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LA PEUR UNE ALLIÉE POSSIBLE
LA PEUR UNE ALLIÉE POSSIBLE
LA PEUR UNE ALLIÉE POSSIBLE
Livre électronique645 pages7 heures

LA PEUR UNE ALLIÉE POSSIBLE

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À propos de ce livre électronique

« Que serait une vie sans aucune peur ? À première vue, on pourrait penser que ce serait une belle vie.
Mais si je formule la question autrement : que serait une vie sans aucun défi ? Réponse : une vie plate !
Même si dans les défis, il y a une part de risque et une certaine peur de l’échec ou des conséquences de l’échec, moi, j’aime bien relever des défis qui me font dépasser mes limites, me font grandir et au bout du compte me font sentir intensément vivant. Peut-être votre expérience des défis rejoint-elle la mienne ? »
Enfin un livre où la peur n’est pas présentée comme une ennemie à combattre, ni même comme un obstacle inutile ! Un livre qui valide le droit de chacun de ressentir ce qu’il ressent ! Un livre qui définit plutôt la peur comme une émotion signal d’alarme, aussi utile à votre vie psychique qu’un détecteur de fumée pour votre sécurité physique.
Dans cet ouvrage au langage accessible, appuyé d’exemples tirés de la vie quotidienne, l’auteur pro- pose des pistes de réflexion et d’action pour mettre la peur au service de la satisfaction de l’ensemble de vos besoins.
Utilisez vos peurs pour vous propulser !
LangueFrançais
Date de sortie20 juil. 2012
ISBN9782897210243
LA PEUR UNE ALLIÉE POSSIBLE
Auteur

Michel Boileau

Pendant près de 10 ans, à la suite de formations suivies au Centre de Relation d’Aide de Montréal, Michel Boileau a pratiqué la relation d’aide individuelle et relationnelle. Il détient également un baccalauréat en psychologie obtenu à l’Université Laval. Le présent ouvrage est issu de son intérêt pour les questions philosophiques et éthiques liées à l’existence humaine.

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    Aperçu du livre

    LA PEUR UNE ALLIÉE POSSIBLE - Michel Boileau

    Amomis.comTitre

    Version ePub réalisée par :

    Amomis.com

    Les Éditions du CRAM

    1030 Cherrier, bureau 205,

    Montréal, Qc. H2L 1H9

    514 598-8547

    www.editionscram.com

    Conception graphique

    Alain Cournoyer

    Source photographique (couverture)

    © pressmaster - Fotolia.com

    II est illégal de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l'autorisation de la maison d'édition. La reproduction de cette publication, par quelque procédé que ce soit, sera considérée comme une violation du droit d'auteur.

    Dépôt légal — 2e trimestre 2012

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque nationale du Canada

    Copyright © Les Éditions du CRAM inc.

    Nous reconnaissons l'aide financière du gouvernement du Canada

    par l'entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d'édition.

    Gouvernement du Québec – Programme de crédit d'impôt

    pour l'édition de livres – Gestion SODEC.

    Image 02

    Distribution au Canada : Diffusion Prologue

    Distribution en Europe : DG Diffusion (France) ;

    Caravelle S.A. (Belgique), Transat Diffusion (Suisse)

    Livres numériques : ANEL - De Marque http://vitrine.entrepotnumerique.com

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et

    Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Boileau, Michel

    La peur, une alliée possible!

    Nouv. éd.

    (Psychologie)

    ISBN Imprimé 978-2-923705-37-8 Numérique 978-2-923705-52-1

    1. Peur. 2. Réalisation de soi. I. Titre. II. Collection: Collection Psychologie

    (Éditions du CRAM).

    BF575.F2B64 2012    152.4’6    C2012-940914-6

    Auteur

    Remerciements

    Je tiens à remercier toutes les personnes qui, d’une façon ou d’une autre m’ont aidé et ont influencé ma rédaction de ce livre :

    Colette Portelance, qui a conçu et développé l’Approche non-directive créatriceMC, qui a fondé le Centre de Relation d’Aide de Montréal Inc. où j’ai reçu cette formation dont je suis immensément reconnaissant ;

    mes formateurs et mes thérapeutes qui m’ont appris et m’ont facilité l’accès à mes émotions ;

    mes clients, qui m’ont honoré de leur confiance et qui m’ont fait grandir en sensibilité autant dans le partage de leurs émotions souffrantes que dans les joies de leur vie plus satisfaisante ;

    ma conjointe, Mireille, dont les commentaires et les encouragements m’ont soutenu et dont la présence dans ma vie demeure un précieux chapitre inachevé ;

    André Dulac qui, en m’engageant comme conférencier en octobre 2000, m’a donné l’occasion de présenter publiquement les réflexions sur la peur que j’allais ensuite développer et approfondir sous forme de livre ;

    Claire Séguin, qui a lu et relu les diverses versions de mon texte et dont les précieuses remarques et commentaires m’ont grandement aidé ;

    tous ceux et celles qui m’ont donné un feedback à propos d’un ou de plusieurs chapitres, et particulièrement Chantal Audet et Michel Daoust pour leur lecture critique et leur précieux commentaires écrits sur chaque chapitre du manuscrit ;

    les auteurs que j’ai lus et dont la réflexion a alimenté la mienne, même ceux dont je n’ai pas retenu le point de vue ;

    mon éditeur Pierre Lavigne, son associé Guillaume P. Lavigne et leurs précieux collaborateurs, dont la confiance, l’appui et la contribution ont permis de mener à terme cet ouvrage ;

    et vous lectrices, lecteurs, destinataires ultimes sans qui mon texte resterait lettre morte.

    Introduction

    Que serait une vie sans aucune peur ? À première vue, on pourrait penser que ce serait une belle vie.

    Mais si je formule la question autrement : que serait une vie sans aucun défi ? Réponse : une vie plate !

    Même si dans les défis, il y a une part de risque et une certaine peur de l’échec ou des conséquences de l’échec, moi, j’aime bien relever des défis qui me font dépasser mes limites, me font grandir et au bout du compte me font sentir intensément vivant. Peut-être votre expérience des défis rejoint-elle la mienne ?

    La peur a comme utilité minimale de mettre du piquant dans la vie.

    Je me souviens¹, comme enfant, du plaisir que j’éprouvais à aller côtoyer la peur dans les manèges du parc Belmont, en banlieue de Montréal. Et bien des enfants d’aujourd’hui ne sont pas en reste, eux qui ne demandent pas mieux que d’éprouver quelques frissons dans les sports extrêmes ou dans des jeux virtuels... Et combien parmi nous, dans le confort d’un fauteuil de cinéma ou de la maison, prenons plaisir à regarder un bon film à suspense… ?

    Mon expérience et sans doute aussi la vôtre, nous indiquent donc qu’une certaine peur, celle qui met du piquant dans la vie, est utile, voire même agréable et recherchée.

    Qu’y a-t-il de commun entre la peur inhérente au défi et celle de certains loisirs fort populaires ?

    • Ces deux peurs ont en commun d’être soit délibérément choisies soit librement acceptées parce que nous sommes persuadés d’en retirer plus d’avantages que d’inconvénients.

    • Ces deux peurs ont en commun d’être plus stimulantes que paralysantes !

    Ce que j’aimerais vous transmettre à travers ce livre, c’est la possibilité d’aborder vos peurs comme plus avantageuses que désastreuses, comme plus stimulantes que paralysantes.

    Autre caractéristique importante, commune à ces expériences de défi et de loisirs impliquant la peur, c’est que la conscience du risque ou du danger est indissociable de la conscience d’une certaine sécurité, soit dans la confiance en ses ressources ou en ses capacités, soit dans le contexte de l’expérience à vivre.

    Pour que la peur soit une alliée, il me semble indispensable d’accueillir cette émotion, sans en nier le caractère désagréable ou souffrant et sans se laisser envahir ou dominer par elle. Accueillir sa peur, c’est se donner le droit de la ressentir consciemment comme sa réalité du moment et c’est, en même temps, conserver une attitude bienveillante envers soi-même, même si on en éprouve l’inconfort ou la souffrance émotive².

    Dans mon travail de Thérapeute en Relation d’AideMC, j’aide mes clients à avoir plus de pouvoir sur leur vie. Je leur facilite, entre autres, l’identification des peurs qui, à défaut d’être accueillies, les empêchent de se montrer, de s’exprimer et d’agir, tels qu’ils sont. Les peurs d’être jugé, critiqué, rejeté, contrôlé, etc., y occupent une place importante. À partir de l’accueil de leurs peurs (prise de conscience et acceptation bienveillante de soi) mes clients peuvent cheminer vers une plus grande liberté d’être eux-mêmes, vers des relations affectives plus vraies et plus satisfaisantes.

    Certains vont peut-être en conclure que moi je n’ai jamais peur, que mes peurs n’ont jamais d’impacts négatifs dans ma vie. Eh bien, non ! Je vais vous dire un secret qui n’en est pas un : je suis un peureux… Mais c’est parce que je suis peureux que je suis courageux ! Je répète : c’est parce que je suis peureux que je suis courageux !

    Pour illustrer cette affirmation, je vous propose deux exemples :

    – Quel courage y a-t-il à monter et descendre trois marches d’escalier ?

    Mais pour un homme de plus de 80 ans face à des marches glacées par le verglas, il faut du courage pour les descendre, ces trois marches.

    En l’absence du danger (comme, par exemple, le risque de glisser, de tomber, de se blesser), réel ou imaginaire, mais ressenti comme menaçant, il n’y a pas de peur, il n’y a pas de courage.

    – Quel courage y a-t-il à monter au sommet d’une échelle pour l’individu qui n’a pas le vertige ?

    On peut argumenter sur la sécurité ou non de l’échelle, mais le vertige aussi est bien réel. Plus cet individu à le vertige et plus il lui est exigeant de monter d’un barreau inférieur à un barreau supérieur de l’échelle. Il y a donc un lien direct entre l’ampleur de la peur (comme l’intensité du vertige) et la quantité de courage requis pour assumer cette peur.

    Non seulement la peur parle du courage de la personne qui l’éprouve, elle parle également de son besoin de sécurité.

    Si je ne vois pas le danger, je n’ai pas peur,

    mais l’insouciance peut me rendre téméraire et imprudent.

    La peur est mon alliée si j’utilise la conscience de mon émotion

    pour m’éveiller à la réalité du danger et choisir d’être prudent.

    Quand je pensais à rédiger ce livre, j’avais peur de ne pas être apprécié par toutes les personnes qui le liraient. Ma peur parle de mon besoin d’être aimé, de mon besoin d’être reconnu pour ma compétence; j’ai écouté ma peur et mes besoins ; ils m’ont été utiles, car ils m’ont incité à bien préparer cet ouvrage.

    En réfléchissant à ma peur de ne pas être apprécié de tous, j’ai réalisé que ma peur était fondée dans la réalité : nul ne peut plaire à tout le monde ; aucun livre ne fait l’unanimité. Connaissant la réalité et ma peur, j’ai choisi d’avoir des attentes plus réalistes et j’espère qu’une bonne majorité des lecteurs appréciera le contenu de cet ouvrage.

    Mon expérience m’a appris que la peur est souvent la porte d’entrée de mon monde émotionnel, une voie d’accès privilégiée pour découvrir mes besoins. Pour ne pas éprouver la peur, je peux choisir de laisser cette porte fermée. C’est le choix que pendant longtemps j’ai retenu. Je ne voulais pas ressentir mes peurs, car je craignais d’être envahi par elles et de n’en retirer que des conséquences négatives. Mon cheminement personnel et mon expérience de Thérapeute en Relation d’AideMC m’ont donné une tout autre vision de la peur. Et c’est cette dernière que je veux, aujourd’hui, partager avec vous.

    Je ne prétends nullement posséder la Vérité. Tout en appuyant mes affirmations sur des observations ‘‘objectives’’, ce livre adopte un ton délibérément subjectif : j’assume ma subjectivité qui s’adresse à la vôtre. Je choisis de ne pas me cacher derrière un style impersonnel, de ne pas me limiter à un point de vue prétendument «  scientifique »³ où l’auteur se situe à distance et au-dessus du «  problème ( !)  » vécu par ses lecteurs, mais dont lui-même serait exempt…

    Je veux simplement et respectueusement vous parler de moi et de mon point de vue, en vous laissant libre de votre réaction. Si, comme je le souhaite, ce que je vous communique vous convient et vous est utile, tant mieux ! Sinon, je vous reconnais tout à fait le droit, ainsi que la responsabilité, de l’ignorer et de mener votre vie selon votre propre point de vue, différent du mien. En effet, j’en suis convaincu, c’est uniquement dans le respect de vous-mêmes que vous pouvez cheminer vers ce qui est le mieux pour vous.

    Le livre qui suit est divisé est deux grandes parties.

    Dans la première partie, je vous propose une réflexion plus générale sur la réalité de la peur, d’une part son aspect désagréable et souffrant, d’autre part dix pistes d’attitudes et de comportements pour en faire une alliée.

    Dans la deuxième partie, j’analyse en autant de chapitres six peurs particulières, éprouvées dans les relations interpersonnelles. Pour chacune, je m’attarde à montrer les réactions insatisfaisantes autant que les possibles façons d’utiliser avantageusement l’émotion de crainte initiale.

    Je vous souhaite une bonne lecture ! Puissiez-vous y trouver quelques balises utiles ou sécurisantes pour votre cheminement personnel et pour vivre des relations affectives plus satisfaisantes !

    Je vous salue chaleureusement et respectueusement.

    Michel Boileau

    Tout au long de ce livre, je donne des exemples tirés de ma vie personnelle ou de ma pratique professionnelle ou de l’observation de certaines personnes de mon entourage. Dans mes exemples personnels, je m’efforce d’être le plus honnête possible. Si mon exemple mentionne d’autres personnes, j’assume ne pouvoir exprimer que ma perception subjective de leur vécu. Dans les exemples tirés de ma pratique professionnelle ou de mes observations, je me soucie de préserver la confidentialité de mes clients. En conséquence, je n’identifie les personnes que par un prénom fictif et je modifie certains détails de la situation relatée.

    L’accueil de la peur est un concept très important dans ce livre. J’attire donc votre attention sur cette définition.

    De véritables scientifiques savent faire preuve d’humilité et de circonspection dans leur affirmation. Je pense, entre autres à Antonio R. Damasio, directeur du département de neurologie de l’Université de l’Iowa, aux États-Unis, et enseignant au Salk Institute for Biological Studies de La Jolla, en Californie. Dans son livre L’erreur de Descartes : la raison des émotions, il écrit : «  D’emblée, j’ai fait part à mon ami de mes conceptions sur les limites de la science : je suis tout à fait sceptique devant les prétentions de la science à l’objectivité et à la vérité. Il m’est certes pénible de voir que les résultats scientifiques, surtout en neurobiologie, ne sont rien d’autre que des approximations provisoires jusqu’à ce qu’elles soient écartées pour laisser place à de meilleures interprétations. Cependant, ce n’est pas parce qu’il faut être sceptique sur la portée des explications fournies par la science que l’on ne doit pas s’enthousiasmer pour les efforts déployés afin d’améliorer les approximations en cours.  » (page 16)

    Partie I

    Réflexions générales sur la peur

    Chapitre 1

    La réalité de la peur

    Une réalité aux manifestations innombrables

    La peur est une réalité incontournable de la vie.

    J’ai établi cette liste de peurs sans faire un grand effort de recherche.

    Je suis certain que si je m’adressais à vous, vous pourriez m’aider à la prolonger longtemps encore… D’autant plus qu’une même peur peut avoir une multitude d’objets différents. Par exemple, avoir peur d’être jugé négativement par un inconnu, par un voisin ou par ses proches peut-être vécu différemment ; certaines personnes peuvent même avoir peur d’être jugées positivement, d’être surévaluées et de créer des attentes irréalistes…

    Pour une personne qui s’en croit exemptée, chacune des peurs énumérées ci-dessus peut sembler banale, mais, pour la personne qui en est affectée, la façon de vivre l’une ou l’autre de ces peurs revêt une importance significative en raison de son impact sur sa qualité de vie.

    Je ne m’attarderai donc pas davantage sur l’énumération des peurs, mon objectif n’étant pas d’en dresser la nomenclature exhaustive. Je me bornerai à constater que la peur, sous l’une ou l’autre de ses formes, est une réalité de la vie quotidienne.

    Une réalité émotionnelle, involontaire et indiscutable

    La peur est une émotion. Tout le monde, sinon la très grande majorité d’entre nous seront d’accord avec cette affirmation. Et pourtant, si je tiens compte des réactions négatives fréquentes à l’endroit de la peur, il m’apparait pertinent de rappeler que la peur est une émotion et non pas un comportement.

    Dans le contexte de ce livre, je considère la peur comme cette émotion désagréable, d’intensité variable, déclenchée par un ou des évènements récents dans lesquels un risque ou un danger– réel ou imaginaire – est ressenti comme assurément menaçant. Une peur est ressentie aussi longtemps et aussi souvent qu’une «  menace  » correspondante est perçue.

    Bien que je ne les exclus pas, je n’aborde pas de façon explicite la phobie, l’angoisse, l’anxiété. (J’invite ceux que la distinction entre ces formes spécifiques de peurs intéresse à consulter, à la fin du volume, l’Annexe I dans laquelle je propose différentes définitions. Je me permets une brève réflexion sur la phobie dans l’Annexe II.)

    Selon moi, les émotions sont une réalité première du même ordre que les sensations : une émotion, c’est en quelque sorte une sensation ayant une valeur affective.

    Les sensations sont principalement ressenties à partir de stimuli externes affectant l’un ou plusieurs de nos cinq sens. Certaines sensations sont toutefois ressenties à partir de stimuli internes comme la faim, la soif, un mal de tête, un mal au cœur, une sensation de détente, de bien-être, un orgasme, etc. Certaines sensations peuvent même être déclenchées par la pensée ou l’imagination : «  Juste à penser à cette situation, dira une personne sensible, j’en ai des frissons… »

    Les émotions sont, elles aussi, ressenties à partir de stimuli externes et internes. Toutes les expériences humaines, et principalement celles vécues dans les relations interpersonnelles, sont susceptibles d’avoir une charge émotive agréable, désagréable ou mitigée.

    Je ne nie donc pas, bien au contraire, que les émotions – et particulièrement la peur – peuvent être alimentées par nos croyances, par notre imagination et par nos rêves. (Une émotion pourrait également être induite par hypnose ou encore par autosuggestion chez une comédienne s’appuyant sur sa sensibilité et sur ses expériences passées.) J’affirme cependant que notre expérience première et spontanée vient de ce que nous ressentons, que ce soit une sensation ou une émotion.

    Si, par exemple, quelqu’un crève un ballon alors que je ne m’y attends pas, je vais sûrement sursauter. J’éprouve alors, tout à fait involontairement et sans intervention d’aucune croyance, une sensation auditive et une émotion de peur.

    Je considère comme important d’établir cette analogie entre l’émotion et la sensation comme point de départ de notre réflexion pour briser les préjugés négatifs à l’endroit de la peur.

    Les sensations sont utiles : elles sont des signaux corporels qui guident la conduite en lien avec la satisfaction de besoins corporels. Lorsque je ressens la faim, je me prépare à manger et je savoure ma nourriture. Après un bon repas, j’éprouve une agréable sensation de satiété. Si ma nourriture avait dégagé une odeur suspecte ou une saveur désagréable, les sensations de mon odorat ou de mon goût m’auraient incité à ne pas la consommer. Il ne fait aucun doute, dans ce contexte, que mes sensations guident ma conduite dans le meilleur intérêt de ma santé.

    La faim est cette désagréable sensation d’un manque et les bébés affamés en témoignent bruyamment. Il ne viendrait à l’idée de personne de qualifier cette sensation de mauvaise ou de nuisible. La faim demeure le meilleur guide vers un comportement satisfaisant indispensable à la survie : se nourrir.

    L’émotion est analogue à la sensation, on ne la choisit pas, on la ressent . L’émotion relève d’une perception – conscientisée ou non – qui atteint la sensibilité¹ psychique et aussi, chez la personne qui perçoit, de l’appréciation instantanée – conscientisée ou non – de son impact par la personne atteinte. En ce sens, non choisie mais sentie, la peur est une réalité involontaire. Il n’y a pas de «  bonnes  » ou de «  mauvaises  » émotions. Il y a celles que l’on ressent, il y a celles qui nous habitent plus ou moins consciemment !

    Les émotions jouent le rôle éminemment utile de signaux psychiques pour guider le comportement. Quand je dis «  les émotions », je veux vraiment dire toutes les émotions, autant les émotions désagréables ou souffrantes que les émotions agréables (c’est en raison de la combinaison de son intensité et de son caractère désagréable qu’une sensation, ou une émotion, est perçue comme souffrante).

    Plus encore et à un niveau plus profond que les sensations, il y a un lien direct entre les émotions et la satisfaction ou l’insatisfaction des besoins psychiques fondamentaux. En effet, les émotions appartiennent à notre monde intérieur, à notre dimension affective et psychologique. Elles signalent, au plus intime de la personne, son état de bien-être ou, au contraire, ses malaises existentiels et relationnels. Elles informent la personne si elle est en état de manque ou si ses besoins psychiques du moment sont davantage comblés.

    Quand je parle des besoins psychiques fondamentaux², je pense au besoin de sécurité (physique et affective), au besoin d’amour (amour et estime de soi, aimer, être aimé), au besoin d’acceptation, au besoin d’écoute, de reconnaissance (de valorisation), au besoin d’affirmation, au besoin de liberté et au besoin de créativité (se réaliser, inventer sa vie dans la fidélité à soi-même).

    D’autres auteurs les classifient autrement et ils attribuent au «  besoin » lui-même des significations différentes. Je n’ai pas, ici, l’intention de débattre avec eux, mais, par souci de clarté, je tiens à bien préciser ma pensée. Dans le tableau qui suit, je profite de l’occasion pour établir une distinction bien nette entre les «  besoins fondamentaux  » et les «  désirs ».

    Définitions et distinctions entre

    «  besoins fondamentaux  » et «  désirs »

    Je définis le besoin fondamental comme une nécessité essentielle à l’existence et à la santé (l’équilibre harmonieux) physique ou psychique de la personne. La satisfaction d’un besoin n’est pas liée ou limitée à un objet spécifique.

    L’impérieux «  besoin  » de jouer, de fumer, de consommer de l’alcool ou de la drogue ne constitue pas un besoin fondamental. Il s’agit, en fait, de compulsion ou de dépendance. Leur «  irrépressible nécessité  » est beaucoup plus nuisible qu’essentielle à l’existence et à la santé physique ou psychique de la personne.

    Je définis le désir comme une préférence pour l’obtention d’un objet spécifique ou pour l’atteinte d’un but spécifique. La satisfaction d’un désir est ponctuelle; elle n’est pas essentielle à l’existence ou à l’équilibre harmonieux de la personne. Le désir demeure toutefois l’expression circonstanciée d’un besoin sous-jacent.

    La dépendance à la cigarette, la compulsion de jouer, l’alcoolisme et la toxicomanie enchaînent la personne à un objet très précis de satisfaction. Cette caractéristique les apparente davantage au désir qu’au besoin.

    Exemples d’ordre physique : (1) J’ai besoin de nourriture pour vivre. (2) Je désire manger un rôti de bœuf.

    Dans la vie de tous les jours, de nombreuses personnes, dont moi-même, disent, en allant à l’épicerie : «  J’ai besoin de lait, de pain, etc.  » Il ne s’agit pas dans ce cas, d’un besoin fondamental, d’une nécessité vitale. Il s’agit d’un besoin circonstancié assimilable à un désir. J’exprime alors ma préférence du moment pour du lait et non pour une boisson gazeuse ou pour tout autre breuvage substitut.

    Il y a un lien clair entre le désir et le besoin : si aucun désir de nourriture n’est satisfait, mon besoin de nourriture ne l’est pas davantage.

    Exemples d’ordre psychique : (1) J’ai besoin d’amour. (2) Je désire une relation amoureuse avec ma conjointe, une relation affectueuse avec les membres de ma famille, une relation amicale avec mes collègues, etc.

    Restreindre la satisfaction de son besoin d’amour à un désir déterminé (exemple : «  Je ne peux pas vivre sans elle… sans lui… ») manifeste une dépendance affective.

    Il subsiste toutefois un lien entre désir et besoin : si tous les désirs d’établir une relation affective sont insatisfaits, le besoin d’amour ne sera pas davantage comblé.

    Les besoins psychiques fondamentaux sont essentiellement de nature relationnelle puisque leur satisfaction se situe immanquablement dans la relation à soi et dans la relation aux autres. Dans ce livre, afin d’en faciliter la distinction théorique :

    • je parle de «  la dimension personnelle du besoin », lorsque je parle d’un besoin en rapport avec la relation à soi-même ;

    • je parle de «  la dimension relationnelle du besoin », lorsque je parle du besoin d’une personne dans sa relation avec une ou plusieurs autres personnes.

    Le besoin d’amour illustre particulièrement bien la dimension personnelle (s’aimer soi-même) et la dimension relationnelle (aimer et être aimé) des besoins psychiques fondamentaux.³ Il n’est donc pas égoïste de vouloir satisfaire ses besoins. Cette satisfaction demeure inaccessible sans un équilibre harmonieux entre l’amour de soi et l’amour éprouvé pour d’autres personnes et l’amour que l’on cherche à obtenir des autres.

    Si, par exemple, par peur de ne pas être aimé, une personne se nie et ne se respecte pas elle-même, elle en retirera des insatisfactions et des frustrations, parce qu’elle manque d’amour pour elle-même. Si, au contraire, une personne se préoccupe quasi exclusivement de ses intérêts individuels, elle sacrifie la satisfaction de son besoin d’amour en négligeant la dimension relationnelle de ce même besoin, elle manque alors d’amour dans ses relations interpersonnelles.

    Amomis.com

    Dans le tableau qui suit – à partir des besoins psychiques fondamentaux identifiés par Colette Portelance dans son livre Relation d’Aide et amour de soi –, j’explicite ma perception des trois orientations incluses dans les dimensions à la fois personnelle et relationnelle de ces mêmes besoins.

    Dans notre relation à nous-mêmes ou dans nos relations avec les autres, tous les besoins fondamentaux ne sont pas insatisfaits chaque fois que nous ressentons une peur. Mais chaque fois que se manifeste une peur, il y a, au minimum, le besoin d’être sécurisé face à la crainte spécifique qui la constitue.

    • L’enfant qui a peur des chiens a besoin d’être

    rassuré face à ce chien-là qui lui fait face.

    • L’homme qui craint de parler en public a besoin de se sécuriser en acquérant une confiance accrue en ses ressources et / ou en la réaction bienveillante de l’auditoire.

    Chaque fois qu’une personne éprouve une peur, elle a besoin de se rassurer elle-même ou d’être rassurée par rapport au risque, au danger ou à la menace qui l’avait inquiété. Au risque d’exprimer une évidence, j’affirme qu’être sécurisé s’avère un antidote naturel de l’insécurité liée à la peur.

    Selon moi, il est donc utile et nécessaire d’adopter une attitude d’ouverture et d’accueil envers toutes ses émotions, dont la peur. Reconnaître sa peur, c’est s’ouvrir à la possibilité d’identifier ses besoins alors insatisfaits, pour ensuite arriver à les combler au mieux de ses possibilités.

    L’accueil de la peur est d’autant plus justifié que cette émotion n’est jamais éprouvée sans raison ! La peur peut très bien n’avoir aucun fondement dans la réalité extérieure, elle a toujours un fondement dans la réalité émotionnelle.

    Pour faciliter la compréhension de ce point de vue, reprenons la comparaison avec les sensations. Si je dis : «  Aujourd’hui, il fait froid », mon affirmation demeure tout à fait discutable. Objectivement, on peut se référer au thermomètre, à la saison, à la position géographique du pays, à l’opinion d’une autre personne ; on peut décider, dans l’évaluation de cette affirmation, de tenir compte ou non du facteur de refroidissement éolien, etc. (À 10o C en mars au Québec, bien des gens diront «  il fait chaud » alors qu’avec le même degré de température en juillet ces mêmes personnes diront «  il fait froid ».) Si je dis : «  Aujourd’hui, j’ai froid », mon affirmation est indiscutable dans la mesure où je parle de ce que moi je ressens et dans la mesure où je laisse aux autres l’appréciation de leur réalité ressentie.

    Dans une même perspective (parler de son vécu) et selon la même logique (la vérité subjective du «  je  » qui l’exprime), j’affirme que la peur est une réalité indiscutable. Si, au moment où elle l’éprouve comme l’émotion qui l’habite, une personne dit : «  J’ai peur… », quelle que soit la nature de cette peur, il s’agit d’une réalité qui n’appartient qu’à elle, à son ressenti. Cette réalité subjective, même si elle demeure invérifiable pour toute autre personne, est alors une réalité non seulement involontaire, mais indiscutable.

    La peur : une émotion – signal d’alarme

    De même que je considère toutes les émotions comme des signaux psychiques qui guident le comportement, je considère la peur comme étant une émotion – signal d’alarme.

    Attardons-nous à cette analogie avec le monde matériel.

    Le rôle premier d’un signal d’alarme est d’attirer l’attention sur ce qui se passe, ici et maintenant. L’existence d’un signal d’alarme vise à prévenir une situation désagréable ou, au pire, une menace réelle pour la sécurité et pour la vie des personnes concernées.

    Dans notre environnement domestique, il y a différents types de «  signal d’alarme ». Il y a, par exemple, celui de la minuterie du four à microondes et celui du détecteur de fumée. Il y en a d’autres possibles, dont la sonnerie du téléphone ou celle de la porte d’entrée, le klaxon d’une automobile, le «  bip  » de l’ordinateur qui refuse une donnée, le bruit ou la musique de mon réveille-matin, etc., mais pour l’instant ne retenons que les deux premiers.

    La première étape consiste à identifier spécifiquement le «  signal d’alarme  » entendu. La deuxième étape est de répondre adéquatement à ce signal.

    La sonnerie du micro-ondes, combinée à la minuterie ou à un détecteur de chaleur, existe pour éviter que la nourriture ne soit trop cuite ou pour éviter qu’on ne l’oublie dans l’appareil et qu’elle ne perde ses qualités alimentaires ou gustatives. Ignorer la sonnerie du micro-ondes entraîne généralement des effets de peu de conséquences, ce qui n’est pas nécessairement le cas avec le détecteur de fumée.

    Si le détecteur de fumée se fait entendre, les conséquences sont potentiellement plus graves. La personne demeure toutefois libre de sa réaction :

    soit 1) ne rien faire ( ignorer le signal, paralyser

    ou faire preuve de bravade)

    soit 2) enlever la pile électrique (agir sur le déclencheur)

    soit 3) éteindre la source de la fumée (agir sur la cause)

    soit 4) appeler le 9-1-1 (demander de l’aide)

    soit 5) fuir le logement pour ne pas être asphyxié. («  le salut est dans la fuite »)

    Remarque 1

    Un signal d’alarme est utile :

    lorsqu’il ne sonne pas en permanence, mais en fonction d’un déclencheur distinctif

    lorsqu’on peut identifier spécifiquement son signal en le distinguant d’un autre signal.

    Remarque 2

    Si un signal d’alarme retentit en permanence :

    c’est manifestement parce que personne ne l’arrête de sonner

    on ne peut pas l’arrêter de sonner si on ne l’identifie pas de façon précise.

    Remarque 3

    La sonorité du signal d’alarme

    doit être suffisante pour attirer l’attention

    et, au besoin, réveiller la ou les personnes concernées.

    Remarque 4

    Si la sonorité du signal d’alarme

    rend inaudible tout autre bruit

    ou rend impossible toute communication

    cet excès d’intensité risque

    de priver les personnes concernées d’une précieuse information

    et de rendre plus difficile une réponse appropriée

    devant la menace ou le danger.

    Remarque 5

    Ce que j’affirme de la Remarque 1 à la Remarque 4 à propos d’un objet signal d’alarme, je l’affirme également à propos de la peur considérée comme une émotion signal d’alarme.

    Selon moi le fonctionnement satisfaisant ne se situe ni dans le fait de ne jamais éprouver une peur ni dans celui d’être toujours être en état de peur. Pour reprendre l’analogie avec le détecteur de fumée, je dirais que l’idéal n’est pas que ce signal d’alarme résonne en permanence ni qu’il demeure silencieux en cas d’incendie. L’idéal serait de développer une sensibilité suffisante pour éprouver une peur salutaire lorsqu’un risque ou un danger réel nous menace. L’idéal serait d’atténuer, par une capacité progressive de réponses sécurisantes, l’intensité initialement excessive de certaines peurs.

    La réalité, c’est que l’on ne choisit ni l’intensité ni le fait de ressentir ou non la peur, lorsqu’elle est déclenchée en soi. Subjective, mais indiscutable, la peur fait alors partie de la réalité vécue. Raison de plus d’en faire une alliée, c’est-à-dire d’entendre la peur pour en valider le bienfondé, de l’entendre pour y puiser la motivation d’une réaction appropriée et satisfaisante.

    Je n’affirme pas que la peur soit ni qu’elle doive être la seule ou la principale source de motivation. De même que la faim et le plaisir de manger peuvent motiver à se nourrir, la peur et la confiance (dont la confiance en soi, en ses ressources, en la capacité de se sécuriser, etc.) peuvent coexister chez la même personne, tout en la motivant à accroître les satisfactions qu’elle retire de sa vie.

    La réaction à la peur, ce signal d’alarme psychologique, comporte des variantes analogues à celles décrites relativement au détecteur de fumée :

    1. faire preuve de bravade

    C’est ainsi que même consciente de sa peur, une personne peut faire preuve de bravade, ignorer le signal psychologique et agir sans en tenir compte, en prenant des risques qu’elle n’est pas prête à assumer, en acceptant des défis qui dépassent ses capacités, en s’exposant à des dangers sans moyens de protection suffisants.

    2. ignorer le signal

    En prenant l’habitude de faire la sourde oreille à ses émotions, une personne risque fort de ne pas percevoir davantage l’émotion – signal d’alarme.

    J’entendais au bulletin d’information, il y a quelque temps, l’histoire d’une personne atteinte de surdité profonde, décédée dans l’incendie de son logement en raison de son incapacité d’entendre le détecteur de fumée. Si un individu n’est pas attentif à sa peur, il ne sera pas plus attentif à la menace ou au danger potentiel qu’elle lui signale.

    3. «  paralyser »

    Il se peut également que la peur «  paralyse  » la personne qui l’éprouve, la privant de tous ses moyens. Cet état de stupeur se produit généralement lorsque l’élément déclencheur engendre une double contrainte : celle de la menace perçue et celle des conséquences, perçues comme menaçantes, de la réaction à la peur initiale.

    J’ai vécu une expérience semblable, dans l’emploi que j’occupais avant de devenir thérapeute. Deux collègues de travail d’alors échangeaient leurs commentaires désobligeants contre une personne absente. Lorsqu’il m’ont demandé de partager leur point de vue, je me suis senti coincé entre la peur de leur réaction si je n’abondais dans leur sens et la peur de manquer d’authenticité ainsi que de causer du tort à l’autre personne contre laquelle je n’avais aucun grief personnel. J’ai bredouillé un vague «  Je ne sais pas… » et je me suis tu. Je me suis fait répliquer «  On sait bien, toi tu ne prends jamais parti… »

    Il arrive également que certaines personnes se laissent envahir par leur peur au point de perdre toutes leurs autres ressources. C’est le cas chez certaines personnes dont l’état de panique se traduit par l’incapacité de voir clair dans ce qui leur arrive, l’incapacité de prendre quelque décision que ce soit ou même de recourir à un quelconque moyen de protection.

    4. agir sur le déclencheur

    On peut également tenter d’agir sur le déclencheur c’est-à-dire tenter de faire taire la personne ou d’ignorer les indices qui informent d’une situation menaçante.

    Si, par exemple, un étudiant a peur de parler en public et si son professeur de langue étrangère annonce que tous doivent faire un exposé oral devant la classe, il lui est toujours possible de se boucher les oreilles ou de rêver d’une exemption personnelle de cette consigne générale. Si un conducteur débutant a peur de mener son véhicule sur les routes glissantes, en hiver, il peut toujours fermer son téléviseur à la maison ou l’appareil radio de son automobile chaque fois qu’on y parle de météo… Si, une mère craint que son enfant ne consomme de la drogue, elle peut fermer les yeux sur ses sorties, ses fréquentations, ses besoins d’argent nouveaux et fréquents… La personne qui a peur de devenir alcoolique, ou d’être jugée alcoolique, peut toujours interdire à sa conjointe et à ses amis de lui en parler : «  Ne me fatiguez pas avec ça ! »…

    5. agir sur la cause

    À partir de la peur conscientisée, il y a la possibilité d’agir, dans les limites de ses capacités, pour se protéger, pour influencer la situation menaçante à la source de cette émotion ou pour s’occuper des besoins insatisfaits signalés par la peur.

    Si, par exemple, un employé de bureau craint de manquer de temps pour s’acquitter de ses nombreuses tâches, il peut commencer par planifier ses activités afin d’agir de la façon la plus efficace ; il définit les priorités et les urgences ; il accomplit d’abord les tâches prioritaires et urgentes, ensuite les tâches prioritaires non urgentes et les tâches urgentes non prioritaires ; si vraiment il manque de temps, ce sont les tâches les moins prioritaires et les moins urgentes qui ne seront pas accomplies. À l’intérieur de chaque classe de priorité – urgence, il peut toujours accomplir en premier les tâches les plus brèves et ainsi diminuer plus rapidement la pression relative au nombre des tâches restantes.

    Autre exemple, plus relationnel : un ouvrier d’expérience a peur de ne pas être cru s’il émet une opinion contraire à celle de son contremaître. Conscient de sa peur, il sait aussi reconnaître sa capacité habituelle de développer et d’entretenir une honnête relation de confiance avec son supérieur hiérarchique. Cette constatation lui permet de demeurer en contact avec une réalité au moins partiellement rassurante. Il s’attarde donc à identifier les éléments les plus susceptibles d’être remis en question et il les vérifie deux fois plutôt qu’une ; il identifie également les éléments qui témoignent de sa bonne foi et du bien-fondé de son point de vue. Au terme de sa réflexion, il demeure conscient de la persistance de sa peur. Il peut cependant l’identifier de façon plus précise : sa crédibilité serait d’autant plus menacée si le contremaître se sentait menacé dans son autorité… En conséquence, il parvient à s’exprimer avec clarté et conviction, mais sans prétendre imposer une décision, il laisse, au contraire, son interlocuteur libre de procéder à ses propres vérifications.

    6. demander de l’aide

    Consciente de ses limites devant la menace ou le danger qui la confronte et l’effraie, une personne peut, dans de nombreuses circonstances, demander assistance ou lancer un appel de détresse.

    Une demande n’est pas une exigence et elle ne comporte pas de garantie quant à une réponse affirmative. Quelle que soit la réponse obtenue, la personne apeurée demeure la principale responsable de la satisfaction de ses besoins, soit dans l’acceptation ou le refus de la forme d’aide qui lui est offerte, soit en clarifiant sa demande initiale, soit à travers la recherche d’autres solutions.

    Ainsi la personne qui craint de ne pas respecter le délai prévu pour accomplir une tâche peut demander l’aide d’un collègue. Si, par manque de disponibilité ou pour toute autre raison, celui-ci refuse, il revient à la personne craintive de rechercher d’autres ressources ou de tenter

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