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Barnabé
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Livre électronique224 pages3 heures

Barnabé

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À propos de ce livre électronique

Barnabé arrive à l’âge adulte. C’est un homme-enfant, un handicapé mental, qui découvre sa différence dans le regard des autres. Et le regard des autres, c’est surtout celui de Vanessa, la jolie métisse arrivée tout droit de la région parisienne, dont il tombe éperdument amoureux.
Un handicapé mental amoureux d’elle ? Voilà qui fait bien rire Vanessa, et beaucoup souffrir Barnabé.

Aussi, lorsque une série d’incendies volontaires se déclenche tout autour de Montdunon, il ne manque pas de témoins pour affirmer que l’on a vu Barnabé et son scooter rouge rôder aux alentours.
Se vengerait-il des sarcasmes dont il est l’objet ? Ou bien fait-il un coupable idéal ? Barnabé est-il un incendiaire ou un bouc émissaire ? Il affirme qu’il est innocent, mais doit-on le croire simplement parce qu’il est handicapé ?

LangueFrançais
Date de sortie9 nov. 2012
ISBN9791091325233
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    Aperçu du livre

    Barnabé - Sébastien Lepetit

    cover.jpg

    BARNABÉ

    Les mystères de l’Argentor

    Sébastien Lepetit

    Published by Éditions Hélène Jacob at Smashwords

    Copyright 2012 Éditions Hélène Jacob

    Smashwords Edition, License Notes

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    © Éditions Hélène Jacob, 2012. Collection Mystère/Enquête. Tous droits réservés.

    ISBN : 979-10-91325-23-3

    Les mystères de l’Argentor

    L’Argentor coule doucement quelque part entre la Charente, le Limousin et le Poitou. L’Or prend sa source au creux d’une fontaine résurgente nichée au fond d’un pré. L’Argent naît un peu plus loin, sur le flanc d’une colline. Les deux ruisseaux serpentent quelque temps entre les prés et les bois avant de s’épouser pour donner naissance à l’Argentor. La vallée se marque alors un peu plus. La petite rivière se faufile dans les forêts odorantes, glisse entre les prairies et les champs de blé, de betteraves ou de maïs, coule sous le viaduc d’une voie de chemin de fer oubliée, serpente au milieu des villages qui l’ont jadis ornée de ponts et de lavoirs puis là-bas, quitte la vallée pour aller se jeter dans la Charente.

    Là, loin des autoroutes et des trains à grande vitesse, loin des villes et des aéroports, on pourrait presque dire loin du monde, dans cette vallée un peu à l’écart, des femmes et des hommes vivent. Ici, les pierres et les arbres content des histoires. Châteaux et fermes fortifiées rappellent que maints pouvoirs féodaux se disputèrent cette région. Églises indestructibles et abbayes ruinées portent en elles les terribles guerres qui se menèrent au nom de Dieu ou des hommes. Cimetières et monuments aux morts gardent les traces de ceux qui tombèrent au siècle dernier, tout près ou très loin, au nom de la liberté ou d’idéaux moins présentables. Même les chemins creux les plus isolés se souviennent des bruits de bottes, des embuscades, des traversées silencieuses la nuit tout au long d’une ligne imaginaire qui coupait la vallée en deux zones, l’une libre et l’autre non.

    Et l’Argentor conte aussi l’autre histoire, la petite, l’histoire quotidienne des gens ordinaires. Là, une enseigne presque effacée peinte jadis au-dessus d’une grange aujourd’hui fermée rappelle que les bourgs regorgeaient encore d’artisans, il n’y a pas si longtemps, lorsque l’agriculture et l’élevage nourrissaient toute une population. Ici, la petite usine installée à la sortie du village montre que si la vie n’est plus la même, si beaucoup de jeunes ont choisi de partir chercher du travail en ville, certains sont encore là et construisent chaque jour à leur mesure la nouvelle réalité rurale. La supérette a remplacé les épiceries d’antan. Les écoles se sont regroupées pour survivre. Les ruraux d’aujourd’hui regardent à la télévision les banlieues s’enflammer et ne comprennent pas pourquoi là-haut on s’obstine à vouloir fermer les écoles dans les villages. Sans doute pour nourrir le mirage urbain, pour pousser un peu plus les gens à quitter la campagne et à aller s’entasser en banlieue, dans de grandes cages de béton, où ils vivoteront entre les murs tagués, le magasin hard discount et l’antenne locale de Pôle Emploi, recréant au bord de l’autoroute les jardins ouvriers, ersatz de campagne qui leur rappelleront les jardins de leurs ancêtres. Pendant ce temps, dans la vallée de l’Argentor, les gens vivent leurs petites histoires de tous les jours, loin des projecteurs et des caméras. Ils aiment, ils souffrent, ils vivent, ils meurent, ils vont travailler ou chercher un travail.

    Ce sont ces petites histoires, ces tragédies de hameaux, ces comédies de villages et ces destins immenses de héros de canton que nous retrouvons dans Les Mystères de l’Argentor.

    1 – Un nouveau fonctionnaire

    Ça y est ! Je suis fonctionnaire. C’est monsieur le maire qui est venu me le dire à la maison hier matin. Grand-mère en a pleuré tellement elle était contente. Moi aussi, remarquez, j’étais drôlement content. Mais moi, j’ai mes raisons et ce ne sont pas les mêmes que Grand-mère.

    On était à la maison, comme d’habitude. Grand-mère faisait un peu de ménage avant d’aller au marché. Tous les jours, c’est pareil. On se lève à six heures, parce que Grand-mère dit que ce sont les fainéants qui traînent au lit. Moi, j’aimerais bien rester un peu au lit, surtout parce que le soir, je lis en cachette et forcément après, j’ai du mal à me réveiller. Mais bon, il faut se lever à six heures. Ensuite, il faut prendre une douche parce que Grand-mère dit que ce sont les vauriens qui sortent sales. Et comme je ne suis pas un vaurien, je prends une douche. Lorsque je suis bien lavé, on prend le petit-déjeuner. Grand-mère sert le café et je coupe le pain pour faire des tartines avec de la confiture. J’aime bien la confiture parce que c’est sucré et Grand-mère ne veut pas que je mette trop de sucre dans le café. Alors quand je mange de la confiture, j’ai le goût du sucre qui coule dans la bouche. Parfois, il arrive qu’il n’y ait plus de confiture à la maison. Ça, c’est quand Grand-mère n’a pas encore touché la pension et que les confitures que Grand-mère a faites pendant l’été sont terminées. Dans ces moments-là, il faut faire des économies, alors il n’y a plus de confiture au petit-déjeuner. Mais ça ne fait rien parce que je sais que quand la pension arrivera, il y aura de nouveau de la confiture.

    Quand nous avons fini le petit-déjeuner, il faut aller se laver les dents. Grand-mère dit toujours que si on ne se lave pas bien les dents, elles deviennent toutes noires comme dans les films de pauvres à la télé et puis elles tombent. C’est pour ça que les vieilles personnes, des fois, elles n’ont plus de dents. C’est parce qu’elles ne se sont pas lavé les dents après le petit-déjeuner. Quand on a terminé, il y a ce que Grand-mère appelle le travail d’intérieur. Normalement, quand on a un travail, c’est à cette heure-là qu’on part de la maison. Alors quand on n’en a pas, on doit faire comme si et faire le travail d’intérieur. Le travail d’intérieur, c’est quand on fait le ménage avant d’aller au marché. Enfin, Grand-mère dit que faire mon lit et ranger ma chambre, ce n’est pas vraiment un travail d’intérieur comme les autres et qu’il faudra que je continue à le faire.

    Parce que moi, jusqu’à hier, je n’avais pas de travail donc je devais faire le travail d’intérieur comme faire la lessive, laver le sol, nettoyer les vitres et plein d’autres choses comme ça. Grand-mère, elle trouve toujours quelque chose à faire même quand on a tout fait. Elle dit qu’elle ne veut pas de fainéant chez elle. Mais maintenant, je ne serai plus obligé de faire le travail d’intérieur puisque j’ai un travail d’extérieur.

    Hier matin, Grand-mère était occupée dans la cuisine et moi, je rangeais ma chambre. Enfin, il ne faut pas le dire à Grand-mère, mais je rangeais surtout ma collection. J’ai une très belle collection d’étiquettes. J’en ai de toutes sortes. Des étiquettes de fromages, de vin, de boîtes de conserve, de bonbons. J’ai même des étiquettes de la bibliothèque que la dame m’a données quand ils ont refait tous les rayonnages, avec des noms de grands auteurs. Ça fait presque comme si j’avais les livres.

    J’étais donc dans la chambre quand la sonnette a retenti. Je n’ai pas bougé parce que des fois, c’est des représentants qui viennent voir Grand-mère, mais elle ne veut jamais discuter avec eux parce qu’elle dit qu’ils veulent surtout ses sous et qu’elle n’en a pas assez pour leur en donner. Si c’est ça, elle a bien raison. Mais là, ce n’était pas un représentant. C’était monsieur le maire en personne. Moi, j’étais tranquillement dans ma chambre quand Grand-mère m’a appelé. Il voulait me voir moi. Je suis allé vers la cuisine et Grand-mère m’attendait dans le couloir pour me demander tout bas :

    — C’est-y que t’as fait une bêtise ?

    — Ben non ! que j’ai répondu.

    Je suis rentré dans la cuisine et Grand-mère me suivait. Elle était curieuse de savoir, mais je n’étais pas trop rassuré non plus. Je savais bien que je n’avais rien fait de mal. Je ne sors que l’après-midi pour aller à la bibliothèque ou pour me promener. Je me serais bien rendu compte si j’avais fait quelque chose. Quoique des fois, à l’école, il arrive qu’on soit puni alors qu’on n’a rien fait, juste parce que le maître croit qu’on a fait une bêtise. Ça, je m’en souviens. Alors ça ne veut rien dire d’avoir fait quelque chose ou non.

    — Bonjour, Barnabé ! m’a-t-il dit en me serrant fermement la main.

    — Bonjour, Monsieur le Maire.

    J’étais très intimidé. Il faut dire que monsieur le maire, je le connais un peu comme tout le monde, mais je n’oserais jamais lui parler directement.

    — Je vous sers une tasse de café, Monsieur le Maire ? a demandé Grand-mère. Mais je vous en prie, assoyez-vous !

    — Volontiers !

    Monsieur le maire m’a alors regardé sérieusement.

    — Barnabé, j’ai parlé de toi avec Hubert Chaumont. Il m’a dit le plus grand bien de toi. Qui plus est, il pense que je pourrais te faire confiance. J’ai la plus grande estime pour mon ami Hubert Chaumont. Aussi, je voudrais te proposer de travailler pour la mairie.

    Grand-mère en a laissé échapper le pot à café qui s’est renversé sur l’évier. Monsieur le maire s’est retourné et a souri.

    — Ce n’est rien, Madame Blanchard. Un accident peut arriver à tout le monde. Si vous saviez comme il m’arrive parfois d’être malhabile !

    Grand-mère était dans tous ses états. Elle a proposé de refaire du café, mais monsieur le maire n’a pas voulu. Il avait déjà bu un café avant de venir. Puis il s’est retourné vers moi.

    — Voilà ce que je te propose, Barnabé. Lundi, tu commenceras avec monsieur Dubard, le jardinier. Il te montrera. Rassure-toi, ce ne sera pas très compliqué. Nous avons besoin de quelqu’un qui pourrait s’occuper de divers petits travaux sur la voirie comme arroser les plates-bandes, ramasser les feuilles ou aider monsieur Dubard à s’occuper des fleurs.

    J’étais si drôlement content, tellement que j’ai dit oui avant que Grand-mère me donne son avis. Ce n’était pas très grave parce qu’elle aussi elle était contente. Elle en pleurait de joie. Il fallait la voir serrer la main de monsieur le maire et lui dire des mercis longs comme le bras. Finalement, monsieur le maire est parti et Grand-mère et moi, on est restés tous les deux. Grand-mère pleurait toujours. Elle est venue vers moi et elle m’a serré très fort dans ses bras. Elle me faisait presque mal, mais elle était si heureuse que je ne lui ai pas dit.

    Du coup, on n’a pas fini le travail d’intérieur hier matin. Avec Grand-mère, on est resté assis à la cuisine et on a parlé longtemps. J’étais un peu inquiet parce que je ne connais pas trop le travail du jardin. Je disais à Grand-mère que j’avais peur de ne pas bien travailler et que monsieur Dubard il ne soit pas content.

    — Mais ferme donc ta goule, qu’elle m’a répondu, tu vas bien apprendre comme tout le monde. T’as qu’à être déjà bien à l’heure pour l’embauche et la débauche et à bien écouter pour faire tout ce qu’il te dira. Pour peu que tu sois pas chien sur l’huile de coude, ça ira bien.

    Je n’osais plus rien dire. Grand-mère est restée comme ça à penser et puis elle a dit :

    — Surtout, il ne faut pas dire que tu as peur de pas savoir faire. Monsieur le maire pourrait croire que tu n’es pas content d’avoir un travail et ça ne se fait pas de discuter quand on nous fait un cadeau comme ça. Un cheval donné, on ne regarde pas la bride.

    Après manger, je suis allé dans le parc de la mairie, derrière la bibliothèque municipale, pour pouvoir réfléchir. J’aime bien être là pour réfléchir comme il faut. C’est un joli petit parc, pas très grand, mais avec des chants d’oiseaux et un bassin pour les poissons rouges. Je me suis assis sur un banc vert à côté du bassin et j’ai regardé les poissons qui jouaient à manger les reflets du soleil.

    Je sais bien ce que tout le monde pense, même monsieur le maire, mais je ne suis pas si idiot que ça. Je sais bien que si le docteur Chaumont ne m’avait pas fait avoir la carte des handicapés, le maire ne m’aurait pas pris à la mairie. Parce que ça lui coûte moins cher au maire de me prendre avec la carte. Il est gentil le docteur Chaumont. C’est le président de la fanfare. Quand Papa était encore vivant, il jouait dans la fanfare de la ville. Il était drôlement fort. Il jouait de plein d’instruments. Moi, il m’a fait apprendre le tuba. Maintenant, je joue aussi dans la fanfare tout à l’arrière avec les tambours et la grosse caisse. Et souvent le docteur Chaumont, il vient me voir, pour me demander si tout va bien. J’aimerais bien savoir pourquoi il m’aide comme ça, parce que Papa, il disait toujours qu’il n’aimait pas le docteur Chaumont, que ce n’était pas quelqu’un de bien. C’est ça que je voudrais bien comprendre.

    Alors hier, dans le parc de la mairie, j’ai pris une décision. Je me suis levé pour retourner dans la bibliothèque. Pour une fois, je ne suis pas allé chercher un nouveau livre. Cette fois-ci, je suis allé tout droit dans la pièce du fond. Madame Renard était là. Elle aussi elle est gentille madame Renard. Souvent je viens la voir et on parle tous les deux.

    Au début, quand je venais, madame Brossac, la dame de la bibliothèque, m’embêtait toujours. À chaque fois, c’était la même chose. Je ne devais pas prendre n’importe quel livre. Pour les gens comme moi, il y avait le rayon enfant. Elle ne voulait pas que je prenne les beaux livres avec de grandes histoires parce qu’elle disait que je ne comprendrais pas. J’étais toujours obligé de laisser les livres que j’avais choisis et de partir avec ceux qu’elle me donnait. Même les enfants, ils ne voulaient pas de ceux qu’elle me donnait. Et puis un jour, madame Renard s’est trouvée en même temps que moi avec madame Brossac. Elle s’est fâchée tout rouge.

    — Mais c’est scandaleux ce que vous faites. Qu’en savez-vous de ce qu’il peut comprendre, de ce qu’un livre peut lui apporter ?

    Madame Renard est souvent dans la salle du fond. Elle écrit des livres savants et elle est professeur. Madame Brossac n’a pas su quoi dire. Depuis, je peux prendre les livres que je veux et madame Renard me demande souvent de venir la voir pour lui dire comment j’ai trouvé un livre, ce que j’ai aimé. Des fois, elle m’emmène dans les rayons et elle me conseille des livres. Il n’y a qu’une chose que je n’ai pas osé lui demander. J’aimerais bien un jour lire un livre qu’elle a écrit, mais je n’en ai pas trouvé dans la bibliothèque et ils doivent être bien trop durs pour moi.

    Hier, madame Renard était là, avec ses cheveux blonds presque blancs et des petites lunettes rigolotes, comme s’il n’y avait que la moitié des verres. Mais elles sont entières. Elle m’a expliqué qu’elle mettait des lunettes comme ça pour lire parce que ses yeux sont fatigués en vieillissant. Quand je suis entré dans la pièce, je me suis assis sans rien dire à la table, en face d’elle, et j’ai attendu qu’elle lève la tête pour ne pas la déranger dans son travail, comme je fais d’habitude. Je n’ai pas eu besoin d’attendre. Elle m’a fait un grand sourire :

    — Bonjour Barnabé. Quoi de neuf aujourd’hui ? Tu as choisi un nouveau livre ?

    — Non, je voulais juste vous demander quelque chose.

    — Je t’écoute.

    — Voilà. Monsieur le maire m’a donné un travail. Bientôt, je serai fonctionnaire municipal. C’est comme ça qu’il me l’a dit.

    — Toutes mes félicitations. Je suis heureuse pour toi.

    — Alors voilà, je me suis dit qu’un fonctionnaire, c’est quelqu’un d’instruit. Et comme maintenant je suis fonctionnaire, j’ai décidé que je voulais écrire un livre. Oh, pas comme vous, pas un livre aussi intelligent, mais un livre à moi. Mais je ne suis pas très fort pour écrire, je fais plein de fautes. Alors je me suis demandé si vous ne seriez pas d’accord pour corriger mes fautes, quand j’aurai fini. Enfin, vous voyez ce que je veux dire.

    — Mais c’est une merveilleuse idée, ça, Barnabé. Bien sûr que je veux bien t’aider. Je serai même très fière si tu réussis. Tu sais, tout le monde n’est pas capable d’écrire un livre.

    — Mais il ne faudra pas changer ce que j’ai écrit, hein ! Juste corriger mes fautes.

    — Je te le promets.{1}

    Je suis ressorti heureux. Maintenant, je sais que je vais pouvoir écrire ce que j’ai envie sur ma vie, sur Montdunon, sur les gens et puis sur ce que je sais. Car j’en sais des choses. Bien plus que les gens ne croient. Et je suis sûr qu’il y en a certains qui ricanent, qui me moquent aujourd’hui. Mais ils riront beaucoup moins quand ils auront lu mon livre. Ah ça oui, c’est sûr ! Ils riront beaucoup moins quand ils verront passer Barnabé…

    2 – Une chouette citrouille

    J’ai trouvé une chouette. Qu’est-ce qu’elle est mignonne ! On dirait un bébé. Elle a de toutes petites plumes. Elle était cachée derrière un buisson, sous le grand chêne au fond du parc de la mairie. En ce moment, c’est souvent là que je travaille. D’après monsieur Dubard, au printemps et en été, il y a surtout des choses à faire dans le parc, comme ramasser les papiers, tondre la pelouse, tailler les buissons et plein d’autres choses. Mais moi, je ne fais pas tout ça. Monsieur Dubard a dit qu’on verrait ce que je sais faire et pour l’instant, il dit que ce n’est pas grand-chose. En attendant, je ramasse

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