L’après-viol: Ce chemin extraordinaire pour se réconcilier avec l’homme
Par Françoise Valla
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À propos de ce livre électronique
L’après-viol – Ce chemin extraordinaire pour se réconcilier avec l’homme est un message d’espoir. Il se propose non seulement d’aider les victimes d’agressions sur le chemin vers la guérison mais également de sensibiliser le public pour une meilleure compréhension de cette réalité. L’auteure nous délivre aussi, entre les lignes, son aspiration profonde : que chaque agresseur prenne conscience de la portée de son acte...
À PROPOS DE L'AUTRICE
Françoise Valla a connu une carrière riche et intense dans le domaine des relations humaines. Animée par une passion pour les mots, qui selon elle ont le pouvoir de construire, avec ses écrits, elle revisite son parcours de femme, naviguant entre des souvenirs douloureux et sa joie de vivre, tout en nous guidant dans cette quête essentielle d’une compréhension juste de nos expériences traversées.
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Aperçu du livre
L’après-viol - Françoise Valla
Introduction
Lorsqu’un être humain a été meurtri, agressé, traîné dans la boue de la haine et de la violence, il déclenche, par instinct de survie, le déni de soi, la rupture avec soi. Nous n’existons plus en tant que soi, nous n’existons que par ce lien, si maudit soit-il, avec cet autre.
Le chemin à parcourir est de vivre avec cette mémoire indélébile, mais apaisée.
C’est ce chemin qu’il m’a fallu traverser depuis un demi-siècle après viol, incestes, harcèlement et agression. Lorsque j’ai compris, compris puis accepté, que ces épreuves, je pouvais les voir aussi comme une expérience avec un début et obligatoirement une fin, le fardeau s’est allégé.
Nous avons tous, plus ou moins, vécu une rupture lorsque nous différencions un avant d’un après ; un licenciement, un deuil, une maladie, un cambriolage, un piratage ou bien sûr une agression quelle que soit sa forme et son contexte, ces ruptures ont un point en commun, elles piétinent notre intimité au risque de perdre notre dignité.
C’est à partir de ces constats et du chemin parcouru pendant si longtemps, de toutes ces découvertes parfois douloureuses, parfois heureuses que j’ai su que rien ne pourrait me détruire. « La force est en soi » elle l’a toujours été et toutes ces années, toutes ces expériences vécues ont permis de la faire rejaillir, la densifier pour être une partie de moi et reconnue par les autres.
Mais 50 ans c’est long et mes choix, mes désirs, mes émotions et mes réactions ont irrémédiablement transformé mon parcours de vie en lui apportant un regard différent.
Peut-on réduire ce temps ? Sans doute.
Pour certains ou certaines, le silence est la seule voie possible muselant ainsi la douleur jusqu’à l’oubli… pour un temps.
Pour d’autres, c’est la violence exacerbée ou le déni.
Mais pour tous, c’est l’anéantissement de soi, l’inexistence de sa vie, la rupture avec la réalité.
Et parmi nous tous, il y a ceux et celles qui vont tenter ce long chemin de la justice avec au bout, le risque d’un « sans suite »…
Justice ne veut pas dire « juste ».
La justice doit encore progresser dans la manière dont elle appréhende ces situations par les faits et surtout des réactions trop souvent incomprises. Notre présentation des faits est parfois absconse. C’est la déroute pour évaluer, peser, juger.
Il est difficile pour tout être humain d’être « juste » et cette justice est portée par des hommes, des femmes, des êtres humains. Pour eux comme pour tout un chacun, ce contexte ravive nos blessures de l’enfance, notre histoire avec ses injustices ou ses violences vécues. Nous sommes tous concernés.
Alors, pour garder sa dignité et sa maîtrise face à l’histoire d’une agression, la tentation est grande de la réduire à des jugements et questionnements sur nos comportements.
« Mais pourquoi tu n’as pas crié, pourquoi tu ne t’es pas débattue ? »
« Il y a pénétration ou pas ? »
« Pourquoi avoir tant attendu avant d’en parler ? »
« Oui, mais vu la manière dont tu t’habilles… »
« Mais tu es venu dans sa chambre alors… »
La conséquence est la création du doute, qui n’a rien de « raisonnable » !
Le pouvoir et l’irresponsabilité.
Alors que la justice devrait être le rétablissement de la réalité et de la vérité pour une juste sanction.
Car elle est l’étape essentielle de reconstruction de soi pour la victime, mais aussi pour l’agresseur. C’est un possible point de départ d’un processus de reconstruction pour l’un comme pour l’autre.
Accepter cette facette de lui-même, réapprendre son humanité. Il ne pourra en faire l’impasse dans cette vie ou dans une autre !
L’origine de l’intention d’un agresseur est diverse. Entre un moment d’égarement, une gigantesque confusion dans l’amour ou l’impérieuse nécessité de jouir ou de détruire tel le prédateur, les causes se trouvent dans son histoire, sa mémoire et sa personnalité.
Qu’il puisse avoir le courage de s’y pencher pour les comprendre, réparer et évoluer.
Ah, si nous pouvions, nous personnes agressées, démontrer avec clarté, logique et fermeté l’enchaînement des faits, et si les agresseurs comprenaient leur responsabilité, le monde serait plus juste. Nous serions tous gagnants puisqu’inscrit dans notre mémoire collective.
Pour chacune d’entre nous, toutes les étapes pour reprendre sa vie en main sont incontournables, plus ou moins longues ou difficiles, mais toujours nécessaires.
C’est une succession d’espoirs et de vides, d’absences à soi-même ou de retraits, de prises de conscience et de périodes figées, d’impressions d’en avoir terminé avec le sujet puis de soulever une autre couche pour une autre marche et enfin trouver l’apaisement.
L’apaisement pour accepter sa vie, toute sa vie.
L’apaisement qui conduit à renouer avec sa joie de vivre.
L’apaisement pour enfin se réconcilier avec l’homme.
Et dans ce travail sur soi, chaque palier nous éloigne de la honte, de la souffrance comme de la colère pour faire une place à soi puis aux autres.
Je souhaite à chacun et à chacune, un chemin de guérison qui vous amène à la transcendance c’est-à-dire dépasser sa réaction habituelle de crainte, de méfiance en une réaction plus naturellement joyeuse !
Pour ma part, j’ai pu retrouver, pour les membres de ma famille, au plus profond de mon être, tout mon amour pour eux, sans oublier leur comportement. Le pourrait-on d’ailleurs ! Et pour les autres, les compréhensions faites et l’évolution qui s’en est suivi ont été une grande avancée !
Chaque être humain, violé, agressé, harcelé ne peut oublier ce qui a été vécu, cela colle à la peau comme un boulet que l’on traîne par-devers soi en silence. Il pèse sur le cours de notre existence puisque, l’énergie que nous utilisons pour continuer à vivre nous épuise, nous limite dans nos actions, nos investissements, nos passions, nos sentiments et sensations. Mais ce travail de guérison entrepris permet l’acceptation sur le plan mental, émotionnel et physique de l’agression. Grande différence ! Nous pouvons alors vivre « avec » et non plus « sans » ou « contre » !!!
« Faire bien ou faire mal, le plus important est de faire » !
« Être, c’est faire », nous disait Socrate…
Et tout au long de ce parcours ces mots ont été pour moi une béquille comme cette étincelle pour reprendre le chemin tout en me donnant le courage de ne pas systématiquement m’accabler, et la prise de conscience de ne pas inlassablement me juger.
Et c’est cet éclairage-là que je vous propose…
1
Matriarcat et patriarcat, même combat ?
L’homme au plus profond de lui-même a peur de la femme, peur d’être anéanti, peur d’être détruit par la femme, peur ancestrale, viscérale de mourir par ses mains.
Notre histoire, depuis son origine, nous apporte son lot de comportements violents dans l’inacceptation de l’autre.
Au temps du matriarcat, les femmes avaient le pouvoir et la volonté d’éliminer l’homme – c’est-à-dire le côté masculin de l’être humain – en cherchant à mettre en place un côté masculin dans le féminin… mais elles ont vite compris qu’elles devaient abandonner le sens du matriarcat, parce qu’elles menaient cette vie, cette nature, cette espèce, à sa destruction.
Au cours de l’ère du patriarcat, et nous y sommes encore, pour les femmes, c’est l’écrasement, c’est la remise au sens de l’esclavage. Les hommes se sont montrés très dominateurs, commandants, tels des prédateurs. Et beaucoup le sont encore !
La faute à Y ! Mais oui, ce désir de conquête plus ou moins violent, plus ou moins exacerbé chez l’homme, c’est le chromosome que la femme n’a pas : le chromosome Y. C’est lui qui renferme ce désir, ce sentiment de domination pour assurer sa virilité.
Nous attendons ce moment où l’homme se rendra compte de ce qu’il est vis-à-vis de la femme, de ce qu’il fait contre la femme quand il tente de dominer le monde, quand il se love dans le pouvoir, et que sa sexualité devient exacerbée et violente.
Nous attendons ce moment où la femme parviendra à être heureuse avec sa féminité, de cette féminité pleine et entière, solide lorsqu’elle est vécue et maîtrisée dans l’amour avec la douceur, secouant