Abstentionnisme: Voix silencieuses

Par Fouad Sabry

L'abstentionnisme offre un aperçu approfondi d'une stratégie politique unique qui a façonné la politique irlandaise pendant plus d'un siècle. En se concentrant sur le refus du Sinn Féin de siéger au Parlement britannique, le livre examine comment cette stratégie a évolué du XVIIIe siècle à nos jours. Il offre un aperçu de l'intersection entre la légitimité, la souveraineté nationale et les limites de la participation parlementaire. Pour les passionnés de politique et les universitaires, le livre met en lumière une stratégie qui remet en question l'engagement démocratique conventionnel.

Aperçu des chapitres :

1 : Abstentionnisme – Présente les origines et l'importance de l'abstentionnisme dans le républicanisme irlandais.

2 : Second Dáil – Examine comment l'abstentionnisme a influencé la création du Second Dáil.

3 : Membres du 1er Dáil – Se concentre sur les premiers représentants abstentionnistes du Sinn Féin.

4 : Légitimisme républicain irlandais – Explore le rôle de l'abstentionnisme dans la poursuite de l'indépendance irlandaise.

5 : Politique en Irlande du Nord – Examine l’impact de l’abstentionnisme sur la scène politique nord-irlandaise.

6 : Chef de l’opposition (Irlande du Nord) – Examine l’effet de l’abstentionnisme sur le leadership en Irlande du Nord.

7 : Élections générales britanniques de 2010 (Irlande du Nord) – Analyse la manière dont l’abstentionnisme a influencé le résultat des élections.

8 : Élections générales britanniques de 2005 (Irlande du Nord) – Examine les élections précédentes liées à la position abstentionniste du Sinn Féin.

9 : Élections de l’Assemblée d’Irlande du Nord de 2017 – Discute de l’influence de l’abstentionnisme dans l’élection cruciale de 2017.

10 : Élections générales britanniques de 2017 (Irlande du Nord) – Examine le rôle de l’abstentionnisme dans une autre élection clé.

11 : Sinn Féin – Retrace l’évolution du Sinn Féin et sa stratégie d’abstention parlementaire.

12 : SDLP – Compare la stratégie de représentation du SDLP avec l’abstentionnisme du Sinn Féin.

13 : Gerry Fitt – Se concentre sur l’opposition du fondateur du SDLP, Gerry Fitt, à l’abstentionnisme.

14 : Republican Sinn Féin – Discute de la position abstentionniste radicale du parti républicain Sinn Féin.

15 : South Down Constituency – Examine l’histoire électorale abstentionniste de South Down.

16 : Alasdair McDonnell – Dresse le profil du politicien du SDLP qui s’est opposé à l’abstentionnisme du Sinn Féin.

17 : Sinn Féin History – Revue de l’histoire du Sinn Féin, en mettant l’accent sur l’identité abstentionniste.

18 : Cahir Healy – Chronique de l’influence abstentionniste de Cahir Healy du Sinn Féin.

19 : Élections générales britanniques de décembre 1910 (Irlande) – Examine le rôle de ces élections dans la montée du Sinn Féin.

20 : Élections générales britanniques de 2019 (Irlande du Nord) – Met en évidence l’effet des dernières élections sur l’abstentionnisme.

21 : Prochaines élections à l’Assemblée d’Irlande du Nord – Examine l’évolution possible de l’abstentionnisme lors des prochaines élections.

• Langue: Français
• Éditeur: Un Milliard De Personnes Informées [French]
• Date de sortie: 16 oct. 2024

Aperçu du livre

Chapitre 1 : Abstentionnisme

L'abstentionnisme est la pratique qui consiste à se présenter aux élections d'une assemblée délibérante, mais en même temps à refuser d'occuper les sièges gagnés ou à participer aux activités de l'assemblée d'une autre manière. La différence entre l'abstentionnisme et le boycott des élections, c'est que les abstentionnistes participent en fait à l'élection elle-même. Entre le début du XIXe siècle et nos jours, les mouvements politiques républicains irlandais en Irlande et au Royaume-Uni ont utilisé le concept d'abstentionnisme. Dans les années 1860, il a également été utilisé par les nationalistes de Hongrie et de la République tchèque alors qu'il siégeait au Conseil impérial autrichien.

Dans le contexte des efforts de l'Empire autrichien pour réprimer la révolution hongroise de 1848, la Diète hongroise a été supprimée.

À la suite de l'adoption de l'Acte d'Union en 1800, l'Irlande a obtenu un siège à la Chambre des lords et à la Chambre des communes du Parlement britannique, qui était l'organe législatif du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande. Un nombre important de nationalistes irlandais avaient pour objectif d'abroger l'Acte d'Union.

En 1845, une motion fut présentée au comité de l'Association pour l'abrogation, demandant à tous les membres irlandais du parlement (MP) de quitter Westminster. Thomas Osborne Davis, membre du mouvement Young Ireland, est celui qui a été le premier à avancer l'idée. Néanmoins, la commission était d'avis que les membres du Parlement qui étaient déjà en fonction ne pouvaient pas démissionner sans violer le serment d'entrée en fonction qu'ils avaient prêté lors de leur élection. Sur cette base, Jeremiah O'Donovan Rossa (en 1870) et John Mitchel (deux fois en 1875) furent élus aux élections partielles dans Tipperary ; O'Donovan Rossa était incarcéré au moment de son élection, tandis que Mitchel vivait en exil.

Kickham eut l'idée d'organiser une « grande conférence nationale » au cours de laquelle les membres irlandais du parlement seraient invités à quitter Westminster. Lors de la convention de la Home Rule League (HRL), Charles Guilfoyle Doran présenta une motion qui était d'accord avec cette proposition, et elle fut finalement approuvée. L'approche obstructionniste, qui comprenait l'utilisation de l'obstruction systématique, était une alternative à l'approche abstentionniste. À partir de la fin des années 1870, il s'agissait d'une pratique qui était pratiquée par la HRL et son successeur, l'IPP, qui était dirigé par Charles Stuart Parnell.

La « politique Sinn Féin » d'Arthur Griffith, conçue entre les années 1905 et 1907, a exhorté les députés irlandais à s'abstenir d'assister à Westminster et à participer à un parlement parallèle à Dublin.

Bien que d'autres partis aient pu conclure un accord avec l'État du Sud, l'Irlande du Nord n'en faisait pas partie.

Un certain nombre d'organisations ont choisi de s'abstenir de voter dans l'une ou l'autre des juridictions ; D'autres ont choisi de s'abstenir de voter ; D'autres n'ont pas participé à certains organismes, mais l'ont fait dans d'autres.

Tout au long de l'histoire du républicanisme, l'absentéisme a souvent été un sujet controversé.

Le traité anglo-irlandais de 1921 est le document qui a formé l'État libre d'Irlande, les parlementaires de l'État libre sont tenus de prêter serment d'allégeance, tandis que l'Irlande du Nord a la possibilité de se retirer de l'accord.

Le traité a divisé le Sinn Féin, en particulier en ce qui concerne le serment plutôt que la « partition », en conséquence, la guerre civile irlandaise a eu lieu.

En 1970, lors de son Ard Fheis, qui est sa convention annuelle, le Sinn Féin s'est à nouveau divisé sur la question de savoir s'il fallait ou non inverser sa politique de longue date de refus de siéger au Dáil Éireann.

La scission a créé deux partis se faisant appeler « Sinn Féin ».

Le parti anti-abstentionniste était connu sous le nom de Sinn Féin « officiel ».

Il a changé son nom en « Sinn Féin the Workers Party » (SFWP) et a remporté un siège au Dáil lors des élections générales de 1981, ce dont il avait besoin.

L'année suivante, il abandonne le « Sinn Féin » de son nom pour devenir le « Parti des travailleurs ».

Le parti abstentionniste a d'abord été appelé Sinn Féin « provisoire », mais après 1982, il a été simplement connu sous le nom de « Sinn Féin » ; Il continue de s'abstenir d'accepter des sièges qui ont été gagnés quelle que soit l'institution.

Le Sinn Féin s'est scindé en 1986, en 1970, sur la question de savoir s'il devait siéger au Dáil Éireann.

C'est Gerry Adams qui a dirigé le groupe plus important qui a décidé de rejeter l'abstentionnisme, tandis que le Sinn Féin républicain (RSF), dirigé par Ruairí Ó Brádaigh, l'a conservé.

La première Teachta Dála du Sinn Féin fut Caoimhghín Ó Caoláin, candidat de Cavan-Monaghan qui fut élu aux élections générales de 1997.

RSF a conservé la politique d'abstentionnisme du Dáil Éireann et de l'Assemblée d'Irlande du Nord.

Dans les années qui ont suivi la partition de l'Irlande, la majorité des partis non abstentionnistes de l'État du Sud ne se sont pas du tout organisés en Irlande du Nord. Une stratégie de non-reconnaissance du gouvernement d'Irlande du Nord a été mise en œuvre par le gouvernement provisoire de l'État libre d'Irlande au début de 1922. Cette approche a été perçue comme reflétant les intérêts des nationalistes d'Irlande du Nord. L'évêque catholique Joseph MacRory (qui devint plus tard archevêque d'Armagh et cardinal) indiqua au gouvernement provisoire que Joe Devlin et les membres de son parti voulaient entrer dans le nouveau Parlement d'Irlande du Nord, et craignaient que la politique de non-reconnaissance n'aboutisse à ce que les nationalistes nord-irlandais aient à « se battre seuls », mais son conseil fut ignoré. Il y a eu des cas sporadiques de participation du SDLP au Forum d'Irlande du Nord au cours des années 1996-1991.

Le Sinn Féin a adopté la « stratégie de l'Armalite et des urnes » en 1981, en plus des premières élections compétitives de l'ère moderne en Irlande du Nord, qui ont eu lieu en 1982 pour l'Assemblée, à laquelle ils n'ont pas participé.

En 1983, les Ardfhei ont décidé de participer au Parlement européen, de la même manière que les Ardfhei l'ont fait pour les élections locales de 1985.

Le Sinn Féin s'est abstenu lors du Forum d'Irlande du Nord.

Suite à la mise en œuvre de l'accord du Vendredi saint en 1998, cela a conduit à la formation de l'Assemblée d'Irlande du Nord, le SDLP et le Sinn Féin ont tous deux pris leurs sièges dans cet organe.

Au fil des ans, les membres du SDLP ont conservé leur siège à Westminster, contrairement aux députés du Sinn Féin, parce qu'ils ne sont pas disposés à y siéger.

Les députés du Sinn Féin estiment que les institutions politiques britanniques ne devraient pas jouer de rôle dans la gouvernance du peuple irlandais, en leur qualité de membres du Parlement, elles ne devraient pas prendre de décisions au nom du peuple du Royaume-Uni.

La question de savoir s'il se présentera ou non aux élections à Westminster n'a pas été mise en évidence.

Le Sinn Féin républicain poursuit sa longue politique d'abstentionnisme.

Sur le territoire de l'Irlande du Nord, il ne s'agit pas d'un parti enregistré, D'autre part, les membres se sont présentés aux élections de l'Assemblée en tant que candidats indépendants.

Lorsque Saoradh, un parti républicain qui est dans l'opposition, a commencé ses activités en 2016, il n'était pas encore décidé s'il se présenterait ou non aux élections, cependant, il a déclaré qu'il ne prendrait aucun siège gagné à Stormont, quel que soit le cas, Leinster House, souvent connu sous le nom de Westminster.

L'anarcho-communiste de Glasgow Guy Aldred était l'un des individus de ce groupe, qui a conseillé au politicien socialiste écossais John Maclean d'adopter la « tactique du Sinn Féin » lors des élections générales de 1918 au Royaume-Uni, faisant référence à un passage de La guerre civile en France dans lequel Karl Marx affirmait que « la classe ouvrière ne peut pas simplement s'emparer de l'État prêt à l'emploi machines », ainsi que de l'utiliser pour ses propres objectifs ».

Sur la base d'un programme abstentionniste, Aldred suggéra que des candidats communistes soient présentés aux élections, soulignant que :

Les candidats qui réussissent ne sont pas autorisés à se présenter au Parlement ; ils resteraient plutôt dans leurs circonscriptions respectives jusqu'à ce qu'ils aient atteint le quorum. Une fois qu'ils ont atteint le quorum, ils forment une assemblée en affirmant qu'ils ont le droit de représenter le district qui les a élus. En conséquence, une structure à double autorité est créée. qui a le potentiel de se propager comme une traînée de poudre, tout comme le font ces inventions, et finalement de constituer une menace pour