À propos de ce livre électronique
Le jour où madame Mercier confie sa fille Madeleine à Rousseau pour qu'il lui donne des cours, le rêve de Rousseau est exaucé. Madeleine aime la littérature. Elle lit des poèmes. Elle est attentive, tendre — et incroyablement belle…
Entre journaux intimes et confessions, le roman est une intense réflexion sur le mariage, la liberté et la religion. Marius Grout rappelle qu'un homme heureux est celui qui part à la recherche du bonheur, celui qui fuit son morne quotidien — sans aller trop loin.
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Aperçu du livre
Le vent se lève - Marius Grout
Marius Grout
Le vent se lève
Saga
Le vent se lève
Image de couverture : Shutterstock
Copyright © 1942, 2023 SAGA Egmont
Tous droits réservés
ISBN : 9788726860696
1e édition ebook
Format : EPUB 3.0
Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée/archivée dans un système de récupération, ou transmise, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, sans l’accord écrit préalable de l’éditeur, ni être autrement diffusée sous une forme de reliure ou de couverture autre que dans laquelle il est publié et sans qu’une condition similaire ne soit imposée à l’acheteur ultérieur.
Cet ouvrage est republié en tant que document historique. Il contient une utilisation contemporaine de la langue.
www.sagaegmont.com
Saga est une filiale d’Egmont. Egmont est la plus grande entreprise médiatique du Danemark et appartient exclusivement à la Fondation Egmont, qui fait un don annuel de près de 13,4 millions d’euros aux enfants en difficulté.
I
JOURNAL DE MONSIEUR ROUSSEAU
J’ai trouvé enfin, dans cette maison, où me retirer : une vieille petite chambre mansardée, qui a dû être tapissée autrefois — on ne voit plus que le papier de journal — , et qui donne, de son unique fenêtre, sur le jardin. Thérèse a haussé les épaules lorsque je lui ai dit mon intention : « Comme si tu ne pouvais pas faire ton travail en bas, dans la salle à manger, et bien au chaud ! Et les enfants, qui estce qui les aidera à faire leurs devoirs ?’ Ce n’est toujours pas moi !… Enfin… Tout ce que je dis… » Pour Thérèse, mon travail, c’est de corriger des copies ou de préparer mon journal de classe. Elle n’ignore pourtant pas que, depuis dix ans, j’écris des pages et des pages sur des carnets (je les achète rue La Pérouse), sur des cahiers (c’est l’école qui me les fournit), que j’entasse dans un des placards de ce grenier, et dont je ne sais pas trop quel sera l’usage. Je me dis parfois que si je les envoyais par exemple à la N. R. F., ou chez Grasset… mais voilà, ce ne sont que des pages de journal, et ces choses-là n’intéressent, d’ordinaire, que lorsqu’elles sont d’un homme célèbre. Singulier, tout de même, que le journal d’un inconnu ait si peu de chances ! Je me dis encore — je deviens raisonnable : j’ai quarante-cinq ans — que Jacques, plus tard, qui paraît assez doué pour les lettres, assez intelligent, et avec qui je sympathise, trouvera à ça quelque intérêt. Et puis, ce n’est pas la question : il suffît que je prenne, moi, du plaisir à cette occupation. La vie, déjà, n’est pas si gaie.
Bon, Thérèse qui dispute encore ! Le jeudi est jour de lessive, et les enfants sont à la maison, mais pourquoi Thérèse s’obstine-t-elle à faire sa lessive ce jour-là ? Je le lui ai demandé. Le plus doucement possible. Il est vrai que je n’aurais peut-être pas dû le lui demander un jeudi soir : elle était alors si fatiguée ! « Naturellement ! on a trimé toute sa journée, et c’est pour entendre des reproches ! » Etc… Je n’ai pas insisté. La vraie raison pour laquelle Thérèse fait sa lessive le jeudi, c’est que sa mère l’y faisait aussi. Il y a un jour pour la lessive. Les enfants devraient comprendre ça. Passe encore pour Jeanne : elle n’a que huit ans, mais, bon sang, Jacques en a neuf, et Cécile douze, et Pierre quatorze ! Et ce grand nigaud de Philippe qui en a seize, et qui je crois, en ce moment même, vient de recevoir une taloche ! Je dois avoir là-dedans une certaine responsabilité. Je suis trop mou. On ne m’a jamais pris au sérieux. J’ai même, en classe, quelques petites difficultés. Oh ! ça ne va pas très loin bien sûr : on me m’a jamais fait, par exemple, ce qu’on a fait au pauvre Viard : ils l’avaient ficelé dans sa classe, sur son bureau, et ils dansaient autour de lui. C’est le Principal qui l’a délivré. Non, pas jusque-là. Mais, tout, de même, je manque quelquefois d’autorité. Les enfants ici le savent bien. Je m’essaie parfois à gronder, mais je ne me crois pas, et ils le sentent. Je n’ai jamais pu prendre au sérieux leur action la plus criminelle. Ils me désarment. Je crois, au fond, que tout leur est permis, et qu’ils vivent dans un monde sans défenses. La belle doctrine ! Et le malheur, c’est qu’en secret je me l’applique à moi aussi. Oui, je crois que tout m’est permis. Si je n’en fais rien, c’est faute, sans doute, d’être tenté, parce que je ne suis pas assez fort, assez viril : j’ai eu ma moustache assez tard, et peu fournie. Si j’étais fort, j’aurais à lutter contre moi, je comprendrais la discipline. Pour moi. Et sûrement l’imposerais-je aux autres.
Mon unique tentation, pour lors, c’est d’écrire, et d’écrire des pages en me cachant. J’y goûte le plaisir le plus vif. Allons au bout de ma pensée : un plaisir assez proche, ma foi, de ce qu’on nomme plaisir solitaire. Quand je me rappelle, c’était bien le même tressaillement, la même délicieuse inquiétude, la même attente. Et le grenier peutêtre même… Non, il n’est pas indifférent que je médite dans ce grenier.
Je suis heureux. Oui, en dépit de ce que je puis dire. Je suis heureux. Comme on l’est tous. Thérèse est une brave femme. La maison est parfaitement tenue, et les enfants raccommodés, et nous mangeons’à notre faim, ce qui n’est pas toujours facile : mon petit traitement de licencié ne permet pas une vie aisée, même avec les « charges de famille », je veux dire : les indemnités. Seulement, voilà, je croyais que Thérèse serait autre, qu’elle ne cesserait point de comprendre. Elle comprenait bien autrefois ! Et si je relisais, à présent, les lettres qu’elle m’écrivait alors, j’en aurais la confirmation. Mais je ne le désire pas du tout. J’aurais voulu que mes poèmes car j’écris aussi des poèmes elle pût les goûter avec moi, que nous puissions les partager, qu’elle consentît parfois à s’en laisser faire la lecture. Je n’ose même pas le lui demander. Qu’est-ce qui a pu se passer au juste ? Ai-je vu Thérèse comme elle était ? Lui aurais-je donc tellement prêté ? Pourquoi ne point vouloir relire ses lettres ? Craindrais-je de l’y voir telle qu’elle est ? Ou, comme je le crois, si cette Thérèse-là fut vivante, la Thérèse de nos fiançailles mon Dieu, le parfum de ses lettres !
— n’est-ce point moi qui l’ai fait mourir ? Ce gain médiocre, ces’cinq enfants, quelle femme donc résisterait à cela ? Et je ne l’ai peut-être pas toujours aidée comme il eût fallu. Je suis fragile, je l’ai déjà dit. Je n’ai pas fait mon service militaire. J’ai honte de l’avouer : le bois pour la lessive, c’est elle qui le fend et qui le scie. Je suis bon à faire les chaussures. Tout juste à ça. Pour la cuisine, mieux vaut n’en point parler du tout. Si je vous disais la malheureuse histoire du pot-au-feu ? que, Thérèse absente ce jour-là, et pour un enterrement je crois, et les cinq enfants à l’école, j’avais été chargé, quand ça bouillirait (« Tu sauras bien ? ») de jeter les légumes tout près, là, dans une assiette, (« Tu sauras bien ? »), et que Thérèse rentrant trouva, au fond du pot-au-feu, non point les légumes préparés, mais, éparses, les épluchures, avec, en plus, un bout de ficelle ! Suffît. Des histoires de ce genre, j’en aurais beaucoup d’autres à raconter. Et je le ferais avec plaisir, si je ne savais que cela n’est pas racontable, que ce n’est pas sain, que ce sont là des choses qu’on doit garder pour soi.
Et pourtant, toutes ces histoires-là, je les chéris, je me les raconte à moi-même, avec complaisance, comme étant du meilleur de moi, comme témoignant de toute cette fantaisie qui eût voulu vivre, qui veut vivre encore, et que les événements ont découragée. Thérèse m’appelle. Il doit s’agir de l’aider à porter la lessiveuse de la cuisine à la buanderie. Et les enfants crient à tue-tête : « Papa ! Papa ! Maman a besoin de toi ! »
Non, ce n’était pas pour la lessiveuse, mais pour quelque chose de plus grave : Philippe doit-il, ou non, aller au patronage cet après-midi ?
Voilà encore une de ces questions sur lesquelles je ne suis pas au clair. J’ai des sentiments religieux. Je crois même que je suis catholique. Entendons-nous : je le suis, comme tant d’autres, à ma façon. J’ai de la peine à croire, par exemple, que Dieu habite cette petite boîte, au fond de l’église, que l’on appelle le Tabernacle, et j’ai cessé de communier, mais je n’en assiste pas moins à la messe du dimanche. Et pas seulement pour faire plaisir à Thérèse, et, comme elle dit, pour donner l’exemple. « Faut ce qu’il faut, déclare Thérèse, et je n’en suis pas pour les mômeries, mais les enfants doivent communier, et faire leurs Pâques jusqu’à seize ans, et un peu plus tard pour les filles. Après quoi, ils se décideront ! » Je vais donc à la messe du dimanche. Avec un paroissien dans lequel je lis, en français, scrupuleusement, l’office du jour. Je regrette dé ne pas savoir le latin : c’est rond, c’est plein, et ça vous donne envie de chanter. La langue de Dieu ! J’assiste même, quand c’est l’été, une fois à peu près par quinzaine, selon l’humeur, à la petite messe du matin. Il n’y a guère que moi et la mère Lasnel. Une vieille bigote. Le portail est resté ouvert sur le cimetière et sur les arbres, et, quand le curé se prosterne, au moment de l’élévation on entend les oiseaux chanter. C’est beau. Parfois encore, revenant du collège, vers les, cinq heures, j’entre à l’église. Il n’y a personne. Je reste là dix bonnes minutes, dans un banc du fond, à ne rien penser, à attendre cette petite ivresse, cette toute petite extase d’un sou, qui me donne courage pour de » mois. Quelquefois, j’attends ça en vain. Je n’insiste pas, je ne force rien : Dieu a tellement d’occupations qu’il peut manquer des
