PAROLES D’HOMME
Nous sommes sept hommes assis en cercle, dans un loft de Brooklyn. Je suis le petit nouveau de la bande, et sur ma chaise, je cherche une position qui pourrait être à la fois naturelle et confortable. Constatant que mes voisins ont tous l’air plutôt à l’aise: je me décide à croiser les jambes. Sur une table à ma gauche sont posés une bouteille de kombucha et des bols de guacamole. Plus étrange, j’aperçois un peu plus loin un mini-trampoline sur lequel notre hôte, Nathan, va aller sauter à plusieurs reprises, histoire de se défouler un peu et de faire circuler le sang.
C’est ma deuxième réunion au sein d’un groupe de l’association Evryman, et même si le trampoline me perturbe toujours un peu, je dois dire que je suis assez excité. La semaine passée, j’ai déjà goûté à l’expérience émotionnelle intense qu’offre cet environnement. Pour démarrer la séance aujourd’hui, Nathan me propose que nous échangions nos « indicibles ». Un « indicible », me ditil, c’est une chose que l’on a jamais osé dire à personne, pas même à un psy, ni même à soi-même. En me confiant ces choses, mes camarades me garantissent en quelque sorte que je me trouve bien dans un espace sécurisé, psychiquement parlant – un safe space. Chacun s’ouvre donc tour à tour: « J’ai couché avec des prostituées », dit un premier membre du groupe. « J’ai un problème avec mon pénis », dit un autre. « J’ai trompé ma femme et je suis kleptomane », lâche un troisième. « J’ai fait partie d’une secte et j’ai couché avec un homme », reconnaît encore un autre. L’exercice est pénible mais aucun de mes acolytes n’a l’air vraiment gêné de
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