Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Des adieux à la nuit
Des adieux à la nuit
Des adieux à la nuit
Livre électronique182 pages2 heures

Des adieux à la nuit

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

"Des adieux à la nuit" est une autobiographie dans laquelle Fabian Sorel partage sa vision de l’humanité. Il se présente sous les traits d’un randonneur moderne qui a vécu plusieurs expériences surprenantes comme se perdre dans les forêts d’eucalyptus, marcher sur les pas des pèlerins espagnols ou encore se lier d’amitié avec un mafieux turc. En tant qu’insatiable baroudeur, il savoure pleinement les beautés de la nature malgré les troubles psychiques qui freinent ses élans de découvertes. Loin d’être un simple récit de ses aventures, cet ouvrage est une ode profonde à la vie et à l’amour.




À PROPOS DE L'AUTEUR

Les lectures de Fabian Sorel l’ont poussé à passer de simple spectateur à acteur de la nature humaine primaire. Animé par le besoin d’agir, il a décidé de partager son expérience d’auteur en mettant des mots sur ses maux à travers cette œuvre.
LangueFrançais
Date de sortie17 juin 2024
ISBN9791042231484
Des adieux à la nuit

Auteurs associés

Lié à Des adieux à la nuit

Livres électroniques liés

Biographique/Autofiction pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Des adieux à la nuit

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Des adieux à la nuit - Fabian Sorel

    Chapitre 1

    Radicelles

    Enfance aventureuse

    « Alors du coup, Fabian, tu as toujours voyagé ? »

    « Euh… Alors non. Euh, si. Enfin oui et non… Aaah je ne sais pas en fait ! »

    Ceci est un exemple de scène banale de ma vie quotidienne lorsque je commence à parler de moi. Mes interlocuteurs me questionnent régulièrement quant à l’origine de mon goût du voyage, mon attirance du risque et surtout de cette habitude à oser.

    Mais généralement, je ne sais pas vraiment quoi leur répondre ! J’ai envie de leur parler de mon enfance et de mon adolescence, des chapitres clés où beaucoup de choses se sont jouées pour moi…

    « Eh bien, oui, d’une certaine façon, j’ai vécu, j’étais jeune, mais moins que ce que je pensais à ce moment plus ou moins précis, car avant d’être jeune j’étais vieux, ou pas, et…

    Il faut dire que j’ai l’esprit embrumé. Embrumé par tout ce qui s’est passé et par ce que je redoute.

    Les peurs peuplent le monde, et la peur, elle, peuple mes différents mondes…

    Dans ma tête, mes souvenirs sont confus et m’apparaissent comme une vaste vague à la fois déferlante et stagnante.

    Alors, afin de transmettre un héritage, aussi humble soit-il, je m’en suis remis à mes parents ainsi qu’à mes deux grands frères afin d’obtenir des réponses à mes questions ainsi que des souvenirs à raconter…

    Un jour, alors que je marchais paisiblement dans un vaste bois proche de Brocéliande, je rencontrai un grand monsieur à l’étrange allure.

    Il était vêtu d’écorce et de lichen, et me regardait avec ses grands yeux de pollen encore fleurissant.

    « Qui es-tu, toi ? » me demanda-t-il.

    « Ah, on ne va pas commencer avec les questions qui fâchent ! » lui répondis-je.

    « Qui suis-je, que fais-je, pourquoi… J’en ai marre de répondre à tout ça. Tu ne veux pas me demander quelque chose d’autre ?

    Soudain, mon esprit s’est retourné. À l’image d’une crêpe qui saute un jour de Chandeleur… !

    Comment diable connaissait-il ma phrase fétiche ? Qui était-il pour me connaître si bien, et en plus, en quelques secondes ? Définitivement, ce bonhomme de bois était vraiment intéressant. Je décidai donc de poursuivre ma conversation avec lui…

    « Je suis d’accord avec ce que tu me dis là.

    OK. Je parle à un arbre qui vient de me baisser le pantalon et de me foutre une fessée à la fois philosophique et monumentale. On peut dire que la suite, elle promet !

    « Bon, je suis égoïste. Soit. Et après ?

    Ouh là là là là là là là…

    « Tu es donc un sage ?

    Je n’avais jamais vraiment parlé de mon enfance à quelqu’un, et encore moins à un inconnu ! Pourtant, malgré ce doute évident, je ne pouvais m’empêcher de désirer ce récit. Ce récit que j’allais entreprendre. Entreprendre moi-même !

    Bon, du coup, j’ai décidé de m’asseoir à côté du vieil arbre… Ce n’était certainement pas comme s’il allait partir en vadrouille de sitôt ! Confortablement installé dans le creux de ses racines, j’hésitai à m’assoupir lorsqu’un souvenir me traversa l’esprit à une vitesse fulgurante.

    J’allais donc me questionner au sujet de son origine lorsque Papy Écorce prit la parole.

    « Tu ne croyais tout de même pas que tu allais oublier ça ? »

    Je ne répondis rien.

    « Selon moi, il s’agit d’un de tes souvenirs les plus importants, les plus essentiels. C’est le jour où tu as connu la mort pour la première fois. Cette mort, qui est devenue et qui…

    Mes parents aimaient et aiment toujours beaucoup vadrouiller. Ma mère, d’origine parisienne, a pendant longtemps pratiqué de nombreux sports d’aventure et a même gravi le Mont-Blanc avant ses vingt ans.

    Mon père, né dans la ravissante secrète vallée du Diois, a toujours fréquenté les montagnes et été très sportif grâce à son propre père, alors garde forestier.

    Et aussi loin que je puisse me souvenir, ils ont toujours eu en leur possession un vieux fourgon aménagé pour nous emmener mes frères et moi un peu partout en France.

    J’ai ainsi accès à une enfance de nature généreuse, de mystère sauvage et de culture curieuse.

    Nous découvrons ensemble les plages méditerranéennes et l’océan, les grottes de la Lozère et les grands fleuves français, les vastes forêts du Jura et les cerfs de la Loire…

    À ce moment-là, mes parents ne sont en aucun cas des nomades, car ils ont chacun leur travail fixe et mes deux frères et moi allons à l’école. En revanche, à la première opportunité qui se présente, bim ! On part ! Nos affaires précieuses sont limitées à la contenance d’un petit sac en tissu jaune ainsi qu’à tout le barda que se coltine notre bon vieux camion sur le dos : vélos, cible de tir à l’arc, matériel d’escalade et de « via ferrata », maillots de bain et bouées… Bref, un véritable arsenal pour les p’tits aventuriers que nous sommes !

    En fonction des gens que nous rencontrons, nous semblons être des vagabonds sans objectif ou bien des explorateurs à l’emploi du temps bien précis. Il faut dire que cette ambivalence est due aux deux pôles qui entouraient nos voyages, à savoir mon père et ma mère.

    Mon père est le conducteur, le mécano, le bricoleur, mais aussi celui qui ose… Combien de fois nous as-tu emmenés explorer des cavernes intrépides, papa ? Combien de fois nous as-tu montré tel oiseau, telle vipère, tel type de rocher ?

    Quant à ma mère, elle est à la fois la grande logisticienne et la guide touristique. Elle ne manque pas un musée à visiter, pas une forêt où dormir, pas un sommet à atteindre… Avec elle, on ne s’ennuie jamais, sauf bien sûr lorsque l’ennui est prévu sur notre planning.

    C’est par la nature et le sauvage que nous avons appris, mes frères et moi, à vivre et même un peu à survivre ou à « sur » vivre ?

    La survie est toujours placée en dessous de la vie, comme si vivre tous les jours ne relevait pas du challenge et du défi extrême. Nous sommes cachés dans nos maisons de ciment, dégustant notre cuisine de plastique et patientant que le ciel ait fini de pleurer pour fouler le goudron de nos pieds enveloppés. Serait-ce donc ça, la vie ? Plus aucun contact avec la nature originelle, si ce n’est par quelques images que l’on découvre jalousement à travers un écran ?

    Et puis quand on parle de survie, on imagine aussitôt une personne solitaire qui traverse des climats hostiles avec son barda à la pointe de la technologie, bravant les dangers pour chasser, pêcher et ainsi durer plus longtemps pour découvrir de nouvelles contrées jusqu’alors inexplorées…

    Mais supposons que nous ayons tort et que ce n’est pas la seule possible vision des choses.

    La survie, ça peut simplement être du plaisir, une sorte de jeu même. Il suffirait, au lieu de balayer du regard les plaines et les montagnes, d’aller les caresser du pied. Au détour des rues d’une ville, aller explorer la cathédrale qui se présente un peu plus loin. Et quand on croise quelqu’un que l’on ne connaît pas, simplement oser croiser le regard de cette personne pour peut-être échanger quelques mots, quelques phrases, quelques heures avec elle. C’est ainsi que parfois, on peut en venir à croiser le chemin d’inconnus et à se surprendre soi-même.

    Et si la survie était, comme ses racines étymologiques l’indiquent, au-dessus de la vie ? Si c’était une meilleure façon de découvrir et d’apprendre ?

    C’est aussi par les Éléments qu’en tant qu’enfant j’apprends à me délecter de cette jeune vie pérégrine. La Terre, l’Eau, l’Air, et le Feu… Nous foulons la Terre par nos pieds, ces premières racines de chair qui nous relient à nos origines. Par les pieds, il faut canaliser et se recentrer. C’est la base, le socle. On pense souvent que la Terre permet la guérison, mais à condition de ne rien enfouir, car tout ce qui est enfoui est comme une graine qui finit par germer. Parfois, le germe devient plante, et la plante grimpante devient fleur de poison… Après ça, nous plongeons au cœur de l’Eau, qu’elle soit fraîche ou chaude, pour jouer avec l’inconsistance et l’abondance marquantes de cet élément au premier aspect fuyant et pourtant polymorphe : il peut se changer en glace comme en vapeur… L’Eau permet la sensibilité et la sensation des sentiments ainsi que des événements. Elle invite à l’intériorisation des émotions et, à l’image d’un flux sanguin, elle exerce l’analyse et l’introspection. Ensuite, nous partons à l’assaut des parois avec des cordes et des baudriers, afin d’être en équilibre entre terre et ciel. L’Air est alors notre meilleur ennemi… Tantôt attrayant, tantôt terrifiant, cet élément invite à l’expression des troubles, à l’extériorisation souvent orale et généralement éphémère des nœuds et des peurs. Enfin, nous nous reposons le soir autour d’un feu de camp, les yeux dévorant les flammes qui elles-mêmes dévorent les bûches de bois mousseux… Le Feu est l’expression ultime, il est l’aboiement intemporel de la jubilation et surtout il représente une capacité de destruction extrême. Détruire ses souvenirs malsains, détruire sa propre vie, détruire ses ennemis…

    Tous les Éléments sont extrêmement intéressants, mais n’en demeurent pas moins éternellement dangereux. Nous pensons les connaître, les comprendre, mais nous ne faisons que nous en approcher. À l’image d’une bête sauvage, nous nous en approchons, persuadés qu’elle est inoffensive et qu’elle nous comprend, jusqu’à ce que la surprise opère. Avec la lettre D – drame, douleur et difficile – ou avec la lettre E – étonnement, emmagasinage et évidemment –. Mais même tous les alphabets et les mots du monde ne suffiraient pas à résumer les infinies possibilités de lecture, d’interprétation et d’utilisations des Éléments.

    Ainsi, tous les cinq, nous explorons une grande partie de la France. Cette habitude qu’on a de bouger et de vadrouiller nous aide tous les cinq à goûter la vie ainsi qu’à en apprécier grandement la saveur…

    Les bosquets vert émeraude ne cessent de défiler le long de la route, cachant puis dévoilant de temps à autre des champs d’orge et de blé doré desquels s’envolaient des oiseaux aux plumes noires de pétrole. Le voyage se transforme en stroboscope infini où se confondent les lumières des saisons et les odeurs du pays dans une grande fleur, dont chaque pétale semble être une région et dont le cœur n’est rien d’autre que notre camion. Oui, j’ai beau savoir que notre planète tourne autour du soleil, je ne peux pas m’empêcher de croire que nous sommes le centre du monde et que celui-ci tourne autour de nous, à l’image d’un théâtre d’ombres chinoises.

    On m’enseigne à découvrir le monde par des yeux collectifs et familiaux ainsi qu’à affûter mon esprit de jeune garçon par la nature et le sauvage. Et comme dirait Mike Horn dans son ouvrage Objectif : Pôle-Nord de nuit : La nature est l’arbitre suprême.

    Mais à un moment donné, je suis tellement curieux que je ne peux m’empêcher de fuir pour découvrir… J’ai ce besoin de partir vite et loin pour dévorer, avaler, digérer et comprendre le monde. Brûle en moi un feu intérieur redoutable et inextinguible qui ravage toutes mes peurs sur son passage… Aussi, très rapidement, ma mère prend des mesures préventives et noue autour de ma taille une cordelette reliée à son poignet !

    Cette continuité du cordon ombilical dure pendant un certain temps, avant que j’apprenne à « voler de mes propres ailes » ou du moins avec davantage de précaution et de modération. Car à quoi servirait une escapade audacieuse vers le soleil si l’on s’en trouvait si proche que nos ailes brûleraient ? Je n’ai pas oublié le sort tragique d’Icare et la leçon qu’en a tirée son propre père, Dédale. Personne ne veut finir brûlé, que ce soit par la fougue enflammée de la vie ou les braises du passé que l’on regrette…

    Mais cette énergie solaire n’était pas venue à moi par la voie divine… Ma famille dispose de cette même foi magique.

    Et je me souviens d’un jour où, mes parents et moi, nous avons même visé un peu trop haut ! Notre objectif, pourtant facile de base, consiste alors à effectuer l’intégralité de la « via ferrata » du Pas de l’Échelle.

    Pour les non-initiés à la pratique, la « via ferrata » est un parcours aménagé dans la roche où l’on place ses pieds et ses mains sur des barreaux en métal et où un câble est en permanence relié à notre baudrier. Bien que parfois physique, peut-être même impressionnante, cette pratique n’a rien de réellement dangereux du moment que l’on respecte les consignes de sécurité.

    Ainsi, à l’âge de huit ans environ, mes parents m’emmènent dans cette aventure verticale quelque peu ambitieuse pour ma taille de l’époque. En effet, sur les panneaux à l’entrée du parcours, il est très clairement écrit qu’il faut avoir minimum dix ans.

    « Taïaut ! » s’exprime mon père avant de m’aider à

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1