Et si on reprenait tout depuis le début ?
Ouais, je suis né le 9 août 98, après la Coupe du monde. J’ai passé mon enfance dans l’Essonne, dans une ville qui n’était ni trop la campagne, ni trop la banlieue, dans une grande famille.
On était six enfants, il y avait du monde, du bruit, de la chamaillerie. C’était marrant! Il y avait une grosse effusion.
Et que voulais-tu devenir ?
Je kiffais l’idée de construire des choses dans lesquelles les gens pouvaient habiter. Et finalement, c’est un peu la même chose que ce que je fais. Je sais qu’il y a des œuvres dans lesquelles j’habite. J’ai l’impression que j’habite à l’intérieur de tout Emmanuel Carrère par exemple, ou Annie Ernaux, Constance Debré… Ce sont des gens qui m’ont marqué. Mais oui, je voulais être architecte.
Ça voulait dire quoi pour toi être un adulte ?
Avoir une espèce de liberté sincère, ne pas avoir de comptes à rendre, et ne pas dépendre de l’autorité des parents, de l’école. Je ne comprenais pas toutes les emmerdes qui viennent avec l’âge adulte. D’un seul coup, c’est se démerder tout seul.
Il n’y a plus personne pour te dire comment tu dois t’habiller le matin.
Ce regard critique envers toi-même vient de celui que ton père pouvait avoir sur toi ?
Oui, parce que mon père nous a appris à être très rigoureux, très dur avec nous-mêmes. Il nous a souvent pointés les détails qui n’allaient pas, mais seulement pour nous faire progresser. Il y avait moins d’exigence avec ma mère, alors qu’il y avait vraiment cette envie de nous pousser à faire plus et mieux. Aujourd’hui, on a tous des métiers extravagants et on est tous heureux dans ce qu’on fait, et je pense que c’est cette attitude de notre père nous a aidés à nous réaliser.
Et aujourd’hui tu sais qui tu es ?
Non, mais j’y travaille. J’ai compris que c’est un