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Skhan - Tribulations d’un artiste engagé et underground: La bascule du nouveau millénaire : de la musique à l’industrie musicale
Skhan - Tribulations d’un artiste engagé et underground: La bascule du nouveau millénaire : de la musique à l’industrie musicale
Skhan - Tribulations d’un artiste engagé et underground: La bascule du nouveau millénaire : de la musique à l’industrie musicale
Livre électronique274 pages3 heures

Skhan - Tribulations d’un artiste engagé et underground: La bascule du nouveau millénaire : de la musique à l’industrie musicale

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À propos de ce livre électronique

"Skhan - Tribulations d’un artiste engagé et underground" est un témoignage biographique relatif aux 40 ans de carrière d’un musicien français connu de l’underground et des milieux indépendants du second millénaire. Il dévoile les arcanes de l’industrie musicale, les coulisses du métier et des concerts, le tout agrémenté de nombreuses anecdotes fascinantes tirées de son journal de bord. Il s’agit ainsi d’un guide riche en enseignements et en expériences, destiné à tout artiste aspirant à devenir professionnel et plus largement à un public désireux de connaître l’envers du décor.




À PROPOS DE L'AUTEUR

Ismail Woolfenden est un artiste aux talents multiples. En tant que scénariste, acteur, danseur et musicien, il a contribué à la création de nombreuses œuvres artistiques. Son parcours atypique a nourri son inspiration, donnant naissance à des écrits variés, allant des scénarii aux chansons, en passant par des poèmes et des mémoires.
LangueFrançais
Date de sortie29 avr. 2024
ISBN9791042219864
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    Aperçu du livre

    Skhan - Tribulations d’un artiste engagé et underground - Ismail Woolfenden

    Préambule

    Nous sommes en avril 2022…

    Pendant plus d’une décennie, j’ai souhaité écrire ce que vous découvrirez dans cet ouvrage achevé fin 2023.

    Mais je me trouvais quelque peu confronté à un dilemme. Tout d’abord, depuis une dizaine d’années, mes premiers essais m’apparaissaient trop amers et sombres. Mes expériences douloureuses étaient encore trop fraîches et j’avais du mal à m’en extraire n’ayant pas encore fait les deuils incontournables qui permettent la prise de distance, le recul et la résilience.

    Ensuite, j’avais en tête d’écrire un chapitre qui se serait intitulé « Journal de bord d’un capitaine de tournées de concerts », mais la longue liste de concerts, jusqu’à 5 par semaine, aurait été fastidieuse à outrance et pas toujours captivante non plus pour le profane.

    De plus, mon idée de départ m’obligeait à écrire une partie totalement autobiographique afin que le lecteur puisse comprendre les tenants et les aboutissants de ces tournées. Cependant, cela aurait été incomplet et trop épars ou, alors, bien trop long, lourd et même hors sujet puisque mon but initial est d’ouvrir les coulisses d’un pan de ma profession de musicien dans ce document.

    Bref, j’écrivais des morceaux de-ci de-là, parfois de plusieurs dizaines de pages, mais je n’étais jamais satisfait de la direction que cela prenait.

    Jusqu’à ce jour de 2021, où un éditeur m’offrit un contrat d’édition pour mon précédent ouvrage « Poésies nomades et autres histoires » que je lui avais soumis.

    Comme par enchantement, je trouvais enfin l’angle d’approche pour celui-ci et cela amena une fluidité dans mon travail d’écriture et mon récit.

    Cet angle m’apparut tandis que je pensais aux quelques interventions pédagogiques que je fis pour partager mes savoirs dans le cadre des formations de management d’artistes.

    J’étais ainsi intervenu de temps en temps au CIFAP (organisme de formations) ou pour des associations qui désiraient proposer ce type d’atelier pour les musiciens et autres artistes.

    En fait, l’ironie de la situation est qu’ayant fait, dans ma carrière de « self-made-man », tout ce qu’il ne faut pas, j’étais à même de bien illustrer ce monde, ses fonctionnements et protocoles et quelques de ses coulisses.

    Et surtout, il m’apparut évident que je suis de la génération de ceux qui ont connu cette période charnière : trop tard pour bénéficier du monde d’avant, avec la place suffisante pour tous et la souplesse de ses modes de fonctionnement, et trop tôt pour bénéficier du monde d’après, avec toutes ses technologies et sa grille de procédure en dehors desquelles on ne peut rien faire ou presque, à moins d’être rentier ou Spartiate !

    Ainsi, sous le prétexte de dévoiler les coulisses de ma carrière professionnelle durant ce passage du monde du second millénaire au troisième, je suis tour à tour obligé d’éclairer certains aspects de ma biographie pour une bonne compréhension des faits, ou encore de raconter mille et une anecdotes qui permettent de bien appréhender les situations parfois complexes et bien souvent rocambolesques.

    De plus, je ne voulais pas tomber dans le règlement de compte revanchard bien que certaines mésaventures que je relate ici puissent à tort donner cette impression.

    Il n’en est rien, car je suis en paix avec tout ce passé parfois douloureux et même très blessant. Mais seulement, je me devais, pour un partage authentique, de préserver une certaine qualité émotionnelle usant par conséquent parfois d’écrits antérieurs afin d’être bien immergé dans le contexte et ainsi restituer au mieux mon ressenti de l’époque.

    C’est pour cela que la traversée de certains moments se fera avec recul et détachement et pour d’autres avec un peu plus de turbulences.

    Quoi qu’il en soit, ce récit a plusieurs buts :

    – Divertir le lecteur tout en lui faisant découvrir un univers qui échappe à ceux qui ne fraient pas avec la sphère musicale,

    – Informer le lecteur éventuellement désireux de devenir artiste professionnel et lui apporter, via mon expérience, quelques clés en répondant notamment à des questions qui me furent souvent posées en stage de management d’artiste,

    – Raconter un peu de ma vie qui, et je dis cela avec un total détachement, a été si particulière, atypique, voire romanesque, selon un ami que j’apprécie,

    – Et puis aussi me délester de certains poids en raison de vécus qui m’ont parfois sidéré tant dans le négatif que dans le positif. Il s’agit d’un besoin de partager une partie de mes expériences en espérant que cela pourra être utile maintenant ou pour les générations futures c’est-à-dire pour mes enfants au moins.

    Pendant dix années, tandis que je partageais de temps en temps certains détails de mes projets, mes interlocuteurs m’affirmèrent être plus qu’intéressés par la lecture et la découverte de ce récit hybride et j’avoue que c’est en partie grâce à cela que je me suis accroché, attendant patiemment ce déclic tant espéré.

    Bien sûr tout cela n’est pas exhaustif, et j’ai dû tailler dans le vif pour ne raconter que ce qui me semblait le plus important, intéressant ou émouvant. J’ai laissé de côté tout ce qui me semblait trop compliqué à expliquer, rébarbatif ou pas assez représentatif de ce que mes collègues et moi avions pu traverser.

    J’ai bien évidemment tronqué et modifié certains noms, notamment de personnes avec lesquelles on pourrait croire que je règle mes comptes. Je n’ai aucune volonté de revanche ni d’humiliation vis-à-vis de ceux qui m’auraient abusé ou blessé. Je suis en paix et je leur pardonne, non pas parce qu’ils méritent mon pardon, mais parce que je mérite la paix et la sérénité maintenant que j’ai (largement) dépassé le demi-siècle ! De plus, il est évident que ceux qui ont entravé ma route m’ont certes empêché d’avancer, mais ils ont finalement eux aussi beaucoup perdu, en temps, en argent, en reconnaissance, en amitié, etc. De plus, ils sont probablement responsables de la perte de tout ce que j’avais à offrir, à eux comme au public (à l’exception de mes proches) et je n’aimerais pas être à leur place.

    Une chère amie aime répéter qu’on ne peut obliger les gens à comprendre, car cela relève du libre arbitre et que c’est par l’expérimentation que l’on intègre réellement les données. Je ne peux toutefois m’empêcher d’espérer que ce recueil d’informations et d’expériences concrètes, effectivement vécues et intégrées, puisse servir à beaucoup d’autres.

    Je vous souhaite bonne lecture donc, et la bienvenue dans mon univers passé, présent et peut-être à venir…

    Une introduction capitale et incontournable :

    Pour mieux appréhender le récit ci-après, il me faut livrer la base, autobiographique, qui est à l’origine de ma carrière artistique.

    J’ai toujours ressenti quelque chose de profond, de lumineux, d’admirable pour la musique qui m’a sauvé la vie d’une certaine manière. Elle était, durant mon enfance très difficile, la seule chose qui me donnait envie de continuer à vivre sur cette planète qui me stupéfiait et me sidérait tant tout m’y apparaissait complètement fou et malade !

    Ainsi dès l’âge de trois ans, je décrétai qu’une fois adulte, je serai chanteur. Je chantais tout le temps que ce soit pour me protéger des « monstres qui vivent dans le noir » si on m’envoyait dans le jardin la nuit, pour me tenir compagnie pendant mes longues périodes de solitude ou par plaisir de créer des mélodies qui me venaient toutes seules dans la tête, mon cœur et mes tripes et dont la vibration sonore était comme des caresses.

    Arrivé à l’âge de 14 ans, j’en étais au même point si ce n’est que je commençais à gratouiller guitare, oud, saz et guimbarde en sus de perpétuellement chanter et écrire des textes.

    Je devins donc chanteur dans un groupe de reggae constitué d’un batteur, d’un guitariste et d’un bassiste. Nous créâmes un répertoire original puis vint mon premier concert : j’avais 15 ans et demi.

    Sous l’emprise d’un immense trac à l’idée de jouer dans le lycée de mes camarades devant trois cents personnes entre les élèves et les parents présents, j’invitais mes deux meilleurs amis à faire les chœurs et ainsi me sentir plus fort sur le devant de la scène, Augusto Luango et Rufus Mbassila que je cite dans les remerciements !

    Nous eûmes un gros succès et fûmes très émus d’accueillir tous ces gens, adultes comme jeunes, qui venaient nous féliciter à la fin du show…

    Ce fut une révélation, un déclencheur, et il n’en fallait pas davantage pour que dès lors, je n’eusse plus que l’obsession de ne faire que cela dans ma vie…

    Chapitre 1

    Le paysage et le disque

    Fin des années 1990, début des années 2000, on assiste à un virage de taille dans le domaine de la culture et surtout de la musique.

    Si dans les années antérieures, il y avait une liberté certaine pour un groupe de musique, ou pour les organisateurs de concerts, tout devint progressivement rigide en quelques années à peine.

    En effet, en tant que groupe ou artiste solo, spécialement dans le free-lance et l’underground, il était encore facile de frapper à des portes et donner quelques coups de téléphone pour trouver où se produire.

    Si le courant passait avec, par exemple, le « vendeur de bières/producteur de concerts » ou le directeur de petit théâtre qui possédait son établissement avec une petite scène hebdomadaire ou mensuelle, il suffisait de lui procurer une cassette (et même pas toujours !) pour faire sa pub dans son bar. Quelques tracts bricolés voire une affiche ou deux, tout se passait à la parole et de la main à la main. Le jour J, le groupe jouait, son public était présent et même s’il ne l’était pas, celui du bar et celui des gens qui sortaient beaucoup plus que maintenant suffisaient amplement.

    À la fin du concert, le barman producteur honorait le contrat verbal et remettait au chef de groupe la somme convenue et tout allait bien d’autant que cette somme était bien plus substantielle que de nos jours. Ainsi, il n’était pas rare que le patron donne jusqu’à 4000 francs. (La somme de 2000 francs, bien plus rare, représentait les « pauvres Thénardier ») !

    Il faut préciser que, si la somme de 4000 francs ne représente que 609 € aujourd’hui, le SMIC était alors de 5500 francs environ (soit 837 € !)

    Et il n’était pas rare, comme en témoignent mes carnets de bord de capitaine de tournées, que l’on fasse jusqu’à 4 ou même 5 dates par semaine ! Donc, même à 5 musiciens sur les (petites) scènes et avec les rentrées annexes (vente de cassettes, droits d’auteur, nouveaux élèves de musique, rencontres pour d’autres dates et projets, etc.) il était tout à fait viable d’être musicien à Paris et dans les grandes villes où, dès qu’un établissement désirait se lancer, il lui suffisait d’investir dans la venue de musiciens.

    En tout cas, nous vivions comme cela selon notre choix, là où d’autres préféraient des salles plus prestigieuses, mais qui imposaient des barèmes « dangereux » pour les artistes en se dédouanant de toute prise de risque. (Par exemple, les artistes étaient payés sur les entrées avec minimum requis ; le musicien prenait alors tous les risques tandis que l’établissement, lui, n’avait que les bénéfices !) Ceux-là, nous les boycottions ; enfants de la rue et des cités, nous voulions du cash, et tout de suite ! Quant aux membres du groupe, certains conservaient l’argent « au noir » en liquide là où d’autres se débrouillaient pour se déclarer en cachets d’intermittent. Certes ils « perdaient » un peu de cash, mais les charges sociales intermittentes étaient alors 50 % moins onéreuses qu’aujourd’hui à tel point que certains autofinançaient parfois la totalité de leurs 507 heures qui permettaient d’accéder à un réseau très fermé puisque les offres d’emplois intermittentes n’étaient accessibles qu’aux… intermittents !

    Je me souviens d’ailleurs d’une conversation épique avec une agente de l’ANPE (pôle emploi/France Travail) : ayant trouvé une dizaine d’annonces me correspondant, de guitariste, bassiste ou comédien, je me rends au guichet où elle me demande mon code adhérent ! Lui expliquant que je n’en ai pas, mais que je veux travailler, raison de ma présence en ces lieux, elle m’apprend qu’en tant que non-adhérent, je n’ai pas droit à l’accès aux offres d’emploi artiste ou technicien intermittent !

    Je ne pus m’empêcher de m’emporter et de rétorquer : « Mais alors, on fait comment pour obtenir le régime intermittent si on ne peut pas postuler aux offres ! » Absurde n’est-ce pas !

    Plusieurs années après, cela devint accessible à tous et c’est aussi heureux qu’évident de mon point de vue ! Comme si les annonces d’intérim n’étaient réservées qu’aux intérimaires !

    Bref, tandis que les musiciens se débrouillaient ainsi, les vendeurs de bières, eux, se débrouillaient aussi avec tout ce liquide (bière et argent !) et je ne veux même pas savoir leurs arrangements en ce qui concerne la fiscalité ! Ce que je sais, c’est qu’une bonne soirée pour le gérant était le triple de ce qu’il allait donner au groupe ! Le double était déjà honorable d’autant que la pub générée leur rapportait sur du long terme ! J’en veux pour preuve une rhumerie de La Rochelle où nous avons joué au moins 20 fois entre 1999 et 2003 qui fut fort étonné d’une visite en 2003, et pour cause ! : le patron nous avait donné quelques centaines d’euros pour financer un CD (Skhan Live 2001) en échange de son logo au dos de celui-ci. (Il pouvait ainsi défiscaliser son don comme frais de pub et tout le monde était gagnant, ce que j’apprécie particulièrement !) Par ailleurs, j’allais tous les ans en Nouvelle-Calédonie–Kanaky donner des interviews, des concerts et surtout rester aux côtés de ma famille de longs mois. Or, un beau jour, un couple de Calédoniens vint consommer dans cette rhumerie désireux de découvrir ce lieu mythique où se produisait Skhan ! À la plus grande surprise du patron !

    C’est vraiment vers la fin des années 90, conjointement avec l’arrivée du CD que toute cette organisation parallèle et hors de contrôle du système, il faut bien l’avouer, devient de plus en plus difficile.

    Plusieurs axes sont à prendre en compte. Le premier, et le plus important, est une volonté gouvernementale de professionnalisation des artistes (entendez là, plus de facilité de contrôle et de recettes à récupérer !) qui engendre une obligation légale de structure. C’est-à-dire que nous ne pourrons plus avoir de contrats verbaux et devrons posséder une association ou toute forme de structure procurant un numéro SIRET. Sans cela, nous ne pouvons facturer et les lieux ne veulent alors plus engager les artistes de la main à la main.

    Il y a une loi en France qui autorise les associations de fait, donc sans numéro SIRET. Mais le hic est que personne ne connaît les lois ni ne veut se fatiguer à les connaître, nous ne sommes pas suffisamment calés ni n’avons le temps d’être partout pour gérer cela en sus et donc bien que ce soit officiellement légal, c’est impossible pour nous de l’appliquer ! En passant, une autre loi oblige les tenanciers à reverser un pourcentage de leur vente de boissons ce qui est logique puisque c’est grâce au public des artistes qu’il y a tant de consommations, mais je n’ai pas besoin de vous dire qu’elle n’est jamais appliquée et que nous ne le réclamerons jamais, car ce serait signer la fin des engagements. Un suicide en fait !

    Par conséquent, du jour au lendemain, bien que nous fassions parfois plus de 10 métiers à la fois (de musicien à producteur de cassettes en passant par graphiste, ingénieur du son, etc.), nous voilà obligés de devenir gérants d’une structure et secrétaires ! Alors certes, une association ouvre aussi des droits à subventions, mais encore faut-il le savoir et surtout, avoir le temps et la capacité de passer des semaines à monter des dossiers compliqués et coûteux !

    En plus du caractère coûteux, j’ajoute que s’ensuivit la nécessité de créer des biographies, plaquettes de présentation du groupe/artiste ! Là où avant un simple résumé tapé à la machine, une affichette photocopiée et une vague photo suffisaient, il fallait maintenant se vendre à la plaquette et les plus succinctes étaient jetées à la poubelle sans même être étudiées !

    De même pour la musique ! Auparavant, la cassette au son plus qu’aléatoire enregistrée sur un mini poste posé sur un tabouret au milieu de la salle de répétition suffisait, mais ensuite, il fallait un CD présentable de préférence ! Bref, nous avons été obligés de passer de « saltimbanques et simplicité » à « snobinards et complications » ! Infâme !

    Je ne vous cache pas avoir fait des contrats pendant presque 8 ans avec en lieu et place du numéro SIRET la mention « en cours » ! Je n’en reviens pas que cela ait tenu si longtemps, mais je n’avais absolument aucune envie de me casser les pieds avec leur bureaucratie administrative ; quant aux factures, celles-ci écrites à la main suffisaient bien ! Et puis trouver des personnes qui accepteraient de devenir secrétaires et présidents devant se taper des heures quotidiennes de paperasses tenait aussi du sacerdoce. Et encore une fois, les associations « de fait » sont légales !

    Il y eut, pendant quelques années encore, des lieux tels que la péniche Makara amarrée quai de la gare qui payait aux entrées et qui était une des seules salles où l’on acceptait ce système. Il arrivait très souvent que l’on gagne alors bien plus que dans des lieux payés en fixe ! En effet, cette péniche bien placée était un haut lieu du reggae et son organisateur ne savait pas compter pour la jauge qui limite les entrées. Je me souviendrai toujours de la fois où il vint me voir, paniqué, en m’expliquant qu’il y avait déjà 220 personnes dans le public, ce qui correspondait à environ le double de sa jauge au moins et qu’il ne pouvait faire rentrer les 80 qui attendaient dehors, car cela représentait une prise de risque pour le bateau qui aurait pu chavirer ! Non seulement, nous étions bien payés, mais pas de paperasse non plus, une bonne poignée de main et tout va bien quand on est entre gens d’honneur et de conscience !

    Gestionnaires de droits

    Entre le salaire honorable (surtout avec le cumul de dates ; il nous est même arrivé quelquefois d’effectuer deux concerts le même jour, un l’après-midi et un le soir dans deux endroits de la région parisienne) et la vente de cassettes puis de disques, un musicien pouvait à l’époque ne gagner sa vie que sur les concerts et les disques.

    Dès les années 2000, tout s’inversa. En effet, entre les cachets divisés, et la soi-disant « crise » du CD, le paysage musical prit un tour bien étrange…

    Un fait très important à connaître pour bien comprendre notre système financier est que, en termes de chiffres, le français consommait en moyenne 25 € de CD par an, donc très loin derrière l’allemand, le japonais et l’américain qui restent aujourd’hui les trois premiers marchés dans le domaine de l’industrie musicale (N. B. j’ai appris cela en 2013 et cela a dû évoluer un peu depuis.)

    Or, la téléphonie qui fait partie de cette industrie où tout est imbriqué quand ce ne sont pas les mêmes, vend des abonnements mensuels pour pouvoir accéder à de la musique dont nous ne sommes plus propriétaires, mais locataires puisque les titres ne sont plus sur un support que nous possédons.

    Ces abonnements, par exemple de

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