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Au-delà de la méditation: Laisser être
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Au-delà de la méditation: Laisser être
Livre électronique176 pages2 heures

Au-delà de la méditation: Laisser être

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À propos de ce livre électronique

Laisser être signifie qu’entre nous et la réalité aucun voile de mots ou de jugements ne vient s’interposer. Autrement dit, nous accédons à cette réalité directement. Mais un tel contact direct implique que nous soyons rendus extraordinairement sensibles et réceptifs. Tel est le but de ce livre.

La méditation est souvent présentée comme une voie vers la maîtrise ou le contrôle de notre esprit, promettant de réduire, voire d’éliminer, stress et souffrance. Si elle offre plusieurs bienfaits, elle peut aussi mener à une forme de déconnexion entre le soi et la vie, car peut-on réellement vivre intensément si l’on tente constamment de réguler chacune de nos expériences ?

Ce livre propose une perspective radicalement différente : embrasser nos douleurs, nos tristesses et nos joies. Au lieu de chercher à contrôler, pourquoi ne pas tout simplement se laisser être ?
Oubliez les méthodes et plongez pleinement dans l’instant présent.
LangueFrançais
Date de sortie15 mars 2024
ISBN9782896266371
Au-delà de la méditation: Laisser être
Auteur

Martin Ratte

Martin Ratte a suivi des études de philosophie, avec une spécialisation en philosophie des sciences cognitives, et il est détenteur d'un doctorat (2013). Après ses études, il s’est intéressé à la philosophie orientale, en particulier à celle professée par Krishnamurti. Il a été surpris de constater à quel point les « analyses » de Krishnamurti sur l’esprit trouvaient écho au sein des sciences cognitives, tout en prenant conscience que le cœur du message du sage indien allait bien au-delà de celles-ci.

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    Aperçu du livre

    Au-delà de la méditation - Martin Ratte

    CHAPITRE 1

    LA MÉDITATION

    La forme de méditation que nous allons analyser dans ce chapitre est nommée en Occident «méditation pleine conscience» (Jon Kabat-Zinn). S’il ne fallait retenir qu’une chose de cette pratique, ce serait sans doute qu’elle est une activité de contrôle de l’esprit. La méditation pleine conscience, une tentative de contrôle de soi, de maîtrise de soi? Sans l’ombre d’un doute, cette pratique propose une méthode applicable à notre esprit, et toute méthode aspire indéniablement à instaurer une forme de contrôle. Ce constat sur la méditation vaut autant pour le novice que pour l’expert dans cette pratique: tous deux s’emploient à maîtriser leur esprit, bien que ce soit de manière très différente. Dans ce chapitre, en plus de présenter les caractéristiques générales de la méditation pleine conscience, nous expliquons ce qui distingue le contrôle exercé par l’expert de celui du novice. Notre explication est en grande partie basée sur le modèle de l’esprit développé par Daniel Kahneman et qu’on pourrait qualifier de modèle dual de l’esprit.

    Afin de découvrir les vertus de la méditation et de mettre en lumière ses limites, il est nécessaire de s’efforcer d’abord de la comprendre. Toutefois, un obstacle se présente dès le départ. En effet, cette pratique est plurielle puisqu’il existe plusieurs types de méditation. J’ai donc eu à faire un choix. J’ai choisi une méditation largement répandue en Occident et très bien perçue dans les milieux universitaires et médicaux, soit la méditation pleine conscience ou « mindfulness meditation », dont Jon Kabat-Zinn est l’un des fondateurs.

    Jon Kabat-Zinn, médecin américain, s’est initié à la méditation auprès du moine bouddhiste Thich Nhat Hanh et du maître zen Seung Sahn. Il a introduit cette pratique à l’hôpital où il travaillait et a suggéré à ses patients de la pratiquer, ce qui a donné des résultats très positifs sur leur état physiologique et mental. Son programme d’intervention basé sur la méditation, désormais largement reconnu et pratiqué dans les hôpitaux du monde entier et chez les psychologues, en particulier ceux qui utilisent la méthode cognitive-comportementale, porte le nom de MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction ou, en français, Réduction du stress basée sur la pleine conscience). Pour les lecteurs moins familiers avec le sujet, il convient de préciser que Kabat-Zinn et les autres promoteurs de la méditation pleine conscience en Occident n’ont pas simplement repris à l’identique la méditation bouddhiste zen ou tibétaine. Leur originalité a surtout été de dépouiller cette pratique de toute dimension métaphysique et religieuse pour lui donner une forme essentiellement laïque.

    Ma description et mon analyse de la pleine conscience dans les pages qui suivent pourraient vous sembler quelque peu froides et arides. C’est que ce genre de pratique ne m’interpelle guère. Il m’est donc difficile, sans jouer la comédie, d’exprimer de l’enthousiasme ou de la chaleur dans ma présentation de celle-ci. J’ai donc opté pour une approche neutre et objective, au risque de provoquer ennui et lassitude chez le lecteur. Si les prochaines pages vous semblent un peu ternes, j’espère que vous changerez d’avis à la lecture des chapitres suivants, où mon ardeur et ma conviction sont davantage au rendez-vous.

    La méditation pleine conscience

    L’apprentissage de la méditation se fait généralement sous la tutelle d’un maître ou d’un guide qui transmet des règles ou des instructions à son élève. La règle centrale de la pleine conscience est d’une très grande simplicité: focaliser ton attention sur un «objet», qu’il s’agisse d’une fleur posée sur la table, de tes sensations corporelles, de ta respiration, etc. Le méditant peut même visualiser un objet de son choix, comme un être cher, et cibler son attention sur cette image mentale.

    En focalisant son attention sur un «objet», comme la fleur sous ses yeux, le méditant devient très alerte à tout ce qui pourrait perturber sa concentration. Cela se comprend aisément. Si nous voulons très fortement accomplir une tâche, nous sommes particulièrement sensibles à tout ce qui pourrait venir perturber son déroulement. Il en va de même pour celui qui pratique la méditation. Dès qu’un élément détourne son attention, il en est alerté, car il veut être attentif à la rose ou à sa respiration. Dans une pièce plutôt silencieuse, comme c’est souvent le cas durant une séance de méditation, ce sont généralement ses pensées et ses émotions qui le dérangent. S’il pense à ce qu’il devrait manger pour le dîner ou à la remarque désagréable que lui a faite sa petite amie plus tôt dans la journée, cette pensée perturbe l’attention qu’il porte à la fleur. Il en va de même s’il ressent soudainement une émotion. Il est alors prisonnier de cette émotion, qui pourrait le pousser à penser davantage. Par exemple, il pourrait se dire en lui-même: «Comme cette émotion de tristesse est terrible et douloureuse... qu’est-ce qui peut me rendre ainsi?» Ces états mentaux interrompent donc sa concentration, et comme son objectif est d’être attentif, il prend particulièrement conscience de ceux-ci. Le méditant ne se laisse toutefois pas longtemps distraire par ces intrusions et cherche dès lors à reporter son attention sur la fleur. Toutefois, il ne cherche pas à réprimer ni à étouffer ces pensées «perturbatrices». Au contraire, son guide lui a conseillé ceci: «Chaque fois qu’une pensée ou une émotion surgit en toi, reconnais-la, laisse-la traverser ton esprit sans lui répondre par d’autres réflexions – ne la juge pas –, et une fois qu’elle est passée, redirige ton attention sur la fleur.» Bien sûr, il est légitime de se demander comment il parvient à reconnaître ainsi son vécu, à le laisser traverser son esprit sans le juger et à revenir ensuite à la rose. Cette capacité, comme nous le verrons bientôt, n’a rien d’évident. En attendant, faisons comme si elle allait de soi.

    Pourquoi observer avec attention nos vécus «intrusifs», qu’il s’agisse de pensées ou d’émotions? Pour mieux les comprendre! Grâce à cette observation minutieuse, le pratiquant acquiert une meilleure compréhension de ces états, ce qui est loin d’être anodin. De plus, en observant sa pensée sans y répondre par d’autres pensées, il évite de se laisser entraîner dans la rumination, cette tendance à ressasser sans cesse un problème, trop souvent, si ce n’est toujours, de manière stérile. La rumination est une source de stress et d’anxiété. Ainsi, la méditation devrait contribuer à atténuer ces états psychologiques indésirables, ce qui, encore une fois, est loin d’être négligeable.

    J’ai mentionné le regard curieux et attentif que le méditant porte sur son émotion et la possibilité, en conséquence de ce regard, d’en apprendre davantage sur elle. Qu’apprend-il sur son émotion? Son maître lui a enseigné à la considérer comme un simple état corporel. Lorsque tu observes ton émotion, a-t-il dit à son élève, constate que tu ressens un état particulier dans ton corps. Par exemple, ajoutera-t-il, si tu éprouves de la peur, tu ressens une tension dans l’estomac; il ne paraît donc pas absurde de soutenir que tes émotions se réduisent à des états corporels de ce genre. Ce guide ira même jusqu’à lui dire: «Tes émotions ne sont pas des états réels de ton moi; je te le répète, ce ne sont que des états corporels passagers.» C’est cette interprétation de ses émotions qu’il encourage chez son élève. Plus tard, dans le chapitre 2, cette analyse des émotions nous apparaîtra beaucoup trop courte et même en partie fausse.

    Même si nous rejetons plus tard cette interprétation de nos expériences émotionnelles, force est de reconnaître qu’elle permet d’alléger considérablement notre souffrance. Les émotions négatives nous causent beaucoup de tourments, car elles reflètent à nos yeux des états réels de ce que nous sommes. Grâce à la méditation, le pratiquant change sa perception de ces émotions et les voit comme des états corporels passagers, éphémères et déconnectés de son moi. Ainsi, il souffre moins lorsqu’une émotion négative l’envahit. En anticipant ce qui sera abordé plus tard, dans le chapitre 2, je peux déjà vous annoncer que malgré ce qui vient d’être dit, le méditant est loin d’en être quitte avec sa souffrance.

    Avant de conclure cette section, je souhaite apporter une précision. Certains adeptes de la pleine conscience pourraient ne pas reconnaître leur pratique dans la description que je viens de donner. Selon eux, la méditation consisterait moins à focaliser son attention sur un «objet» unique qu’à être attentif à l’ensemble des stimuli de leur environnement. Elle consisterait à être ouvert à tout ce qui nous entoure – sensations corporelles, chant des oiseaux, odeur de la soupe sur le feu, etc. Il est vrai que la méditation pleine conscience peut aussi être comprise de cette manière. Cependant, je ne perçois pas de différences fondamentales entre cette approche et celle que nous avons décrite depuis le début de ce chapitre. Dans les deux cas, il s’agit d’exercer son attention. D’un côté, cette dernière porte sur notre souffle ou sur une fleur; de l’autre, sur un maximum de stimuli de notre environnement. Aussi, pour l’une ou l’autre forme, le méditant suit les instructions de son guide pour rester attentif. Enfin, quelle que soit la manière dont elle est comprise, la pleine conscience ne consiste jamais à éviter ses pensées et émotions «intrusives» mais à plutôt les observer sans les juger. Ainsi, comme je le disais à l’instant, ces deux déclinaisons de la pleine conscience ne présentent pas de différences fondamentales. C’est pourquoi je n’ai pas pris la peine de développer longuement la seconde variante de cette pratique. Dans la suite de cet ouvrage, je me concentre principalement sur la pleine conscience comprise comme une pratique de focalisation sur un «objet» en particulier, tout en notant que mes analyses s’appliquent également à l’approche consistant à s’ouvrir à tous les stimuli environnants. J’aborde et je discute en effet des questions qui traversent ces deux approches.

    Un exploit explicable

    Au début de son apprentissage, le méditant, lorsqu’il est confronté à un vécu intrusif, doit rapidement se remémorer l’une de ces directives – «sois attentif à cette pensée intrusive!» – et tenter de l’appliquer. En somme, face à ce vécu intrusif, le novice ne lui porte pas immédiatement attention. Il se répète d’abord l’instruction de son guide et ce n’est qu’ensuite qu’il l’applique. Cependant, le méditant expert, celui qui maîtrise l’art de la méditation, parvient à porter une attention immédiate à sa pensée ou à son émotion perturbatrice sans avoir à se rappeler cette instruction. Comment en arrive-t-il à prêter immédiatement attention à cet «intrus» et à revenir tout aussi rapidement à la fleur sans avoir à se remémorer la moindre directive? Cette compétence particulière est un premier exploit que nous devons expliquer.

    Un second exploit de l’expert en méditation est sa capacité à concentrer son attention sur un objet, comme la rose sous ses yeux, avec un effort minimal. Cette performance est remarquable comparée à celle du novice, qui doit faire énormément d’efforts pour maintenir son attention.

    Pour expliquer ces deux capacités du méditant spécialiste, je m’appuie sur un modèle très influent en sciences cognitives et en psychologie: le modèle dual de l’esprit développé par Daniel Kahneman (2016)¹.

    Kahneman distingue dans l’esprit deux manières de penser, d’où la nature duale de son modèle de l’esprit. Pour référer à ces modes de pensée, il parle de deux systèmes différents, qu’il nomme tout simplement «système 1» et «système 2». Quelles sont ces deux façons de penser? D’une part, nous avons une pensée automatique, qui n’est pas consciente, se fait sans effort, et appartient au domaine du système 1. D’autre part, nous avons la pensée réfléchie et consciente, qui nécessite des efforts et est l’œuvre du système 2. Il serait utile d’illustrer ces concepts par quelques exemples.

    Pensez à l’acte d’attention que vous porteriez à un «objet» dont l’apparition dans votre champ de vision serait inattendue, disons une personne aux cheveux violets surgissant dans l’auditoire. Vous prêteriez attention à cette personne de manière automatique, autrement dit, de manière spontanée ou sans réfléchir. Aussi, étant donné que votre acte survient spontanément ou automatiquement, vous n’avez nul besoin de fournir des efforts pour l’exécuter. Enfin, en raison du caractère automatique du processus qui est à son origine, cette activité est inconsciente. Vous pourriez me répondre que vous êtes parfaitement conscient de prêter attention à cette personne. Certes, mais vous n’avez pas été conscient de l’activité mentale qui vous a rendu attentif à celle-ci. Cette activité, qui précède l’attention proprement dite, se déroule automatiquement, sans que vous en ayez conscience.

    L’acte d’attention tout juste décrit est le fruit du système 1. Ainsi, à la lumière de l’analyse que nous venons de livrer, l’activité mentale typique de ce premier système répond à trois caractéristiques: elle est automatique, dépourvue d’efforts et inconsciente.

    Les fonctions mentales obéissant à cette manière de penser sont nombreuses. À titre d’exemple additionnel, pensez à l’émotion que vous ressentez en regardant votre copain ou votre copine dormir. Cette émotion

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