Retour aux sources
Après un dernier virage, le village apparut, dressé sur son roc entouré de verdure. Le soleil était à son zénith et caressait les pierres des façades des vieilles maisons coiffées de tuiles rose ocré. Laurène gara sa voiture sur la place devant l’église, coupa le contact et sortit. Pas âme qui vive. Pas une voix pour brouiller le chant des cigales et des oiseaux. Le village semblait endormi. C’était l’heure de la sieste. Laurène sourit. Elle était chez elle et les souvenirs remontaient. Elle se revoyait avec Eric, Manu, Chloé et Rémi, en train de bavarder, riant, assis sur le muret où un gros matou rouquin prenait le soleil, les yeux clos. A l’époque ils avaient 10 ans et leurs jambes grêles pendaient dans le vide. Manu, le plus nerveux des cinq, les balançait de gauche à droite en raclant le talon de ses baskets contre la pierre.
Elle sortit sa valise à roulettes et la traîna sur la terre battue jusqu’à la ruelle pavée menant à la maison paternelle. Quand on apprendrait son retour, les langues iraient bon train. Elle n’était même pas venue pour l’enterrement de son père. Devant la porte de la maison, elle sortit la clé que lui avait remise le notaire. En face, un voilage bougea à l’une des fenêtres. Voilà ! Avec Momo, dans une heure tout le monde saura que je suis là, songea Laurène en enfonçant la clé dans la serrure. Momo tenait la boulangerie. Il y faisait du bon pain, mais il avait la langue la plus pendue du village et l’œil fureteur. Pas un ragot, une dispute ou un chagrin ne lui échappait. Elle irait le saluer plus tard en achetant du pain et en profiterait pour savoir où en était la vie au village.
Laurène poussa la porte de la boulangerie.
Le son aigrelet du carillon retentit. Une bonne odeur de pain chaud vint lui chatouiller les narines. Momo était derrière son comptoir à attendre les clients.
– Tiens, une revenante. Bonjour ma petite Laurène ! On ne croyait plus te voir au village.
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