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Renaître de ses cendres
Renaître de ses cendres
Renaître de ses cendres
Livre électronique192 pages3 heures

Renaître de ses cendres

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À propos de ce livre électronique

Doit-on attendre de se brûler les ailes à la lumière artificielle du succès et de la réussite professionnelle pour enfin se révéler à soi-même ? Doit-on attendre que la maladie nous rattrape pour prendre conscience que la vie que nous menons n’est pas notre vie ? Le parcours de Anastasia est un puissant récit de transformation. Après avoir connu le succès dans sa carrière professionnelle, elle est confrontée à un cancer qui bouleverse sa vie. Au lieu de céder à la désolation, elle choisit de voir cette épreuve comme un cadeau et trouve en elle les ressources pour se redécouvrir, devenant ainsi une personne plus forte, capable d’embrasser pleinement son authenticité.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Alors que Peggy Messika se formait à la sophrologie tout en travaillant comme manager dans une grande entreprise, elle a été confrontée à un lymphome. Pour faire face à cette épreuve, elle a commencé à écrire chaque jour et a transformé cette expérience en un roman. Son plus grand souhait est que son histoire puisse apporter de l’espoir et de la force à d’autres personnes touchées par le cancer, les aidant ainsi à renaître plus fort après cette épreuve.
LangueFrançais
Date de sortie5 mars 2024
ISBN9791042217921
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    Aperçu du livre

    Renaître de ses cendres - Peggy Messika

    Première partie

    La vie d’avant

    1

    Ce matin est un matin important pour Anastasia. Une consécration, la récompense tant attendue après de longues années de dur labeur, de sacrifices.

    Il y a vingt ans déjà qu’elle a franchi pour la première fois les portes de son entreprise, la CICA, la compagnie internationale des cosmétiques américains. À l’époque, à tout juste vingt-cinq ans, elle était une jeune femme un peu rebelle, à l’allure que sa mère qualifiait de hippie, des cheveux longs et fins sans véritable coupe, des piercings et portant des pantalons larges et des docs martins. Elle allait de petit boulot en petit boulot, tantôt serveuse dans un snack, tantôt employée polyvalente dans une supérette de quartier.

    Pour son entretien, elle avait fait l’effort d’attacher ses cheveux, et de porter un tailleur prêté par une voisine. Sa détermination avait fait le reste, et la voilà embauchée à l’essai. Elle avait débuté comme standardiste, des journées entières à répondre au téléphone :

    — Oui, je vous passe M Untel, non, Mme Machin n’est pas disponible, je peux laisser un message, et accueillir les visiteurs :

    — L’ascenseur est à droite, vous trouverez le service comptabilité au 5e étage.

    Pendant ses longues journées derrière son comptoir, la jeune femme rêvait à une vie meilleure, en voyant passer tous les matins les cadres dirigeants et leur air supérieur. Chaque matin, ils passaient devant elle sans même la regarder, en la saluant distraitement. Elle ne pouvait envisager de continuer ainsi, de se contenter d’un petit emploi et d’une petite vie. Elle aussi voulait faire partie de cette élite, de ces gens importants, toujours bien habillés, toujours pressés.

    Alors, elle avait repris ses études en cours du soir, pour passer un BTS d’assistante de direction. Elle parvint à faire valoir son diplôme fraîchement obtenu et fut nommée assistante de M Salomon, le directeur marketing, auprès de qui elle apprit tous les rouages de l’entreprise. À son départ à la retraite, elle fut nommée pour le remplacer. Avec sa fraîcheur, mais aussi toutes les connaissances acquises, elle ne tarda pas à se faire remarquer par la direction nationale de Paris. De poste en poste, elle avait gravi les échelons de la direction de l’entreprise.

    Ce matin, elle se remémore ce beau parcours tout en se préparant. Pour l’occasion, elle a acheté une nouvelle robe, noire, sobre et surtout très chic et très chère, et qui met en valeur sa silhouette. Du maquillage pour camoufler les traces du temps qui passe (en réalité de toutes petites rides autour des yeux), un brushing impeccable, elle enfile ses Louboutin, voilà, elle est parfaite ! C’est ça le bonheur, pense-t-elle, voir son travail enfin reconnu et récompensé à sa juste valeur. Tous les sacrifices qu’elle avait dû faire étaient oubliés.

    Certes, son ambition dévorante avait mis fin à son mariage avec Stéphane, mais comment accepter que son homme se contente de sa petite vie bien tranquille, sans ambition professionnelle, alors qu’elle voyait tout en grand. Lorsqu’elle avait commencé à faire des heures supplémentaires et à s’investir de plus en plus dans son emploi, son mari réclamait plus de présence de son épouse à ses côtés. Il ne supportait plus d’entendre parler sans arrêt de la CICA, c’était une obsession, son unique centre d’intérêt. Cela avait empiré à la naissance de leur fille, Amanda, qui passait plus de temps chez la nounou qu’avec sa mère. Bien sûr, Amanda avait dû souffrir de l’absence de sa mère, mais pour Anastasia, le plus important était l’exemple qu’elle lui donnait : on peut être une femme et réussir.

    Anastasia chasse ses souvenirs au fond de sa mémoire.

    Un dernier café avant de partir de la maison, Anastasia ressent le besoin de rassembler toutes ses forces. Elle est un peu nerveuse, les mains moites et le rythme cardiaque un peu trop rapide.

    Elle descend à toute allure les 3 étages de son immeuble, et ne peut s’empêcher de sourire et de dire merci tout bas en passant devant un tag qui déclare « t’es belle ce matin ».

    Elle s’engouffre dans le métro bondé, comme tous les matins. Quelle torture les transports en commun, être obligé de cohabiter quelques instants avec tous ces gens, les odeurs pas toujours agréables de chacun, et les gens qui ne marchent pas assez vite, ne sont-ils pas comme elle pressés de remonter à la surface et pouvoir à nouveau respirer ?

    Et se déplacer en voiture à Marseille est de plus en plus compliqué, trop de monde, pas assez de parking.

    Elle file jusqu’à la Joliette, où siège la CICA. Ils étaient installés aux docks depuis 2017. Ces anciens entrepôts furent construits au milieu du dix-neuvième siècle pour faciliter le commerce du port de Marseille vers l’orient. Abandonné dans les années quatre-vingt-dix, ce bâtiment possède quatre cours entourées de quatre entrepôts pour symboliser les quatre saisons, on y accède par cinquante-deux portes pour le nombre de semaines et il mesure trois cent soixante-cinq mètres comme le nombre de jours dans une année. Réhabilité au début des années deux mille, de nombreuses entreprises ont choisi la Joliette pour s’installer, au cœur d’un quartier en pleine expansion.

    Elle entre en trombe dans le hall du bâtiment, salut sans même la regarder la jeune femme de l’accueil et se dirige vers l’ascenseur.

    *

    **

    Sixième étage, elle y est, bureau du directeur régional de l’agence de Marseille. Une visioconférence avec le siège de Paris est organisée ce matin, avec pour but de nommer un (ou une) nouveau directeur adjoint. Anastasia est en concurrence avec trois autres collègues, ils sont sur la short-list, mais les rumeurs annoncent Anastasia gagnante. Soudain, elle s’aperçoit qu’elle sourit beaucoup trop, il ne faudrait pas avoir l’air de triompher avant l’annonce de la nomination. Et si elle n’était pas choisie. Impossible ! Ses concurrents ne sont pas à la hauteur. Flétin et son air de Snoopy, elle plaint ses équipes, comment fait-elle pour les motiver avec cet air toujours désespéré, non elle n’est pas crédible, pas plus que Treil, trop vieux, et encore moins Souchet, qui a failli perdre un gros contrat avec une entreprise américaine. La CICA vend des cosmétiques, des produits de beauté de luxe, avec des formules high-tech, ses dirigeants souhaiteront certainement comme directrice adjointe une femme qui représente les valeurs de la marque : une femme moderne, indépendante, ambitieuse.

    Anastasia salue d’un signe de tête les personnes présentes, essayant de trouver un indice dans leurs regards.

    Un peu de patience, la visioconférence commencera dans cinq minutes. Cinq petites minutes et ce sera son heure de gloire, enfin c’est ce qu’elle espérait le plus au monde. Elle prend place dans la salle de réunion ultra moderne, composée d’une grande table blanc laqué, entourée de larges fauteuils beiges confortables. Une épaisse moquette recouvre le sol. A la place de chacun un verre et une bouteille d’eau minérale fraîche ont été disposés, et au centre de la table trône une cafetière et des tasses blanc immaculé.

    L’écran s’allume lorsqu’apparaît le visage grave de James Legrand, le PDG de la CICA, entouré de ses adjoints les plus proches.

    Anastasia sent que ces jambes ne la portent plus, la tension devient trop forte, elle ferme les yeux un instant dans l’espoir de retrouver un peu de calme.

    L’attente est insupportable, cela fait des heures que Legrand commente le chiffre d’affaires de la succursale de Marseille, en déroulant un PowerPoint, qui montre des schémas et des courbes reflétant des baisses, ils avaient perdu dix pour cent de chiffre d’affaires. Certainement la raison de la mutation du directeur adjoint à Lille.

    Le défi est immense, reconquérir le marché méditerranéen, ne pas compter ses heures, redoubler d’efforts, de créativité, se réinventer… « Et qui mieux qu’Anastasia Selica pour incarner le renouveau dont nous avons tous besoin ». Elle n’a même pas entendu la dernière phrase, tous les visages se tournent vers elle, et Colin, son directeur, lui demande de le rejoindre et de dire quelques mots.

    Comment traverser les quelques mètres qui les séparent, Anastasia a la sensation que son corps se liquéfie, et elle a un oursin dans la gorge. Ce n’est pas le moment de fléchir. Anastasia colle son plus beau sourire sur ses lèvres, lève le menton, ce qui, pense-t-elle, lui donne un air conquérant et sûr d’elle, et elle avance d’un pas décidé.

    *

    **

    « Merci pour cette nomination, je suis fière de travailler pour la CICA, qui est devenue ma deuxième famille, et nous allons tout donner pour remplir et même dépasser nos objectifs ». Suivent des applaudissements nourris, des poignées de main et des félicitations. Anastasia exulte, mais ne veut pas le montrer, quand on est une pro, on sait contrôler ses émotions.

    Et puis, elle sait qu’il y a ce caillou dans sa chaussure. Elle a beau l’occulter, elle sait que ça va arriver. Plus tard, pour le moment, il faut organiser l’aménagement dans son nouveau bureau, revoir tout son agenda, déjà bien plein, et y ajouter de nouvelles réunions. Les journées promettent d’être longues, mais tellement passionnantes.

    Dix-neuf heures déjà, il est temps pour Anastasia de quitter son nouveau bureau.

    Elle éteint la lumière, et s’arrête quelques instants sur la plaque qui orne sa porte : « Anastasia Selica, directrice adjointe ».

    Son cœur s’emplit de fierté.

    La semaine est pour Anastasia un véritable tourbillon.

    Tous les matins, elle dévale les trois étages de son immeuble au pas de course, faisant claquer les talons de ses Louboutin flambant neufs. Elle sourit devant le tag « tu es belle ce matin », saute dans la rame bondée du métro, râle contre les odeurs corporelles des autres voyageurs, grimpe en courant les escaliers qui mènent à la libération. Puis, elle pénètre en trombe dans le hall de son entreprise, n’adressant qu’un discret regard à la jolie standardiste, qui la regarde avec admiration, piaffe d’impatience devant l’ascenseur et enfin entre dans son bureau. À peine assise, elle hurle déjà sur Solange. Elle veut son expresso, serré et sans sucre, oui, maintenant, tout de suite et même plus vite.

    — Solange, il faut vous endurcir mon petit, et surtout être plus vive. Ne me faites pas regretter d’avoir pris une alternante et montrez-moi que vous voulez réussir. Allez, mon café, puis vous allez me préparer le dossier sur la nouvelle crème de nuit.

    Arrivée à l’aube, et quittant le bureau tard dans la soirée, elle tient particulièrement à réussir sa prise de poste, et à prouver à Legrand, ainsi qu’à toute l’entreprise qu’elle mérite largement sa nomination au poste de directrice adjointe.

    En y réfléchissant, c’est auprès de ses parents qu’elle a une revanche à prendre, eux qui, d’après elle, avaient passé des années à la dévaloriser et à la comparer à son grand frère qui, lui, était assez doué pour faire une école de commerce, là où elle était allée en fac de lettres. Pourtant, qui aurait pensé que cette adolescente rebelle, toujours vêtue de noir, et la tête dans les livres de poésie, pouvait se transformer en redoutable femme d’affaires. Toutes ces critiques et ce qu’elle avait vécu comme une injustice avaient fini par forger son caractère bien trempé. Si elle en est arrivée là, c’est parce qu’elle a un désir immense de démontrer à ses parents qu’elle aussi est capable de réussir.

    Les réunions s’enchaînent à un rythme effréné, avec le marketing, la recherche et le développement, la comptabilité, le juridique. Il faut remonter une équipe dirigeante autour d’Anastasia, et donc écarter certains collaborateurs auxquels on attribue les mauvais résultats des derniers mois.

    Anastasia convoque dans son nouveau bureau du sixième étage les malheureux, qui, en plus de se faire réprimander, se voient confier des postes

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