Jeunes flammes
Par Armand Sauvestre
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À propos de ce livre électronique
Le grand Ouest de la France sert de décor à cet itinéraire sensitif, pieds nus ou sur quatre roues, aux sons des années 70 et 80. Dans la vraie vie, on regrette souvent d’ignorer le ressenti de l’autre : ce premier roman le révèle au lecteur en donnant aussi la parole à la muse du moment, en direct ou en secret, par courrier ou en pensée, comme solution à chaque énigme.
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Aperçu du livre
Jeunes flammes - Armand Sauvestre
Jeunes flammes
Armand Sauvestre
Jeunes flammes
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Illustration de couverture : Vénus au coquelicot, photo Catherine Canu
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-14138-1
T’ai-je jamais caché mon cœur et mes désirs ?
Tu vis naître ma flamme et mes premiers soupirs.
Racine, Andromaque, acte 1, scène 1
Sur la ligne 19
Chaque jour, depuis qu’Argo a hissé ses voiles, nous partons en mer, affrontant vents et tempêtes pour arriver au rivage, c’est-à-dire pour devenir différents de ce que nous étions quand nous sommes partis, en passant la ligne d’ombre, en franchissant notre seuil.
Andrea Marcolongo, La part du héros : le mythe des Argonautes ou le courage d’aimer
Ma vie a commencé à 14 ans. J’ai oublié presque tout ce qui m’est arrivé avant ; aucun effort de mémoire n’a jamais ressuscité un trésor du fond de mon inconscient.
Pourquoi cet âge ? Ce n’est pas très original : c’est comme beaucoup d’individus, le début de l’incandescence. C’est alors qu’on se moque en vous désignant comme « ado », et ce sobriquet m’énervait au plus haut point. Plus tard, ce fut « l’ado attardé ». Et maintenant au bout de quelques décennies, on n’emploie pas encore le mot « vieux » en me voyant ; on est poli, donc on ne le dit pas en face, mais on n’en pense pas moins.
« On » ne sait pas ! « On » n’a rien compris. Si « on » croit que le feu s’éteint après l’adolescence, c’est bien triste. C’est peut-être le lot commun, mais heureusement il y a eu Trenet, Nougaro, Higelin, et il nous reste Voulzy : les démontreurs de joie, les démonteurs d’ennui, les découvreurs émerveillés.
Le feu a démarré dans les jours suivant mon anniversaire de 14 ans. Ce n’était pas lors de la grande canicule de 1976, mais trois ans plus tôt, précisément en mai 1973. J’habitais sur une des collines dominant Rouen et la vallée de la Seine. Je sortais de cours à 16h00 et, les jours sans pluie, je m’amusais à faire la course avec le bus qui démarrait à 16h30 de la place de l’Hôtel de Ville, devant la statue de Napoléon. La règle était simple : interdiction de courir. J’étais chargé de mes bouquins et cahiers et j’adoptais un rythme de marche rapide. J’avais noté que le bus arrivait à mon arrêt à 16h55. Il me fallait ainsi franchir les huit kilomètres depuis le collège, dont un kilomètre avec une dénivelée de 10%, en 55 minutes maximum. Au début, je mettais au moins une heure, puis petit à petit, peaufinant mon parcours et mon pas, j’atteignis mon objectif dans les temps. J’étais quand même un peu essoufflé et plus ou moins en sueur.
Un jour de début mai, il s’est mis à faire vraiment beau, presque chaud. J’ai donc décidé d’éviter la transpiration et j’ai pris le bus. J’avais largement le temps pour cela, puisque l’institution privée que je fréquentais était située à 15 minutes à pied. J’avais beau y avoir quelques copains qui vivaient comme moi là-haut sur le plateau, aucun de ceux-là n’était dans ma classe. Ils sortaient donc souvent à une heure différente. Parfois les mères respectives de chacun organisaient le ramassage quand les horaires coïncidaient. Je n’étais ni un régulier du bus ni un épisodique, disons que j’étais un occasionnel. Cette semi-habitude, ajoutée à ma grande timidité, ne m’avait jamais permis de me lier avec quiconque dans le bus. Il ramenait chez eux pourtant de nombreux jeunes, d’autres établissements. Jamais en toutes ces années jusqu’au bac, je n’y fis de rencontre. Je reconnaissais pourtant pas mal de monde, telle femme d’âge mur mais pourtant très vaillante qui prenait un malin plaisir à faire lever un gosse pour prendre sa place, telle bande de petits sixièmes ou cinquièmes excités, telle grappe de gamines de 12 ans qui pouffaient de rire bruyamment pour n’importe quoi, et… parfois une jolie fille.
Je m’interrogeais sur les critères de beauté. Les miens étaient simples a priori : d’abord les cheveux longs, et ensuite plutôt brune. Logé le plus souvent au fond du bus, je pouvais ainsi voir monter les unes et les autres lors des arrêts. Mon analyse statistique tendait à montrer que plus leurs cheveux étaient foncés, plus j’avais de chance d’en voir des belles… soif d’exotisme ou ras-le-bol de la blondeur fadasse, si courante ici ?
D’où me venait mon attrait pour les brunes ? Lio n’avait pas encore chanté qu’elles ne comptent pas pour des prunes. Les rares filles de ma famille étaient toutes blondes, et seule ma cousine du sud était blonde et belle à la fois, mais mes yeux de cousin ne pouvaient pas la voir sous un angle amoureux. En résumé, la blondeur ne m’attirait pas, au contraire de la brun… Zut ! Il manque un nom dans le dictionnaire. Pourquoi n’existe-t-il pas de mot pour désigner cet atout féminin ? Discrimination, oubli ou négligence ? Que font les académiciens ?
Le bus roulait toutes vitres ouvertes. Certes, seulement la partie haute de ses grands vitrages s’entrebâillait, c’était suffisant pour climatiser l’arrière, car j’étais placé au fond ; je ne ressentais pas ce qui se passait dehors. Lors de chaque arrêt jusqu’à chez moi, l’ouverture des portes accordéon à l’avant et au milieu brassait l’air à volonté. Pour une raison inconnue, je descendis un arrêt plus tôt.
En posant le pied sur le trottoir, le printemps m’assaillit. Plusieurs sens se mirent en éveil, comme si je ressortais d’une bulle insipide, après treize années de sommeil. Plus que l’odorat, la vue ou l’ouïe, c’est une sensation de douce chaleur qui m’envahit. A cet âge, je n’avais pas beaucoup voyagé : je ne connaissais pas encore l’odeur des pins ni la cymbalisation des cigales qui surgissent lorsqu’on ouvre la portière du train, une fois arrivé dans le Sud. Je découvrais cette température anormalement haute en Normandie. Pour la première fois de l’année, nous franchissions la barre des 20 degrés sur le thermomètre.
Je restai quelques secondes sur place. Les gens partaient dans les deux directions de la route nationale Rouen-Paris qui traversait le village. Le bus redémarra, les autos et camions roulaient, tout bougeait autour de moi. Je jetai un regard panoramique pour essayer de comprendre d’où m’arrivait un ressenti si agréable. Rien d’anormal, rien d’inhabituel, rien d’extraordinaire n’était visible et pourtant, je sentais mon corps qui rentrait dans un bain chaud. En quelques secondes, les poils de mes bras se dressèrent. J’avais la chair de poule, qu’on m’a toujours appris comme signal de froid ou de peur. J’étais aux antipodes de cela, pourtant. Un rayonnement montait. Bien sûr, les arbres arboraient des feuilles toutes neuves, les fleurs jaillissaient de partout, le soleil se posait sur tout cela, rien d’original, c’était le printemps. C’est néanmoins la première fois que je vivais une si douce imprégnation de mon épiderme.
La première fois qu’on avale une boisson alcoolisée, on suit la descente du liquide au fur et à mesure qu’il enflamme l’œsophage, puis l’estomac. Là, c’était à travers tout mon corps que ça chauffait. Grâce à chaque été passé sur la Côte Atlantique, je connaissais la brûlure progressive du soleil sur ma peau étendue à la plage. Ici, il faisait beaucoup moins chaud, mais pourtant je me consumais. Il n’y avait pas de vent, ou plutôt si : un infime souffle me caressait le visage par moments, c’était tiède, même un peu plus, doux comme les cheveux d’une jeune fille qui se penche sur un enfant.
Je pris enfin la direction de la maison. Je marchais moins vite que d’habitude, contemplatif. Je voyais tout. Les humains que je croisais ignoraient tout ce que je vivais, j’en étais certain. C’était imperceptible d’autrui, mais je vibrais ; corporellement de tout mon être, et mentalement de tous mes sens. Ils étaient bien plus que cinq aujourd’hui. Je me surpris à souffler doucement en faisant un « o » avec ma bouche, comme pour rafraichir une boisson trop chaude, ou évacuer une peur soudaine. Rien n’y fit : la vibration était toujours là, voire même encore plus prégnante.
Je croyais pourtant connaître chaque mur, chaque portail, chaque maison de part et d’autre de cette artère. Aujourd’hui, je découvrais tout d’un œil neuf. Je classais les édifices selon leur époque de construction ou de modification. Les demeures bourgeoises construites au 19ème siècle alternaient avec des maisons plus modestes. Les premières étaient toutes en retrait de la route, agrémentées d’un beau jardin, au milieu duquel trônait souvent un arbre exotique planté à l’époque : cèdre du Liban, tulipier de Virginie, séquoia. Au bout de plus d’un siècle de croissance, chacun arborait un port majestueux et aucun ne semblait dépérir. Seul un des séquoias, le plus haut de la commune, avait dû être frappé un jour par la foudre, car son faîte était un peu grillé.
Les secondes constructions étaient alignées sur le trottoir et constituées exclusivement de briques rouges, au lieu du mélange brique et silex très en vogue chez les autres. La raison de cette différence de choix technique m’échappait. Tout le reste m’était désormais visible : les joints en ciment plus ou moins abimés, les trous naturels dans le silex, parfois obturés de toiles d’araignée ; mais sous quelle ère ces cavités s’étaient-elles formées ? En quelques minutes, mes sens ont fait gérer à mon cerveau des millions de données. Je voyais les forces et les faiblesses des bâtiments, l’usure et la brillance variable des matériaux et objets : verre, brique, plâtre, bitume, acier, poignées de portes, plaques nominatives, bouches d’égout, tout me parlait.
Je distinguais chacun des oiseaux et j’observais leurs différences de vol selon les espèces. Je décelais les écarts de précocité des arbres et arbustes selon la chute de leurs fleurs. Je ne reconnus aucun des habitants du village, mais chaque individu croisé était photographié en mode flash. Fait rarissime, le ciel était uniformément bleu. J’étais papillon du jour, tout juste sorti de sa chrysalide. En trois cents mètres, j’appris l’existence de nouvelles disciplines : architecture, géologie, sociologie, éthologie, botanique, anthropométrie, optique, psychophysique… pourquoi ne nous enseigne-t-on pas tout cela à l’école ?
Débarquais-je d’une autre époque ?
C’était plus que de la photo, c’était de la radiographie, ou même plus encore : la clairvoyance ultime. Devenais-je médium ?
« C’est de la sensiblerie » m’avait dit mon père à 9 ans, quand j’ai décidé de ne plus l’accompagner à la chasse, dégouté par la condamnation d’animaux innocents.
« Tu es trop douillet » avait déploré ma mère un an plus tôt, quand je protestais contre la douleur inutile d’une mauvaise prise de judo et je refusais donc de continuer ce sport que je traitais d’idiot.
« Ça lui passera » lançaient les adultes lorsqu’en sixième, je commençais à tenir un discours protestataire, dans la lignée de mon exposé sur la pollution. Et si l’hyper-sensibilité devenait une force ?
La seule chose que je ne voyais pas était mes yeux, il n’y avait aucun miroir sur mon chemin, seulement des vitrines de magasins qui reflétaient ma silhouette longiligne. Je me sentais désormais extra-lucide, mais mes yeux me trahissaient-ils ? Brillaient-ils ? Etaient-ils écarquillés ? Exorbités ? Personne ne fit attention à moi. J’étais donc transparent, presqu’invisible.
J’avais acquis une autre qualité : je me sentais porté. Bien qu’encore peu attiré par la littérature, je lisais volontiers quelques aventures d’adolescents. Parmi celles-ci, j’avais été transporté par Notre prison est un royaume de Gilbert Cesbron. J’étais incapable de comprendre ce qui me portait soudain ce jour-là, mais j’étudiai bientôt en cours de français un texte de Diderot{1} sur l’enthousiasme : « Il s’annonce en lui par un frémissement qui part de sa poitrine, et qui passe d’une manière délicieuse et rapide jusqu’aux extrémités de son corps. Bientôt ce n’est plus un frémissement. C’est une chaleur forte et permanente qui l’embrase, qui le fait haleter, qui le consume, qui le tue, mais qui donne l’âme, la vie à tout ce qu’il touche ». Voilà ! Diderot a tout compris, et il me confirme que ce sentiment peut s’appliquer à toute époque.
L’année suivante, le printemps me généra la même frénésie, bien qu’un peu moins forte. M’habituais-je ?
J’attendis le prochain printemps avec impatience. Allais-je renaître cette fois aussi ? Je retrouvai une délicieuse sensation aux premiers rayons de chaleur, aux premiers bourgeons de soleil, mais l’effet de surprise avait disparu. Je m’efforçais de faire perdurer ce bien-être.
Las, la pression du bac de français me raccrochait à une autre forme de réalité, et souvent, de multiples questions polluaient la sérénité que tout jeune européen de 16 ans aurait dû normalement afficher en 1975.
Mon attrait pour les brunes ne put m’empêcher, dès la rentrée 73, de loucher vers une petite blonde de mon âge aux cheveux bouclés et dont les formes étaient déjà celles d’une vraie femme. Cela se voyait d’autant qu’elle s’habillait toujours d’une façon peu discrète, type T-shirt léopard cintré et pantalon moulant. En langage de garçons à l’époque, on parlait de « minette pas farouche ». J’étais impressionné, plus que vraiment attiré. De toute façon, elle descendait toujours du bus avant le bas de la côte, et vivait donc dans l’une de ces constructions précaires, entre la falaise et la voie ferrée. Son origine modeste était évidente et sa beauté aussi.
Cette exception m’était aussi inaccessible pour une autre raison : jamais je n’aurais osé aborder une fille, coincé que j’étais dans la masculinité de ce foutu établissement privé choisi par les parents.
Mon copain Richard, pourtant âgé d’un an de moins, m’avait vite refroidi à propos de cette « bimbo » (comme on dira dans les années 90) :
« Rêve pas, c’est une fille à barbeaux ! »
En cet instant fou, je me suis vu descendre au même arrêt qu’elle, lui proposer de la raccompagner et me faire soudain tomber dessus par une bande de loubards à mobylettes trafiquées…
J’avais aussi remarqué dans le bus une fille de mon âge, brune aux cheveux mi-longs, portant des lunettes et visiblement aussi timide que moi. Elle n’était ni belle ni moche, surement très gentille, mais je ne ressentais pas d’attirance particulière. J’étais juste un peu curieux, intrigué par cette inconnue que je voyais souvent. N’oublions pas que le genre féminin était un grand mystère pour la plupart de tous ceux qui n’avaient pas la chance d’une scolarité en mixité. J’étais en contact exclusif avec des garçons.
J’avais appris qu’un de nos congénères avait pourtant été admis dans une autre institution privée, de filles celle-ci, et il était le seul garçon de la classe. Comme il était beau mec, il faisait l’objet de toutes les attentions et n’avait qu’à choisir par laquelle il allait commencer… mes copains et moi étions verts de jalousie. Je n’ai jamais osé demander à mes parents de le rejoindre, tellement certain qu’ils n’auraient pas cru à mon souci de solidarité masculine.
Les rares filles que j’aurais pu approcher étaient soigneusement tenues à l’écart par ma mère, terrorisée à la perspective que l’une d’elles puisse me séduire. Elle ne voulait pas faire de moi un séminariste, mais toute notion de relation amoureuse m’était, à ses yeux, interdite jusqu’aux calendes grecques et toute discussion sur le sujet était absolument taboue. Mon père lui laissait ce domaine éducatif en exclusivité, se consacrant uniquement à son travail ; toute tentative de le faire intervenir pour me libérer de ce carcan de pruderie et de principes coincés se serait heurtée à un mur insondable.
J’ai retrouvé cette fille du bus un peu plus tard dans le groupe de spéléologie que j’ai intégré. Nous nous sommes ainsi adressés enfin la parole, mais aucune camaraderie, aucune complicité ne s’est mise en place. Elle ne me plaisait pas spécialement, pas assez jolie, trop sérieuse, donc je ne voulais pas prendre le risque d’entreprendre quoi que ce fût, ni de faire naître quelque espoir en elle, pour laquelle j’aurais probablement été aussi le premier.
Et puis un jour, pendant mon année de Terminale, j’ai aperçu une autre brune, depuis le fond de mon bus, très belle celle-ci. Elle aussi avec lunettes et cheveux mi-longs, mais pas raides comme l’autre, et surtout un visage charmant.
Je ne l’avais pas vue monter, elle avait dû le faire par l’avant. Elle semblait seule car je ne la vis parler avec personne. Elle ne me voyait pas, a priori, le bus était bondé et elle se tenait debout dans sa moitié avant, donc un peu loin de moi pour que je puisse distinguer ses traits avec une précision maximale. Bizarrement, malgré cette dizaine de mètres de distance, j’en pus voir assez pour m’émouvoir. Son teint était très clair, mais ni triste ni laiteux comme tant de blondes. Un instant furtif, j’entraperçus ses yeux lorsqu’elle lança un regard panoramique vers l’arrière. On eût dit qu’elle cherchait à reconnaître quelqu’un. Son regard ne s’arrêta pas sur moi, mais grâce à mon flash intégré qui fonctionnait alors en dix images par seconde, je pus saisir la pureté de ses deux billes bleues et la forme superbe de ses yeux, pourtant visiblement atteints de myopie, car rétrécis par ses verres. Déjà dans la cour de l’école primaire, nous évitions de perdre certaines billes bleues ou vertes, dotées aussi d’un pouvoir d’attraction extraordinaire, liée à une combinaison magique de clarté, composition et rareté. Pas question de les jouer ou de risquer de les abimer. On ne les dévoilait qu’aux copains digne de confiance, en catimini, et on leur faisait jurer de garder le secret sur ce trésor.
A peine soulignés d’un fin trait noir, ses yeux n’avaient pas bénéficié de la longue leçon de maquillage de Marie Laforêt, toujours référence absolue en matière d’yeux de biche, même dix ans après son émission de télé consacrée à ce sujet… inutile, elle était belle naturellement, tout comme cette inoubliable artiste. Comme elle, « mon » inconnue avait un visage très mince, sans être émacié, d’où émanait pureté, douceur et fragilité.
Finesse était le mot le plus universel pour la décrire : son allure gracile avec sa veste en peau retournée, bordée de moumoute blanche et son jean sur lequel elle avait cousu une fleur sur le côté ; son minois adorable avec ses lunettes rondes de