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Piège Corse: Un polar politique riche en rebondissements
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Piège Corse: Un polar politique riche en rebondissements
Livre électronique326 pages4 heures

Piège Corse: Un polar politique riche en rebondissements

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À propos de ce livre électronique

Un ministre de la justice assassiné au pied de la citadelle de Calvi. Deux militants corses sont condamnés à de lourdes peines pour ce crime d’État. La rapidité de l’instruction à l’époque a laissé planer un doute sur la culpabilité des deux hommes. Tel est le scénario confié vingt ans plus tard à un jeune journaliste en vacances sur l’île de Beauté. Curieux et intrigué par ce récit, il décide de mener sa propre enquête en vue d’un article de fond. Toutefois l’opération s’annonce difficile et parfois dangereuse tant les protagonistes sont nombreux ; nationalistes, truands, politiques locaux ou continentaux, autant d’interlocuteurs plus ou moins bavards. Au final, si une autre « vérité » existe, elle ne sera pas facile à prouver…


À PROPOS DE L'AUTEUR

Serge Guéguen - Je suis un écrivain français. Ma date de naissance n'a que peu d'importance, mais sachez que les cheveux blancs sont bien présents. Quant à ma carrière professionnelle elle a été riche en rencontres et mes voyages m'ont beaucoup inspiré. Depuis les années quatre-vingt j'écris des scénarios, des pièces de théâtre, des nouvelles et des romans policiers. Dans tout ce que j'écris, il y a une part de moi-même qui transpire alors à vous de trouver. Je pense, par ailleurs, que vous pouvez passer un bon moment en compagnie de mes héros.

LangueFrançais
Date de sortie20 juil. 2023
ISBN9791095225416
Piège Corse: Un polar politique riche en rebondissements

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    Aperçu du livre

    Piège Corse - Serge Guéguen

    Chapitre 1

    Théo Malaval ouvrit son appartement, cela faisait plusieurs semaines qu’il était parti en reportage en Ukraine. Il avait, malgré son jeune âge, à peine trente ans, couvert plusieurs conflits en Afrique où il avait eu l’occasion de côtoyer nombre de militaires notamment dans le Sahel.

    Sorti major de sa promotion de l’ESJ Paris, l’Ecole supérieure de journalisme de Paris, il avait rapidement été recruté, d’abord comme pigiste, puis permanent dans un grand quotidien national. Dans le métier, il était considéré comme un baroudeur, à l’image de son père, ancien commandant de légion, devenu général, qui avait sauté d’un avion volant de nuit sur Kolwezi en 1978 pour sauver des Français pris en otages. Théo n’était pas né à cette époque mais son père, décoré pour cette action, lui avait raconté cette opération extérieure dite OPEX dans le jargon militaire. Depuis il avait participé à différents conflits, dont ceux du Kosovo et d’Afghanistan, avant de prendre sa retraite. Aujourd’hui il était responsable de la sécurité dans un grand groupe pétrolier, une opération de reconversion qui l’amenait régulièrement à se rendre en Afrique où son employeur avait de nombreux intérêts.

    La vie mouvementée de son père avait rapidement usé le couple et les avait conduits directement à la case divorce, alors que le petit Théo n’avait que trois ans. Depuis sa mère s’était remarié avec Pierre, professeur de lettres classiques dans un lycée huppé du centre de Paris. Ce confort matériel avait permis à sa mère de reprendre ses études de médecine en toute sérénité. Aujourd’hui, elle était chef du service cardiologie d’un grand hôpital parisien.

    Le couple menait une vie très confortable dans un bel appartement donnant sur les Buttes-Chaumont, où devait naître quelques années plus tard Bénédicte de trois années sa cadette. Brillante élève, elle avait obtenu son bac à l’aube de ses seize ans. Depuis son plus jeune âge elle souhaitait suivre les traces de sa mère ce qu’elle réussit avec brio en obtenant son DES d’ophtalmologie à tout juste vingt-cinq ans. Un an plus tard, elle ouvrait son propre cabinet en proche banlieue parisienne.

    C’est dans cet univers intellectuel que grandit Théo. Il avait régulièrement son père au téléphone quand celui-ci était en permission et dans ces moments-là il ne manquait pas de passer du temps avec lui en France ou à l’étranger. C’est comme cela que le jeune homme attrapa le virus des voyages. Depuis il parcourait le monde, tant pour son travail que pour le plaisir.

    Ses dons pour l’écriture se manifestèrent dès l’adolescence. Il commença à écrire avec un talent remarqué pour la gazette du collège. Son beau-père, Pierre, le canalisa et l’incita après le bac à faire khâgne et hypokhâgne, des études qui lui permirent d’intégrer du premier coup l’ESJ Paris. De longues années avaient passé depuis.

    Après avoir déballé ses affaires, il brancha son ordinateur et affina le texte qu’il avait travaillé dans l’avion. À l’issue de cette relecture et des corrections afférentes, il repensa à l’éducation exigeante que Pierre lui avait donnée. Théo connaissait très bien les différents accords et autres subtilités de la langue, et possédait un vocabulaire très riche en comparaison avec la moyenne de ses petits camarades de classe. Cette rigueur dans l’utilisation du français, ainsi que l’apprentissage du latin et du grec, lui avait entre autres permis de décrocher une mention très bien au bac. Comme disait sa mère : « Tu aurais pu faire une excellente carrière de prof ». Choix qu’il n’avait pas fait, notamment à cause du manque d’adrénaline, même si parfois devant une trentaine d’élèves, notamment dans les lycées compliqués, cette dernière devait monter.

    Dans son for intérieur il voulait ressembler à son père, sans les contraintes du métier des armes, être un baroudeur civil, d’ailleurs sa bonne connaissance des conflits et des mentalités des protagonistes enseignés par son père lui était très utile en reportage, même si la lecture attentive de L’Art de la guerre de Sun Tzu, livre référence en la matière permettait d’essayer de comprendre les différentes tactiques des intervenants, si toutefois, ils en avaient, car les conflits ethniques étaient plutôt basiques en matière de stratégie, dans le genre : plus je tue d’adversaires, meilleur je suis. Même si parfois et notamment lors du dernier conflit qu’il avait couvert il avait eu du mal à comprendre la stratégie de la Russie vis-à-vis de l’Ukraine, à part la volonté d’annexion d’une partie de ce pays.

    Les cerveaux des chefs de guerre étaient d’étranges machines aux mécanismes incompréhensibles pour la majorité des populations et cela d’autant plus qu’un grand nombre de ces dirigeants se considèrent comme des experts militaires, à l’image d’Hitler qui s’était entêté à vouloir envahir la Russie en plein hiver, sans que ses soldats ne soient équipés pour la rigueur des températures descendant à – 20° voire plus. Stratégie dénoncée à l’époque par ses généraux, lesquels furent soit démis de leurs fonctions, soit fusillés pour incompétence. Théo pensait, comme son père, qu’il fallait une bonne connaissance de l’histoire pour appréhender les différents conflits, car souvent ils prenaient leurs racines dans le passé des protagonistes avec de plus ou moins bonnes raisons historiques.

    Une fois envoyé son papier à la rédaction, il appela son patron qu’il connaissait depuis ses études. En effet, en plus de son poste de rédacteur en chef, ce dernier intervenait régulièrement au centre de formation sur le thème du journalisme de guerre. Il avait une expérience que les étudiants appréciaient d’autant plus qu’il avait vécu dans sa chair la violence des combats. En effet, lors de son dernier reportage au Kosovo vingt ans plus tôt, il avait été grièvement blessé à une jambe ce qui l’obligeait à se déplacer en s’aidant d’une canne. En tant que rédacteur en chef, dirigeant responsable, il s’inquiétait tout particulièrement de ses reporters en mission risquée à travers le monde, comme celle que venait de vivre le jeune journaliste.

    — Salut Jo, c’est Théo.

    — Bien rentré ?

    — Pas de souci, malgré l’ambiance sur place, je viens de t’envoyer mon papier.

    — Merci, comment se sont passées tes relations avec ton fixeur, comme c’était une nouvelle recrue…

    — Excellentes, tu peux le garder dans tes contacts, d’ailleurs c’est grâce à lui si j’ai pu approcher les Russes sans me faire repérer.

    — Je n’ai pas lu cela dans tes papiers.

    — Normal, je n’en suis pas spécialement fier.

    — Raconte !

    — On était avec un groupe de défenseurs Ukrainiens lorsqu’on s’est trouvé un peu isolé dans les ruines d’un petit village aux abords de Marioupol et on a entendu parler russe.

    — Et alors ?

    — Heureusement que Maksim m’a poussé dans un recoin, sinon on était fait prisonniers et aujourd’hui tu négocierais mon retour. Quant à mon fixeur, il aurait probablement été exécuté.

    — Comment vous vous en êtes sortis ?

    — À travers les ruines on a pu rattraper le commando qui nous avait « oublié » et rejoindre les lignes de front, mais on a eu chaud, plus tard on a su que les Russes avaient été refoulés, c’est pour cela que nous nous sommes retrouvés entre deux lignes de combat.

    — Je te préfère ici, blagua Jo.

    — Et moi donc, d’ailleurs au-delà de ce que j’ai vécu avec Maksim, tu savais que sa femme était en France ?

    — Non.

    — Ils ont été accueillis dans une famille de la banlieue nantaise.

    — Je ne savais pas, répondit Jo.

    — D’ailleurs je me disais que l’on pourrait peut-être faire un geste pour eux, en plus de l’indemnité qu’on lui a versée, qu’est-ce que tu en penses ?

    — Je vais en parler aux financiers, mais a priori cela devrait être possible, tu as les coordonnées de la famille d’accueil ?

    — Oui, je te les envoie par texto, merci.

    — Il t’a sauvé la vie, à nous de les aider maintenant.

    — Je n’en attendais pas moins de toi, pour récupérer un peu je vais prendre quelques jours de congé, si tu n’y vois pas d’inconvénients ? interrogea Théo.

    — Aucun, tu as déjà un point de chute ?

    — Je vais aller en Corse, un peu de soleil et de calme me feront le plus grand bien.

    — Très bonne idée, d’autant plus que c’est l’anniversaire de l’effondrement de la tribune du stade Furiani à Bastia en 1992, si tu peux glaner quelques infos…

    — Tu ne perds pas le nord, répondit Théo dans un rire sonore.

    — C’est juste une proposition, mais comme je connais ta curiosité je me dis que tu pourrais peut-être nous éclaircir sur cette affaire qui près de trente ans après laisse encore des traces dans les mémoires.

    — Je verrais ce que je peux faire, en attendant il faut que je rassure ma mère…

    — Je comprends, salut et repose-toi bien.

    — Merci.

    Après avoir raccroché, Théo envoya le texto avec les coordonnées de la famille d’accueil hébergeant la femme et les enfants de Maksim, puis il se dirigea vers la cuisine afin de se préparer un expresso. Par la fenêtre il pouvait admirer les arbres en fleurs du parc Montsouris, jardin magnifique dans lequel il aimait tant flâner. Chaque saison apportait son lot de plaisir visuel ou olfactif. Parfois il se plaisait à imaginer se promener avec des enfants qu’il aura peut-être lorsqu’il aurait trouvé l’âme sœur. Jusqu’à présent sa vie sentimentale avait plutôt été en CDD qu’en CDI. Dans son métier, il était difficile de rencontrer une personne qui accepte les contraintes de ses emplois du temps en forme de sinusoïde. À ses retours de mission il était comme ses collègues, souvent très fatigué, avec des nuits agitées par des images violentes difficiles à oublier. Aux dires des anciens, même avec le temps elles ne s’effaçaient jamais.

    Malgré cette vie désordonnée, Théo ne désespérait pas de trouver celle qui voudrait bien un jour partager son quotidien d’intérimaire de l’information. Pour l’heure il devait appeler sa mère afin de la rassurer sur l’état physique et mental de son chérubin. D’autant plus que les chaînes d’info en continu donnaient une vision des combats en Ukraine dont le quotidien était fait de morts et de blessés par dizaines dont des journalistes.

    C’est le premier conflit qu’il couvrait avec autant de confrères sur le terrain et des retransmissions quasi en instantané vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Était-ce la proximité de cette guerre qui faisait que l’Europe s’inquiétait ? Alors que dans de nombreux pays comme au Yémen la guerre faisait également de nombreux morts en plus de la famine qui régnait. Théo avait bien une petite idée, mais il préférait la garder pour le débat qu’il ne devrait pas tarder à avoir avec son père, lequel avait quelques idées bien tranchées sur les guerres, surtout lorsque la France y était impliquée directement ou indirectement comme c’était actuellement le cas.

    À peine avait-il fini de composer le numéro de sa mère qu’elle décrocha.

    — Quand même de tes nouvelles, j’étais morte d’inquiétude, le critiqua sa mère.

    — Je suis rentré entier, maman, tout va bien.

    — Tu sais avec ce que l’on voit à la télé et tes collègues qui sont blessés ou tués, il y a de quoi se faire un sang d’encre, ça me rappelle ce que j’ai vécu avec ton père au début de notre mariage…

    — Mais depuis tu as divorcé, ironisa Théo.

    — Ce n’est pas pour revivre les mêmes choses avec toi.

    — Maman, tu ne vas commencer à me faire la morale !

    — Non, non, mais avec tes capacités intellectuelles tu aurais pu choisir une autre profession, mieux payée et plus valorisante.

    — Je sais, mais c’est ce métier qui me plaît. Et toi, comment vas-tu ?

    — C’est très dur en ce moment à l’hôpital.

    — Toujours en manque de personnel ?

    — De plus en plus, pas de recrutement et beaucoup de démissions.

    — Tu vois que ton univers n’est pas très excitant, alors que le mien…

    — C’est que ce n’est pas la médecine de ma jeunesse, aujourd’hui il faut jongler avec le personnel et les priorités à gérer.

    — Dans un sens, moi je suis sous pression pendant quelques semaines alors que toi c’est tout le temps… qui est le plus à envier de nous deux ?

    — De toute façon tu as fait ce que tu voulais réaliser, alors à quoi bon essayer de te faire changer d’avis, je te rassure je suis quand même très contente que tu te plaises dans ton travail, mais je suis une mère et une mère est toujours inquiète pour ses enfants.

    — À propos d’enfant, comment va ma sœur ?

    — Il lui reste un mois à tenir avant d’accoucher.

    — Ils savent si c’est un garçon ou une fille ?

    — Non, ils veulent avoir la surprise.

    — Après ce troisième, elle va peut-être arrêter ?

    — Je crois, elle est très fatiguée.

    — Comment va Pierre ?

    — Toujours bien, même si son diabète a parfois du mal à se réguler, autrement il va bien et perpétuellement à fond sur les échecs en ligne, par moment je dois le secouer pour que l’on sorte…

    — Je l’imagine, sourit Théo.

    — Il occupe sa retraite, heureusement qu’il fait les courses et la cuisine, commenta sa mère.

    — Un véritable homme d’intérieur, je vais te quitter pour appeler papa et ensuite je vais lancer une lessive et préparer mon sac pour repartir…

    — Encore ? s’énerva sa mère.

    — Je pars en vacances, répondit Théo en riant.

    — Taquin, tu vas où ?

    — En Corse j’ai réservé un petit appartement à Calvi.

    — C’est une ville que connaît bien ton père.

    — Je ne me rappelle pas bien de cette époque.

    — Tu étais trop jeune, ensuite on a divorcé et j’ai rencontré Pierre.

    — Ça t’a pas trop mal réussi, ironisa Théo.

    — Effectivement je ne regrette pas ma vie, même les années avec ton père. Au fait comment va-t-il ?

    — Je n’ai pas de nouvelles depuis un moment, il est perpétuellement par monts et par vaux.

    — Lui aussi a toujours réalisé ce qu’il voulait, y compris de nous trimballer de caserne en caserne.

    — Bien… je t’enverrai des images de Corse, bonne journée maman, je t’aime.

    — Moi aussi mon chéri.

    La machine à laver commença à ronronner doucement, Théo s’installa dans son canapé et alluma la télé, il ne pouvait pas se déconnecter complètement de l’actualité. Sur France Info, des spécialistes de la guerre intervenaient pour expliquer pourquoi tel camp avait gagné et pourquoi tel autre avait perdu. Les interviews se succédaient. Sur le terrain, Théo n’avait pas eu le sentiment que c’était aussi clair, la seule certitude qu’il avait acquise c’est qu’il y avait beaucoup de morts de part et d’autre, des jeunes militaires Russes carbonisés dans leur char et des civils massacrés ou décédés sous les bombes, des vieux, des enfants, des femmes. Les infos n’étaient pas réjouissantes, il coupa au bout d’un quart d’heure et composa le numéro de son père.

    — Allô, répondit la voix grave d’Hubert.

    — Salut p’pa, toujours en balade ?

    — Non mon fils, je suis à Paris, tu as de la chance de me trouver, je reviens du Gabon.

    — Un pays que tu connais bien ?

    — Effectivement, j’ai effectué plusieurs missions là-bas, et toi bien rentré d’Ukraine ? J’ai suivi ton périple dans ton journal, bravo, on dirait que tu as pris quelques risques, avec les Ruskofs ?

    — Pas mal en effet. C’était un peu chaud à certains moments, surtout dans le sud.

    — J’ai vu cela à télé, mais je ne suis pas surpris de la tournure qu’ont pris les événements.

    — Ah bon et pourquoi ?

    — Tu sais lorsque j’étais à la direction du COS.

    — Du quoi ? interrompit Théo

    — Le Commandement des Opérations Spéciales.

    — Là où se préparent les coups tordus, ironisa Théo

    — C’est l’endroit où on protège les intérêts de la France.

    — Pourquoi tu n’es pas surpris de ce qui se passe en Ukraine ?

    — À l’époque on était focalisé sur le Sahel et la lutte antiterroriste, mais la vieille génération comme moi avions continuellement un œil sur les anciens pays de l’Est, malgré la Perestroïka, il y a toujours un fond de communisme et un désir de conquête chez les Russes.

    — Mais de là à envahir une partie de l’Ukraine, il y a une marge, non !

    — Dans l’histoire soviétique et les combats contre les nazis, on a fait la part belle à la résistance alors que dans l’Ukraine de cette époque, l’armée allemande avait été accueillie avec complaisance notamment à Lviv où était basé un commandement SS et où ils ont déporté des milliers de Juifs. Alors, ressortir cette histoire ravive un nationalisme important, même si les Russes ont également massacré beaucoup de monde.

    — Mais l’invasion n’est pas une solution au XXIe siècle, rétorqua Théo.

    — Certes, mais en 1992 lorsque le pacte de Varsovie a été démantelé, les Américains ont quand même gardé des bases de l’OTAN très proches de leurs frontières et cela les Russes l’ont pris comme une menace, en fait ils se sont sentis comme les dindons de la farce.

    — Et la suite d’après toi ?

    — Il y aura un accord, les Russes s’installeront sur les territoires « conquis » et les Ukrainiens reprendront le cours de leur vie, tout en ayant un fort ressenti, compensé par une adhésion à l’Europe.

    — Et la France dans tout cela ?

    — Nous resterons un petit pays par rapport aux Américains et aux Russes.

    — Tu penses que nous avons des gens à nous là-bas ?

    — Je pense que nous avons envoyé des formateurs et quelques unités pour obtenir des renseignements.

    — Pourquoi ?

    — Pour ne pas être complètement largués et surtout étudier les différentes stratégies pour l’avenir dans nos différentes formations. Et toi, tu vas faire quoi maintenant ? Tu repars ?

    — Je vais prendre quelques jours de repos, après on verra.

    — Tu vas où, si ce n’est pas indiscret ?

    — J’ai réservé dans un endroit cher à ton cœur !

    — Ah bon et où ?

    — À Calvi, j’ai une petite location à quelques pas de la plage.

    — Effectivement je connais bien la région, c’est très chaud, c’est pour cela qu’on courait le matin avec ma section dans la pinède qui longe la voie ferrée avant d’arriver à la gare. Tu penseras à moi quand tu y seras.

    — En plus comme mon rédac’chef fait feu de tout bois, il m’a demandé de réaliser un petit papier sur l’anniversaire du drame de Furiani.

    — Je me rappelle bien, une vraie catastrophe, d’ailleurs les coupables ont été jugés, sauf un qui s’est fait descendre avant le jugement, ça ne peut pas être un hasard, ironisa Hubert.

    — Je vois que tu connais bien cette histoire, commenta Théo.

    — Tu sais dans le renseignement, qu’il soit militaire ou civil on a des oreilles partout.

    — Mais toi, pourtant tu n’étais pas dans les renseignements ?

    — Pas directement, non, mais nous étions le bras armé avec quelques opérations de type « Homo » avec le service action composé de militaires sous commandement de la DGSE.

    — Si j’ai besoin d’infos je t’appelle ?

    — Sauf secret-défense, bien sûr.

    — Bien sûr.

    — Par contre si tu en as la possibilité va voir un vieil ami qui habite Calvi, il est maintenant à la retraite, mais il était journaliste dans un canard local, il pourra certainement te tuyauter.

    — Bonne idée ! Tu me donnes ses coordonnées, s’il te plaît.

    — Je te les envoie par texto.

    — Merci p’pa, je vais me préparer.

    — Bonnes vacances mon fils.

    — Merci, fait attention à toi, bises.

    Le téléphone raccroché Théo sortit ses billets d’avion et consulta les horaires de départ, il avait encore quelques heures devant lui avant de prendre son vol, aussi il décida de profiter de ce temps libre pour faire un petit somme. Il en avait bien besoin.

    Chapitre 2

    L’annonce de l’hôtesse du vol 7612 d’Air France sortit Théo de sa torpeur. De sa voix suave, elle demanda aux passagers d’attacher leur ceinture en vue de l’atterrissage imminent sur l’aéroport corse de Calvi-Sainte Catherine.

    — La température extérieure est de 30° et nous espérons vous revoir prochainement sur notre compagnie. Le commandant de bord et l’ensemble de son équipage vous souhaitent un excellent séjour sur l’île de Beauté.

    C’est tout en douceur que les roues de l’Airbus se posèrent sur le tarmac. La descente de l’avion se fit sans précipitation et Théo retrouva rapidement son bagage. Il se dirigea vers l’agence de location de voitures pour récupérer la petite Clio qu’il avait réservée au départ de Paris. Il entra l’adresse de son logement de vacances dans le GPS de bord : temps estimé 7 minutes. Il décrocha son téléphone pour appeler sa logeuse répondant au charmant prénom de Lorette.

    — Bonjour Madame, je suis Théo Malaval et je serai à la location dans quelques minutes.

    — Je vous attends sur place.

    — Merci, à tout de suite.

    Il sortit de l’aéroport et au premier rond-point il prit la direction de Calvi centre. Arrivé à son lieu de villégiature, il se garait devant la résidence quand une dame d’un certain âge s’approcha de lui.

    — Vous êtes Théo ?

    — Oui et vous Lorette ?

    — C’est cela, je passe devant.

    — J’attrape ma valise et je vous suis, sourit Théo.

    — Il faut que vous sachiez que vous aurez besoin du badge pour entrer dans la résidence et prendre l’ascenseur, je vous donnerai également une télécommande pour le portail afin que vous accédiez au parking situé à l’arrière du bâtiment.

    Arrivé dans l’appartement Théo écouta d’une oreille attentive l’ensemble des consignes, pour le linge, pour le store… Au bout d’une quinzaine de minutes, Lorette le quitta en lui souhaitant un excellent séjour. Tout dans l’appartement était parfait et même le lit était fait, un vrai luxe. Du balcon, il aperçut la mer calme striée des rayons du soleil dorés ce qui lui donna instantanément l’envie d’aller plonger une tête dans l’eau claire de la grande bleue.

    Il défit sa valise, enfila un t-shirt et mit son maillot de bain. Chaussé de tongs, il gagna rapidement la plage qui n’était qu’à une dizaine de minutes, pressé d’oublier Paris, son vol, et son dernier reportage. Toutefois, il prit le temps d’installer sa serviette le plusà l’écart des autres touristes et se dirigea vers l’eau pour s’y glisser avec délectation. À son retour, il s’allongea sur son drap de bain et observa les gens autour de lui à travers les verres de ses Ray-Ban. Des couples et beaucoup de femmes seules, probablement retraitées, là depuis plusieurs semaines sans doute tant elles avaient la peau hâlée par le soleil. Devant lui, deux dames sur leurs fauteuils de plage papotaient sans discontinuer : « Et je ne te parle pas de la cousine Lucie qui dit n’importe quoi et ma mère qui raconte qu’en 1942 elle a vu un nuage de

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