si nos peurs, nos conflits familiaux ou nos difficultés financières pouvaient être expliqués par des faits marquants de notre héritage familial ? Selon la psychogénéalogie, dans chaque tribu, les événements antérieurement vécus, comme des deuils, des traumatismes, ou des comportements excessifs, laissent une trace affective. Une mémoire familiale inconsciente qui se transmet au fil des générations, et qui peut venir perturber notre manière de vivre aujourd’hui, et influencer notre relation avec nos enfants. Si de nombreux ouvrages publiés ces derniers mois sont consacrés à la psychogénéalogie, la discipline n’est pas nouvelle : Anne Ancelin Schützenberger, psychologue et psychothérapeute française de renommée internationale, décédée en 2018, a introduit cette notion dans les années 1970. « », assurait-elle ainsi dans son best-seller (Desclée de Brouwer, 2015). « » Plutôt que de travailler de façon individuelle sur nos », affirmait ainsi Anne Ancelin Schützenberger. Pour découvrir les événements qui, chez nos parents, grands-parents, ou arrière-grands-parents, pourraient entrer en résonance avec nos propres problèmes actuels, la psychogénéalogie utilise différentes techniques. La plus emblématique est l’analyse transgénérationnelle, qui se base sur le génosociogramme, représentation de notre arbre généalogique. « », explique Michèle Bromet-Camou, psychologue clinicienne, formatrice en psychogénéalogie, auteure de (Points, 2019). « » Le praticien en profite pour observer les réactions de son patient, comme des lapsus ou des larmes qui viennent, signes qu’un point sensible de l’histoire familiale est abordé. Parfois, des compléments généalogiques, en interrogeant des proches, peuvent être nécessaires. Inscrire les prénoms, lieux, dates, métiers et parcours révèle des similitudes et des répétitions mais aussi des événements, survenus chez nos aïeux, qui peuvent faire écho avec les problèmes que nous rencontrons, comme des difficultés relationnelles avec un enfant en particulier, une forme de violence éducative… Un exercice qui libère la parole et lève parfois le voile sur des secrets comme des non-dits ou des traumatismes non digérés. Le but est vraiment de parvenir à nous détacher des empreintes de souffrances familiales, afin de sortir des répétitions. « , rappelle Michèle Bromet-Camou. . » L’idée n’est pas de savoir la vérité en détail, de combler tous les blancs, mais de mieux comprendre d’où vient ce blocage, quels sont ses effets, pour se sentir plus tranquille. Au bout d’une dizaine de séances, le patient n’est plus hanté par son histoire familiale, retrouve de l’apaisement et se sent enfin à sa place.
Psychogénéalogie, ces liens invisibles qui nous gouvernent
Nov 16, 2020
5 minutes
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