuse, ce projet maternel ?

    Je pense aujourd’hui que sa seule préoccupation a été de rencontrer cet homme qui lui apporterait de l’amour qui lui manquait tant et qui pour elle représentait l’équilibre suprême.

    Ce que j’ai fait aussi à l’adolescence, dépourvue d’amour de mes parents, je l’ai cherché ailleurs.

    Mais soyons honnêtes avec nous-mêmes, on cherche à ce moment-là à combler des blessures par l’amour comme un pansement qu’on met sur son bras blessé. Mais cette démarche ne règle rien parce que l’amour ne fonctionne pas comme cela. Pour être heureux en amour, il faut tout d’abord être heureux avec soi pour ensuite donner aux autres et savoir l’apprécier.

    Je sais qu’avec les années, ma mère aurait pu faire le même parcours de guérison que j’ai mis en place pour avancer.

    Mais elle n’avait pas le même caractère que moi, celui de se battre pour exister.

    Je ne lui jette pas la pierre aujourd’hui, mais je sais que si j’avais été sa priorité, elle aurait fait cette démarche pour vivre quelque chose de différent avec moi.

    Elle s’est dit que seul un homme pourrait lui apporter cela !

    Avec mon analyse, il est vrai que l’amour d’un homme est merveilleux et si bon à vivre, mais l’amour pour ses enfants est aussi fort, même s’il n’a pas la même place puisqu’il est différent.

    En tant que personnes, nous avons besoin des deux et ceux qui disent le contraire se mentent à eux-mêmes, ils sont complémentaires.

    Avec un homme, celui qu’on aime, c’est une vie entière qu’on envisage, que l’on construit tous les jours.

    Avec ses enfants, nous sommes là pour les aimer, les guider pour qu’ils deviennent de futurs adultes stables, nous savons qu’ils partiront pour faire leur propre vie.

    Revenons avant ma naissance, c’est important d’en parler.

    Comprendre la rencontre de mes parents, les enjeux, les désirs cachés.

    Tous deux travaillaient sur Paris, mon père était agent hospitalier, ma mère en emploi de vendeuse.

    Une vie qui très vite ne répondait pas aux inspirations de mon père, guidé par l’envie de liberté, de rêves ambitieux.

    Un homme bien à part de la société, ayant des certitudes non justifiées parfois.

    Côté amour, je ne pourrai pas vous dire ce qu’il le guidait parce que je n’ai pas vu en lui ses sentiments qu’il aurait pu avoir envers sa femme ou sa fille.

    C’était d’une instabilité, d’un manque d’expression très révélateur. Tout était transmis par des paroles blessantes et égotiques.

    Ce qui n’a pas aidé notre lien entre moi et ma mère.

    Le seul point positif était qu’il avait conscience que de vivre à Paris n’était pas sain en soi.

    Pour leur rencontre, j’ai su que pour ma mère amoureuse l’avenir était incertain avec mon père, celui-ci ayant le choix entre deux personnes.

    Entre choix et révélations, qu’allait-il se passer ?

    Ma mère qui clandestinement s’était fait avorter sans en parler à mon père lui avait créé une vive colère.

    Une grossesse, et plus est, un petit garçon !

    Quel avenir aurait-il eu, lui ?

    Est-ce que sa vie aurait été différente du fait que c’était un garçon ?

    En tout cas pour ma mère, elle aurait préféré avoir un garçon.

    Pourquoi ? Je ne sais pas ! Je n’ai jamais su pourquoi ? Ou peut-être savait-elle déjà la difficulté que nous allions vivre toutes les deux.

    Qu’est-ce que représentait une petite fille pour elle, une crainte, de la jalousie cachée, une histoire familiale renouvelée avec sa mère ?

    Un réel fardeau pour elle, c’est sûr au vu de ce qu’elle m’a fait vivre.

    Manque d’attention, d’amour, de présence, de compréhension et de soutien.

    Je n’ai pas toutes les réponses aujourd’hui, je ne peux que les imaginer par rapport à mon propre parcours et toutes les questions que je me suis posées aussi.

    Imaginez-vous la crainte en elle, lorsqu’elle a compris que cet avortement pourrait lui faire perdre l’homme de sa vie.

    Qu’est-ce qui était le plus grave dans tout cela, le mensonge, la trahison, le manque de dialogue, d’informations ?

    En tant que femme, le choix de perdre son bébé reste malgré tout quelque chose qui a dû être difficile pour elle et traumatisant surtout à l’époque où l’avortement était punissable par la loi et très dangereux physiquement.

    Nous n’avions pas l’autorisation comme aujourd’hui d’aller dans des hôpitaux pour le faire.

    Pourquoi avoir fait ce choix alors qu’elle aimait mon père ?

    En tout cas, elle réalisa rapidement son erreur et peut-être des peurs injustifiées qu’elle ressentait à cette époque.

    Elle s’en voulut rapidement, de peur de perdre mon père et retomba enceinte à nouveau…

    Et oui, c’est bien de moi qu’on parle…

    Me voilà bien blottie dans le ventre de ma mère.

    Mais comme on dit, le remplacement ne ramène pas ce qu’on a perdu !

    On le met dans le coin de notre tête en espérant l’oublier, mais c’est un leurre.

    Cette erreur, et plus est, la perte de ce petit garçon lui a laissé une blessure qu’elle m’a transmise en me disant plus tard qu’elle aurait préféré avoir un garçon.

    Il est évident que ce frère aurait eu une autre vie que la mienne, il n’aurait certainement pas subi toute cette déferlante de maltraitance physique et morale.

    C’était le meilleur moyen de se faire pardonner de son acte litigieux, de conquérir mon père une bonne fois pour toutes.

    Revenons un peu sur cette famille qui allait m’accueillir, si on peut employer ce terme, vu les ravages qu’elle a créés.

    Commençons par les parents de mon père : Armande et René, comme je vous le signifiais, eux deux, eurent trois enfants, mon père Pascal, Alice et Jacques.

    Si je peux vous parler d’eux aujourd’hui, c’est parce que lors de mon enquête familiale, de ma thérapie, j’ai appris un maximum d’informations. J’ai pu regrouper mon parcours d’enfant, ce que j’ai vécu.

    René était un personnage multi visage, visage d’ange et visage de démon selon les circonstances. Je ne me souviens pas de mes premières années avec lui, mais j’ai suffisamment de souvenirs à partir de dix ans.

    Ce grand-père était un homme tyrannique, manipulateur, dangereux, cet homme-là présentait bien devant les gens, mais cachait bien son jeu.

    Il est inenvisageable pour une petite fille de penser que son grand-père est un tel pervers obsessionnel.

    Armande une femme totalement différente de celui-ci, stable avec un état d’esprit familial que j’ai souhaité moi-même poursuivre ensuite dans ma vie.

    Une mère, une grand-mère aimante, voulant toujours faire plaisir, mais qui n’a pas eu vraiment de chance dans sa vie en relation amoureuse ?

    Imaginez-vous, sa vie avec cet homme tyrannique qui fut rejeté par sa propre mère, haïssait toutes les femmes qui l’entouraient et par voie de conséquence les maltraitaient de toutes les façons possibles. Nous sommes tous passés par cette cruauté, sa femme, sa fille, sa petite fille et aujourd’hui, je pense que d’autres personnes ont subi le même parcours auprès des personnes féminines qui l’a rencontré.

    Voyez-vous déjà l’état d’esprit d’un tel personnage qui a choisi les actes destructeurs pour son propre intérêt sans se poser la question que son parcours pouvait être différent !

    Ce que je m’en rappelle, c’est son agressivité, la peur de le voir, de devoir rester avec lui sachant ce qui m’attendait. Mais aujourd’hui, mes souvenirs se posent sur toutes ces années où mes parents avaient la bonne idée de me laisser avec lui.

    D’où cette question qui me taraude depuis que j’ai compris tout cela !

    Mais lorsque, j’étais petite, toujours avec lui pour des vacances ? Que faisait-il de moi réellement ?

    Pourquoi n’en ai-je pas de souvenirs ? Ai-je subi aussi en étant plus jeune ?

    Pourtant, le couple que formaient mes parents paraissait normal pour l’enfant que je m’apprêtais à devenir.

    Comme je vous le disais, une rencontre, un hasard comme beaucoup d’histoires d’amour. Tous deux nés à Paris, travaillant, se logeant dans un petit appartement dans la capitale.

    Pourtant, dans ce couple idyllique, mon père cachait de vrais rêves…

    Une vie qu’il voulait différente au vu de sa vie d’enfant, malmené par tant d’instabilité de son père qui l’a amené plus tard à vouloir se prouver qu’il était capable de tout réussir.

    Quel parcours ont-ils eu vraiment, quel manque ont-ils subi ?

    Comment Alice a-t-elle vécu, elle aussi ces approches de pédophilie, ces actes barbares, ces actes de trahison qu’un père peut avoir envers son enfant ?

    Qu’a fait mon Père à l’époque lorsqu’il était petit par rapport à son père, l’a-t-il su ?

    Aujourd’hui, je n’ai pas encore toutes les réponses, mais je me suis tant posé de questions.

    Pour ma mère essayant de trouver un équilibre affectif difficilement reçu par sa propre mère comme je vous l’expliquais, compensait avec l’espoir amoureux de trouver l’homme idéal en mon père.

    Mais l’aimait-elle vraiment ou était-elle dépendante affectivement ?

    Comment démarrer dans une vie d’adolescente lorsqu’on n’a pas les bases d’amour de sa propre mère ?

    Je peux vous en parler puisque je l’ai vécu avec la mienne, c’est très dur et souffrant.

    On se demande pourquoi on est venu au monde, qu’est-ce qu’on a fait de mal ?

    Rendez-vous compte déjà de toute cette réalité de vie avant ma naissance.

    Sans parler de René qui refusait cette liaison, qui la voyait d’un mauvais œil.

    Quel meilleur moyen pour conquérir un homme pour faire plier un beau-père, que de tomber enceinte !

    Vous me direz ça ne marche pas à tous les coups avec les hommes et heureusement.

    Mais pour mon père, avoir un enfant ne représentait pas seulement un lien, mais l’un de ses rêves.

    Pour lui, ses désirs étaient si profonds que lorsque, j’ai pu le comprendre vers sept huit ans, je savais que ce n’était pas de simples désirs, mais vraiment une ligne de vie pour lui.

    Alors certes, il n’a pas tout fait à ce jour, alors qu’il a soixante-treize ans, pourtant, il

    n’en est pas loin. Avoir un enfant, partir en dos d’âne ou cheval pour faire le tour du monde et construire sa maison.

    Voilà !

    Les choses se sont faites ainsi avec une nouvelle grossesse qui arrivait…

    Une mère qui malgré tout restait dans le chagrin de la perte de son petit garçon qui au lieu de me dire qu’elle m’aimait m’a régulièrement fait ressentir qu’elle aurait préféré avoir ce garçon à ma place.

    Ce qu’elle gardait de ma naissance cette souffrance épouvantable qu’elle avait vécue en me mettant au monde.

    Pendant ce temps, la famille ne s’agrandissait pas seulement au niveau de mes parents, mais pour ma grand-mère Armande qui attendait aussi un enfant, un petit garçon.

    Mais me direz-vous ! Comment est-ce possible qu’elle soit restée avec cet homme violent ?

    Non, non, pas du tout, elle est partie d’elle-même. Elle a quitté cet homme et a refait sa vie avec une autre personne qui a donné naissance à mes autres futurs tantes et oncles.

    Rappelez-vous elle avait déjà mon père, ma tante Alice, mon oncle Jacques ?

    Du coup, sont venus au monde Aude, Lyse et Fabien.

    Un lien très fort qui s’installera entre moi et Fabien pendant des années tels un frère et une sœur qui vivent ensemble sous le même toit.

    Ma grand-mère, que je m’apprêtais à découvrir, était un vrai soleil pour moi, avec de l’amour à revendre, avec un espoir de vie sur tout ce qui touchait la famille, les liens, les fêtes familiales.

    Je repense à elle, toutes ses valeurs qu’elle m’a transmises lorsque j’étais petite, qui m’ont guidée pour mon propre parcours.

    Mon autre grand-père Maurice, le père de ma mère a été aussi une personne importante dans mon combat, ma vie.

    Ma naissance

    Et voilà ce fameux jour…

    Un jour d’avril 1967 naissait avec un mois d’avance une petite fille de deux kilos huit cent quatre-vingt-dix.

    Un accouchement que Mathilde préférait partager avec une infirmière plutôt qu’avec son propre mari.

    Pourquoi ne pas partager un moment si important de sa vie, alors qu’elle se disait autant aimer cet homme ?

    Avait-elle honte de son corps, d’avoir cet enfant ?

    Avait-elle besoin de rester digne sans montrer la souffrance liée à cette naissance ?

    Je n’ai jamais compris pourquoi !

    Ayant eu moi-même six enfants, je n’aurais pas pu vivre ses naissances sans mon mari.

    C’est tellement beau de vivre cela, ça demande du courage, la naissance d’un enfant, c’est tout l’amour que partage un couple.

    Je ne vous cache pas qu’aujourd’hui, au vu de l’amour que j’ai pour mon mari, qu’avoir d’autres enfants aurait été un magnifique cadeau.

    Même si maintenant après ma thérapie de dix ans je comprends le parcours de ma mère, je trouve dommage qu’elle ait vécu cela de cette façon.

    J’ai vite ressenti son intérêt de m’avoir eu, j’étais un point d’attache simplement.

    Alors pour un départ en fanfare, c’était plutôt raté.

    Mais quelle place me donnait mon père ?

    Petite, je ne me suis pas du tout interrogé sur cette situation, mais l’éducation que je vivais était pourtant différente au vu des retours que j’avais par mes copains et mes copines.

    Je l’ai totalement compris à l’adolescence avec les échanges houleux de mes parents ou les personnes qui contredisait mon père sur mon éducation.

    Mais j’y reviendrai plus tard.

    À cette époque, toute la famille habitait à Paris.

    Maurice vivant seul depuis son divorce avec ma grand-mère maternelle Odile.

    Un guide pour moi au vu de sa gentillesse et qui a laissé un vide en moi lors de son départ définitif.

    Il me manque très souvent.

    Habitant dans un quartier chic, je me souviens une impasse, un bâtiment de trois étages où lui vivait au deuxième. Mon arrière-grand-mère Sophie logeait au troisième avec un espace grenier en plus.

    À cette époque, on trouvait beaucoup de vieux immeubles de ce style, pas de toilette dans les logements, mais un espace au rez-de-chaussée pour cela, de grosses grilles noires pour fermer la porte d’entrée du bâtiment.

    Je ne me souviens pas de Sophie, elle est décédée, j’étais toute petite, mais j’ai vu des photos. Une femme avec un tempérament explosif qui prenait ses décisions à l’époque.

    Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas elle qui a commencé a contré mon père dans l’éducation qu’il souhaitait pour moi parce que chaque fois qu’il me déposait chez elle.

    Elle me changeait de vêtements de la tête aux pieds.

    Comme vous allez le comprendre tout au long de cette histoire…

    Je naissais dans une famille totalement déséquilibrée dans leurs parcours de vie par rapport à des événements sous-jacents de leur enfance ou par des transmissions héréditaires non résolues.

    Vous savez les violences verbales, physiques, la pédophilie, l’agressivité, le manque d’amour, l’abandon, la négligence, l’égoïsme…

    Bref un cocktail qui amène de votre vie un futur combat incompréhensible mais nécessaire à votre survie.

    Je vous expliquais : ma grand-mère Armande en couple à nouveau avec Marcel vivait dans d’un immense immeuble parisien, un F4. Un bâtiment si haut que cela en donnait le vertige.

    Un quotidien ordinaire mais stable pour moi où j’allais être gardé pendant que mes parents travaillaient. Dix années que j’ai pu partager auprès de ma grand-mère.

    Malgré tout même si j’aimais y aller, je trouvais l’éducation stricte et très réglementée.

    Journées au timing :

    Prêt avec l’organisation, les tâches ménagères, la toilette, la sortie du chien, les courses, les poussières, les cuivres…

    Je ne me permettrais pas de dire si la vie de ma grand-mère était meilleure qu’avec son premier mari, mais certainement parce que j’étais trop petite, c’était un homme malgré tout dur envers ses garçons. De l’impulsivité et des gestes inappropriés qui m’ont parfois attristé même si pour moi l’équilibre paraissait meilleur au vu du rythme de ma propre vie.

    Dans mes recherches que j’effectuais comme un détective privé avec mon psychiatre, je remontais très loin dans mon passé.

    Je découvrais qu’à cette époque, jour de ma naissance, mes parents habitaient dans une rue à Drancy un petit appartement.

    Lors de son accouchement…

    Elle restait neuf jours à la clinique, c’est énorme quand on pense qu’aujourd’hui on ne reste que quatre jours.

    Elle ne souhaitait pas m’allaiter, par manque d’envie très certainement, sur le même principe qu’elle avait refusé la présence de mon père pour l’accouchement.

    Je comprends mieux aujourd’hui son éloignement, la réalité d’avoir eu une fille au lieu d’un garçon, puisque toutes ces années, j’ai grandi en ressentant ce manque d’amour de sa part, le fait que je n’étais pas importante à ses yeux.

    Imaginez-vous la souffrance que peut ressentir ce petit être qui arrive là dans une famille où il n’est pas vraiment attendu, un peu comme un passe d’engagement.

    L’amour d’une mère est le premier contact qu’un enfant reçoit, s’il n’existe pas ce petit bébé souffre, il se sent abandonné.

    Lorsque je vous parle d’un manque d’amour, je l’ai vite ressenti…

    Et par voie de conséquence, je ne souhaitais plus m’alimenter.

    Ça paraît étonnant une telle situation pour un nouveau-né, en général à part s’il est malade, le bébé se nourrit tout de suite.

    Et bien là, non !

    Hospitalisée pendant plusieurs mois, isolés totalement de mes parents pendant cette période, je fus emmenée dans un autre établissement afin de sortir de ce problème psychologique et de démarrer mes premiers mois dans un autre contexte.

    Pendant ce temps…

    Ma grand-mère Armande avait eu à son tour son petit garçon.

    Un lien incroyable que j’allais vivre avec lui du fait de notre même âge, de partager tous ces moments communs et de grandir ensemble.

    Les mois passant, mes parents furent conviés à venir me chercher dans l’établissement où j’avais été placée.

    J’avais tellement changé que lorsqu’ils arrivèrent sur place, ils ne me reconnaissaient pas.

    Une année, assez lourde pour moi avec plusieurs hospitalisations plus ou moins grave mais nécessaire.

    En tant que maman, j’aurai été totalement submergé de chagrin de voir mon enfant vivre tout cela en étant si petit.

    C’est vrai que pour mes six filles que j’ai eues, ma seule priorité était d’être là pour elles, de les allaiter pour créer ce lien d’amour, de me dévouer corps et âme au point de souvent m’endormir par terre prés de leur lit, épuisée par tous ces réveils.

    Excitée comme un détective privé qui mène sa propre enquête, j’attendais avec impatience les retours des courriers, les informations qui me permettaient de mettre des mots sur des situations.

    Tout cela m’interrogeait…

    Imaginez-vous ce que j’ai pu ressentir…

    Comment est-il possible de ne pas aimer son enfant ou de ne pas se donner les moyens d’apprendre à l’aimer ?

    Je ne comprenais pas !

    Il existait bien des femmes qui ne devaient pas être mères parce qu’elles n’en étaient pas capables…

    Mais pourquoi en étaient-elles pas capables, c’est là qu’il fallait chercher la réponse !

    On parle souvent de schémas répétitifs et dans cette situation, on remarque bien qu’elle a elle-même souffert d’un manque d’amour de sa mère, qui elle-même a été élevée par une mère, mon arrière-grand-mère d’un tempérament rigide et certainement loin de l’amour.

    Quel pouvait-être maintenant ma réaction par rapport à tout cela ?

    Je dirai tout simplement qu’elle a manqué de courage pour être différente en tant que maman, et surtout d’une véritable volonté de changer les choses.

    Ce que j’ai pu faire à l’inverse de toutes ses femmes qui m’ont entouré.

    Tout cela pour vous expliquer que sur quatre générations, tout s’est passé à l’identique.

    Incroyable, me direz-vous ? Et pourtant !

    Qu’est-ce qui a fait que j’ai voulu être différente devant ce schéma répétitif ?

    Pourquoi suis-je devenue ce nouveau maillon, comme disent les psychiatres ?

    Pourquoi, ai-je su aimer mes enfants et pas eux ?

    Je me pose encore cette question aujourd’hui !

    Peut-être que je devais

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