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C’est pas l’hôtel ici: Roman
C’est pas l’hôtel ici: Roman
C’est pas l’hôtel ici: Roman
Livre électronique67 pages57 minutes

C’est pas l’hôtel ici: Roman

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À propos de ce livre électronique

Une forêt, une rivière, un village. Un clochard vit seul depuis quelques mois dans une cabane rudimentaire. Il a fui la grande ville pour être pénard, pour être ailleurs. Mu tout autant par le désir de liberté que par la lâcheté, il rêvasse, cherche de quoi manger, a faim, a froid, se remémore d’anciens compagnons de route, des amitiés passées, l’amour aussi. La solitude est devenue sa compagne mais même dans une campagne reculée les gens sont là, qui observent, se demandent, discutent, aiment ou n’aiment pas. L’homme n’est pas le bienvenu.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né à Paris, Marc Baudinet grandit en Bourgogne avant de partir vivre à Londres, une ville à laquelle il est resté très attaché. En 1994, il s’installe à Prague où il enseigne l’anglais. En 2010, il quitte l’Europe pour Phnom Penh, Cambodge, où il vit toujours. Il apprécie les voyages, les rencontres, la photographie et l’écriture est devenue une nouvelle compagne.

LangueFrançais
Date de sortie27 oct. 2021
ISBN9782889492961
C’est pas l’hôtel ici: Roman

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    C’est pas l’hôtel ici - Marc Baudinet

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    Marc Baudinet

    C’EST PAS L’HÔTEL ICI

    Début d’aprèm

    Un petit machin de rien du tout qui donne des coups de tête en mangeant comme s’il se battait. Je l’ai un peu trop enquiquiné, il s’est mis en boule en dressant ses piquants.

    À la ville ce n’est pas des hérissons que je rencontrais mais des rats qui cherchaient la même chose que moi, de la bouffe. Chacun se débrouille, les rats aussi bien que nous.

    Me v’là loin de tout ça maintenant, installé au milieu des bois sous un gros rocher tout vert de mousse qui me fait une belle cabane, je suis verni.

    Le plus pénible c’est pour boulotter, encore qu’hier soir les poubelles de la supérette du village m’ont gâté, une cagette avec deux concombres ramollis, un pot de pâté amoché, un paquet de céréales écrabouillé, pas de journaux. Dommage parce que les journaux c’est des mots et un peu de chaleur. Au foyer, quand on gonflait André il nous balançait un vieux canard sur le paletot : « M’emmerde pas, je bosse moi, prends du papier et va dormir ailleurs ! » On retournait dans la piaule, faut pas lui pomper l’air à André. Un jour Jojo lui a demandé depuis combien de temps il travaillait dans le foyer, André a haussé les épaules : « Est-ce que je te demande depuis combien de temps t’es clodo ? »

    Il écrit dans des cahiers d’école mais il ne les montre à personne, il dit que ça ne nous regarde pas, que c’est sa vie, que ça n’a pas d’importance. Parfois il n’écrit rien, il se relit, je crois qu’il s’emmerde. Jojo dit que de bosser dans un foyer de SDF, ça n’arrange personne, que ça rend triste. Le ciel remet le couvert, il pleuviote. C’est le printemps, quand le soleil se pointera j’irai faire trempette dans la rivière parce que faut dire ce qui est, je pue.

    Samedi

    Ça hâle, la forêt sèche, la rivière fait son bruit d’eau. Posé sur la grosse roche bien lisse, j’ai trempé les pieds mais je n’ai pas tenu longtemps, la flotte est encore sacrément froide. Je me suis quand même aspergé la tête avant de m’allonger sous le ciel et de fermer les yeux dans le silence. C’est pas comme au foyer où les trains font vibrer les fenêtres, ne nous lâchent pas, nous empêchent de roupiller. Un jour pas comme un autre, Jojo a balancé sa godasse et a flingué la vitre. André s’est mis à gueuler : « Tu fais chier, tu te crois où ? Fous le camp, je ne veux pas de bordel ici ! » On s’est cassé ensemble. De toute façon, on en avait marre de l’endroit, des lits crades, et puis y avait du soleil, ça donne des ailes. Martine nous a dit qu’on était cons parce que mieux vaut un plumard sale que de dormir dehors.

    Ici, je pieute enroulé dans mon manteau allongé sur un tas de feuilles mortes que j’ai récupérées tout autour et qui sentent bon la terre. Je reste parfois dans la cabane à mater les araignées, scarabées, gendarmes qui se baladent dans tous les sens et qui me donnent l’impression d’être le seul à ne rien glander. Plus il pleut, plus y en a qui rappliquent sous mon rocher, p’têt parce que les bestioles aussi préfèrent être planquées.

    Aprèm

    La pluie dégouline, une grenouille s’est installée dans un coin, je me suis esquinté un ongle en creusant une rigole le long du rocher. C’est que le sol est foutrement coriace, plein de racines et de caillasses, me faudrait un pied de biche ou une barre à mine. J’ai dans l’idée d’aller fouiller dans le fourbi aux abords du garage à tracteurs à la sortie du village, mais y a des chiens.

    Avec Jojo et Martine, quand il flottait on se posait dans une église et quand la faim prenait le dessus on allait dans une gare. Parfois on faisait un peu de feu en douce dans un terrain vague. C’est pas l’envie qui me manque de faire la même chose ici, mais faudrait pas que la fumée me foute dedans et qu’on vienne me saouler. Parce que je connais la musique, pas le droit de faire du feu qu’on me dirait.

    Martine se plairait ici. On serait tous les deux en pleine nature, tranquilles. Martine est ailleurs.

    Matinée

    19,70 euros. C’est ce qui me reste, ça fait dans les 150 balles d’avant. Je ne gagnais pas bezef non plus quand je bossais à la ferme du Dôme, 500 balles par semaine nourri logé comme on dit. Lucas et moi, on partageait la même piaule au carrelage rouge. Deux pieux, deux chaises, une armoire. On mangeait tous ensemble dans

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