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DE LA PORNOGRAPHIE A L'ÉROTISME
DE LA PORNOGRAPHIE A L'ÉROTISME
DE LA PORNOGRAPHIE A L'ÉROTISME
Livre électronique270 pages3 heures

DE LA PORNOGRAPHIE A L'ÉROTISME

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À propos de ce livre électronique

La pornographie, millénaire, archaïque, conservatrice, puritaine et statique continue de se répandre comme une traînée de poudre, de se banaliser, d’un océan à l’autre. Comment et pourquoi s’est-elle développée? Que se cache-t-il sous la pointe visible de l’iceberg porno? Quelles idéologies, quelles valeurs, quels discours et quelles émotions s’abritent derrière ce que l’on qualifie tour à tour de divertissement, d’excitation, de besoin inné, d’éducation ou d’art? Est-ce que l’érotisme est une utopie?

Voilà quelques questions auxquelles tente de répondre ce livre. Dans une langue vive et personnelle, sans compromis, l’auteur illustre le caractère immuable de divers scénario pornos. Dénonçant vigoureusement la pornographie de moeurs et soulignant les conséquences sexuelles, émotives, sociales, politiques et culturelle qui en découlent, cet ouvrage préconise l’épanouissement de l’érotisme.
LangueFrançais
Date de sortie1 juin 2012
ISBN9782897210052
DE LA PORNOGRAPHIE A L'ÉROTISME
Auteur

Andrée Matteau

Andrée Matteau est sexologue et psychologue depuis plus de vingt ans. Elle a publié, depuis 1976, une cinquantaine d’articles dans différents médias, prononcé une centaine de conférences à travers la province et participé à plus de quarante émissions télévisées. En plus d’avoir développé une expertise psycho-légale en matière de sexualité et d’abus sexuel, elle intervient en pratique privée auprès d’individus et de couples aux prises avec des difficultés d’ordre affectif et sexuel.

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    Aperçu du livre

    DE LA PORNOGRAPHIE A L'ÉROTISME - Andrée Matteau

    Titre

    Version ePub réalisée par :

    Amomis.com

    Autre ouvrage

    d'Andrée Matteau

    aux Éditions du Cram

    Vagin et ses amis interviewés

    ISBN 978-2-922050-38-7

    AuteurTitre

    Les Éditions du CRAM

    1030 Cherrier, bureau 205,

    Montréal, Qc. H2L 1H9

    514 598-8547

    www.editionscram.com

    Correction

    François Roberge

    Andrée Hamelin

    Conception de la couverture

    Alain Cournoyer

    II est illégal de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l'autorisation de la maison d'édition. La reproduction de cette publication, par quelque procédé que ce soit, sera considérée comme une violation du droit d'auteur.

    Dépôt légal — 4ème trimestre 2010

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque nationale du Canada

    Copyright © Les Éditions du CRAM inc.

    Les Éditions du CRAM reconnaissent l'aide financière du gouvernement du Canada par l'entremise de son Programme d'aide au développement de l'industrie de l'édition (PADIÉ) pour ses activités d'édition.

    Gouvernement du Québec – Programme de crédit d'impôt pour l'édition de livres – Gestion SODEC.

    Image 02

    Distribution au Canada : Diffusion Prologue

    Distribution en Europe : DG Diffusion (France) ;

    Caravelle S.A. (Belgique) ; Servidis (Suisse)

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Matteau, Andrée, 1934-

    De la pornographie à l'érotisme

    Nouv. éd. rev. et augm.

    (Sexualité)

    Publ. antérieurement sous le titre: Dans la cage du lapin. 2001.

    Comprend des réf. bibliogr. et un index.

    Version imprimée ISBN 978-2-923705-17-0

    Version PDF ISBN 978-2-923705-62-0

    Version EPUB ISBN 978-2-89721-005-2

    1. Pornographie. 2. Pornographie - Aspect social. 3. Érotisme. 4. Hommes - Sexualité. I. Titre. II. Titre: Dans la cage du lapin. III. Collection: Sexualité (Éditions du CRAM).

    HQ471.M27 2010          363.4'7          C2009-942073-2

    À mes beaux enfants adultes,

    Alain, Éric et Nathalie Champagne qui,

    au cours de ce périple d'écriture, m'ont encouragée

    en me répétant avec enthousiasme :

    « Ne lâche pas, maman ! »

    REMERCIEMENTS

    En contestant la porno, je sais que j'attaque le Père, le Roi et la Loi, que je vais à l'encontre des Lois du Père. Car attaquer la pornographie, c'est démasquer au grand jour, dans l'arène publique, à la fois la suprématie et l'aliénation masculines. Cela doit être arrêté à tout prix. Être censuré à tout prix. Camouflé. Masqué. Caché. Tabouisé. « Ghettoïsé ». Quand une femme perd sa volonté d'être une femme selon la définition de la pensée dualiste, comment un homme peut-il être un homme ?

    Merci à Pierre Lavigne qui, grâce à sa sensibilité, a su discerner les dernières corrections à apporter à mon manuscrit. Je remercie chaleureusement Michel Dorais, dont les commentaires judicieux et les critiques constructives de la première version m'ont permis d'avancer dans l'élaboration de ce livre. Je remercie Martin Dufresne, qui a bien voulu me prêter plusieurs livres et articles. Je remercie Monica Matte qui m'a encouragée à la rédaction du manuscrit en me procurant des livres et des vidéocassettes. Je remercie Andrée Yanacopoulo dont les commentaires constructifs m'ont permis de finaliser la dernière version de ce livre. Je remercie Noëlla Gauthier qui m'a suggéré de présenter mon manuscrit aux Éditions du CRAM.

    PROLOGUE

    Aujourd'hui, j'ai reçu en consultation une belle jeune femme de vingt-deux ans, référée par sa mère. Durant la consultation, elle m'a tenu les propos suivants :

    Ma mère m'envoie te voir parce qu'elle prétend que je suis en train de perdre ma vie. Elle ne peut accepter ma nouvelle carrière. Depuis quatre ans, pour payer mes études universitaires en communication, j'ai mis sur pied, avec trois de mes copines avec qui je partage un appartement de huit pièces, un commerce de lignes téléphoniques roses. À nous quatre, nous gagnons 1 000 $ par semaine. Depuis l'âge de douze ans que je farfouille dans les revues et les vidéocassettes pornos, je sais comment exciter les gars. Mes copines et moi, on a fait le tour des clubs de sexe, des bars de danseuses nues, des boutiques de sexe à Montréal. Il y a deux mois on s'est dit que si on prenait des clients à l'appartement à 300 $ de l'heure, nous pourrions faire chacune 900 $ par jour à trois clients chacune. Si tu savais comme c'est facile d'attraper des clients dans les différents bars de la ville. Ma mère me dit que tout ça, c'est de la prostitution, qu'il y a la drogue, l'alcool, le sida et que je vais finir en prison. Je lui réponds que je suis une travailleuse du sexe et que c'est un travail comme un autre dans un commerce comme un autre. Je ne consomme ni drogue, ni alcool, ni tabac, et je sais me protéger du sida et des autres MTS. Ma mère, qui se dit féministe, m'a éduquée en prônant l'autonomie financière des femmes, en me disant que je devais contrôler ma vie et que mon corps m'appartenait. C'est exactement ce que j'ai fait. Maintenant elle me dit que ça n'a pas de bon sens, que si je continue elle va faire une dépression. Mon corps, je le vois comme un outil séparé de moi-même. Un outil dont je me sers pour gagner de l'argent. Beaucoup d'argent. Ma mère ne comprend pas. Elle est d'une autre génération que moi. J'aimerais que tu lui téléphones pour la calmer, pour lui dire qu'il n'y a rien là, que je ne suis pas en train de perdre ma vie, qu'au contraire je la construis. C'est mon féminisme à moi, pas le sien.*

    * Scénario recomposé afin que la personne ne soit ni reconnue ni identifiée.

    INTRODUCTION

    De tous les sujets qui ont capté mon attention en vingt-quatre ans de vie professionnelle, deux ont été priorisés : la pornographie et l'érotisme.

    Le présent livre est construit à partir de diverses composantes : biographiques, médiatiques, poétiques, scientifiques, psychologiques, sexologiques, juridiques, théologiques, socio logiques, historiques et politiques. J'ai privilégié la forme narrative afin de mieux cerner l'ensemble des tentacules de la pornographie représentées dans les diverses composantes. J'ai divisé mon texte en trois parties.

    La première réfère aux expériences personnelles et sociales qui m'ont permis de saisir l'ampleur des idéologies, des valeurs, des idées, des émotions, véhiculées par la porno graphie. Je suis parvenue à comprendre, analyser, synthétiser le discours culturel de la porno à la suite de nombreuses lectures, discussions, rencontres avec différentes personnes.

    Que se cache-t-il sous la pointe visible de l'iceberg porno socialement nommée « divertissement » ? J'ai répondu à la question en construisant la seconde partie. Mes sources d'inspiration les plus précieuses, les plus précises proviennent surtout des auteurs masculins et des pornographes. Les hommes m'ont fait comprendre les dessous du sexe porno. Ils m'ont révélé à quoi et à qui sert ce sexe. Cette mise à jour m'a conduite à comparer sexe porno et érotisme.

    Cette compréhension a fait surgir d'autres questions. Est-ce que l'érotisme relève de l'utopie ? Est-il possible de sortir l'érotisme de la nuit des temps, pour lui donner sa place dans nos cœurs, nos corps, nos sexes, nos esprits et reconquérir une partie de notre humanité perdue au profit du sexe porno ? Est-il possible de parvenir à la libération de nos déterminismes culturels ? C'est ce dont je traite dans la troisième partie.

    Issue d'une culture dont certains aspects m'ont souvent décue, plus particulièrement celui du sexe porno, je suis passée, en écrivant ces lignes, de l'impuissance à la colère, de la réflexion à la compréhension pour finir, par m'ancrer dans l'espoir.

    L'espoir qu'un jour femmes et hommes, habités par la douceur, la tendresse, la sensualité, et la joie de vivre, parviendront à se reconnaître dans la beauté de leur humanité reconquise sous la bannière de l'érotisme. Car sortir du sexe porno est une question d'humanisme et non pas de moralité ou d'obscénité.

    C'est dans cet esprit que je vous invite, chers lecteurs et lectrices, à aborder cette lecture : afin d'apprendre, de comprendre, de réfléchir et de discuter.

    Première partie

    Chapitre 1

    RACINES

    Les racines de la pornographie ont une profondeur d'environ 5 000 ans.

    Quand la pensée dualiste s'est implantée chez les Grecs, le corps a été séparé de l'esprit, l'émotionnel du rationnel, la nature de la culture.

    De cette pensée dualiste a découlé la séparation de l'humanité en deux « espèces » différentes : « l'espèce » masculine et « l'espèce » féminine.

    À chaque « espèce » furent attribués des rôles, des règles, des principes, des limites, des interdits, déterminés par le pouvoir, la domination, le contrôle des dirigeants de « l'espèce » masculine, que j'ai surnommés les dragons virils.

    Ces divisions, ces déchirures, ces fissures, ces dichotomies ont engendré chez les hommes la dissociation de leur être des dimensions humaines qu'ils ont jugées méprisables.

    Ces dimensions méprisables ont été associées aux femmes et aux enfants. Depuis lors, les femmes et les enfants ont été tenus en position d'infériorité.

    Nécessairement s'est développée l'homophobie, soit la peur, pour les dragons virils, de tout ce qui est associé, assimilé au féminin : le corps, l'émotionnel, le sensoriel, la nature.

    Le corps est plus bas que la raison, disait Platon.

    La femme est comme un homme défectueux. Elle manque d'équipement humain, disait Aristote.

    La femme est un temple construit sur un système d'égoût. La chair et la femme constituent une menace pour l'âme éternelle de l'homme, disait Tertullien.

    L'homophobie est liée au sexisme, lequel consiste dans la hiérarchisation des différences entre les deux « espèces » et dans la discrimination à l'endroit des personnes de l'autre « espèce ». Autres que les dragons virils, différentes, étrangères à cette norme de virilité universelle.

    Bref le sexisme organise la domination des femmes et des enfants et l'homophobie vient sceller la cohésion entre les dragons virils.

    Finalement, la misogynie, soit le mépris de tout ce qui est associé au féminin, est venu compléter la pensée dualiste.

    Il y a environ 3 500 ans, Démosthène disait : « On épouse une femme pour qu'elle vous donne des enfants légitimes, on a des concubines pour vous servir et on a des hétaïres pour les plaisirs de l'Amour¹.»

    De cet art de gérer la conduite de la femme, découlaient trois pouvoirs politiques :

    Le pouvoir juridique exercé sur la procréation : la mère-objet-utérus et l'enfant ;

    Le pouvoir économique exercé sur le statut social : la femme-servante ;

    Le pouvoir sexuel exercé sur l'identité émotive et sexuelle : la femme-objet-sexuel ;

    Ce troisième pouvoir définit le matériel de la pornographie.

    Le mot « pornographe » qui a vu le jour en 1769 vient des mots grecs « pornè » (fille publique, femme de mauvaise vie) et « graphein » (écrire). Il désigne celui qui décrit des prostituées, des femmes captives. D'où l'appellation « maisons closes » ou « bordels ». Cette description n'a pas changé depuis, même si la technologie en a modifié la forme. La porno, c'est comme un bordel sur papier, sur pellicule, sur des affiches. Un auteur masculin contemporain écrivait :

    « Il faudra bien finir par l'admettre.

    L'érotisme n'est que l'endroit, poli et civilisé,

    de la pornographie qui, elle, a le mérite d'être

    dure, franche, brutale même, dans ses affirmations...

    littéraires ou visuelles — plastiques... Un climat neuf à construire autour de la nouvelle femme².»

    Sorte de continuité historique, de solidarité masculine dans l'art de gérer la conduite de la femme.

    Les racines de la porno ainsi que de la prostitution proviennent donc de la construction culturelle et sociale du masculin. Selon Stoltenberg³, la personnalité masculine s'est divisée en deux « moi » : le « moi viril » vertical et le « moi » humain horizontal.

    Cette duplicité s'exprime tantôt d'une façon, tantôt de l'autre. La réalité du « moi viril » est directement proportionnelle à l'irréalité humaine d'une autre personne. Tandis que la réalité du « moi humain » est directement proportionnelle à la réalité humaine d'une autre personne.

    En fait, « moi viril » et porno sont synonymes , tandis que « moi humain » et porno sont antonymes. La virilité étant une échelle verticale, on comprend mieux pourquoi une personne qui ne peut jamais s'élever jusqu'à la virilité, une femme, par exemple, ou temporairement un enfant mâle, ressent d'une manière aiguë les efforts des hommes pour atteindre la virilité.

    Un homme qui grimpe dans l'échelle peut être tenté d'utiliser un ou plusieurs corps de femmes ou d'enfants comme échelons de base.

    Marcher sur la vie d'une femme ou d'un enfant prouve à l'homme viril qu'il y a quelqu'un au-dessous de lui.

    Cette construction du masculin a fait en sorte que l'intégration de tout ce qui est associé au féminin est demeurée impossible pour l'homme.

    Sa dépendance et sa soumission extrême aux diktats des dragons virils a fait en sorte que l'homme a appris à se dompter, à se maîtriser, à se discipliner, à rivaliser et à conquérir. Il a donc perdu au cours des millénaires une partie de son humanité.

    En ce sens, la pornographie est essentiellement un traité sur la virilité, lequel reflète notre culture, parmi les autres institutions viriles normatives, conservatrices, puritaines et capitalistes.

    Ce traité assure la déshumanisation systémique de toutes les femmes par le pouvoir, le contrôle, la possession, l'appropriation, l'industrialisation, la vente, le marchandage, la violence, l'agressivité, la vengeance, le mépris, l'humiliation, l'exploitation, la compétition, la haine du sexe, de la nature, de la sensualité, de l'érotisme.

    Ce traité assure la déshumanisation systémique de toutes les femmes en divisant, droguant, usurpant, mutilant, torturant, violant, subjuguant, subordonnant, objectivant, détruisant, niant, tuant les dimensions émotives et sexuelles des femmes, afin de maintenir, préserver, protéger, clamer sous le drapeau de la liberté d'expression, la supériorité, la suprématie, l'appartenance, l'identité des « vrais hommes », ainsi que l'éthique de leur civilisation, leurs idéologies, leurs croyances, leurs valeurs et les politiques de leurs désirs.

    Le tout canalisé dans le sexe porno.

    Le sexe porno contemporain est l'une des institutions qui, par son éducation de masse, continue à entretenir la pensée dualiste, l'homophobie, le sexisme, la misogynie et obligatoirement la domination des hommes sur les femmes et les enfants.

    Ainsi la porno représente l'un des plus grands trésors de notre histoire pour saisir, comprendre et analyser la psychologie masculine dans toute sa fragilité et sa tristesse.

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