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Féministe à ma façon
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Livre électronique163 pages2 heures

Féministe à ma façon

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À propos de ce livre électronique

Il y a plusieurs façons d’être féministe:

de façon militante;
de façon discrète;
de façon publique;
de façon intime;
selon son contexte familial,
son milieu professionnel, son caractère.

Au moment où les langues se délient, on ne peut plus être silencieux.ses ou indifférent.e. s. Richard Baillargeon, qui se fait habituellement discret, choisit aujourd’hui de partager ses réflexions, suite à des lectures cruciales et à des rencontres décisives.

Au coeur de ce livre, une conviction: La façon de considérer les femmes est de les traiter d’égal à égal.

Ne serait-ce pas une bonne définition du féminisme ?
LangueFrançais
Date de sortie16 nov. 2022
ISBN9782898312373
Féministe à ma façon
Auteur

Richard Baillargeon

Auteur de « 401 petits et grands chefs-d’œuvre de la chanson et de la musique québécoises » (2009) et « Bon usage des palmarès » (2019), Richard Baillargeon résume avec « Féministe à ma façon », sa démarche personnelle concernant les relations humaines. Il y incorpore des réflexions tirées de discussions animées et de l’observation de la vie de tous les jours.

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    Aperçu du livre

    Féministe à ma façon - Richard Baillargeon

    CRE161_Cover_Final_ForWEB.jpg

    Je dédie cet ouvrage à la mémoire indispensable de

    Anne Sylvestre (1934-2020)

    Benoîte Groult (1920-2016)

    Christine de Pizan (1364~1430)

    … toujours vivantes et plus essentielles que jamais.

    Je suis libre

    Ne me dis pas que je t’appartiens

    Je suis libre et je sais que je ne te dois rien…

    Je suis libre, chantée par Michèle Richard, 18 ans

    And don’t tell me what to do

    Don’t tell me what to say

    And please, when I go out with you

    Don’t put me on display ‘cause

    You don’t own me…

    You don’t own me, David White, John Madara (1963)

    chantée par Leslie Gore, 17 ans

    Féministe, comment peut-on

    ne pas l’être…  ?

    Né garçon, j’ai pourtant l’impression de toujours avoir été féministe, même à un âge tendre où je n’avais encore jamais entendu prononcer ce mot. Toujours garçon, un certain nombre de décennies plus tard, je n’hésite pas à m’affirmer féministe tout en étant conscient que le mot peut couvrir des attitudes et des approches fort variées. Qu’en est-il de mon féminisme, de l’attitude que j’ai cultivée à l’égard des femmes ? Quel que soit le contexte, j’ai la stricte conviction que, gars ou fille, chaque être humain devrait se voir offrir les mêmes opportunités sociales, les mêmes conditions de travail (salaire, responsabilités, horaires, etc.) en toutes circonstances. Cette conviction me vient sans doute des propos entendus dans mes années d’enfance, lors de conversations familiales. En fait, si les actions d’éclat ont le mérite d’être mobilisatrices, les simples gestes et paroles du quotidien ont sans doute eu sur moi un impact plus durable, que ce soit au plan culturel ou civique.

    Comme la majorité des gens, je professe un féminisme d’affirmation et non une attitude de revanche, à moins que celle-ci ne soit teintée d’une certaine ironie libérante. Ce procédé me semble la façon la plus adéquate de rallier les gens à une cause. Je comprends tout à fait ce qui motive les prises de position plus affirmées ou impatientes, mais, n’ayant pas éprouvé moi-même les contraintes vécues par nombre de mes contemporaines, mon propos serait peu crédible si je prétendais afficher une attitude plus appuyée. D’où ma position avant tout sympathisante, ce qui ne l’empêche pas de se faire militante à l’occasion.

    À cet égard on me permettra de citer, en clin d’œil, l’initiative de La Revengeance des duchesses(1) initiée à Québec, en mode ludique et parodique, par Marjorie Champagne et une joyeuse bande féministe en 2010. Cette « Revengeance » met en valeur une approche naturelle, en opposition au clinquant et aux artifices en usage lors des cérémonies officielles et des événements protocolaires. Il y a même eu quelques braves qui se sont présentés comme « ducs » tandis que, inversant les rôles, c’était la mascotte Bonhommette qui présidait aux apparitions publiques de la troupe. L’initiative a même suscité, collatéralement, une renaissance en version moderne des « vraies duchesses » pendant quelques années — de 2014 à 2018 — avant que l’idée ne soit abandonnée à nouveau en haut lieu, laissant le champ libre à la créativité de nos joyeuses luronnes.

    Dans le même ordre d’idées, plusieurs personnes de mon entourage ont apprécié la démarche aussi iconoclaste que festive de la troupe Les Folles Alliées (2), au cours des années 1980, depuis Enfin duchesses ! jusqu’à C’est parti mon sushi en passant par Mademoiselle Autobody. Leurs prestations dépassaient la scène théâtrale pour se transporter en mode cabaret, voire en comédie musicale. Un contexte créatif qui, à la même époque, a favorisé l’émergence du groupe musical Pink Power(3).

    Comme bien des mouvements issus des milieux populaires, le féminisme dans son essence même est un bouillonnement, une ébullition en réponse à une certaine pression extérieure. Le type de pression qui est ressentie par toute personne ou communauté qui se sent exclue, dominée, moquée ou pire : être agressée et dans des cas extrêmes trop fréquents, assassinée. Personne ne peut nier, à moins d’être vraiment de mauvaise foi, que les deux moitiés de l’humanité se voient infliger des pressions sociales fort inégales.

    Il en est ainsi, hélas, depuis l’aube de la « civilisation », plus spécialement depuis que l’observation des comportements naturels des humains et des animaux a permis à nos lointain.e.s ancêtres de comprendre plus en détails les fonctionnements de la fécondité. Cette connaissance semble avoir déclenché un incompréhensible instinct de possession et de contrôle chez certains mâles de notre espèce. Plusieurs millénaires plus tard, on n’en a pas encore compris le pourquoi…

    Il n’en fut pourtant pas toujours ainsi. Certains artefacts remontant au Paléolithique semblent dénoter l’existence très répandue d’un culte dit de la déesse-mère, dont témoignent différentes sculptures de « vénus » en pierre qui sont parvenues jusqu’à nous. En fait, cette forme de religion originelle aurait prévalu pendant la plus grande partie de notre existence collective consciente, soit d’il y a environ 25 000 ans jusqu’à l’apparition des religions monothéistes — dites abrahamiques et fortement patriarcales — il y a plus ou moins 4000 ans. Qu’est-ce qui a infléchi le parcours de l’homo sapiens pour qu’on en soit arrivé là ? Quel est ce « péché originel » qui a amené la domination d’une moitié de l’humanité sur l’autre ? Ce n’est pas la gourmandise (à d’autres qu’à nous, cette histoire de pomme), ce n’est sûrement pas la sexualité, une faculté essentielle sans quoi l’existence commune et la vie même auraient tourné court. Ne serait-ce pas plutôt une forme primitive de l’instinct de pouvoir qui a visiblement tout gâché ?

    Est-ce un hasard si le dieu d’Abraham est un dieu guerrier, colérique et jaloux au point de demander l’exclusivité et d’exiger de ses adeptes qu’ils soient « marqués dans leur chair en signe d’alliance perpétuelle » (4) ? En fait, n’en mettons pas plus qu’il ne faut sur le dos des dieux ; regardons plutôt du côté de ceux qui en ont fait leur fonds de commerce… À la promesse évoquée dans la Genèse « Je te rendrai extrêmement fécond, de toi je ferai des nations, et des rois sortiront de toi » (5) on voit quelle importance a été accordée, dès cette étape du mythe fondateur, à la filiation et à la semence.

    Pas étonnant que les adeptes de ce dieu (et de bien d’autres qui ont suivi, quelles que soient leurs appellations) aient développé, à son image et à sa ressemblance, des aptitudes à la violence, à la colère et à la jalousie comme valeurs cardinales. En gros, nous avons au moins 4000 ans d’égarements à déconstruire.

    Des pratiques atroces, à l’égard des jeunes filles prépubères, ont encore cours en divers endroits du globe, presque toujours sous des prétextes de culture ou de religion alors qu’il s’agit davantage, à l’évidence, de façons de contrôler le corps et/ou la pensée des femmes. Et qu’en est-il de l’exigence de « certificats de virginité » ou des conseils de soi-disant guides spirituels encourageant la pratique de la sodomie pour « préserver l’innocence » des toutes jeunes filles ? Comment a-t-on pu penser aligner — et le scandale est que cela se passe encore au XXIe siècle — les mots crime et honneur dans une même phrase ?

    La religion n’est évidemment pas seule en cause. On comprend que les tenants de l’organisation sociale et matérielle, en gros « les riches et les puissants » de chaque époque et chez les différents peuples, ont vite trouvé un intérêt à s’appuyer sur la fragilité innée ou la candeur de leurs sujets et à miser sur leur besoin de réconfort pour y asseoir leur pouvoir. Voir à ce sujet l’article de Jean-François Dortier dans un numéro spécial consacré à L’origine des religions(6) de la revue Sciences humaines.

    Mais revenons au point de départ pour l’être humain si vous le voulez bien, soit à son enfance. Il est non seulement souhaitable, mais de la plus haute importance que les premières années d’un être humain baignent dans un climat de bienveillance et que chaque jeune individu.e soit reconnu.e comme être humain à part entière, quels que soient sa couleur, son genre, son apparence ou son identité sexuelle. Celles-ci, comme toutes ses autres caractéristiques qui se développeront au fil du temps, en feront une personne différente qui aura le potentiel d’apporter sa contribution personnelle et unique à l’aventure humaine. Utopique, direz-vous ! Si on ne peut se permettre de l’être à cette première étape de la vie, quand donc le serons-nous ?

    Par la suite, les occasions ne manqueront pas de voir ces jeunes pousses humaines brimées par les événements, les accidents, les contrariétés et SURTOUT, hélas ! par le regard des autres. On pense souvent à tort que les jugements a priori, les préjugés, la discrimination sont choses du passé… ces maux ont seulement changé de forme. Les brimades, l’intimidation des bullys et les commérages ont seulement essaimé du magasin général, de la cour d’école ou du perron d’église vers les « médias asociaux ». À ce jeu, même dans un contexte plus naturel, il appert que les filles et les garçons, à un tout jeune âge, sont fréquemment l’objet de moqueries de la part de leurs aîné.e.s, la différence d’âge fut-elle légère. Un des rôles majeurs des adultes-éducateur.e.s n’est-il pas pourtant d’inculquer aux jeunes bambins les principes de bienveillance et d’égalité ?

    Apprécions notre opportunité, au Québec comme ailleurs dans le monde, de pouvoir encore « renverser la vapeur » sans devoir repartir à zéro. À l’échelle mondiale, les deux ou trois derniers siècles ont pourtant multiplié les exemples de rendez-vous manqués. Ainsi, la mère des révolutions, au nom des principes de Liberté — Égalité — Fraternité, a connu des ratés en son sein même et dans le siècle qui a suivi son aboutissement : une période de terreur et plusieurs reculs (Empire, Restauration, Monarchie de juillet, etc.) sans oublier les nombreuses promesses non tenues. Il vaudrait mieux miser sur les capacités de chaque personne à modifier ses comportements par le bon vouloir et l’éducation que de s’en remettre au pouvoir en place, même à l’intérieur d’un système démocratique. La prochaine étape de ce projet commun devrait idéalement avoir comme cible : Fraternité — Sororité.

    En fait, le féminisme demeure une des deux avancées fondamentales de l’humanité au cours des derniers siècles, l’autre étant l’écologisme. J’adhère sans problème aux credos féministe et écologique ; je n’en dirais pas autant cependant de l’entièreté des « catéchismes » (7) assortis, soit les moyens mis de l’avant pour y arriver. Dans un domaine d’une telle complexité, gardons-nous une certaine latitude de pensée critique pour interagir en tenant compte, chaque fois, du contexte où se déroule l’action.

    On ne naît peut-être pas féministe, mais on peut rapidement le devenir !

    Il est vrai que les habitudes et les comportements des générations précédentes ont tendance à déteindre sur les plus jeunes. Cependant, une partie des comportements sexistes ou « machos » de nos contemporains leur vient d’influences bien actuelles : jeux vidéo, bandes dessinées, mangas, chansons taguées Explicit content – Parental advisory, TV, films, etc. lesquels véhiculent encore et toujours l’héritage de nos comportements séculaires. Et que dire de l’éducation ?

    Bien souvent les

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