Le bagage du passé
Amélia fouillait nerveusement dans son sac à main.
– C’est pas vrai ! dit sa sœur qui s’impatientait.
Amélia cherchait la clé de la maison de leur grand-mère. Fermée depuis près de dix ans, il était temps d’y mettre de l’ordre avant la mise en vente.
Juliette bouillonnait. Il y avait toujours tellement de bazar dans le sac d’Amélia ! Le sien ne contenait que le strict nécessaire – elle aimait l’ordre.
– Voilà ! Je l’ai cette fichue clé, inutile de t’énerver, madame parfaite. Je disais donc : ils sont arrivés par le chemin, grand-mère me l’a raconté un peu avant de mourir, dit-elle à Juliette, continuant la conversation commencée dans la voiture.
– Elle t’a dit d’où ils venaient ?
– De la route, c’est tout ce qu’elle savait. C’étaient des Italiens.
– Tu veux dire qu’ils ont marché pendant des kilomètres. On est loin de tout ici.
– Oui. Et la femme était enceinte. Grand-mère a ajouté « jusqu’aux yeux ».
– Ils cherchaient seulement un endroit où mettre au monde le bébé ?
– C’est cela. Grand-mère a aidé la femme à accoucher et quelques jours plus tard, ils sont repartis comme ils étaient venus avec leur petite fille.
La clé manqua de se casser quand elle la tourna dans la serrure rouillée, mais ce n’est pas pour autant que la porte s’ouvrit ensuite. Les gonds eux aussi étaient rouillés et le bois avait gonflé. Les deux sœurs mirent toutes leurs forces en poussant de l’épaule. Enfin, elle céda.
– Je me suis parfois demandé si grand-mère n’avait pas inventé cette histoire, poursuivit Amélia en ôtant avec une moue de dégoût une toile d’araignée de sa longue chevelure mordorée. Elle vivait seule dans cette baraque isolée depuis la mort de grand-père sur le front. Elle disait qu’elle avait pratiquement perdu la notion du temps et qu’elle a fait une sorte de dépression nerveuse.
– Maman dit qu’on ne saura jamais la vérité et que ce
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